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Le wallon : un créole d'avant JC ? - Forum langue d'oïl - Forum Babel
Le wallon : un créole d'avant JC ?
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dawance



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Messageécrit le Saturday 10 Aug 13, 12:04 Répondre en citant ce message   

Oui, en effet.
Il faudrait d'ailleurs être sourd pour ne pas entendre qu'on amuït une ou deux syllabes.
Si ça ne dérange aucun Babélien, je ne change pas la dénomination. Il y a plus important, que je poursuis.

(Les abréviations populaires ont fait l'objet de plusieurs sujets, ici en -o.)


Les « glides », ou semi-consonnes.
Les glides ont pour but inavoué de faire « glisser » les hiatus en créant un lien souple entre les voyelles de l’hiatus.
Le glide est un lubrifiant de l’hiatus.
Le français ne connaît qu’un seul glide : le yod, qui intervient notamment dans la diphtongaison par coalescence.
Le wallon en introduit deux autres occasionnels : le h dit « secondaire » et le w .
Il est important de souligner que les glides wallons ont subsistés, alors que le yod français a été très éphémère.

Le h liégeois est très « expiré », et non aspiré ! Exemple, d’un marchand de glace français : Ah, Liége ! "Les Hhaies sur les Hhauteurs !"
Le h est un vaillant combattant : avant d’être glide occasionnel, il remplace es groupes consonantiques,

Le w, avant d’être glide occasionnel, est l’héritier des quelques w restants du bas latin.
En wallon, il conforte sa position : le gw latin se transforme en w liégeois.


Dernière édition par dawance le Wednesday 25 Aug 21, 20:37; édité 1 fois
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dawance



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Messageécrit le Saturday 10 Aug 13, 17:47 Répondre en citant ce message   

NASALISATION ET NASALISATION PALATALE

(Remacle n° 16, ē tonique libre suivi de n, 18 an en & 19 in ainsi que Zink p. 81)
D’abord quelques exemples simples :
bŏnu bon bŏna bonne
lungu long long, lunga longue, roumain lung
Jūnĭius (mensis) djun juin
unquam onk 1. un 2. quelqu’un
mŏlīnus molin moulin
cŏlumba, colon, pigeon
sŭbindĕ sovint souvent
*fortĭmente vormint vôrmint fortement, vraiment, a.fr forment, fortment

vendĕre vinde vendre (refus du groupe dr : liquide amuïe)
tĕnĕo dji tins je tiens

pāne pan pon pain
căne tchin chien,
sanctu sint saint,
mănŭs main main
tĕnĕre tinre, qui est racine du futur simple : dji tinrè, je tiendrai)
minus mons moins
Des féminins un peu particuliers :
brunu brun, bruna breune brune
plenu plin plein, plena plinte pleine (cfr a.fr plenté, abondance, de plenitate)

Le wallon ne voit pas la nécessité de suivre les méandres de l’effet de Bartsch pour :
bene bin bien
rem rin rien
(Note : à Mons-lez-Liège, règn et bègn, roumain bine)
Le wallon ne suit pas non plus la palatisation par yod de la nasale :
longe, lon, loin

Très spécifique cette nasalisation avant la liquide :
sim(u)lare sonler sembler (Seraing : senler)
insĕm(u)l èssonle, èsson-ne (Seraing : èssenle) ensemble
*trem(u)lare tronler trembler
pōn(ĕ)re ponre (arch. poûre) pondre (ine poye pont, elles pounèt, elle ponrè, elles ni ponront pus)

ven(i)re-habet vinrè viendra
De la même veine :
ăvēna avon-ne avoine

Groupes dr bl et br proscrits (liquide amuïe):
pung(ĕ)re ponde 1 poindre, piquer (avec une aiguille : pondou piqué)
ping(ĕ)re ponde 2 peindre
plang(ĕ)re plinde plaindre
cam(e)ra tchambe chambre
cum(u)lu combe comble (encore en français de Liège)

