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Expressions / mots dérivés de noms de métiers - Expressions, locutions, proverbes & citations - Forum Babel
Expressions / mots dérivés de noms de métiers
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rejsl
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Messageécrit le Saturday 13 Jul 13, 12:26 Répondre en citant ce message   

yiddish

כאַפּט דיך דער װאַטנ-מאַכער ! = khapt dikh der vatn-makher !

Que le faiseur de coton t'emporte !

Une imprécation populaire yiddish. Reste à savoir pourquoi le faiseur de coton ( ouvrier ou artisan qui fabriquait ou travaillait le coton) avait si mauvaise presse? Peut-être parce qu'on livrait ce coton à bourrer matelas ou coussins dans de grands sacs ?
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rejsl
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Inscrit le: 14 Nov 2007
Messages: 3680
Lieu: Massalia

Messageécrit le Thursday 29 Aug 13, 15:16 Répondre en citant ce message   

yiddish

אַלע שוסטערס גײן באָרװעס = ale shusters geyn borves

= tous les cordonniers vont pieds nus.

Un dicton qui correspond à notre cordonnier est le plus mal chaussé, qui montre combien ce métier, comme celui de tailleur, se situait au bas de l'échelle sociale, pour beaucoup de peuples.

דער שוסטער = der shuster = le cordonnier .


Dernière édition par rejsl le Saturday 25 Oct 14, 11:06; édité 2 fois
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Glossophile
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Messageécrit le Thursday 29 Aug 13, 17:59 Répondre en citant ce message   

Attention !
Le cordonnier est un artisan de qualité, comme le montre cet extrait des Liaisons dangereuses, lettre I :
Citation:

Il vient d’arrêter un carrosse à la porte, & maman me fait dire de passer chez elle, tout de suite. Si c’était le monsieur ! Je ne suis pas habillée, la main me tremble & le cœur me bat. J’ai demandé à la femme de chambre si elle savait qui était chez ma mère : « Vraiment, m’a-t-elle dit, c’est M. Ch.***. » Et elle riait. Oh ! je crois que c’est lui. Je reviendrai sûrement te raconter ce qui se sera passé. Voilà toujours son nom. Il ne faut pas se faire attendre. Adieu, jusqu’à un petit moment.

Comme tu vas te moquer de la pauvre Cécile ! Oh ! j’ai été bien honteuse ! Mais tu y aurais été attrapée comme moi. En entrant chez maman, j’ai vu un monsieur en noir, debout auprès d’elle. Je l’ai salué du mieux que j’ai pu, & je suis restée sans pouvoir bouger de ma place. Tu juges combien je l’examinais ! « Madame, a-t-il dit à ma mère, en me saluant, voilà une charmante demoiselle, & je sens mieux que jamais le prix de vos bontés. » À ce propos si positif, il m’a pris un tremblement, tel que je ne pouvais me soutenir ; j’ai trouvé un fauteuil, & je m’y suis assise, bien rouge & bien déconcertée. J’y étais à peine, que voilà cet homme à mes genoux. Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête ; j’étais, comme a dit maman, tout effarouchée. Je me suis levée en jetant un cri perçant ; . . . tiens, comme ce jour du tonnerre. Maman est partie d’un éclat de rire, en me disant : « Eh bien ! qu’avez-vous ? Asseyez-vous, & donnez votre pied à monsieur. » En effet, ma chère amie, le monsieur était un cordonnier. Je ne peux te rendre combien j’ai été honteuse : par bonheur il n’y avait que maman. Je crois que, quand je serai mariée, je ne me servirai plus de ce cordonnier-là.


Le cordonnier fabrique sur mesure, et il a ses entrées dans les grandes maison, entrées de service, certes...
L'humble, le petit, le sans-grade qui ne fait que rapetasser les souliers déjà portés, c'est le savetier.
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rejsl
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Inscrit le: 14 Nov 2007
Messages: 3680
Lieu: Massalia

Messageécrit le Thursday 29 Aug 13, 19:22 Répondre en citant ce message   

Oui, bien sûr, il y avait une grande différence entre le savetier et le cordonnier. Entre les deux le savetonnier qui fabriquait de petits souliers dans un cuir moins noble que celui de Cordoue. Ces trois métiers étaient regroupés dans des corporations différentes, cloisonnées et celle des cordonniers fière de ses prérogatives .
Mais ce fut valable aussi longtemps que la France rurale portait des sabots , éventuellement une paire de souliers pour les grandes occasions de la vie. Donc , au 18eme siècle , d'accord.

