José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10950 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 13 Feb 13, 14:07 |
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- Queste dimissioni di Benedetto XVI sono un vulnus : una ferita istituzionale, giuridica, di immagine. Sono un disastro.
= Cette démission de Benoît XVI est une atteinte à l'institution, au droit et à l'image. C'est désastreux.
[ Il Corriere della Sera - 13.02.2013 ]
(témoignage anonyme d'un cardinal de Rome)
vulnus
- JUR. atteinte à un droit
- PAR EXT. offense qui peut produire une grande déstabilisation d'un principe ou d'une norme
vulnus est neutre en latin et masculin en italien
pluriel (rare) : vulnera [ /vùlnera/ ]
du latin vulnus : blessure
dérivé de la même racine :
- vulnérable
emprunté au latin tardif vulnerabili (= qui peut être blessé / qui blesse)
dérivé de vulnerare, avec peut-être l'influence de l'anglais vulnerable (= qui peut être blessé), emprunté lui aussi au latin |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11165 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 16 Feb 13, 5:59 |
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Voilà un mot bien isolé dans le lexique indo-européen. Il n’y a pas grand-chose à en dire d’autre. Ernout - Meillet et Calvert Watkins jettent tout de même quelques ponts qui ne manquent pas d’intérêt :
- Ernout et Meillet rapprochent le latin vulnus (ou volnus), « blessure physique ou morale », d’un certain nombre de vieux mots venus du nord, parmi lesquels nous retiendrons au moins le vieux norois valr, « morts sur le champ de bataille ». Ils rejettent les rapprochements faits par d’autres au verbe vello, « arracher violemment (les poils, les plumes, etc.) »
- Pour Calvert Watkins, vulnus relève de la racine IE *welə-, « frapper, blesser ». De cette même racine l’auteur jette un premier pont vers le germanique, notamment vers le premier élément de deux mots que nous connaissons bien, Valhalla et Valkyrie (ou Walkyrie). Cet élément viendrait du vieux norois valr vu plus haut.
Rappelons sommairement ici que, dans la mythologie germanique, les Valkyries sont chargées de conduire les âmes des soldats tués au combat vers le Valhalla, le haut lieu paradisiaque qui sera leur domicile ultime et éternel. Pour plus de détails, voir ces mots sur Wikipedia et ailleurs.
- Calvert Watkins jette un deuxième pont un peu surprenant vers le vieil iranien *varta-, « prisonnier de guerre », étymon du persan bardeh, « esclave », dont la forme arabisée بردج [bardağ], id., a abouti - via l'italien bardassa - au français bardache, mot que Flaubert affectionne, si l’on en croit le TLF :
Citation: | Arg. ,,Jeune garçon dont les gens de mœurs levantines abusent`` (FRANCE 1907). Synon. mignon, giton; p. ext.personnage d'allures efféminées :
1. J'étais né pour être empereur de Cochinchine, pour fumer dans des pipes de 36 toises, pour avoir six mille femmes et 1 400 bardaches, (...) et je n'ai rien que des désirs immenses et insatiables, un ennui atroce et des bâillements continus. FLAUBERT, Correspondance,1840, p. 76.
2. ... le hideux faraud s'obstinait à singer aveuglément les grâces des petits-maîtres à la mode et les minauderies des bardaches qui composaient sa fréquentation ordinaire; car, (...), le butor jugeait plaisant de couronner du péché des Bulgares ses innombrables ridicules de Hongrois. MILOSZ, L'Amoureuse initiation,1910, p. 231.
Rem. Affectionné par Flaubert (14 attest. dans la Correspondance), qui l'emploie tantôt avec le sens habituel (ex. 1), tantôt sans signif. précise pour désigner un personnage excessivement complimenteur, etc. (ex. ci-dessous), tantôt comme terme d'amitié :
3. Le philosophe Baudry a publié le premier volume de sa Linguistique, qui doit lui ouvrir les portes de l'Institut. Je dîne chez ce brave homme mardi prochain, avec Littré, Renan et Maury. Quelle réunion de bardaches ! FLAUBERT, Correspondance,1868, p. 364. |
- Ali Nourai ignore ou refuse ces deux rapprochements. Il se contente de rattacher le persan bardeh à l’avestique vareta, « esclave ». |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3864 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 16 Feb 13, 9:29 |
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Papou JC a écrit: | - Calvert Watkins jette un deuxième pont un peu surprenant vers le vieil iranien *varta-, « prisonnier de guerre », étymon du persan bardeh, « esclave », dont la forme arabisée بردج [bardağ], id., a abouti - via l'italien bardassa - au français bardache, mot que Flaubert affectionne, si l’on en croit le TLF |
Flaubert a bien connu la chose, notamment lors de son voyage en Égypte.
http://culture-et-debats.over-blog.com/article-12418315.html
Est-ce là qu'il a pris le goût du mot ?
Pour revenir à la racine étudiée, mentionnons le vulnéraire, au sens d'un cordial, ainsi que le verbe rare vulnérer et l'adjectif tiré de son participe présent vulnérant. |
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