Dictionnaire étymologique basque
> Dictionnaire étymologique basque-français (nouvelle édition, 2023) [PDF]
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n - Dictionnaire étymologique basque-françaisSuffixe marque du féminin: du-n "tu as" (toi femme). S’oppose à la marque du masculin -k: du-k "tu as (toi homme) ou t (to). Marque proto-eurasienne du féminin: cf. chinois no, ouralien ne, ni "femme" (hongrois nő), basque no, ne-ska, same (lapon) nis, niso, nison "femme" par opposition à basque cison, gizon "homme". Cf. aussi maya na "mère", sumérien nu, nin "femme".
(1246) Marque de l’inessif. On trouve aussi un -n inessif en finnois.
(B) Châtaigne à bogue lisse. De nahar "épine" et bera "molle".
(S) Essieu. Var. de laratz.
(1061) Plaine proche des montagnes. Terme pré-latin (castillan nava.). Le terme est connu aussi en toponymie française (cf. Naives-devant-Bar) et germanique (cf. la rivière Nahe, de l’ancienne Nava).
Couteau. Du rom. navalla (lat. navacula/novacula).
(1025) Bigarré. Peut-être appartenté à nabari "notoire, manifeste, évident, remarquable" ?
Soc de charrue, coutre. Var. de nabala "couteau".
(XIIe s.) Notoire, manifeste, apparent, évident, remarquable. Cf. nabar "bigarré"? Var. nabaro.
Variole. De nabar "bigarré" et eri "maladie".
(G) Jaspe, marbre. De nabar "bigarré" et arri "pierre".
(B, BN, R) Charrue. Var. de nabar "soc de charrue, coutre".
(HN) Charrue à quatre pointes. De nabas "charrue" et agin "dent".
(S) Franc, direct, familier, hardi. Var. de nabari "évident, manifeste".
(B) Fourrage pour le bétail. De nabo "navet".
(L, S) Couteau de poche. Var. de nabala "couteau".
(B) Bouillon de légumes verts. De nabo "navet" ou nabas "mélange".
(G) Glouton. De nabo "navet" (fourrage animal) ou à la rigueur napur "glouton, voleur".
(B) Navet. De l’esp. nabo "id.".
(XVIIe s.) Embourgeoisé. De nabusi/nagusi "maître, chef, supérieur".
(S) Souche. Métathèse possible de *andi, andu "id." ?
(BN) Haricot. De nafar "Navarre" et ilhar "pois, vesce".
(G) Nausée, dégoût. De na- contraction de nahi "désir, volonté" et -ga "sans" suff. privatif. Cp. B naibaga "dégoût".
(ms-Lond.) Fumeterre (Bot.). De naga "nausée" et kin "qui fait".
(1249) Paresseux, indolent. Un rapprochement avec nahi "volonté" apparaît sémantiquement contradictoire. Cependant un détour par naga "dégoût" ne doit pas être exclu, ce dernier étant probablement une contraction de nahi-gabe/nahi-baga "sans volonté".
(1249) Supérieur, chef, principal. Ce terme a fait l’objet de plusieurs comparaisons, depuis l’éthiopien negus jusqu’au au japonais nushi en passant par le samoyède nüshi "maître" et nacsiaro "royaume, règne". On notera la correspondance entre le japonais et le samoyède. Reconstruction sans valeur de Lakarra *da-dun-tz-i. Var. nausi, nabusi, nagosi.
(L) Brouillon, insensé. De nahas "mélange, confusion".
Ronce, épine. Var. de lahar. Var. nar (B, R).
En abondance, à volonté. De nahi "volonté" et suff. adv. -(o)ro.
(XVIe s.) Mélange. Apparenté à nabas. A été comparé en 1926 par A. Trombetti au copte nehes "s’éveiller, exciter" (??).
(XVe s.) Volonté, désir. Cp. altaïque *naja, dravidien *naya "désirer", quechua naya "id.".
(S) Pampre. Var. de lai.
Assez. De nahi "volonté" et suff. -ko (à volonté).
Glouton. De nahi "désir".
(L) Bosse, bleu. Var. de maka "id.".
