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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Wednesday 12 Nov 08, 20:42 |
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En Arbois la prunelle s’appelle une plosse. Le raisin au grain en forme de plosse s’appelle du Ploussard à Pupillin et du Poulsard dans le reste de l’Arbois.
Le mot plosse viendrait du vieux français beloce par le bas-latin bullucea, bullucium = prune sauvage, lui-même du celtique d’après P.Y. Lambert (La langue gauloise) : mot apparenté au breton bolos = prunelle noire.
Le mot se trouve dans d’autres régions françaises : blosse en Normandie, belosse en Savoie, plousse ou palousse dans le Jura, pelousse, pialoussi dans le Forez, polosse, balote, brelosse, poulosse.
Corrélats :
Latin : bulla ? bulbe (forme dupliquée ?)
galois : bwlas, prunelle
irlandais : bulos
anglais : bullace (emprunt)
allemand : blotze (pas trouvé dans le Kluge)
différentes formes bretonnes : plorcênn, belorsienn, plorce (sous réserves de contrôle par un celtisant)
bolusseron : lierre noir, dérivé de bolusson ou bolussa, prunelle |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3664 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 13 Nov 08, 22:23 |
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Je ne connaissais pas Blotze en allemand. J'ai toujours entendu Schlehe pour la prunelle. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 13 Nov 08, 22:42 |
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L'anglais plum (prune) vient du vieil anglais plume qui vient du latin pruna
étymonline.com
plum pudding : (un gâteau aux prunes). les Français confondent pudding et plum pudding
Note : l'anglais prune signifie pruneau (prune séchée). Il fait sourire les anglophones car ce mets est surtout utilisé comme remède contre la constipation. |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Friday 14 Nov 08, 12:17 |
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Celui qui mange des prunes comprendra vite le pourquoi !
Cf. Molière, Le Malade imaginaire: le docteur Purgonte prescrit des pruneaux le soir à notre pseudo-malade pour relâcher le ventre.
Le remède est fort ancien. |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Sunday 16 Nov 08, 15:12 |
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En vosgien, blôhhe désigne la prune sauvage, même chose dans la Meuse et dans le Saintois (Vézelise) où l'on a le mot bloce. Sinon pour prune, on dit prûne, prîne. |
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Lan
Inscrit le: 25 Sep 2009 Messages: 1 Lieu: Brest
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écrit le Friday 25 Sep 09, 16:30 |
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En breton, "poloss" se dit pour la grosse prunelle, voisine en taille de la prune commune. Cette "poloss" était cueillie mi-septembre, à l'époque du battage du sarrazin qui servait à la préparation des crêpes "blé noir".
La petite prunelle se dit "poloss dreïn" |
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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Friday 25 Sep 09, 19:10 |
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Bonjour Lan !
Pourrais-tu vérifier et développer les autres termes bretons que j'ai cités ? |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 896 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Friday 25 Sep 09, 21:45 |
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En wallon : blôces ou bilokes désignent les prunes.
– Le mot est traité dans Limes 1: Les langues régionales romanes en Wallonie. Tradition wallonne 4, Bruxelles, 1992. (Ou dans le tome II : Limes II : choix de textes en langues régionales romanes de Wallonie ?… Je ne les ai pas sous la main. Ce devrait être dans un texte intitulé « La galète aux blôces ». ) |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Friday 25 Sep 09, 23:07 |
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D'après Littré (dont la famille était d'Avranches), en Basse-Normandie, les blosses sont des prunelles qui ne sont mangeables qu'après la première gelée, une fois qu'elles sont un peu pourries, un peu blettes. C'est le rapprochement étymologique qu'il propose, notant, à l'article blet, que l'on dit dans le Berry un fruit blosse, en Bourguignon un fruit bliôse.
Quant à l'étymologie de l'adjectif blet, elle est discutée :
Littré note la difficulté de l'établir, compte tenu de l'absence d'attestation ancienne.
Diez rapproche blosse de l'allemand blotzen, écraser.
Bloch-Wartburg, ainsi que le dictionnaire historique de la langue française, le tirent de "blesser" qui au sens étymologique signifie "meutrir" surtout pour des fruits que l'on veut faire murir.
Mais il est vrai que le rapprochement de blosse avec l'ancien français beloce est tentant également... |
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Jonval
Inscrit le: 05 Aug 2009 Messages: 21 Lieu: France
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écrit le Saturday 26 Sep 09, 20:39 |
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Dans le département des Ardennes, la prune est appelée "balosse" (orthographe du "Glossaire sedanais" de Jean Lecaillon), "baloce" selon l'orthographe proposée par Michel Tamine (dans son "Dictionnaire du français régional des Ardennes"), qui fait dériver le mot du latin populaire *bullucia. Tamine note également son emploi métaphorique pour "testicule" (=baloches?). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11171 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 09 Jan 17, 18:57 |
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dubsar a écrit: | En Arbois la prunelle s’appelle une plosse....Le mot plosse viendrait du vieux français beloce par le bas-latin bullucea, bullucium = prune sauvage, lui-même du celtique d’après P.Y. Lambert, irlandais : bulos |
À Lyon aussi on connaît les plosses, du moins dans mon enfance. Maintenant, je ne sais pas.
Pour Ernout et Meillet, citant Meyer-Lübke, le bas-latin *bullucea serait issu du latin bulluca, lui-même dérivé de bulla "bulle, boule", mot expressif qui rappelle des mots indiquant une protubérance ronde.
Pas de trace de ce mot chez Gastal (Nos racines celtiques)...
Pourtant, tout porte effectivement à penser que bulla pourrait être raccroché à la branche celtique de la grande famille BALLON. On trouvera d'ailleurs bulla dans l'annexe.
A-t-on d'autres exemples de mots celtiques à initiale b- dans le nord de ce qui fut la Gaule mais assourdis en p- dans le sud ?
(Phénomène évidemment postérieur à l'emprunt latin de bulla au celtique, si c'en est un.) |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Monday 09 Jan 17, 21:16 |
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Delamarre rapporte bien que bolusserron est, d'après le Pseudo-Apulée, le nom gaulois du lierre noir (?) "hedera nigra" mais il refuse, en raison d'une trop grande différence de sens, le rapprochement qu'on fait d'habitude avec beloce .
Le FEW distingue trois prototypes : *bŭllŭcca connu essentiellement dans le wallon sous la forme biloke et ses variantes ; *bŭllŭcea, qui donne, entre autres, le français beloce et *pŭllŭcea, qui donne les formes avec un p- initiale, surtout localisée dans les pays de langue franco-provençale et en Bourbonnais. Si je lis bien l'allemand, le FEW attribue l'évolution b- > p- à une influence gauloise ou bien à une influence des mots de la famille de prune. Il faut se garder de tirer des conclusions sur une possible plus grande extension ancienne du type *pŭllŭcea à partir du mot breton poloss. Le breton a très bien pu recréer indépendamment une forme à p- initial, par le biais de ses mutations consonantiques. Le français beloce a sans doute donné le singulatif ur bolossen "une prunelle" dont est déduit le collectif poloss "des prunelle". Les singulatifs bretons sont toujours féminins et un b- à l'initial d'un mot féminin singulier suppose un p- à l'initiale des formes non-mutées, par exemple sans article. |
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