A partir du 19 eme siècle , après la révolution industrielle, la production des chaussures s'est faite progressivement en manufacture et l'artisanat a reculé au point que de nos jours cette distinction entre artisan cordonnier ( qui conçoit et fabrique les souliers) et savetier qui les répare a disparu. S'il existe encore quelques artisans chausseurs ils ne s'appellent plus cordonnier et finalement le terme a changé d' acception.
Dans mon enfance et déjà bien avant on allait faire réparer les chaussures chez le cordonnier, pas chez le savetier .

Je ne sais de quand date ce dicton français " cordonnier est le plus mal chaussé" , c'est bien celui qui correspond à cet adage yiddish et qui exprime l'idée qu'on n'est guère riche dans ce métier.
Le même dicton existait-il auparavant pour le savetier? C'est à voir.

En fait, j'ai lu qu'il y avait une distinction entre cordonnier en vieux et cordonnier en neuf . La même distinction a existé en allemand entre Altschuster et Neuschuster. Ces derniers correspondent à l'ancienne definition ( ceux qui fabriquaient des chaussures neuves de beau cuir), les premiers réparant et travaillant les vieilles chaussures, le cuir déjà usagé.
Ceci explique sans doute que le terme cordonnier ait pu s'appliquer aux petits ravaudeurs: il existait déjà , on a simplement laissé tomber le qualificatif qui permettait de faire la distinction.
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embatérienne
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Messageécrit le Friday 30 Aug 13, 9:25 Répondre en citant ce message   

Le dicton français est très ancien (cf. second message plus bas) et c'est donc bien le sens ancien de cordonnier qu'il faut retenir. Selon Alfred Franklin, Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercés dans Paris depuis le XIIIe siècle, 1905, la confection des chaussures était le monopole de quatre corps d'état :
Citation:
les cordouanniers, qui employaient surtout le cuir dit cordouan,
les sueurs, chargés soit de coudre les chaussures taillées par les cordouanniers, soit de faire subir au cuir un dernier apprêt,
les savetonniers, qui ne mettaient en œuvre que la basane,
les savetiers qui ne faisaient que les raccommodages.

La page d'une tannerie détaille un peu :
Citation:
Dans les métiers du cuir, nous trouvons diverses professions concernant la tannerie :
Les CORDOUANNIERS ou CORDONNIERS provenant de CORDOUAN peau de chèvre traitée à la mode de CORDOUE et dont le secret de traitement avait été apporté par les Arabes au temps de CHARLEMAGNE. Après la cessation du cuir d’Espagne, vint celui de Barbarie et du Maroc – Au 15e siècle, provenant également du CAP VERT et du PEROU. La corporation parisienne ne reçut qu’à partir de 1614 quatre Maîtres par an.
Les SUEURS du latin SUTOR (cf. suture = couture) ou appelés aussi les COUSEURS traitaient le cuir employé par les cordonniers et cousaient les chaussures – ils se réunirent aux cordonniers courant 15e siècle.
Les SAVETONNIERS ne devaient employer que la basane et ne pouvaient faire que des chaussures excédant une certaine taille.
Les SAVETIERS ne pouvaient pas [sic ! il faut lire "que", je crois] raccommoder les chaussures (l’ordonnance de 1614 précise qu’ils ne pourront mettre en leurs ouvrage que un tiers de cuir neuf). Depuis 1516 ils pouvaient fabriquer des chaussures pour leur femme et leurs enfants (uniquement). A partir de 1621, ils eurent droit de faire des BOBELINS chaussure rustique à l’usage du peuple.

