Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
|
écrit le Tuesday 03 Oct 06, 11:15 |
|
|
alleu signifie propriété héréditaire, libre de toute obligation ou redevance.
Ce mot vient du francique alod, qui signifie pleine propriété, contraction de ala, tout et auda, possession. |
|
|
|
|
Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
|
écrit le Tuesday 03 Oct 06, 11:37 |
|
|
On retrouve ce mot dans le nom de la commune de Braine-l'Alleud. A cet endroit, le Duc de Brabant possédait un alleu. A noter qu'on a gardé le d de alod. |
|
|
|
|
sab
Inscrit le: 07 Oct 2005 Messages: 466 Lieu: Polynésie / France
|
écrit le Tuesday 03 Oct 06, 11:52 |
|
|
D'ailleurs l'adjectif de alleu, c'est allodial.
Historiquement, les premières seigneuries nobles (hormis les apanages et les donations royales) se sont constituées à partir d'alleux. |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Wednesday 24 Oct 07, 15:49 |
|
|
Le mot "alleu" (latinisé fréquemment en "allodium") appartient à la culture juridique du Moyen-Age. L' "alleu" est la libre proprieté privée. Terre soumise à l'imposition foncière (taille).
Une tentative d'en expliquer le sens étymologique pour la première fois est faite au XVIIe siècle. Cfr. ce qu'écrivit le prof. Daniel Droixhe, de l'université de Bruxelles et Lièges, dans sa contribution: "Gilles Ménage (1613-1692), grammairien et lexicographe et particulièrement dans le chapitre": : « Quelques mots sur Ménage, Saumaise, Vossius et l'étymologie française"
(http://www.chass.utoronto.ca/~wulfric/siehlda/actesmen/droixhe.htm):
Citation: | « Dans le domaine des termes d'origine germanique appartenant au lexique du droit ou de l'administration, Ménage montre également certaines réticences envers la provenance « nordique ». On comprend qu'il se contente de rapporter les opinions relatives au mot alleu, « sans en choisir aucune ».
Celui-ci avait fait courir beaucoup d'encre, depuis que Budé avait cru y reconnaître le lat. laudare (« celui qui possède une terre en franc-alleu n'étant point obligé de louer son auteur »).
Mais François Hotman, ajoute Ménage, a rapidement condamné cette interprétation.
Parmi celles qui fleurirent alors, retenons d'abord l'idée d'Aventinus selon laquelle alleu renferme l'allemand alt (parce que la possession est immémoriale). Elle connaît une variante chez Vossius : « la conjecture plaît, qui veut qu'allodium soit fait du flamand al-out ».
On observera que l'identification d'un élément "al" = "tout" apparaît dès 1602 chez Veit Amerbach, dans son commentaire des constitutions de Charlemagne : la linguistique moderne explique alleu par le couplage de cet élément avec un germanique *ôd = "bien".
Laissons de côté la très imaginative interprétation de Pithou par le gaul. alauda "alouette".
Il y aurait plutôt à se pencher sur les résonances idéologiques du débat. D'un côté, Caseneuve, dont on sait l'utilisation par Ménage, considère l'alleu comme une terre « non dévolue par le sort » (alos). Quand son contemporain Marc-Antoine Dominicy assimile (mais assez confusément) la propriété féodale des « Goths » à celle consacrée par le droit romain, n'a-t-il pas en vue, à tout le moins sur le plan symbolique, le fondement légal de certaines successions et traditions d'intérêts ».
|
Sur l'étymologie d'allodium coexistent encore des visions différentes :
1. Le terme allodium serait, en réalité, le déguisement notarié d'un ancien mot allemand: "allod".
a) Selon une prémiere hypothèse , chérie au prof. italien Sergi de l'Université de Turin, ce mot dériverait: "du terme allemand al lod qui indiquait la crue propriété" dans les documents du temps.
b) Par contre, selon nombreux studieux non italiens on devrait plutôt parler d' all od, vu que le terme germanique lod existerait, mais il serait référé à chose tout afait diférente. Encore aujourd'hui, en anglais, le mot all = "tout": donc son objectif serait d'exprimer la "plénitude" le "caractère exhaustif". Par contre, od = "le bien immeuble" et, pour consequènce, "la propriété immobilière sur le meme.
