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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Monday 09 Apr 07, 22:18 |
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Skipp se demande:
Citation: | Et pourquoi « farigoule » ? Quel est son étymologie ? |
"Farigola" et "Timó" sont des mots synonymes : le thym.
Les étymologistes ne se mettent pas d’accord :
De « fericula » (plante) sauvage?
De « ferricula » mot crée par des botanistes, à partir de « herba ferraria »?
De « fragare » faire arôme, parfum?
Bref, origine incertaine. |
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Hiruma
Inscrit le: 21 Aug 2006 Messages: 608 Lieu: Occitania
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 0:11 |
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On dit aussi farigola en occitan. |
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JC43
Inscrit le: 17 Sep 2006 Messages: 84 Lieu: VIAS (34)
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 7:12 |
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Je ne sais plus dans quel texte provençal soit de Pagnol ou peut-être La Fontaine, n'es-ce pas la petite chèvre de Mr Seguin ? on parle de thym et] de farigoule, donc pour moi c'est pas la même plante. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 12:07 |
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Si c'est dans Alphonse Daudet, il faut s'en méfier, il vivait à Paris et son provençalisme était surtout une pacotille exotique.
À part ça, il y a de très nombreuses espèces de thym (par exemple, le serpolet est un thym) et il reste très possible que, localement, elles soient distinguées par des usages différenciés de thym, farigoule ou farigoulette, selon aussi qu'elles proviennent des collines, du jardin ou du marchand …
Pour ce qui est de l'étymologie, le latin fericula au sens de « sauvagette » me semble de très loin l'origine la plus vraisemblable, peut-être pour désigner les espèces sauvages, peut-être, prenant ferus « sauvage » au sens qui apparaît dans son évolution française (« fier »), pour le distinguer avec ses tiges dressées du serpolet (cp. serpent) dont les tiges sont rampantes. Les deux autres étymologies paraissent hautement fantaisistes …
Mais ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il n'y ait pas de mot latin indigène pour le thym. thymum (forme orale tumus) est un emprunt au grec θύμον [thumon]. Faut-il en déduire que c'est une plante importée ? Comment diable Celtes, Ligures et Italiques pouvaient-ils manger convenablement grillades et ragoûts en ignorant le thym …? |
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semensat
Inscrit le: 20 Aug 2005 Messages: 863 Lieu: vers Toulouse
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 12:27 |
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Les grecs l'ont eux-même emprunté aux Égyptiens : le tham servait lors de l'embaumement des morts. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 14:56 |
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C'est très loin d'être évident ! Le papyrus Ebers d'où ce « tham » est tiré indique la plante comme une importation grecque. L'emprunt est probablement de la Grèce vers l'Égypte …
D'autre part, le mot θύμον [thumon] s'explique très naturellement en grec même par le verbe θύω « offrir aux dieux par combustion ». Encore aujourd'hui le principal usage du thym dans la cuisine grecque reste l'allumage de la σούβλα [souvla], foyer de charbon de bois où l'on fait rôtir en plein air viandes et poissons et où le thym apporte son odeur alléchante aussi bien aux passants qu'aux aliments.
On rapproche le sanskrit dhuma « fumée ».
À noter cependant que, d'après certains hellénistes, l'ancien θύμον désignait plutôt la sarriette (lou pebre d'ai), autre plante aromatique, voisine du thym. J'ai quand même des doutes car il existait un mot, θύμβρα, pour désigner explicitement la sarriette (probablement de *thu-m-(e)ro- avec développement d'un b de liaison). |
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Chusé Antón
Inscrit le: 25 Feb 2005 Messages: 740
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 20:34 |
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Ramón, un poème de Josep Carner:
Sopa de ferigola
Fum que vas a la teulada
i que n´ixes floc a floc
dius a la lluna afilada:
- vora l´olla salta el foc-
La mare crida,trescola
i vigila de reüll
la sopa de ferigola
que está si bull u no bull. |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 21:47 |
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Merci beaucoup, Chusé Antón, pour le beau poème.
Je vais essayer de faire une petite traduction en français. Soyez indulgents, svp !
Soupe de Thym
Fumée qui montes vers le toit
et qui en sors bouffée à bouffée
tu dis à la lune affilée
- à côté de la marmite saute le feu-
La mère crie, filtre
et surveille du coin de l'œil
la soupe de thym
qui est sur le point de bouillir.
Oufff! |
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Dino
Inscrit le: 09 Oct 2006 Messages: 479 Lieu: Αθήνα – Ελλάδα
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écrit le Tuesday 10 Apr 07, 22:50 |
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L'ancien grec θύμον, mentionné plus haut par Outis, est devenu en grec moderne θυμάρι, avec les mêmes caractéristiques et utilisations à travers les siècles. |
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olivier84
Inscrit le: 25 Dec 2009 Messages: 2
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écrit le Friday 25 Dec 09, 19:37 |
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Le mot ferigola, farigola me turlupine.