(L) Répugnance; sale, laid, sans valeur. De nahi "désir" et gaitz "mauvais".
(XVIIe s.) Voleur. Var. de lapur. Cp. asturien ñapar "voler".
(B, R) Epine, ronce. Var. de lahar, nahar.
(B) Traîneau. Terme d’origine pré-latine signifiant "traîner, glisser". La base *nar(r)- a donné narra, narria (ce dernier passé en castillan).
(aquitain, Domu Narb, inscription trouvée à Sagonte). Terme disparu du basque actuel, de sens incertain pourtant très bien attesté: Narbaitz (Alava, 1060, narbeiza), Narbarte, Narp (Béarn, Landes), etc. Il s’agit peut-être d’un élargissement de la racine pré-indoeuropéenne *nar- "eau" (l’hypothèse parfois formulée "mauve" (Bot.) du latin malva > *nalba n’est guère vraisemblable, car l’ibéro-basque *narb est sûrement très ancien et on voit mal un emprunt au latin malva). Peut-être "point d’eau, source, étang, lagune, marais, lieu humide", ou simplement "cours d’eau" (cf. la Narva, fleuve d’Estonie aux rives marécageuses qui sort du lac des Tchoudes ou lac Peïpous, la Narew/Narwo, affluent de la Vistule, et d’autre part l’eskimo-aléoute narva "lac, lagune" (Fortescue, Comparative eskimo dictionary, 214). Cette forme narb- était également connue des Ibères et Ligures, d’où le nom de la ville de Narbonne nommée Colonia Narbo Martius par les Romains en 118 av. J.C. La ville n’est pas au bord de la mer mais près des étangs. Ptolémée donnait le nom de Narbon à l’Aude. On trouve aussi Narbe à Esquiule et le nom de famille Narbeburu. Le nom de village basque Arbonne (Labourd) est un ancien Narbona en 1188. Il a pu exister des variantes *nerb- / nerv- (cf. Nervion) et *norb- (cf. Norba (Latium) sur une hauteur dominant des marécages). On notera qu’il existe un hameau Narp dans les Landes à Biscarrosse. On remarquera aussi du point de vue typologique l’évolution phonétique similaire avec finale -b > -p dans un autre terme *barb- > barp (Le Barp) en Gironde à laquelle B. Boyrie-Fénié donne un sens hydronymique, entre autres "lande marécageuse, marais". A. Dolgopolsky (Nostratic Dictionary) reconstruit une forme nostratique (n°1615) *naRU- "marécage".
Dégoût. De *nar- "tache, défaut" ? Cf. narrio, narria "id.".
(HN) Perche. Var. de lardai.
Tranquille, dormant. Var. de mare < bare "calme, fegmatique".
(1745) Abondamment. Var. de naharo "id.".
(B, G) Entraînement; traîneau. De *narr- "traîner".
Traîné, abandonné. De *narr- "traîner".
(HN) Négligé, malpropre. Var. de narras.
Reptile (Zool.). De *narr- "ramper, traîner".
(R) Maigre de la viande. Var. de giñar, gihar.
(BN, R) Petite charrette. De *narr- "traîner". Terme passé aussi en castillan. Cp. all. Narte "traîneau".
(G, L) Défaut, tache. De *narr- à rapprocher de narda "dégoût" et du gasc. nàrri "dégoût, nausée", narrioùs "répugnant".
(XVIe s.) Peau, cuir. Variante de larru. Cp. ouralien *narV "id.", komi/zyriène nar "id.".
(B, S) Ample, large, commode, abondant; lascif. Var. de lasai. En R signifie "chemise de femme, chemisier".
Reine des prés (Bot.). De nasai "large" et lore "fleur".
(HN, B, G) Mélanger, remuer, pétrir. Var. de nahasi.
Apparemment, sans doute. Contraction de nabaski, de nabar "visible, manifeste". Var. noski.
Bitume. De nas "mélange" et lika "matière visqueuse".
(G) Entortillement, méli-mélo. De nas "mélange" et bil "forme ronde, noeud, boule".