Avec l'industrialisation de la fabrication de la chaussure que vous avez bien décrite, les trois premiers corps ont pratiquement disparu, et le dernier, dont la corporation avait eu pour titre officiel savetiers-bobelineurs-carreleurs de souliers, s'est divisé en deux grandes catégories, les savetiers ambulants, qu'on appelaient les carreleurs de souliers, et les savetiers en boutique, ou échoppiers, reprenant souvent le titre de "cordonniers en vieux et en neuf", qui sont devenus nos cordonniers actuels.


Dernière édition par embatérienne le Friday 30 Aug 13, 13:44; édité 1 fois
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embatérienne
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Messageécrit le Friday 30 Aug 13, 10:11 Répondre en citant ce message   

embatérienne a écrit:
Le dicton français est très ancien et c'est donc bien le sens ancien de cordonnier qu'il faut retenir.

On le trouve chez Oudin, dans les Curiosités françaises, 1640 :

(l'image vient de l'édition de 1656 mais la citation est déjà dans l'édition de 1640).
La même idée se trouve déjà chez Montaigne :

et est répandue dans la sagesse des nations : les recueils de proverbes citent plusieurs équivalents dans d'autres langues :
anglais : Shoemaker’s wife іs the worst shod ; The tailor's wife is the worst clad ; Cobblers' children are worst shod.
allemand : Der Schuster trägt immer die schlechtesten Stiefel ; Der Schuster hat immer die schlechtesten Schuhe
espagnol : En casa del herrero, cuchillo/cuchara de palo
portugais : Em casa de ferreiro, espeto de pau.
italien : In casa di calzolaio non si hanno scarpe
latin : Sutor dissutus, et impexus tonsor

À l'origine, il me semble que le proverbe signifie qu'on n'est jamais si mal servi que par soi-même, et n'a pas de rapport avec la pauvreté de la profession ; encore aujourd'hui, on pourra appliquer le proverbe à un médecin qui tombe malade, par exemple. Mais il semble que certains le comprennent autrement, comme le rapporte le premier commentaire sur cette page :
Citation:
Temps ou argent
"Aujourd'hui, on peut s'interroger sur le sens contemporain de ce proverbe: Ce n'est pas faute de temps que le cordonnier est mal chaussé, mais par manque d'argent car son travail d'artisan est bien mal payé. Ainsi en est-il de tout ceux qui travaillent dans l'industrie et ne peuvent pas s'offrir les produits qu'ils fabriquent." (14 septembre 2012)
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Jacques



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Messageécrit le Friday 30 Aug 13, 13:02 Répondre en citant ce message   

Jacques a écrit:
angl. An apple a day keeps the doctor away: lit. "Une pomme par jour garde le docteur à distance." Les pommes sont bonnes pour la santé.

Versions plus anciennes :

Proverbe du Pembrokeshire (Pays de Galles) :
"Eat an apple on going to bed, And you'll keep the doctor from earning his bread." (lit. "Manger une pomme avant d'aller au lit empêche le docteur de gagner son pain".)
Source : Notes and Queries magazine (1866)

En dialecte dévonien :
"Ait a happle avore gwain to bed, An' you'll make the doctor beg his bread; (lit. "Manger une pomme avant d'aller au lit force le docteur à mendier son pain").
Source : Rustic Speech and Folk-lore (1913)


Extrait de expressions d'origine alimentaire et culinaire.
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rejsl
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Messageécrit le Saturday 31 Aug 13, 23:52 Répondre en citant ce message   

@ Glossophile et Embaterienne:

Merci donc d'avoir attiré mon attention sur le sens premier de cordonnier en français et d'avoir trouvé des infos plus précises sur le dicton français. Puisqu'il concerne d'abord le sens ancien de cordonnier il va de soi qu'il n'y a pas correspondance avec le dicton yiddish et que mon hypothèse était fausse. Je reviendrai sur ce dernier mais auparavant quelques remarques sur le Schuster allemand et les nombreux proverbes et dictons à son sujet.