2. le terme allodium dériverait des termes juridiques latins adlegatum/allegatum croisés avec le mot laudatum. Celle-ci fut les hypothèse de WIENER
(cfr. Léo WIENER, Professeur of Slavic Languages and Literature At Harvard University, Commentary to the germanic laws and the medieval documents, Harvard University Press, Humphrey Milford, Londres et Oxford University Press, 1915).
La corruption des termes latins serait arrivée seulement dans la France mérovingienne, donc, on ne pourrait pas trouver des traces d'usage avant le VIIe siècle D.C.: le premier document serait de l'an 629/639. "De alode ma[terna.....]: , cfr. Ph. LAUER et Ch. SAMARAN, Les diplômes originaux des mérovingiens, à. 6.
Dans les Formulae et ailleurs, la forme alote se trouverait en général en combinaison : "de alote parentum / de alote paterna / d'alote materna". La première combinaison aurait été la plus ancienne et il aurait correspondu à "ex successione, ex jure parentum" qu'on rétrouve dans documents rédigé en l'Allemagne et l'Italie dans la meme période.
Existent aussi lois de differents peuples germaniques qui contiennent les titres "De alodibus": mais dans les textes on ne parle pas d'allodium et on cite toujours le mot latin hereditas. (cfr: "De alodibus. Si quis absque liberi defunctus fuerit, si pater materqui subrectis fuerint, in hereditate succidant, etc.," Lex ribuaria LVI et de manière semblable Lex salica LIX.
Les Romains, depuis le temps de Constantin, pour éviter les possibilités de faux dans les donations, établirent qu'elles devaient être déposées solennellement, en forme écrite ou apud iudicem ou apud curiam. Tel dépôt on l'aurait défini adnexio ou allegatio et les actes "inscrits" elles auraient été "allegata."
Entre la législation des peuples envahisseurs de l'empire romain de l'ouest, le Lex Romana Burgunduorum dit qu'un cadeau paternel au fils aurait été irrévocable, s'il aurait été "gestis allegata." : "Donationem, quam pater de rebus propriis in filium filiamve conscripserit et gestis fuerit allegata........firmissimam permanere," I. 1 ( cfr. MGH., Leg. sec. I, vol. II, p. 1).
Les formules des Francs du VIe siècle utilisaient aussi "gestis alligare, adlegare, ligare, inligare, obligare".
Citation: | "Et ut hec donatio a nobis pro divina retributione plenius fac........robur manus nostre subterfirmavimus, et fratrum nostrorum venerablium vel magnificorum civium Pictavensium supscriptionibus firmare curavimus, atque gestis municipalibus inserendum juxta consuetudinem Romane legis......ligare decrevimus" (657): Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, vol. LIX, p. 243; "apud laudabilitatem vestram gestis municipalibus inligarem" (657), ibid., p. 244; "Decrevi etiam per hanc cartulam immunitatis et cessionis meam, basilicam superius nuncupatam, sine gestorum obligatione manere" (566), R. DE LASTEYRIE, Cartulaire général de Paris, p. 6. |
Allegare aurait ensuite, signifié "enregistrer" et l ' allegatum aurait été un écrit.
Dans les actes juridiques des peuples germaniques, le terme allegatum, c'est-à-dire "inscrit", il aurait été remplacé, parfois, avec laudatum, c'est-à-dire "confirmé". De l'acte inscrit aurait ailleurs, été "laudabiliter allegatum." Alors, vraiment de la confusion entre les deux termes serait né l' "alote/alode" précité .
Un autre indication encore: les Anglo-Saxons auraient traduit "hereditas allegata" avec bocland, bookland, "propriété inscrite dans un livre" et Cnut écrivit: "alodium id bocland est". En Angleterre, on aurait noté une claire opposition entre folcland et bocland, comme, sur le continent, entre "terre fiscale" et "terre allodiale." Le fief (feuh-od) serait né sur possessions allodiales.
