Istor ar Yezh
Histoire de la Langue

- Ar Predeneg (le Brittonique)

C'est tout d'abord un dialecte Celtique insulaire provenant de ce que César appelle le Gaulois. Il comporte un système de déclinaisons qui tombera en Brittonique tardif, langue qui donnera le Breton, le Gallois et le Cornique. On peut noter que ce système de déclinaisons a perduré dans les langues gaeliques (Irlandais, Gaelique d'Ecosse, Mannois) tout en perdant majoritairement les terminaisons d'origine...
Lorsque les Bretons d'outre manche arrivent en Armorique, on dira que le Gaulois parlé à l'époque en Armorique se sera Brittonisé, c'est à dire que le Gaulois d'armorique s'est fondu dans son propre dialecte pour former le Breton Ancien.


- An Henvrezhoneg (le Vieux Breton: env. 590 - 1350)

C'est le Breton Ancien, bien que parlée avant les inscriptions trouvées, ses premières traces écrites sont estimées à 590 après Jésus Christ, avec une inscription retrouvée dans le sacrophage du supposé roi Warog, situé dans une église à Lomarec (Pays de Vannes) :


Qui se transcrit [Irha Ema * In Ri] et qui peut se traduire par : Ci-gît le roi glorieux. In Ri peut faire penser à INRI, mais en Brittonique, "roi" se disait "ri" et l'article défini était "in". Cependant, certains pensent qu'en fait il s'agirait en effet d'une abréviation en Latin concernant Jésus Christ.

Au VIIIème siècle, nous avons un traité de botanique bilingue en Breton et en Latin. Ce texte est antérieur au plus vieu texte Français qui date de 843.

De cette période ne reste que peu de traces écrites, on a surtout des annotations en Breton sur des textes Latins pour qu'ils soient compris par le lecteur. C'est comme ça qu'on a retrouvé un mot Breton très ancien et encore employé aujourd'hui : comluscer (formé de com + lusc + er) qui aujourd'hui à donné keflusker et qui signifie moteur.

Voici un extrait en Ancien Breton du cartulaire de Redon :
A fine ranmelan don roch do fos Matuuor, cohiton fos do Imhoir, ultra Imhoir per lannam, do fois fin Randofhion, do fin Ranhaelmorin, cohiton hi fosan do rud fos coihiton rud fos per lannam do fin Ranloudinoc pont Imhoir.

A aussi été recopié un chant ou un lais datant du XIème siècle par Ivonet Omnes, vers 1350 :

An guen heguen amlaouenas
An hegar
at an lacat glas
Mar ham guo
rant va karantit
Da vout in n
os oh he costit
Uam ga
ret ne pret

Traduction : La blanche souriante m'a réjouit, l'aimable à l'oeil bleu, si me garantit mon amour d'être la nuit à ses cotés. Femme aimée, à tout moment.

On remarque l'emploi de rimes internes (en bleu), un usage très fréquent et aussi employé au Pays de Galles. En Bretagne, l'emploi de rimes internes cessera vers 1650.
 

- Ar C'hrennvrezhoneg (le Moyen Breton: 1350 - 1650)

Le Moyen Breton est une période de la langue où l'on a beaucoup plus de littérature qui nous est resté, on a plusieurs ouvrages religieux. De plus, c'est à cette époque, en 1464 que fût écrit Ar C'hatholicon, par Jean Lagadeuc, le premier dictionnaire Breton-Latin-Français.

Pièces de théatre :
- Buez Santes Nonn hac ez map Deuy
- Buez Sant Gwenole
- Buez Santez Barbara
- An Pasion, an Resureksion

Poésies :
- Buhez Mab Den (1530)
- Mirouer ar Marv (1575)

Extrait du Mirouer ar Marv :

An maro han barn han ifern ien pa ho sonch den e tle crena
Fall eo na pred
er e speret guelet ez eo ret deceda

C'est une époque forte pour la religion Chrétienne, tous les ouvrages y sont consacrés, à l'exeption d'un, "Amourousted un den coz pêvar hugent bloaz, P'hini so orguet a vez a eur plac'h jaoanc hen oad a huezecq bloaz" (Amours d'un vieil homme agé de 80 ans, lequel est pris d'amour pour une jeune fille agée de 20 ans), c'est une farce qui a été plus tard rééditée par Roparz Hémon, au XXème siècle.
 

- Ar Brezhoneg Rakvodern (le Breton Prémoderne: 1650 - 1820)

Pendant la période du Breton Pré-moderne, fût rédifé des oeuvres telles qu'un manuel pour apprendre le Latin (Heuryou brezonec ha latin), des livres religieux (Buez ar Saent).
 

- Ar Brezhoneg Kempenn (1820 - 1920)

C'est l'époque où la langue se met en ordre, l'époque où la littérature orale devient écrite, en effet, Kervarker a rassemblé 54 chants anciens dans son ouvrage Barzaz Breiz, édité en 1839 et qui eût un succès conséquent à l'étranger.

Vers 1901 est composé par Taldir Ab Hernin, l'Hymne National Breton, Bro Gozh Ma Zadoù, inspiré de l'Hymne National Gallois, Hen Wald Fy Nhadau.