Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
|
écrit le Monday 12 Sep 05, 8:40 |
|
|
En géologie, le concept de terrane supplante peu à peu la vision ancienne de la tectonique des plaques. :doc:
Une terrane est un petit bout de croute terrestre. Ce fragment peut bouger par rapport aux autres. Les plaques tectoniques sont formées de terranes plus ou moins solidaires et ayant un passé commun plus ou moins long.
L'Europe, par exemple, est composée de nombreuses terranes agglomérées depuis le mésozoïque. L'Italie est la dernière terrane a nous avoir rejoints. D'autre terranes étaient proches de nous s'en sont allées. C'est le cas des Apalaches qui sont, à l'origine, la même chaîne montagneuse que l'Ardenne.
J'aime bien ce mot car, bien qu'il s'agisse d'un néologisme anglo-saxon ( il a vu le jour aux USA dans les années 1970 ) il a une sonorité qui flatte mes oreilles de francophone... ce qui n'est pas toujours le cas en géologie. |
|
|
|
|
MiccaSoffiu
Inscrit le: 24 Jun 2008 Messages: 463 Lieu: Capicursinu-Sophia
|
écrit le Monday 10 May 10, 6:47 |
|
|
Un terrane serait masculin.
Le terme en apparence peut sembler nouveau mais il a en réalité une certaine patine.
En corse, il désigne de façon générique ce qui vient de la terre et de façon spécifique la brise de terre.
co : terranu = de terre ; brise de terre - un vent de terre - masculin.
it : di terra; brezza di terra
On pourrait être tenté par une analogie poétique, ou fantaisiste selon l’état d’esprit, entre le phénomène d’accrétion et la naissance d’une brise ou d’un vent.
Simple coïncidence non moins poétique ou tout aussi fantaisiste...selon :
Lat : terraneola, ae, f. : alouette (qui fait son nid à terre).
co : terraghjola, petricaghjola – variantes : tarragnola, tarraghjola, terraghiola – fr : alouette des champs.
Il y a une sorte de notion de naissance provenant de la mère terre, les plaques tectoniques "enfantent" bien des terranes. |
|
|
|
|
Camelia
Inscrit le: 14 Jan 2008 Messages: 711
|
écrit le Wednesday 21 Sep 11, 13:27 |
|
|
Citation: | terra, ae, f. : - 1 - la terre (planète). - 2 - le continent, la terre ferme (opposée à la mer ou au ciel). - 3 - la terre (élément). - 4 - terre, sol, terrain, terroir. - 5 - sol, surface de la terre. - 6 - pays, contrée, région.
http://www.prima-elementa.fr/Dico-t02.html#terra |
Je propose ce groupe de mots, parce-que je crois que parmi les langues romanes , seulement en roumain on dit 'Ţară' à 'Pays' (avec le sens d'État). Mais peut-être que je me trompe?
Donc nous avons:
Ţară - Pays, État,
Ţara Românească (La Valachie historique)..
ţară -région:
Ţara Bârsei,
Ţara Făgăraşului,
Ţara Haţegului,
Ţara Maramureşului etc
la ţară - à la campagne
ţăran- paysan
ţărancă - paysanne
ţărănesc - adj. paysan
ţărăneasca / dans populaire roumain
Pământ ( planète, terre, sol ) vient de latin pavimentum (plancher, carreau ).