L'hypotese de WIENER fut confirmée par nos spécialistes de l'histoire du droit italien, comme Maria Ada BENEDETTO, professeur de l'Université de Turin:
Citation: | "Le sens lointain d'alleu et de "hereditas" est équivalent à ce de la "sors" longobarde et il dénotait la propriété libre de liens, qu'il se transmet aux héritiers nécessaires, c'est-à-dire les "bona aviatica", qu'ils dérivent "ex iure parentum."
|
, Cfr: BENEDETTO M. A., Il regime fondiario e di contratti agrari nella vita delle comunità subalpine del periodo intermedio, Giappichelli, Torino 1982, p. 21. Ces biens hérités (bona aviatica ex iure parentum) auraient dû s'opposer aux biens qui auraient appartenu à l'individu à cause du propre travail (bona conquesta, ex adquisito).
Mon opinion personelle est en faveur de la solution "all od" (1.b) , par-ce-que peut nous amener à considerer une derivation de "od" aussi pour "fehu-od"= fief
(j'ouvrirai un nouveau sujet sur ce mot...). |
|
|
|
|
sab
Inscrit le: 07 Oct 2005 Messages: 466 Lieu: Polynésie / France
|
écrit le Wednesday 24 Oct 07, 22:22 |
|
|
C'est drôle, j'aurais parié que alleu, allodial dérivait de "lods", la redevance due au seigneur par un acheteur. Formé avec le préfixe a- (privé de). Comme quoi... |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Wednesday 24 Oct 07, 23:31 |
|
|
Avançons dans l'étude du le mot "alleu" et, s'il est bien formé de all-od, considérons cette metathèse:
ALLOD/ODAL(L) ...c'est la "maison"...mais aussi la "maison" dans le sens italien de "casato", la famille membre de la communauté de sang (pas encore soumise au phenomene de l'encellulement...voir: http://fr.wikipedia.org/wiki/Encellulement)
et pensez quoi signifie ADEL en allemand...le "noble", le membre de la maison (dans cette vision du monde, n'est pas l'homme qui a la maison, mais est la maison qui a l'homme)
Citation: | Das deutsche Wort Adel geht zurück auf das germanische Wort: *odal (= unbeweglicher Besitz, Immobilien - im Gegensatz zum beweglichen Besitz: *fe = Vieh). Davon abgeleitet ist das Adjektiv edel, das - nachdem es zunehmend moralisch, sittliche Eigenschaften benannte - durch das Adjektiv adelig ersetzt wurde. |
fr. Le mot allemand Adel (noblesse) remonte au mot germanique * odal (= possession immobile, biens immobiliers, au contraire de la possession mobile, dérivé de * fe = bétail). A' partir d'Adel a été créé l'adjectif "edel"; ce-ci - après qu'est venu à se referer en voie croissante aux qualités morales - a été remplacé par l'adjectif "adelig."
Dernière édition par giòrss le Monday 22 Nov 10, 13:16; édité 1 fois |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Thursday 25 Oct 07, 0:07 |
|
|
Oh oh
nous arrivons à une chose interessante....depuis "adel" on arrive au nom de Attila = petit père...atta/ata= père, aussi en turc...evidemment un emprunt de celle langue du IE.
En Italie, en dit encore "Attènë"= père, en Pouille.
Le père est le chef de la maison.
