Faire litière de qqch

[José]

Lors du débat d'hier soir entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, la phrase suivante de Nicolas Sarkozy a attiré mon attention :

- Bon, nous ne sommes pas d'accord sur les chiffres (= de l'immigration) et là encore les observateurs feront litière de tout cela.

faire litière
1. coucher
2. (Fig.) faire litière de
- sacrifier une chose de valeur à quelque chose
Il sentait une secrète sympathie pour cet homme qui faisait ainsi litière de tout respect humain à cause d'une femme.
(Aragon, Beaux quart.,1936, p. 486)
- (vieux) répandre à profusion, dilapider, galvauder une chose de valeur
Et puis, au fait, qu'aurait-on à craindre? (...) Que je courusse encore après la gloire? Je m'en suis gorgé, j'en avais fait litière.
(Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 820).

Manifestement, le candidat-président n'a pas employé cette expression à bon escient.
Il voulait dire que le lendemain, les commentateurs rechercheraient les "vrais" chiffres, en débattraient et rétabliraient, peut-être, la vérité.

Mais quelle expression voulait-il employer ?
- ...les commentateurs feront leurs choux gras de tout cela ?!

[José]

Vous pouvez écouter le passage du débat ici :
http://www.pluzz.fr/2012-le-debat.html

Les compteurs respectifs sont, au moment où il prononce cette phrase, à 45.02 pour Hollande et 41.50 pour Sarkozy.
Placez le compteur de l'émission à 1.58.00 pour entendre l'échange (réponse de Sarkozy à un développement de Hollande).

[rejsl]

J'ai tiqué aussi en l'entendant. Je pense qu'il voulait dire que les observateurs feront le tri entre les différents chiffres avancés.

À moins qu'il n'ait vraiment voulu avancer l'idée que l'important n'est pas dans les chiffres en soi et qu'il souhaitait que les gens fixent leur attention sur les arguments et non les chiffres. Auquel cas, il aurait compris l'expression comme : ne pas tenir compte, laisser tomber.

Pour un auditeur attentif, cette phrase était incongrue.

[embatérienne]

Il me semble que NS a employé l'expression dans le sens propre que lui donne le Petit Robert : n'en faire aucun cas, n'en tenir aucun compte. Autrement dit, les observateurs ne tiendront pas compte des chiffres qu'il prétend inexacts avancés par l'adversaire. Ils balaieront ces chiffres farfelus d'un revers de main !
C'est une expression que le candidat président aime bien. Il l'avait déjà employée il y a quelques années et elle avait été commentée.