Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
|
écrit le Wednesday 31 May 06, 11:24 |
|
|
ambigu signifie étymologiquement qui va dans deux directions.
En effet, la racine amb s'applique à l'idée de doublement, de dualité.
cf amphore, amphibie, ambidextre, ambivalent...
La racine ag, quant à elle, signifie pousser devant, mener.
On la retrouve dans des mots comme pédagogue, démagogue etc.
L'allemand "zweideutig" pointe le double sens ... sans ambiguïté. |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10946 Lieu: Lyon
|
écrit le Monday 10 Jan 11, 20:59 |
|
|
Entendu au cours d'une émission culinaire :
- dresser un ambigu :
dresser une table en pleine nature pour jouir de la vue de la nature, ou d'un château, par exemple
Définition du TLFi :
- ART CULIN. Repas généralement froid où l'on présente en même temps tous les mets
- Eh! ce n'est point là un souper, lui dit Bois-Doré [à d'Alvinar]... ce n'est qu'un petit ambigu aux flambeaux
G. Sand, Les Beaux Messieurs du Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 70.
- L'ambigu fut servi; c'était un beau spectacle. D'énormes pièces de venaison, des aloyaux monstrueux, des volailles magnifiques, du gibier de toute espèce, des truites, des ombres-chevaliers, (...) accompagnaient les pièces apportées de Paris, les pâtés de foies, les terrines, les truffes, les langues, les jambons glacés, enfin tous les hors-d'œuvre qui ont une célébrité gastronomique. À l'aspect de cette table chargée de mets, il se fit un silence général : l'admiration domina l'appétit
L. Reybaud, Jérôme Paturot, 1842, p. 331.
Complément du TLFi :
- ambigu :
empr. au lat. ambiguus, attesté dep. Plaute, au sens de « douteux incertain (d'un inanimé) |
|
|
|
|
Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
|
écrit le Tuesday 11 Jan 11, 2:07 |
|
|
L’on pourrait penser que cet ambigu est qualifié ainsi car l’on y sert à la fois du salé et du sucré. Il semble plutôt que c’est parce qu’il n’est ni vraiment une collation ni vraiment un souper (c’est-à-dire un dîner, dans l’acception moderne de ce mot).
« Disner l'r ne se prononce pas. s. m. Repas qu'on fait ordinairement à midy » (Académie, 1694)
« Collation, signifie encore, Ce repas leger, qu'on fait au lieu du souper, particulierement les jours de jeusne [...] Il signifie aussi, Tout repas qu'on fait entre le disner & le souper, ou mesme aprés le souper. » (Académie, 1694)
« Ambigu, s. m. Repas où l'on sert en mesme temps la viande & le fruit, ensorte qu'on ne sçauroit dire si c'est un souper ou une collation. » (Académie, 1694)
« Souper, ou Soupé. s. m. Le repas du soir. » (Académie, 1694)
« Pas de zèle, jeune homme, il est surtout l’heure d’aller déjeuner ! Elle est même passée de beaucoup. D’ailleurs le lieutenant général n’est pas visible l’après-midi. [...] L’aubergiste était du même village que Bourdeau, près de Chinon. Il en vendait le vin. Ils s’attablèrent devant une fricassé de poulet, du pain, des fromages de chèvre et un pichet de vin. En dépit du caractère peu ragoûtant de la promenade, Nicolas fit honneur à l’ambigu et s’y attaqua gaillardement. »
Jean-François Parot
L’énigme des Blancs-manteaux
Jean-Claude Lattès, Paris, 2000 |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Tuesday 11 Jan 11, 8:40 |
|
|
Bien joli, cet ambigu-là que j'ignorais. Il me semble que ça correspond plus ou moins à ce qu'on appelle plus couramment un buffet.
Pour d'autres mots apparentés, voir la grande famille AGIR. |
|
|
|
|
Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
|
écrit le Wednesday 09 Feb 11, 3:30 |
|
|
« Nous résolûmes de nous rendre l’après-midi au jardin indiqué, c’était hors de la ville, mais peu éloigné […]
La collation que nous fîmes nous tint lieu d’un bon souper, car c’était un ambigu champêtre, arrosé de ce qu’il y avait de plus fin en bourgogne et champagne ; des eaux fraîches délicieuses, c’est-à-dire, limonade, orgeat, eau de fraises et de cèdre*, dont on buvait de temps en temps un verre contenaient les fumées du vin dans un honnête respect. Elle n’eurent enfin d’autre pouvoir, que d’entretenir un humeur** gai et jovial, qui continua chez notre trio, jusqu’à la cloche des clefs***. »
Promenades du Bois et de Schevelin, contenant plusieurs histoires et aventures du premier ordre, aussi particulières que galantes. Le tout entremêlé de grotesque jovial, qui amuse et divertit. Première partie, à Cologne, chez Pierre Marteau, 1737.
Nouvelles du XVIII°, Gallimard, Paris, 2002
* « On appelle aussi, Cedre, Une espece de citrons dont se fait une certaine boisson que l'on nomme Aigre de Cedre » (Académie, 1694). Cédrat.
** Humeur est masculin : archaïsme, par conformité à l’étymologie latine (N. D. É.)
*** La cloche des clefs : signal annonçant la fermeture des portes de la ville (N. D. É.) |
|
|
|
|
|