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Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 12:21 |
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L'univers ferroviaire est un monde un peu ignoré de nos compatriotes.
Un Etat dans l'Etat, comme l'a décrit Henri Vincenot. Paysage minéral engravé de mâchefers et de potences métalliques, théâtre de métiers très divers (plus de trois cent recensés au catalogue de la SNCF) qui a permis l'émergence d'expressions typiques, vernaculaires, propres à ces conditions de vie et de travail au service du monstre d'acier.
Je n'évoque pas là le classique "Tragus - Tragere" latin... Alain Rey et les collaborateurs du DHLF l'ont fait de magistrale manière.
Tout ce qui s'ensuit "tringle, mener grand train, train de bateaux ou des équipages, être en train de..."
Chacun a pu selon les usages et les origines traduire de manière pittoresque, pour peu qu'il en fut le témoin ou l'acteur, les réalités professionnelles et situations, les obligations, le quotidien des cheminots.
J'ouvre - si vous le permettez - le feu. (Modestement.)
"Démarrer au timbre."
Les machines dont le fonctionnement est basé sur la production de chaleur, les pressions de vapeur, sont mises à l'épreuve par les "DRIRE" (ou Service des Mines, autres officines de certification) testées à trois voire quatre fois la pression d'usage.
Ces appareils ou véhicules sont "timbrés" c'est-à-dire munis d'une plaque sur laquelle le fonctionnaire attitré appose une marque attestant de leur solidité. Limite extrême d'utilisation certifiée avant explosion.
Quoique ? Des phénomènes physiques encore inexpliqués, comme le "BLEVE" http://fr.wikipedia.org/wiki/Bleve ne nous permettent pas de prévoir de façon précise, calculable, quand cela va exploser.
D'où les notions de "pression d'épreuve" et de "pression d'usage."
"Démarrer au timbre " signifie "partir, abandonner toute discussion, se résigner au repos ou s'affairer à un tâche prégnante, aller vers d'autres obligations que les présentes, en temps et circonstances... avant que tout n'explose. Sur la pointe des pieds ou en claquant la porte. Couper les amarres. Avant que la colère ne vienne tout dévaster."
Prenant en compte tous les paramètres techniques de l'expression, je crois qu'il en existe d'autres. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3664 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 14:15 |
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1) Ich versteh' nur ( immer) Bahnhof
Littéralement: je ne comprends que " gare"
= Je n'y comprends rien.
Origine pas vraiment éclaircie. Expression fort courante autour des années 1920 à Berlin. Pour les uns, l'explication serait qu'à cause du bruit, de l'excitation du départ, les gens auraient été perdus et auraient eu du mal à se repérer dans les gares, à comprendre.
Autre hypothèse: l'expression viendrait de la fin de la première guerre mondiale, moment où les soldats allemands découragés, exaspérés par cette guerre meurtrière, ne pensaient qu'à une chose: rentrer chez eux. La gare en aurait été le symbole et ils n'auraient voulu comprendre ( entendre) que ce seul mot.
2) Es ist höchste Eisenbahn
littéralement : il est grand train ,
comprendre : il est grand temps.
Voir expression d'origine littéraire. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 14:38 |
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angl. She's got a nice little caboose. : Elle a un joli petit derrière .
L'expression semble un peu vieillote.
angl. caboose : fourgon de queue d'un train |
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Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 15:41 |
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"Jouer des bielles."
Les embiellages des locomotives à vapeur sont encore et toujours objet d'émerveillement, tant pour les spotters ferroviphiles que pour les ajusteurs férus de belle mécanique.
"Jouer des bielles" signifie non-seulement "s'enfuir à toutes jambes, marcher avec décision" mais aussi "utiliser avec grâce les organes propulseurs dont nous a doté Dame Nature."
Deux cheminots, l'un "baron" et l'autre "compagnon" virent une demoiselle traverser les voies sur la passerelle enjambant la gare.
Jouant du sifflet et des purgeurs, ils saluèrent à leur manière ces grâces féminines.
"Ah, dis-donc ! Quelles bielles !"