Le terme Schuster est anciennement un mot composé dont le premier élément Schuh désigne la chaussure. Le reste -ster n'est pas un suffixe, c'est la contraction du deuxième élément venu du latin : suter ( du latin suere : coudre). En moyen haut-allemand :schuochsūtære où on retrouve les sueurs évoqués plus haut.
Avant le treizième siècle, le mot SUTER désignait indifféremment le tailleur, le cordonnier ou les autres artisans qui travaillaient le cuir. Le nouveau terme composé permit justement une différenciation. Le terme fut très tôt en concurrence avec Schuhmacher ( celui qui fabrique les chaussures) qui finit plus ou moins par le supplanter. La spécialisation du métier s'est faite à peu près comme en France mais la différenciation n'est pas aussi claire au niveau du lexique. Ainsi , le Neuschuster équivaut au cordonnier et le Altschuster ( celui qui répare et vend du vieux) correspond à notre ancien savetier. On trouve aussi pour ce dernier Flickschuster ( flicken signifiant ravauder, repriser). Aujourd'hui , en allemand moderne, le Schuster est un cordonnier, celui qui répare les souliers.

Ceci pour dire qu'il règne un certain flou quant aux dictons allemands autour de ce métier, car l'un comme l'autre ( du cordonnier respecté et respectable au petit savetier ) , ils sont des Schuster. Les dictons seront dépréciatifs ou non selon qu'ils évoquent l'un ou l'autre.

Der Schuster trägt immer die schlechtesten Stiefel ; Der Schuster hat immer die schlechtesten Schuhe :

A ces deux dictons cités plus haut s'en ajoutent plusieurs autres, dont un éclaire mieux leur sens premier :

Die Schuster vertreten die schlimmsten Schuhe, für die besten nemen sie Geld : même sens pour la première partie. La deuxième : pour les chaussures de bonne qualité, ils prennent de l'argent. ( tiré du Dictionnaire des proverbes de Wander)

On part de la constatation qu'un artisan ne pouvait d'une part se montrer mieux vêtu, mieux chaussé que sa riche clientèle et que d'autre part, il vendait ce qu'il avait de plus beau, de mieux réussi, se réservant les cuirs de moins bonne qualité ou les articles présentant quelques défauts. Plusieurs autres proverbes font allusion aussi à la femme du Schuster, laquelle porte des chaussures déchirées. De là, le sens figuré correspondant à l'explication déjà donnée: à trop bien s'occuper d'autrui , on s'oublie soi-même.


Je viens de citer le Dictionnaire de Karl Friedrich Wilhelm Wander : Deutsches Sprichwort-Lexikon ( pas moins de cinq tomes) , un ouvrage monumental, paru à la fin du 19ème siècle . Il est accessible en ligne , pour ceux qui comprennent l'allemand .
Le dictionnaire de Röhrich, plus tardif, est un excellent complément car il apporte des explications détaillées et fournies sur l'origine et la génèse des locutions proverbiales.

* Ainsi, ein Schuster sein , textuellement être un cordonnier/ savetier signifie saboter le travail. Désigne celui qui gâche la besogne, qui produit un mauvais travail parce qu'il n'a rien appris, n'a pas de formation. Le mot étant le même, on déduit du contexte que la référence d'origine était alors le savetier.

* einen Schuster machen = faire une tentative ratée . Il existe même un verbe :

etwas zusammenschustern = gâcher, saloper quelque chose

* Schuster werden :devenir cordonnier/savetier:terme de jeu : perdre doublement

* Sie hat ihm den Schuster gegeben : elle lui a donné le " savetier" = elle l'a éconduit .

D'autres, au contraire, renvoient plus clairement à l'artisan qui a un savoir-faire:

* Mag der Schuster brummen, wenn er nur gute Stiefeln macht.

Le cordonnier peut bien grommeler tant qu'il fait de bonnes bottes.

* Schusters Sohn weiss immer mehr als Schusters Geselle

Le fils du cordonnier en saura toujours plus que le compagnon ( l'employé)

Il faut tout de même noter qu'au total , pour la langue allemande, les dictons au sujet de ce Schuster sont globalement négatifs.
Ils sont menteurs : Schuster und Schneider lügen gern. : cordonniers et tailleurs mentent volontiers.

Ils sont obséquieux envers les riches et puissants: Der Schuster bückt sich vor einem Reiter mehr als vor einem Fussgänger.