http://ehl.santafe.edu/cgi-bin/response.cgi?root=config&morpho=0&basename=/data/ie/germet&first=101 :
Citation: | Proto-Germanic: *áɵV-l=; *ṓɵV-l=; *ōdṓ; *attēn
Meaning: inheritance, heir; noble
Gothic: { aɵala- in PN (Athalaricus etc.) }; *haim-ōɵli n. (ja) `homestead, landed property inherited in the family'; atta m. (n) `father'
Old Norse: aδal n. `Art, Begabung; Hof, Erbgut, Eigentum; aδili m. `der Führer eines Prozesses'; ōδal n. `(väterliches) Erbgut, Eigentum; Heimat'
Old Swedish: aɵal-
Swedish: odal
Old Danish: athäl-; odel `Erbgut'
Old English: äɵele, eɵele `noble, eminent; famous, singular; noble, vigorous, young'', äɵelo, pl. äɵelu, -o n. `nobility, pre-eminence, origin, family, race, nature, talents, genius'; ēɵel (ǟɵel), gen. ēɵles m., n. `one's own residence or property, inheritance, country, realm, land, dwelling, home', äɵel, -ɵles m., n. `id.'
Old Frisian: ēdila `Urgrossvater'; ethel-; ēthel, ēdel `Erbgut'
Old Saxon: athal-; athali `edle Abkunft'; ethili `adelig, edel'; ōthil `Erbgut, Eigentum, Heimat'
Middle Dutch: adel m.; adel `edel geboren; wettig, echt'
Dutch: adel m.
Middle Low German: ādel m., n. `Art, Begabung, Hof, Erbgut, Eigentum'
Old High German: adal n. (8.Jh.) `edles Geschlecht'; edili `adelig, edel'; uodil `Erbgut, Eigentum, Heimat'; uota eig. "Urgrossmutter"; atto `Vater'
Middle High German: adel st. n., m. 'geschlecht, edlesw geschlecht, edler stand'; atte wk. m. 'vater; der alte'
German: Adel m.; dial. ätte `Vater' |
|
|
|
|
|
felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
|
écrit le Thursday 25 Oct 07, 1:12 |
|
|
En (language juridique) flamand aussi on a allodium = propriété, et "allodaal" ou "allodiaal" = en propriété. |
|
|
|
|
guillaume
Inscrit le: 14 Dec 2005 Messages: 669 Lieu: Istanbul, natif du Québec
|
écrit le Thursday 25 Oct 07, 16:34 |
|
|
J'ai entendu déjà que le mot turc ata proviendrait de l'hittite, une langue du groupe indo-européen. Il peut aussi s'agir d'une onomatopée, comme le suggère Sözlerin Soyağacı, une référence assez fiable en étymologie pour le turc. Sinon, je ne suis pas certain de voir le rapport avec Adel en allemand, mais ça serait un autre sujet à traiter séparément en fin de compte.
Là-dessus, voir le MDJ atta / tata |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Thursday 06 Dec 07, 10:59 |
|
|
En ancien , on avait, pour alleu :
- alue, aluef, aloe, aleu
- aleugerie : fief tenu en alleu |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Thursday 06 Dec 07, 11:11 |
|
|
Max-Azerty a écrit: | Ce mot vient du francique alod, qui signifie pleine propriété, contraction de ala, tout et auda, possession. |
Où a tu pris la dérivation à partir de "auda"???
Ce mot est une fausse piste, parce que à sa base il y a déja un "alda", mais "allod" ne peut être une contraction de "alda". |
|
|
|
|
felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
|
écrit le Thursday 06 Dec 07, 16:44 |
|
|
...(suite) et un rapprochement au néerlandais allooi > aloi (du verbe allier) = degré de pureté de l'or et de l'argent.
Au figuré: "une personne de bon aloi". En allemand il reste (aujourd'hui dans un autre sens) Allianz. |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Thursday 06 Dec 07, 17:58 |
|
|
No.
Une chose est le mot "od" et autre chose le mot "lot". Tous les deux sont germaniques, mais avec des racines differentes.
ANIMATION FORUM : Lesquelles ?! |
|
|
|
|
felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
|
écrit le Thursday 06 Dec 07, 19:21 |
|
|
Peut-on préciser? |
|
|
|
|
max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
|
écrit le Thursday 06 Dec 07, 19:48 |
|
|
autrefois, l'allemand disait "Alod" pour "alleu". Je pose l'hypothèse d'une contraction antérieure entre "all" (totalité) et une racine germanique *lot , héritage, bien reçu en partage. |
|
|
|
|
|