(B) Brou de noix. Var. de nata "tache" et notha "id.".
(S) Tout à fait. Du béarnais natre "pur, net".
(XVIe s.) Nature; vulve. Du latin natura.
(S) Axe, essieu. Var. de latza. Var. natxa (BN).
(1745) Faisan (Zool.). Néol. créé par Larramendi. Contient sans doute eder "beau".
A quatre pattes. Sans doute de ñau "chat", soit "à la manière des chats".
(B) Prêtre, personne respectable. Hypocoristique de jaun "maître, seigneur".
(S, Oih.) Moquerie, raillerie. Du rom. nausa (fr. noise, gasc. nose), lat. pop. nausea "bruit, querelle".
Race, caste. Du cast. raza "id.".
(S, BN) Nasse, digue, barrage, bief. Du gasc. nassa "nasse".
(IVe s.)) Frère de la femme. De *(a)ne-ba. Cp. ouralien *ane-ppa "id.". Cp. aussi sam. yourak neba "femme, mère". Proto-basque et eurasien *nV "femme".
Dartre, herpès. Du bas lat. negellu, dim. de niger "noir".
(HN) Grenouille. Var. de igel "id.". Var. negel.
(1745) Eperlan (Zool.). De negu "hiver" (l’éperlan fraie en hiver).
Terme rencontré en toponymie basque, cf. Negelo, Negeloarte. Il peut signifier "noir" (du bas-lat. negellu, dim. de niger "noir") d’après K. Bouda et J.B. Orpustan.
Décembre. De negu "hiver" et il "mois, lune".
Paxille à pied noir (Bot.). De l’esp. negrilla "id.".
(1290) Hiver. De l’occitan nèu "neige" ou de l’indo-européen *sneighw "id.", voire d’une possible forme eurasienne *negu encore antérieure à la forme indo-européenne. Var. neu (G, HN)
Pinson (Zool.). De negu "hiver". Il s’agit de la fringille nivéale ou pinson de neige, encore appelée "niverolle" ou "nivereau".
(HN) Inlassable. De neke "peine, fatigue" et gaitz "dur à, résistant".
(1745) Agriculteur, laboureur. De neke "grande fatigue, dur labeur" et suffixe d’agent -ari.
(XIIIe s.) Très fatigué, difficile. Du latin nece(m) "mort". Var. nekos "difficile".
Temps de grand froid ou de grande pluie. De negu "hiver" et gaitz "mauvais".
Cyprès (Bot.). De negu "hiver" et osto "feuille".
(XVIIe s.) Bergerie. De negu "hiver" et etxe "maison" ou leku "lieu" et hotx "frais".
Lent, lourd, rude. De neke "dur, difficile".
(HN, BN, L) Difficile. De neke "id.".
Jeune homme, domestique. Apparenté à herabe "timide, honte, paresse". La finale est -be "bas". Var. mirabe.
(pré-latin) Jeune femme, fille. Du proto-basque *ne "femme" et diminutif -ska. Cp. gasc. nesco et niska en Catalogne à Arles-sur-Tech (Bains d’Arles/Amélie-les-Bains). Aquitain neskato. La base est *ne/ni "femme" de l’eurasien *nV. La forme se décline selon différentes vocalisations: hgr. nő, sam. ne, bsq. no (interpellation d’une femme, to pour les hommes), tchétchène ne-ca "tante" (de-ca "oncle"), sum. nu, lap. (saame) niso, nison, fi. nais, nainen. On remarquera la symétrie du lapon niso, nison "femme" avec le basque cison, gizon "homme". Cf. l’opposition -k/-n dans la conjugaison de 2e personne du sg. (du-k "tu as"(homme)/du-n "tu as (femme)).
(G) Servante. De neska "jeune fille" et eme "femelle, femme". La finale -me n’est pas un suffixe comme l’a écrit Y. V. Zytsar (Euskera, 1987/2, 317).
(BN, S) Samedi. De neska "jeune fille" et egun "jour".
(BN, S) Entièrement, très, tout à fait. Du gasc. nét "net, propre, clair".
(BN) Muleton. Du cast. lechal "jeune animal qui tête".