Le cordonnier s'incline plus bas devant un homme à cheval que devant celui qui marche à pied.

Ils sont intéressés: Die Schuster gehen in die Kirche, um Gott zu bitten, dass er Schafe sterben lass

Les cordonniers ne vont à l'église que pour prier Dieu de faire mourir les moutons.

Einfin, un des dictons les plus connus : Schuster, bleib bei deinem Leisten !

Cordonnier, tiens t'en à ton ouvrage ! Autrement dit, ne va pas te mêler de ce que tu ne connais pas !


Dernière édition par rejsl le Sunday 15 Sep 13, 23:05; édité 2 fois
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rejsl
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Messageécrit le Sunday 01 Sep 13, 0:14 Répondre en citant ce message   

Je reviens sur le dicton yiddish : ale shusters geyn borves = tous les " cordonniers" marchent pieds nus.

Curieusement, il est également recensé par le dictionnaire de Wander qui le présente dans une traduction allemande :

Citation:
1. Alle Schuster gehen burfüss (barfuss). (Jüd.-deutsch. Warschau.)


Jüdisch-deutsch correspond à l'appellation ancienne de la langue yiddish, ici parce que à l'époque de Wander on considérait qu'il s'agissait d'un jargon allemand. L'indication corncernant Varsovie n'est pas exacte: ce dicton était connu et répandu partout où l'on parlait le yiddish, pas uniquement chez les Juifs polonais.

Ce shuster-là ne peut par contre s'identifier avec le cordonnier , artisan exerçant un métier reconnu et estimé. En Europe occidentale, les Juifs étaient exclus des guildes et corporations d'artisans, la plupart des métiers manuels leur étaient interdits. Plus tard, lorsque les communautés ashkénazes furent nombreuses en Pologne, Russie, Ukraine, Galicie, il en fut de même. Bien sûr, au sein d'un shtetl( d'une bourgade) il fallait se vêtir, se chausser. Le shuster juif était bien souvent une sorte de petit colporteur, achetant des souliers usagers, les réparant comme un savetier et allant de bourgade en bourgade vendre sa camelote. Il pouvait parfois avoir une échoppe, sans doute pouvait-il ici ou là fabriquer une paire de bottes, mais l'image traditionnelle de ce métier est celle d'un homme enfonçant des clous pour ressemeler , c'était ce qu'on appelle un petit métier qui nourrissait mal son homme. Il se pourrait même que ce dicton ait surgi comme un pendant ironique, si les uns dans ce métier étaient mal chaussés, les autres ne l'étaient même pas...
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embatérienne
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Messageécrit le Sunday 01 Sep 13, 8:30 Répondre en citant ce message   

rejsl a écrit:
Einfin, un des dictons les plus connus : Schuster, bleib bei deinem Leisten !
Cordonnier, tiens t'en à ton ouvrage ! Autrement dit, ne va pas te mêler de ce que tu ne connais pas !

En anglais : "A cobbler should stick to his last", même sens.
L'on retrouve le fameux "Sutor, ne supra crepidam" d'Apelle, pour reprendre la forme canonique donnée par les pages roses du PLI. Pour les variantes et la phrase de Pline l'Ancien, voir cette discussion.
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embatérienne
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Messageécrit le Sunday 01 Sep 13, 8:56 Répondre en citant ce message   

rejsl a écrit:
* Ainsi, ein Schuster sein , textuellement être un cordonnier/ savetier signifie saboter le travail. Désigne celui qui gâche la besogne, qui produit un mauvais travail parce qu'il n'a rien appris, n'a pas de formation. Le mot étant le même, on déduit du contexte que la référence d'origine était alors le savetier.

Ou même saveter le travail.
On peut en effet faire le rapprochement avec le sens du français savetier et saveter :
Savetier :
Académie, 1694
Citation:
On appelle aussi par mepris, Savetier, Tout ouvrier qui travaille grossierement dans son art, particulierement quand c'est un mestier où l'on travaille avec l'aiguille. Ce n'est pas un Tailleur qui a fait cet habit, c'est un savetier, un vray savetier.

