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Pierre
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 1188 Lieu: Vosges
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écrit le Wednesday 03 May 06, 20:59 |
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Un palefroi.
Ce mot vient du bas latin paraveredus : cheval de poste.
Le palefroi c'est le cheval de parade ou de marche, par opposition au destrier qui est le cheval de bataille. |
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Liliane
Inscrit le: 20 Mar 2006 Messages: 785 Lieu: Côtes d'Armor
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écrit le Wednesday 03 May 06, 22:10 |
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Se dit aussi des chevaux qui ne sont montés que par les dames. |
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morghawen
Inscrit le: 29 Nov 2006 Messages: 1 Lieu: troisième planète en suivant
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écrit le Wednesday 29 Nov 06, 23:48 |
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C'est la haquenée qui est surtout montée par les dames. |
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Jiicé
Inscrit le: 25 Nov 2006 Messages: 192 Lieu: France, centre
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écrit le Thursday 30 Nov 06, 0:55 |
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Liliane a raison, je cite le TLF à l'article palefroi : 1176-81 :
- «cheval monté par les dames» (CHRÉTIEN DE TROYES).
Morghawen n'a pas tort. |
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deadxkorps
Inscrit le: 13 Jun 2006 Messages: 168 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 30 Nov 06, 1:50 |
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Oui, ce sont des chevaux légers, contrairement aux chevaux de guerre qui à l'époque étaient des chevaux très imposants, à la fois pour impressionner, à la fois pour être capable de porter des cavaliers avec plusieurs dizaines de kilos d'armure sur le dos ! (l'équivalent de nos chevaux de trait d'aujourd'hui).
De la même manière, on dit "monter sur ses grands chevaux" : partir à la guerre : s'énerver.
De palefroi, a dérivé palefrenier, celui qui s'occupe des chevaux. On dit aussi garçon d'écurie. |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Friday 01 Dec 06, 19:15 |
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l'antonyme de palefroi serait haridelle, cheval maigre et fatigué.
ce mot vient du scandinave harr, qui a également donné haras.
comme par hasard, beaucoup de haras se trouvent précisément en Normandie, où le mot est sans doute apparu pour la première fois.
Extrait du Fil Vocabulaire du cheval (José) :
Citation: | haridelle (TLFi) :
- mauvais cheval efflanqué
FIG / PEJ grande femme sèche et maigre
Etymologie :
- mot probablement composé du rad. har-, identique à celui de haras, et d'une finale -idelle d'orig. obscure |
quant au mot rosse, de sens voisin (penser à Rossinante), il est tout le contraire de l'allemand Ross, qui recoupe à la fois le sens de palefroi et de destrier. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Friday 01 Dec 06, 19:26 |
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Ne pas confondre les chevaux légers, qui sont des chevaux de petit poids, et les chevau-légers, qui sont les cavaliers qui les montent à la guerre !
Les singuliers correspondant sont respectivement : cheval léger, chevau-léger. |
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Gégé
Inscrit le: 10 Jul 2006 Messages: 27 Lieu: LYON
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écrit le Saturday 02 Dec 06, 21:04 |
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Surtout que lorsque des chevaux légers doivent être ferrés, les chevau-légers les emmènent chez des maréchaux-ferrants qui ont installé plusieurs "travail"... (ou "travails" ?).
Le "travail" étant l'ossature de bois et de fer installée à demeure sur une place de village destinée à immobiliser la bête à ferrer (cheval ou boeuf de labour p.e.) -- Lire le MDJ travail. |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Tuesday 05 Dec 06, 18:51 |
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Le "paraveredus" des latins a d'ailleurs donné le mot "Pferd" allemand qui signifie "Cheval". |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 31 Oct 10, 6:52 |
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max-azerty a écrit: | ce mot vient du scandinave harr, qui a également donné haras.
comme par hasard, beaucoup de haras se trouvent précisément en Normandie, où le mot est sans doute apparu pour la première fois. |
Pas sûr. Voir le MDJ haras.
Pour en revenir à palefroi, il me semble qu'il mérite plus d'attention que celle qui lui a été accordée jusqu'ici dans ce fil. Jugeons-en :
Au départ, il y a une racine indoeuropéenne *reidh- qui signifie quelque chose comme « voyager » et ce, très probablement, « à cheval ».
Parlons tout de suite de la branche germanique : on voit que cette racine a abouti
- en allemand à
reiten, « monter à cheval », et Reiter, « cavalier », d’où le fr. reître.
- et en anglais à
to ride, « monter à cheval », d’où riding coat, « vêtement pour aller à cheval », d’où le fr. redingote.
road, « voyage, longue chevauchée, expédition » et finalement « route ».
raid, variante écossaise de road dans ses premiers sens, tombée en désuétude puis remise en usage par Walter Scott.
Le mot français rade serait lui aussi de la famille, mais comme les choses sont moins claires à son sujet, je propose qu’on le laisse de côté aujourd’hui, quitte à lui accorder une place de mot du jour une prochaine fois.
Quant à notre palefroi, il a une histoire plus compliquée. On suppose un gaulois *rēda, « chariot », de la branche celte de notre racine (latinisé en raeda ), dont un dérivé *voredos serait devenu en bas latin verēdus, « cheval léger ». Sur le modèle du grec tardif πάριππος, « cheval de poste », on a formé en bas latin un mot hybride, paraverēdus, de même sens, relevé dès le Ier s. au sens de « cheval de chasse ». (Erreur corrigée plus loin.) On trouve ensuite les formes parafridus, parafredum, palefreid - à l’origine de l’anglais palfrey -, et enfin palefroi.
C’est effectivement le même paraverēdus, devenu pfarifrid en ancien haut allemand, qui a abouti à l’allemand Pferd, « cheval ».