(B) Egal, comme. L. Michelena (FLV 4, 1970, 73) considère ce terme comme équivalent de berdin "semblable", mais avec la 1ère personne du sg. (de *nihaur-din). On peut aussi y voir simplement neure + din.
(1562) Mesure. Eventuellement apparenté à urrats "pas".
(XVIIe s., Oih.). Vers (poésie). De neurri "mesure" et hitz "mot".
(R) Pleurs. Var. de nigar.
(préhistoire) Je. Alterne avec -d- /-t suffixé (dut, dudan ), alternance nasale/dentale classique en eurasien. Cp. samoyède ni "je", guiliak n’i "je", coréen en, turc -n (forme hortative), algonquin ni "id.".
Rivière. Vieux terme pré-celtique à variantes vocaliques *niv-, nev-, nav-. Cf. la Nive et la Nivelle au Pays basque, la Nièvre (de Nivara) près de Nevers, la Neva à Saint-Petersbourg.
Eclair. Var. de oinaztura.
(1571) Pleur, larme. Cp. mingrélien ngar "pleurer". Var. negar.
(S) Signe d’intelligence. Du fr. nique (cf. aussi all. nicken "faire signe de la tête").
(HN, BN, L) Petit. Terme expressif.
(Aezkoa) Chauve-souris (Zool.). Var. de gauaiñara "id.".
(XVIe s.) Prunelle ou pupille de l’oeil, poupée, enfant. Terme eurasien pré-latin (gasc. nine). Apparenté au caucasien nini "pupille", bouroushaski nini "id.". Esp. niña.
(L) Lueur, éclair. Var. de dirdir "scintillement".
(L) Rien. Du rom. niu (gasc. noû, negun).
Mot par lequel on appelle familièrement une femme (to pour les hommes). De l’eurasien *nV "femme". Le -n apparaît aussi dans l’opposition -k/-n de la deuxième personne du sg. (du-k/du-n). Le k- en eurasien (comme le t) désigne l’homme (marqueur du masculin) comme dans le basque gizon/cison et le n- la femme comme dans le lapon (same) niso, nison. Cf. aussi hgr. nö, sam. ne, sum. nu, fi. nais, nainen "femme", chin. nu "id.", cor. nu "soeur". Tcherkesse te "père"/ne "mère", turc ata "père"/ana "mère", tagalog tatay "père"/nanay "mère", inuit ataata "père"/anaana "mère".
(R) Petit. Terme expressif.
(préhist.) Interrogatif. Base des interrogatifs nor, nola, noiz, non. Apparenté aux interrogatifs eurasiens.
Neuve. Ce terme est un hapax attesté une seule fois dans les textes médiévaux, en toponymie (nom de maison). Du rom. nova (J.B. Orpustan, Euskera, 1987/2, 453).
Terme attesté seulement en toponymie navarraise au Moyen Age. Du lat./rom. novale "terre nouvelle".
(1313, noueleta) Novale. Du lat. novella "id.".
(1545) Quand. De *no et suffixe -z.
(BN) Défaut, tache, tare. Du lat. nocuu(m) "nuisible, préjudiciable". Var. nokü (S).
(1545) Comment. De *no- et suffixe -la.
(1545) Où. De *no et suffixe inessif -n.
Qui. De *no et suffixe -r (cf. aussi zer).
Lieu débarrasé de neige. De nor var. de lur "terre" et bel "noir".
(Eibar) Vent de nord-ouest. De l’esp. norte "nord".
Fanfaron, orgueilleux, arrogant. Terme plaisant composé de nor "qui", gira "sommes", gu "nous". Cp. fr. m’as-tu-vu.
Naturellement, évidemment, bien sûr. Var. de naski.
(HN) Engelure; sombre. Croisement entre norbel et ozpel, ospel avec bel "noir".
(BN) Souillure, tache. Var. de nata, nato.
(R) Petit. Double diminutif ño et tto.
(S) Poupée. Du béarn. mounaque avec métathèse.
(S) Où. Variante de non.
(S) Nullité, personne nulle. Du roman.
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