Académie, 1798
Citation:
En parlant d'Un méchant ouvrier en quelque métier que ce soit, on dit, que C'est un savetier, que ce n'est qu'un savetier. Il est populaire et de mépris. Un savetier de littérature.

Saveter :
Académie, 1694
Citation:
Saveter. v. a. Gaster une besogne en la faisant ou en la raccommodant mal-proprement. Voyez comme cela est saveté. voyez comme il a saveté cet habit. Il est bas.

Académie, 1935
Citation:
SAVETER. v. tr. Gâter un ouvrage en le faisant ou en le raccommodant malproprement. Voyez comme il a saveté cet habit! Le devoir de cet élève n'est pas soigné : il est saveté. Il est populaire.

La parenté sémantique et phonologique entre ce saveter et saboter me fait douter de l'origine de ce dernier qui est rapportée dans le MDJ sabot.
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Andrew



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Messageécrit le Tuesday 03 Sep 13, 11:05 Répondre en citant ce message   

Français
On qualifie d'horloger, capable d'un travail d'horlogerie une personne très adroite, apte à des travaux de précision et/ou de complexité.

Les cordonniers sont surnommés bouifs ou (à Lyon) gnaffres ou encore gnasses, qui donna le nom de Gnaffron dû à Laurent Mourguet, créateur de Guignol.
"Etre un bon gnasse - ou gnaffre : Etre un brave type, sympathique, débonnaire, accommodant."

Pour ne pas quitter les métiers du spectacle, on a aussi "fumer comme un pompier"être l'acteur de, jouer la comédie, en faire toute une tragédie.
Sans omettre "mener à la baguette", être le chef d'orchestre, accorder les violons, jouer en soliste ou en duo.
Être musicien : Mentir, tricher, dissimuler. "Jouer de la musique" : Mentir effrontément. (Jusqu'à la gauche ?)

Être cinéaste, ou "faire du cinéma" à rapprocher de l'italien "comediante - tragediante !" Avant de "jouer le dernier acte."

Enfin, sans pour autant vous "tanner le cuir" on pourrait "broder"à l'infini, ourdir quelque complot, tisser un ramassis de mensonges... Mécaniquer quelque élucubration ou construire une usine à gaz.

Un gazier désigne un personnage insipide en apparence, inodore, invisible, sans saveur(*) mais dont les actes, l'attitude, peuvent avoir des effets explosifs, déterminants. Détonants.

Il faudrait alors faire appel au pompier de service ou aux plombiers (de la République - agents de renseignement) pour débusquer le forgeron responsable de la fuite...

(*) : La plupart des gaz combustibles (et détonants) sont additionnés de "mercaptan" qui est un "thiol" ou "méthanéthiol" dont la forte odeur permet de déceler une fuite.
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Jacques



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Messageécrit le Monday 09 Sep 13, 17:43 Répondre en citant ce message   

angl. gold digger, golddigger: fig. 1915. femme qui courtise et épouse les hommes pour leur argent. Au sens propre : "chercheur d'or (1830)"

angl. gold : or
angl. digger : qui creuse (le sol)
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rejsl
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Messageécrit le Sunday 15 Sep 13, 23:05 Répondre en citant ce message   

yiddish

Pour compléter ce qui a été dit au sujet du shuster yiddish :

ס'איז די אַרבעט פֿון אַ סהוסטער = s'iz di arbet fun a shuster ! :

Littéralement, c'est le travail d'un cordonnier/savetier = c'est un travail de cochon !
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José
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Messageécrit le Tuesday 17 Sep 13, 12:22 Répondre en citant ce message   

- Fillon vu en «VRP» par le Front national. [ Libération - 15.09.2013 ]

En conseillant de choisir «le moins sectaire» en cas de duel FN/PS, François Fillon a rejeté, ce vendredi 13 septembre, en cas de duel FN/PS, «le ni, ni» (ni FN, ni PS, qui est la ligne prônée par l’UMP) et le «front républicain» (vote pour le candidat non FN).

V.R.P. : Voyageur Représentant Placier (représentant de commerce)


Rappel :

- Aubry qualifie Fillon de "VRP" de la politique de Sarkozy. [ Le Point - 30.08.2010 ]
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