Pour en terminer, le français palefrenier est un dérivé de l’ancien provençal palafren, équivalent du français palefroi, altéré sous l’influence de fren, du latin frenum, « frein ».
Petit ajout ultime pour expliquer le ve- de verēdus : Gaffiot voit dans verēdus un composé de veho, "transporter", et raeda, "chariot".
VOIR PLUS LOIN UNE TOUT AUTRE HYPOTHÈSE.
Dernière édition par Papou JC le Tuesday 27 Sep 11, 5:10; édité 2 fois |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 17:29 |
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Papou JC a écrit: | ...on a formé en bas latin un mot hybride, paraverēdus, de même sens, relevé dès le Ier s. au sens de « cheval de chasse ». |
Vous ai-je mal compris, Papou ?
C'est le simple "veredus" qui est attesté dès le Ier siècle ap JC, chez Martial, pour désigner un cheval, utilisé pour la chasse :
Citation: | Parcius utaris, moneo, rapiente ueredo,
Prisce, nec in lepores tam uiolentus eas.
Saepe satisfecit praedae uenator, et acri
Decidit excussus, nec rediturus, equo.
Use avec plus de ménagement, crois moi, du cheval rapide,
Priscus, et ne cours pas, avec tant de violence, après les lièvres.
Il arrive souvent que le chasseur satisfasse sa proie et qu'il tombe,
désarçonné, du cheval emballé, pour ne pas y remonter. |
Le mot est rare sous le Haut-Empire. Le traité militaire De Mutionibus attribué à Hygin parle des Panonii veredarii, les « cavaliers pannoniens », intégrés dans l’aile des armées ; la datation de ce traité pose problème, mais aujourd’hui, on pense qu’il remonte au IIIe siècle ap JC et n’est donc pas d’Hygin.
En fait, ce sont dans les codes législatifs (justinien et théodosien) et dans les textes littéraires d’époque tardive qu’apparaissent de façon régulière les deux mots veredus et paraveredus pour désigner les chevaux de poste pour les courriers officiels (cursus publicus : voir l’article du Daremberg-Saglio à ce sujet).
Il y a alors une distinction très nette entre les deux termes : les veredi sont les chevaux officiels utilisés pour les trajets réguliers : la personne chargée du courrier officiel était le veredarius.
Les paraveredi n’étaient pas des chevaux publics : il s’agissait d’animaux réquisitionnés pour des itinéraires non réguliers ou pour des besoins spéciaux ou imprévus. Certaines cités, en prévision de ces besoins, avaient d'ailleurs créé pour ces chevaux des écuries spéciales.
Avec la chute de l’empire romain, le service du cursus publicus a globalement périclité ; il restait souvent davantage de paraveredi que de chevaux officiels. Pas étonnant alors que le mot soit resté pour désigner le cheval de voyage. Comme le dit Littré :
Littré a écrit: | On distinguait anciennement les chevaux en destriers, qui étaient les chevaux de bataille ; en palefrois, qui étaient des chevaux de marche ordinaire pour les voyages ; et en roussins, qui étaient les chevaux de somme et de travail |
Dernière édition par Horatius le Saturday 15 Sep 12, 10:23; édité 2 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 17:49 |
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Citation: | paraverēdus, ... relevé dès le Ier s. au sens de « cheval de chasse » |
J'avoue ne plus me souvenir où j'avais pêché ça. C'est effectivement veredus qu'il fallait lire. Peut-être est-ce tout simplement le résultat d'une mauvaise lecture de ma part, il y a parfois des virgules, des parenthèses et des tirets qui échappent à l'oeil. Merci de m'avoir corrigé et savamment complété. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 18:19 |
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Pendant longtemps, on a dit que le nom arabe de la poste, barīd, venait de ce veredus. Je ne crois pas que cette étymologie soit remise en cause, malgré ce que je lis à propos de Adam Silverstein, auteur de Postal Systems in the Pre-Modern Islamic World, New York, Cambridge University Press, 2007.
Citation: | Les chercheurs contemporains ont longtemps pensé, quant à eux, que le barîd était l’héritier direct de la poste romaine et byzantine (veredus) telle que les Umayyades l’avaient trouvée en Syrie. L’auteur réfute partiellement cette thèse et avance que l’ancien système du cursus publicus, sur le déclin à la veille de l’Islam, n’eut qu’une influence limitée sur l’institution islamique. |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 18:27 |
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embatérienne a écrit: | le nom arabe de la poste, barīd, venait de ce veredus. |
...sans doute, via le grec byzantin, βέρεδος et βερεδάριος, qui étaient les formes hellénisées de veredus et veredarius utilisées dans cette partie orientale de l'empire. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 25 Sep 11, 18:28 |
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L'AED confirme cette origine : barid : post, messenger [from Late Latin veredus] Ful barade, Per barid borrowed from Ar.
Et comme nous n'avons pas d'autres sources...
D'ailleurs si on lit bien l'article auquel nous renvoie Embatérienne, cette étymologie n'est pas remise en cause, bien au contraire. L'auteur dit que le "barid" arabe a fonctionné bien avant la naissance de l'Islam.
Citation: | Les Arabes étaient familiarisés avec les systèmes postaux byzantin et sassanide bien avant l’arrivée de l’islam : comme en témoigne une inscription du barrage de Ma’rib, datée de 542, le terme même de « barîd » se répandit très tôt dans la péninsule Arabique. Dès l’époque des conquêtes, les musulmans employèrent des courriers officiels et mirent en place un large réseau postal. |
Je précise que le i de barid est long, tout comme le second e de veredus, me semble-t-il. En arabe : بريد |
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