Formes plus tard:
terestru - terrestre etc |
|
|
|
|
u pistùn
Inscrit le: 15 Aug 2011 Messages: 301 Lieu: Liguria
|
écrit le Wednesday 21 Sep 11, 15:37 |
|
|
Les Sardes pour indiquer l'Italie utilisent :
- (sa) Terramanna : (la) grande terre |
|
|
|
|
ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
|
écrit le Wednesday 21 Sep 11, 19:03 |
|
|
Pour l’espagnol et le catalan, quand on parle de (esp.) mi tierra et (cat.) la meva terra, on fait référence à la terre natale = mon pays (natal). |
|
|
|
|
Camelia
Inscrit le: 14 Jan 2008 Messages: 711
|
écrit le Wednesday 21 Sep 11, 19:48 |
|
|
ramon a écrit: | Pour l’espagnol et le catalan, quand on parle de (esp.) mi tierra et (cat.) la meva terra, on fait référence à la terre natale = mon pays (natal). |
Exactement comme en roumain : ţara mea / mon pays (natal). |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
|
écrit le Thursday 22 Sep 11, 9:58 |
|
|
terrone : terme péjoratif par lequel les Italiens du Nord désignent ceux du Sud
A l'origine, terrone désignait un propriétaire terrien puis l'émigré intérieur venu du Sud chercher un emploi dans l'Italie du Nord. |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Thursday 22 Sep 11, 10:52 |
|
|
En italien aussi la mia terra c'est le pays natal. |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
|
écrit le Wednesday 02 Apr 14, 16:09 |
|
|
U Pistùn a écrit: |
Les Sardes pour indiquer l'Italie utilisent :
- (sa) Terramanna : (la) Grande Terre |
Lire le Fil L'autre nom des pays. |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Wednesday 02 Apr 14, 16:29 |
|
|
Sur les vieilles cartes, on voit parfois :
terra incognita (terre inconnue).
En français et en anglais, l'expression apparaît parfois au sens figuré.
To scientists, long-term effects of this drug are terra incognita.
Pour les scientifiques, les effets à long-terme de cette drogue sont terra incognita. |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Wednesday 02 Apr 14, 19:09 |
|
|
angl. tureen, terrine : 1706 tureen est une transcription phonétique du fr. terrine (récipient en terre).
angl. terrine : sorte de pâté (cf. terrine de foie de volaille). Prononcé à la française |
|
|
|
|
Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
|
écrit le Tuesday 14 Feb 17, 21:14 |
|
|
D'après Ernoult et Meillet, le latin terra pourrait venir de la racine IE *ters "sec". L'italique et le celtique sont les seules branches de l'indo-européen où cette racine a donné un mot désignant la terre. L'irlandais tir et le gallois tir signifient "pays". Les attestations en moyen breton données par le Dictionnaire diachronique du breton donnent à tir le sens de "terre". Le breton moderne a conservé une forme suffixée tirion ou tirien, parfois traduite par "jachère" mais qui a en Centre-Bretagne le sens plus précis de partie sèche et surélevée dans un pré :
Med ahe oa dow pe dri sort prad kwa ! Douar, douar, douar-sec'h. Ha wechou vis(e) un tamm, un tamm boss ba'r prad, doc'h an dra-s(e) vise gwraet un tirien, tirien neu'n
Mais il y avait là deux ou trois sortes de pré quoi ! De la terre, de la terre, de la terre sèche. Et parfois il y avait une espèce, une espèce de bosse dans le pré, on appelais cela un tirien, tirien donc (Cléden-Poher)
https://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2017/01/dow-sort-prad-ar-vouilhenn-hag-tirien.html
Grégoire de Rostrenen traduit déjà tirien par "terre sèche qu'on laisse sous herbes" dans son dictionnaire de 1732. |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Tuesday 14 Feb 17, 22:49 |
|
|
Jeannotin a écrit: | L'irlandais tir et le gallois tir signifient "pays". |
Est-on sûr que ces mots ne sont pas d'origine latine ?
Les Texans donnent
- un vieil irlandais tur qui a le sens de "sec"
- un avestique taršu- qui a le sens de "brûlé, desséché, aride"
- un sanskrit tṛṣṭá-ḥ qui a le sens de "sec"
- un sanskrit tṛ́ṣyati qui a le sens de "avoir soif"
Bref, j'ai des doutes sur l'appartenance de terra à une racine qui de l'Asie à l'Europe n'a que le sens de "soif" ou de "sec".
Je ne vois pas pour quelle raison la terre serait liée à la sécheresse. Toutes les terres ne sont pas des déserts, loin de là, et encore moins au cours de la Préhistoire que maintenant.
À moins avis c'est ailleurs que dans la racine *ters- qu'il faut chercher l'origine de terra.