... Tandis que la machine, d'abord rétive, cahotante, s'emballant puis prenant progressivement sa course, accordait au diapason son déhanchement de lévrier.
Dernière édition par Andrew le Tuesday 30 Oct 12, 19:50; édité 2 fois |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 16:14 |
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Il n'y a que le train qui ne lui est pas passé dessus
- se dit d'une femme qui couche facilement, qui multiplie les partenaires sexuels |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 17:07 |
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angl. locomotive of world's economy, locomotive of world's growth : pays ou région du monde dont la croissance économique entraine celle d'autres pays. L'expression existe très certainement dans toutes les langues.
On a désigné ainsi les E.U., la Chine, l'Asie. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 21:07 |
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Très occupé aujourd'hui, je prends le train en marche, ce fil était sur les rails depuis midi. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 21:17 |
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voie de garage : fig. impasse, voie sans issue.
Exemple : Cette formation n'est qu'une voie de garage. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3664 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 22:16 |
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Im falschen Zug sitzen = être assis dans le mauvais train
S'emploie pour dire qu'on a fait un mauvais choix , qu'on s'est trompé. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 27 Sep 12, 23:54 |
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cocu comme un chef de gare
Vient sans doute de la chanson "il est cocu le chef de gare (*)" sur l'air du petit navire et que les colons (de vacances) mal élevés chantent à chaque arrêt du train en gare.
(*) que Georges Brassens a repris dans "le Cocu" |
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Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
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écrit le Friday 28 Sep 12, 4:55 |
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Jacques a écrit: | cocu comme un chef de gare
Vient sans doute de la chanson "il est cocu le chef de gare (*)" sur l'air du petit navire et que les colons (de vacances) mal élevés chantent à chaque arrêt du train en gare.
(*) que Georges Brassens a repris dans "le Cocu" |
"Prendre le train des cocus."
De nombreux trains furent tracés, organisés et mis en exploitation au départ de villes capitales (Paris ou province) à destination de lieux de détente, de plaisir et de rencontres.
Ainsi - c'est un exemple parmi beaucoup d'autres - le "Paris-la Bourboule" que les cheminots auvergnats surnommèrent "train des cocus."
Aussi le "Paris-Brest" délicieuse pâtisserie... le "Paris-Granville" le "Train bleu" et les trains de nuit.
(Le slogan publicitaire "laissez vous prendre par le train" peut à cet égard paraître fort cavalier...)
Il se dit que des dames, probablement lassées du train-train quotidien, y prenaient place pour partir à l'aventure, à destination de stations balnéaires, thermales ou de thalassothérapie...
"Prendre le train des cocus" signifie donc "partir à l'aventure" entreprendre - ou se résigner - d'aller chercher ailleurs chaussure à son pied.
Espérer trouver l'âme-sœur, la rencontre. Une tocade, une amourette de passage.
Pour vous conforter, Jacques, sans pour autant dénigrer la corporation des chefs de gare, un petit poème est apparu (il y a lurette) sur le blog du Directeur Général Exécutif de la SNCF :
"Il était chef de gare. Elle était bien volage.
Il travaillait fort tard. Elle œuvrait au ménage.
De concert il sifflait avec le meccano
Et ce joli duo s'envolait dans les airs,
Jusqu'aux fenêtres ouvertes où cette gourgandine
s'adonnait, la coquine, à des passions disertes.
En s'aimant ils parlaient, coupables enfiévrés :
"Monte à l'assaut, mon gars ! L'est encore sur le quai..."
Jusqu'au jour où Brichou, un facétieux confrère,
Perça dans la visière du chef de gare deux trous...
Bonnes gens ne croyez trop à cette comptine.
Le chef de gare n'est plus. L'a perdu son sifflet.
Sa femme ne sait plus s'il est ou non à quai
Et pour tuer le temps surfe sur Internet."
En voiture s'il vous plait, attention au départ.
