Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3665 Lieu: Massalia
|
écrit le Monday 12 Dec 11, 18:52 |
|
|
Il est certain que Kennedy ne connaissait pas la double acception de Berliner . Pour lui, il s'agissait d'affirmer haut et fort, dans un discours qu'il voulait important, la solidarité américaine avec Berlin-Ouest. Et même au-delà, affirmer ce qu'il considérait les valeurs du monde occidental contre le communisme. Il ne voulait dire que: " Je suis un Berlinois".
Et pourtant les Berlinois et tous les germanophones ont obligatoirement eu en tête les deux images simultanément. L'association est automatique pour qui parle et comprend l'allemand et surtout sait ce qu'est ce Berliner. Pour qu'un Français puisse mieux se représenter cela, imaginez la même scène avec Hambourg comme capitale, Hambourg divisée et séparée par le mur.
Kennedy aurait dit " Ich bin ein Hamburger" et déjà tous les Français se seraient mis à sourire ( laissons de côté les aspects anachroniques). Ce qui n'aurait pas empêché les gens d'entendre le message symbolique et d'en percevoir l'importance.
Le Berliner beignet est à l'habitant de Berlin ce que le Hamburger ( steack haché) est à celui de Hambourg. |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Monday 12 Dec 11, 18:59 |
|
|
... sauf que le Hamburger a une audience internationale que n'a pas le Berliner. |
|
|
|
|
Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
|
écrit le Monday 12 Dec 11, 20:14 |
|
|
Dans Word myths de David Wilton (2008) :
La traduction anglaise (du beignet) est : "I am a jelly-filled pastry", "I'm a jelly doughnuts"
Le traducteur est Robert Lochner, Kennedy a répété la phrase avec le maire de Berlin, Willy Brandt.
Et les Berlinois appellent cette pâtisserie Pfannkuchen. C'est dans la région rhénane et en Suisse qu'elle est appelée Berliner.
civis Romanus sum se traduit par : Ich bin ein Bürger Roms
Il aurait peut-être pu dire : "Ich bin ein Bürger Berlins"
Cependant, "ich bin ein Berliner" est plus facile à mémoriser et devenir une citation internationale. |
|
|
|
|
rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3665 Lieu: Massalia
|
écrit le Monday 12 Dec 11, 20:18 |
|
|
Oui, c'est justement ce qui permet au francophone de percevoir à peu près le côté humoristique d'une association de sens similaire.
En revanche, pour expliquer l'amusement des germanophones quant à la double acception d'un mot de leur langue maternelle, la notoriété internationale du terme n'a aucune importance, nous sommes en interne. C'est ce qui s'est passé pour les auditeurs allemands, autrichiens... en 1963. |
|
|
|
|
Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2521 Lieu: Düſſeldorf
|
écrit le Tuesday 13 Dec 11, 9:40 |
|
|
Le beignet est un Pfannkuchen à Berlin et dans l'est, un Berliner dans le nord et l'ouest de l'Allemagne (les deux termes viennent de Berliner Pfannkuchen) et un Krapfen dans le sud.
La crêpe, Pfannkuchen en allemand standard, est par contre à Berlin un Eierkuchen.
Et même si JFK avait dit ich bin ein Amerikaner cela aurait été drôle car c'est également une pâtisserie... |
|
|
|
|
rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3665 Lieu: Massalia
|
écrit le Tuesday 13 Dec 11, 13:51 |
|
|
Pour les non-germanophones: il faut comprendre que Pfannkuchen est un nom générique. Littéralement, cela signifie gâteau fait à la poêle. Autrement dit, toute pâtisserie faite avec des œufs, du lait, du beurre et autres ingrédients, qui ne passera pas au four.
Petit à petit, dans beaucoup de régions, le terme s'est appliqué essentiellement à ce qui correspond à nos crêpes, à un matefaim.
À Berlin , par contre,et dans la région indiquée sur la carte de Charles, on a appliqué ce terme au beignet. Pourquoi? C'est une autre affaire: En Allemagne du Nord, la confection de boulettes est attestée depuis le 16ème siècle et normalement, autrefois, elles avaient une forme irrégulière, faites maison et cuites au four. Parallèlement, on devait faire aussi des beignets , cuits dans la friture.
Il existe une légende ( aucune assurance quant à la véracité) qui prétend qu'au 18ème siècle, un pâtissier qui servait dans l'armée prussienne de Frédéric le Grand, aurait crée ces Berliner Pfannkuchen, parce qu'il aurait utilisé une poêle et les auraient cuits ainsi à feu vif, n'ayant pas de four à disposition.
Le terme Berliner Pfannkuchen est relativement récent. Die ökonomische Encyklopädie de Krünitz ( 1778 -1858) n'en parle pas, alors qu'il est cité dans le Konversation-Lexikon ( lexique servant à la conversation) de Meyer en 1903.
Voici une image montrant qu'il ne s'agit pas simplement d'un beignet comme les autres, mais qu'il correspond bien à un mode de cuisson particulier.
Ainsi, on comprend mieux pourquoi les Berlinois et les habitants des régions environnantes parlent seulement de " gâteau à la poêle" pendant que les autres parlent de gâteau à la poêle à la berlinoise ( Berliner Pfannkuchen) pour désigner ce dessert. Signalons encore que ce Berliner Pfannkuchen a obtenu la protection ( appellation contrôlée), qu'il y a ou y avait dans plusieurs villes des Berliner Dampfbäckereien , des pâtisseries spécialisées, ayant seules l'autorisation, la validation pour les préparer et les vendre.
Enfin, pour faire une comparaison: à Toulouse, les gens achètent seulement " de la saucisse "chez le charcutier ( c'est le terme générique, celui qui désigne la seule saucisse préparée traditionnellement dans cette ville). Ailleurs, on précisera " saucisse de Toulouse" pour obtenir le même produit.
Ceci pour expliquer, qu'à Berlin, on se contente de dire Pfannkuchen mais que tous savent qu'il s'agit de ce qui est connu ailleurs comme Berliner Pfannkuchen, un beignet original ( appellation contrôlée), cuit autrement que les autres, à la poêle à l'origine.. |
|
|
|
|
|