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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Monday 19 Sep 05, 23:45 |
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Ur wech, ne voe na mar na marteze,
Na bremañ n'ez eus ivez.
Narn !
Traduction :
Une fois, il ne fût ni si ni peut-être,
Ni maintenant qu'il n'y en a.
Nenni !
C'est l'une des nombreuses façons de commencer un conte ou une histoire en Breton, l'équivalent du Français "Il était une fois" sauf qu'en Breton y'a plusieurs sortes de jeux de mots basé sur cette idée...
La philosophie principales de ces phrases est de jouer sur les mots, on peut voir un jeu sur "mar" (si) et "marteze" (peut-être), l'opposition entre le passé "ur wech" (une fois) et le temps présent avec "bremañ" pour arriver à la conclusion "Narn", idée de "néant" qui introduit l'histoire à suivre que l'on retrouve dans surement toutes les formules d'introduction...
Une autre formule connue est : "ur wech e oa pe ur wech ne oa ket" (il était une fois ou une fois il n'était pas), ce qui aboutit à un résultat zéro et qui permet de démarrer l'histoire... |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Tuesday 20 Sep 05, 11:31 |
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excellent
n'oublions pas que la Bretagne est une terre de légendes... |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Tuesday 20 Sep 05, 17:28 |
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A propos des légendes, si j'ai un conseil à donner c'est lors d'un séjour en Basse Bretagne, s'arranger pour assister à des contes, en Bretagne c'est tout un art le contage, cependant l'idéal est d'écouter les contes en Bretons car ceux traduits en Français sont souvent émancipés de toutes ces formules car les jeux de mots ne rendent pas le même effet en Français...
Ce qui fait la qualité d'un conteur est sa façon à faire des jeux sur les mots, relancer plusieurs fois la même syllabe dans une phrase (rimes internes), jouer sur la signification des mots, plus il y en a, plus le conte et le conteur sera de haut niveau... En fait c'est exactement la même chose que pour les Bardes de l'ancien temps dont on retrouve des traces dans la littérature médiévale, ce qui se voit surtout dans la littérature Galloise qui s'est mis à écrire toute cette littérature orale adaptée à l'époque médiévale et qui était propre aux Bardes de l'Antiquité Celtique...
A propos de ces formules, voici un livre où elles sont exposées et que je cherche : F. M. Luzel, Formules initiales et finales des conteurs en Basse-Bretagne (Revue celtique, iii. 336 if.)
Si j'arrive à mettre la main dessus je recopirai quelques formules interessantes sur le net... |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Wednesday 21 Sep 05, 20:43 |
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Tiens, tiens !
"ur wech e oa pe ur wech ne oa ket" ...
En hongrois, on commence souvent un conte en disant :
"Hol volt, hol nem volt" (Tantôt il était, tantôt il n'était pas) |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Wednesday 21 Sep 05, 21:18 |
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Excellent !
Faudrait voir si c'est une coïncidence ou si cette expression existe aussi dans d'autres pays de l'Est, si c'est pas une coincidence, ca peut montrer une certaine façon de penser dans le fait de commencer une histoire propre à un certain coin, comme les Celtes viennent de l'Est on peut se laisser rêver à penser que ca pourrait être une formule ancienne passée de langues en langues au fil du temps et des échanges... |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2522 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Thursday 22 Sep 05, 9:05 |
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En russe l'élément principal du début des contes est "жили-были" (jili-byli : vivaient et étaient, généralement au pluriel, parfois au singulier). D'une part on souligne l'existence, d'autre part on renvoie à un passé non défini.
Parfois certaines "précisions" sont ajoutées :
В некотором царстве, в некотором государстве - dans quelque royaume, dans quelque état
За тридевять земель, в тридесятом государстве - au-delà de trois-neuf terres, dans le trois-dixième état (les chiffres sont volontairement soit archaiques soit fantaisistes)
En on dira "Es war einmal, vor langer, langer Zeit..." (il était une fois il y a très, très longtemps...) et on termine par "...und wenn sie nicht gestorben sind, dann leben sie noch heut'." (...et s'ils ne sont pas morts alors il vivent encore aujourd'hui).
Dernière édition par Charles le Thursday 22 Sep 05, 12:43; édité 1 fois |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Thursday 22 Sep 05, 10:52 |
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Il existe aussi de telles "précisions géographiques" dans les contes hongrois. Cela se passe souvent au-delà d'un royaume imaginaire appelé Óperencia.
Selon les folkloristes, l'origine de ce nom est probablement l'expression allemande "ober Enns", c'est-à-dire au-delà, soit de la rivière Enns, soit de la ville d'Enns, qui se trouvent en Autriche et au-delà desquelles les Hongrois ne s'aventuraient pas beaucoup. Cela devait donc paraître au conteur hongrois comme le bout du monde.
Au-delà du royaume ou de la mer d'Óperencia est donc, quant à son origine, un beau pléonasme : au-delà de l'au-delà d'Enns.
D'autre part, je suppose que les expressions communes au début des contes bretons et hongrois doivent exister dans d'autres langues aussi, car il s'agit tout simplement de l'annonce de qc de fictif que le conteur veut quand même présenter comme réel, tout en sachant que le public est conscient de la fiction. Les meilleurs conteurs arrivent pourtant à enchanter leurs auditeurs à tel point que ceux-ci confondent, comme les enfants, le réel avec l'irréel.
Il y a des contes hongrois qui se terminent par :
"J'ai menti car j'avais à qui le faire." ce qui est censé "réveiller" le public de son enchantement.
Dernière édition par Piroska le Tuesday 15 Jan 08, 22:15; édité 1 fois |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Thursday 22 Sep 05, 12:15 |
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En grec tout conte débute par: Μια φορά κι ένα καιρό (Une fois et un temps)ce qui revient à dire "il était une fois"?.
Et la plupart se terminent par la phrase «και αυτοί ζήσανε καλά κι εμείς καλύτερα « ils ont bien vécu et nous encore mieux.
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Tuesday 15 Jan 08, 22:35 |
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Piroska a écrit: | Il existe aussi de telles "précisions géographiques" dans les contes hongrois. Cela se passe souvent au-delà d'un royaume imaginaire appelé Óperencia.
Selon les folkloristes, l'origine de ce nom est probablement l'expression allemande ober Enns, c'est-à-dire au-delà, soit de la rivière Enns, soit de la ville d'Enns, qui se trouvent en Autriche et au-delà desquelles les Hongrois ne s'aventuraient pas beaucoup. Cela devait donc paraître au conteur hongrois comme le bout du monde.
Au-delà du royaume ou de la mer d'Óperencia est donc, quant à son origine, un beau pléonasme : au-delà de l'au-delà d'Enns. |
Je viens de lire dans l'ouvrage intitulé István király és műve (Le roi Étienne et son œuvre),1977, de l'historien médiéviste hongrois György Gyõrffy (+ 2000) qu'aux Xe-XIe ss., la frontière entre la Bavière et la Hongrie (l'Autriche n'existait pas à l'époque) était là où coulait la rivière Enns sous Linz. Ce serait donc bien l'origine de Óperencia. |
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