Avant d'aller faire un tour du côté du sémitique, je note déjà qu'en indo-européen même il existe une racine qui a vraiment le sens de "terre", c'est *er-t-, celle qui a donné l'anglais earth, que tout le monde connaît, et le moins connu adverbe grec classique ἔραζε éraze "à terre" que Chantraine s'accorde avec Pokorny à rattacher à cette racine.
Et tiens, tiens, comme c'est étrange, on retrouve dans cette racine les consonnes de base de terra, bien que dans l'ordre inverse.
(Il y a des jours comme ça : aujourd'hui, c'est le jour du non-ordonnancement des radicales !)
Dernière édition par Papou JC le Wednesday 15 Feb 17, 9:42; édité 3 fois |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Wednesday 15 Feb 17, 0:13 |
|
|
Je passe au sémitique, et notamment à l'arabe. Une surprise m'y attend :
1. J'ai un petit groupe de racines en TR où il est plus ou moins question de dureté ou de sécheresse :
ترز taraza être desséché et roide
ترس turs surface, croûte dure du sol
ترص taruṣa être ferme, solide
2. Et un autre petit groupe en RḌ où il plus ou moins question de terre fertile :
أرض arḍ terre, globe terrestre, sol, terrain [akkadien erṣetu, hébreu eretz, ougaritique arṣ, phénicien ’rṣ]
روضة rawḍa jardin couvert d’une riche végétation (Cf. le nom de la ville de Ryad, qui en est le pluriel.)
ورّض warraḍa parcourir un pays pour choisir des pâturages pour ses troupeaux.
C'est-à-dire que je retouve en sémitique le même parallélisme dentale + R = sec // R+ dentale = terre qu'en indo-européen !
Si j'ai le courage, j'irai un de ces jours vérifier si les spécialistes de nostratique ont déjà fait cette constatation.
En attendant, on peut provisoirement conclure qu'il n'y a peut-être pas besoin de faire un détour par le sémitique pour résoudre le problème de l'origine de terra puisqu'il est sans doute possible de le rattacher directement à *er-t-.
Peut-être le latin terra est-il la trace d'une haute époque où les racines *ters- et *er-t- n'en faisaient qu'une, avant de se disjoindre et de se répartir les sémantismes terre et sec.
Et peut-être alors est-ce aussi le cas du celtique.
Mais le celtique fait plus fort car il a à la fois tir terre et tur sec.
Une dernière remarque sur la racine *ters-. Je ne comprends pas bien le statut du s. J'écrirais volontiers *t-er-s- et je dirais que t y est un préfixe, tout comme il est suffixe dans *er-t-.
En fait, la racine stricto sensu est *er-, préfixée dans un cas et suffixée dans l'autre.
Resterait à éclaircir le statut du s...
C'est peut-être tout simplement une extension, le marqueur de la sécheresse. (Cf. la consonne finale du premier groupe des racines arabes).
Enfin, enfin, un lien avec la racine *arə- "travailler la terre, labourer" n'est pas à exclure. |
|
|
|
|
Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
|
écrit le Thursday 16 Feb 17, 14:37 |
|
|
Papou JC a écrit: | Est-on sûr que ces mots ne sont pas d'origine latine ? | Je m'interrogeais justement sur le caractère régulier ou non de la simplification du groupe -rs- : *ters- > tir. Au vu de l'instabilité du /s/ en brittonique, ça ne me semble pas poser trop de problème, mais je tâcherai d'en savoir plus au sujet de l'irlandais, qui normalement conserve bien le *s IE.
Papou JC a écrit: | Mais le celtique fait plus fort car il a à la fois tir terre et tur sec. | Le breton est même encore plus fort que l'irlandais puisque tir signifie "terre" mais que le sens originel de la racine IE réapparaît dans la forme suffixée tirien "partie sèche d'un pré". Il faudrait cependant vérifier qu'il ne s'agit pas d'une confusion entre deux mots différents due à l'évolution [u:] > [y:] > [i:] du brittonique.
En tout cas merci pour ces développements très intéressants sur l'indo-européen et le sémitique. |
|
|
|
|
|