Ne démarrons pas "au timbre..." Prenez garde à la fermeture automatique des portes... |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 28 Sep 12, 6:44 |
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Voilà qui donne une autre vision des congés payés : ils ont été inventés pour la paix des ménages !
"E pericoloso sporgersi !" Je crois avoir déjà dit quelque part que c'est probablement les premiers mots d'italien que j'ai lus, et pu comprendre.
De l'allemand, je n'ai retenu que "inhauslenen", ou quelque chose d'approchant.
Oui, il était écrit partout et en quatre langues qu'il était dangereux de mettre la tête dehors... |
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Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
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écrit le Friday 28 Sep 12, 7:58 |
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Papou JC a écrit: | Voilà qui donne une autre vision des congés payés : ils ont été inventés pour la paix des ménages !
"E pericoloso sporgersi !" Je crois avoir déjà dit quelque part que ce sont probablement les premiers mots d'italien que j'aie lu et pu comprendre.
De l'allemand, je n'ai retenu que "inhauslenen", ou quelque chose d'approchant.
Oui, il était écrit partout et en quatre langues qu'il était dangereux de mettre la tête dehors... |
"Ne pas se pencher à la fenêtre."
"Do not lean out of the window."
"Nicht hinauslehnen."
"E pericoloso sporgersi."
Voila notre Papou qui démarre au timbre, de bonne heure.
Hier, j'ai "fait un fac' ."
"Faire un fac' ."
L'horlogerie ferroviaire prévoyait en ses règlements la circulation de trains réguliers, supplémentaires ou facultatifs.
Les trains supplémentaires, normalement prévus dans les graphiques, pourvus en ressources d'équipages de conduite, de locomotives et de véhicules, devaient toujours circuler avant les trains réguliers, en fonction de la charge de travail, de l'affluence des passagers à installer dans les voitures, des échanges commerciaux traduits en wagons de marchandises.
Dans l'ordre chronologique on a donc : Supplémentaire, régulier, puis facultatif.
Selon les ressources disponibles en hommes et matériels, bien que le sillon horaire puisse être "bricolé" au dernier moment, il était parfois impossible de mettre "un fac' " sur les rails.
- Défaut de machine.
- Défaut de personnel.
- Défaut de véhicules... : "Allô, la régulation ? Je ne peux pas le faire, ton fac'. T'as pas un meccano qui pourrait remonter en voiture ? Moi j'ai pas de machine."
Enfin... "faire un fac' "traduit soit l'impossibilité et l'échec, soit la réussite sous la contrainte.
Mais - puisqu'il s'agit d'utiliser de façon impromptue des moyens détournés - "Faire un fac' " signifie aussi "s'adonner à des activités exotiques, sans réel rapport avec les besoins du service."
Si vous voyez ce que je veux dire... Ce que les africains francophones appellent "deuxième bureau." |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 28 Sep 12, 8:21 |
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Tu montes, chéri ? - Non, terminus, tout le monde descend. |
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Andrew
Inscrit le: 14 Aug 2012 Messages: 139 Lieu: Isère rhodanienne
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écrit le Friday 28 Sep 12, 9:54 |
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"Aubiner un signal."
Appel à votre sagacité pour développer le verbe "aubiner" qui de nos jours, malgré l'irruption de l'ERTMS http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_europ%C3%A9en_de_surveillance_du_trafic_ferroviaire et les pratiques courantes du "bloc automatique lumineux" (BAL ou BAPR) est toujours d'actualité.
L'expression "aubiner" viendrait du monde équestre, désignant un cheval qui galope de l'avant et trotte de l'arrière... Ou le contraire.
Cependant, il est toujours exigé, selon le RGS (Règlement Général de Sécurité ferroviaire - l'équivalent au rail du Code de la Route) qu'un signal soit "aubiné" c'est-à-dire confirmé en fermeture par l'aiguilleur ou l'agent-circulation, après que la locomotive ait à son franchissement déclenché l'automatisme.
Comment l'expression "aubiner un signal" a pu passer de l'équestre au ferroviaire ?
Dernière édition par Andrew le Friday 28 Sep 12, 10:11; édité 1 fois |
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