Les étymologies "classiques" font en effet dériver ferigola d'un latin *fericula attesté seulement dans le sens de "petit animal" Exemple : http://www.cnrtl.fr/etymologie/frigoule
Mais cela va à l'encontre des règles de l'évolution phonétique, puisque le suffixe diminutif -cŭlus est atone. L'accent tonique en latin est placé sur le i de fĕrĭcŭla et non sur le u qui est bref. L'évolution phonétique de fĕrĭcŭla aurait donc dû donner quelque chose comme ferelha ou ferilha, sur le mode aurĭcŭla > oreille (aurelha en provençal), ou lenticŭla > lentille (lentilha)
Sauf évidemment si on envisage que le mot a eu une "évolution savante" sur le mode rānuncŭlus > renoncule. Mais cela ne me semble pas correspondre à la nature populaire de ferigola.
Je réfléchis, mais ne trouve pas. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 26 Dec 09, 0:14 |
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On ne connait pas vraiment l'origine de ce terme et on ne peut qu'émettre des hypothèses.
Est-ce vraiment le diminutif -culus dont il s'agit ?
On pourrait comparer avec un autre terme français, issu de la langue d'oc : barigoule
malheureusement, son origine semble aussi obscure.
Reste à savoir quels sont les termes se terminant en -goule en langue d'oc.
À noter : Louis Farigoule est le nom d'un écrivain français dont le pseudonyme est Jules Romains. |
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olivier84
Inscrit le: 25 Dec 2009 Messages: 2
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écrit le Saturday 26 Dec 09, 9:47 |
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Oui exact, il y a barigola (pleurote du panicaut par exemple), et il y a espargola aussi (la pariétaire). On devrait en trouver d'autres. |
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Parlosoulé
Inscrit le: 01 May 2007 Messages: 6 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 15 Jan 10, 17:26 |
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Dans le Gard entre Alès et Barjac, il y a plus de soixante ans, j'accompagnais ma grand-mère le jeudi pour ramasser des herbes sauvages, c'était entr'autres pour la "Farigoule" prononcée aussi "Frigoule". J'ignorais le nom de thym.
Sinon, c'était les pissenlits, les doucettes ou les asperges sauvages...
Quel heureux temps ! |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 12 Aug 11, 9:39 |
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Voir aussi le MDJ thuya.
Dernière édition par Papou JC le Friday 19 Aug 11, 17:19; édité 1 fois |
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u pistùn
Inscrit le: 15 Aug 2011 Messages: 301 Lieu: Liguria
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écrit le Friday 19 Aug 11, 12:59 |
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Outis a écrit: | C'est très loin d'être évident ! Le papyrus Ebers d'où ce « tham » est tiré indique la plante comme une importation grecque. L'emprunt est probablement de la Grèce vers l'Égypte …
D'autre part, le mot θύμον [thumon] s'explique très naturellement en grec même par le verbe θύω « offrir aux dieux par combustion ». Encore aujourd'hui le principal usage du thym dans la cuisine grecque reste l'allumage de la σούβλα [souvla], foyer de charbon de bois où l'on fait rôtir en plein air viandes et poissons et où le thym apporte son odeur alléchante aussi bien aux passants qu'aux aliments.
On rapproche le sanskrit dhuma « fumée ».
À noter cependant que, d'après certains hellénistes, l'ancien θύμον désignait plutôt la sarriette (lou pebre d'ai), autre plante aromatique, voisine du thym. J'ai quand même des doutes car il existait un mot, θύμβρα, pour désigner explicitement la sarriette (probablement de *thu-m-(e)ro- avec développement d'un b de liaison). |
Dans le dialecte de Vintimille (Ventimiglia) on a ferrügura pour "thym" et tùmbaru pour "sarriette" (en italien "santoreggia"). Je pense que cette forme tùmbaru peut dériver directement de θύμβρα.
olivier84 a écrit: | Le mot ferigola, farigola me turlupine.
Les étymologies "classiques" font en effet dériver ferigola d'un latin *fericula attesté seulement dans le sens de "petit animal" Exemple : http://www.cnrtl.fr/etymologie/frigoule
Mais cela va à l'encontre des règles de l'évolution phonétique, puisque le suffixe diminutif -cŭlus est atone. L'accent tonique en latin est placé sur le i de fĕrĭcŭla et non sur le u qui est bref. L'évolution phonétique de fĕrĭcŭla aurait donc dû donner quelque chose comme ferelha ou ferilha, sur le mode aurĭcŭla > oreille (aurelha en provençal), ou lenticŭla > lentille (lentilha)
Sauf évidemment si on envisage que le mot a eu une "évolution savante" sur le mode rānuncŭlus > renoncule. Mais cela ne me semble pas correspondre à la nature populaire de ferigola.
Je réfléchis, mais ne trouve pas. |
Selon moi, on est en présence d’une double évolution.
Dans le dialectes de la Ligurie occidentale le suffixe – cŭlus présente la même évolution normal en provençal : lh (gl) ; auréglia « oreille » ; lentiglia « lentille », mais on a aussi des mots qui montrent la conservation du suffixe : furmigura < FORMICULA « fourmie » ; brügura < VERRUCULA « croûte des blessures” ; ferrügura < FERRUCULA/FERRICULA « thym ». |
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