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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Thursday 10 Jan 08, 9:36 |
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C’est (peut-être) une surprise, que j’avais promise à András, notre cher animateur hungarophone de Roumanie comme cadeau de Nouvel An.
Bien qu’il parle exactement le même hongrois que moi qui suis de Hongrie, il est probablement trop jeune encore pour connaître un sens — aujourd’hui désuet — de son prénom.
Chacun sait (ou du moins a deviné) que le prénom hongrois András (André en français) provient du grec Andreas, lui-même dérivé du mot “andros” signifiant “homme” (au sens d’être humain de sexe masculin) et, comme nom propre, s’écrit évidemment avec une initiale majuscule : András (pron. andraache).
Mais il en existe un homonyme commun, avec l’initiale minuscule bien sûr : andrás, dont le sens est l’équivalent approximatif de “grive” = gendarme.
Ce mot d’argot, andrás, était encore usité à l'époque de mon enfance (années 1945-50) en Hongrie.
Les mots d’argot ne sont jamais des inventions fortuites et il est presque toujours possible de déduire leur origine par une certaine logique.
Pour andrás, je crois bien que ma théorie n’est pas trop tirée par les cheveux :
Le mot hongrois pour “gendarme” (ZSANDÁR, pron. gendar) vient de toute évidence du français par l’intermédiaire de l’allemand “Gendarm”.
Si le “m” est tombé en hongrois, c’est dû sans aucun doute à la difficulté générale du locuteur hongrois de prononcer certaines consonnes accumulées, surtout en position finale (ou initiale) des mots.
Un anagramme partiel de A ZSANDÁR = le gendarme, est :
AZ ANDRÁS = l’andré,
mot qui cache bien de qui il s’agit, ce qui est le but de l’argot des voleurs et autres clandestins.
1. Une petite note à la fois morphologique et phonétique : a et az sont les deux formes de l’article défini hongrois (langue qui ne connaît pas le genre grammatical) : la première s’emploie devant les mots commençant par une consonne, la seconde devant ceux commençant par une voyelle.
2. Une autre note, historique celle-ci :
La Gendarmerie impériale (en hongrois : Császári Zsandárság) était une institution étrangère (Habsbourg) en Hongrie et n’existait avec ce nom qu’entre la défaite de la guerre de libération (1849) et le compromis de 1867, naissance de la Monarchie austro-hongroise.
Pendant ces 18 ans, elle avait le rôle, entre autres, de réprimer cruellement toute aspiration des patriotes hongrois à l’indépendance, ce qui fait que le mot zsandár est entré dans le hongrois avec une connotation bien plus sinistre que ne le suggère aujourd’hui le mot français “gendarme”.
Après le compromis de 1867, un corps de garde hongrois fut créé à la place de “Zsandárság”, désigné du nom hongrois “Csendőrség” (Garde de paix), mais le mot d’argot andrás y avait survécu encore environ 80 années, avant de tomber en désuétude totale. |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1485 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Thursday 10 Jan 08, 23:52 |
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Eh ben! On en apprend tous les jours! Même sur son propre prénom. |
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nosh
Inscrit le: 01 Aug 2008 Messages: 35
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écrit le Friday 01 Aug 08, 20:59 |
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Intéressant. Je ne connaissais que le terme Pandùr proche du Pandore français. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 13 Apr 14, 11:29 |
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Piroska a écrit: | Le mot hongrois pour “gendarme” (ZSANDÁR, pron. gendar) vient de toute évidence du français par l’intermédiaire de l’allemand “Gendarm”. |
Je ne le jurerais pas. Le persan ǧān-dār, "gardien, garde du corps", pourrait bien avoir été emprunté par le hongrois par l'intermédiaire du turc. Il n'y aurait alors pas besoin de se demander où est passé le m...
Le même mot a abouti à l'arabe جاندار ǧāndār ou جندار ǧindār, même sens. |
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Kugulistan
Inscrit le: 09 Aug 2010 Messages: 190
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écrit le Sunday 13 Apr 14, 18:54 |
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En turc, gendarme se dit jandarma (ou candarma), un emprunt au français.
Ensuite j'ai cherché le mot candar [djandar] en turc. Le mot est tombé en désuétude (en turc en tout cas). Le sens premier signifie : "vivant, vif ou animé" (en persan aussi) ; mais son deuxième sens serait bel et bien un "gardien".
Le premier sens est logique car le mot can signifie l'"âme, la vie" et le suffixe -dar signifie "qui a, qui est". Par contre, le second sens je ne le connaissais pas du tout. |
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