Un peu spéciale cette diphtongue nasalisée :
pœna a.fr. [pena] pon-ne peine

En liégeois, la réduction du groupe gw à w (gw devient g en français) a pour effet de nasaliser le n antérieur : (cité par R. n°36)
lingua linwe langue
anguilla anwèye anguille
inguina inwe aine

Nasalisation palatale :
bānĕu (balnĕum : Zink p217) bagn’ bain, roumain baie. (Quand on dit bānĕu, l’auditeur entend bagne.)
cŭnĕu cougnèt coin, roumain cuneu,
ăsĭnu âgne (suppose une métathèse *aïnu > anïu?) âne
campānia (op. cit.) campagne campagne, roumain campanie
manduco dji magn’ je mange, manducāre magnî manger (a.fr. mègnier et mangier coexistent.)
pugnum pogn’ poing, roumain pumn (pougnî puiser à pleines mains, pougnèt poignet, pougnèye poignée)

Passage de in à è:
infans èfant enfant,
intendĕre ètinde entendre : (R. n° 17)
insĕm(u)l èsson-neonle, èss (cité ci-dessus)
et, même phénomène pour : *bole(n)gariu bolèdjî boldjî boulanger (R. n° 28).

Toutes ces nasalisations sont plus rapides, semble-t-il plus précoces, et surtout figées pour des siècles.
Un exemple : pour lat. longe > fr. loin, le francien introduit un yod au début de notre ère alors que le wallon se contente de nasaliser après l’amuïssement du g final: lon. A-t-il attendu dix siècles pour ce faire ?
Un autre : un yod au deuxième siècle pour baneu, au troisième siècle pour pugnu et cuneu francien (Zink p.126), alors que le wallon se contente de redire fidèlement baneu et cuneu ou de fluidifier l’agressif pugnu.


Dernière édition par dawance le Thursday 26 Aug 21, 10:52; édité 5 fois
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dawance



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Messageécrit le Monday 12 Aug 13, 15:12 Répondre en citant ce message   

J'ai recopié un paragraphe relatif au yod wallon, effacé par erreur, à la suite du glide w, soit au message du 6 août 2013. Je tiens en effet à regrouper les trois glides wallons pour garder une certaine cohérence.
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dawance



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Messageécrit le Tuesday 13 Aug 13, 18:17 Répondre en citant ce message   

VOYELLES EN WALLON
Voyelles accentuées libres
Après apocope, les voyelles accentuées libres subissent des sorts divers :
(i et ū ne sont pas modifié, sinon par allongement : fīlĭu fi fils (gars) (roumain: fiu) ; tibi ti tu, te; ăpĭārĭu api rucher; cūlus cou cul ;-roumain: cur, avec rhotacisme-, plŭit ploût pleut)

a > é (Remacle n°4, a accentué libre)
gradus gré marche; frater fré frère; pater pére père; sālem sel, etc.

ĕ > î (Remacle n° 10C, ĕ accentué libre)
fĕru. fîr fier; pĕdem pied; vĕtulu vieux; mĕlĭus mieux; dĕcem dîh dix; de rĕtro drî derrière; gaul. bĕdum bief

ō > eû (Remacle n° 14C – ōriu et, en général, - ō , n° 14D)

hōra > our (VIIe s., Zink) heûr, heure
flōrem, fleûr, fleur
nĕpōtem, nèveû, neveu
sōlu seû seul
rasōriu rèzeû rasoir
pressōrium presseû pressoir
textōrium tèheû tisserand (avec glide en h)

ŏ > oû (Remacle n° 21)
sŏrore, soûr, soeur
nŏvu, noû, neuf, nouveau (nŏva noûve neuve)
bŏvus, boû, boeuf
fŏras, foû, « dehors »
sŏlium, soû, seuil
mŏlinarius, moûnî, meunier
bas lat. dŏlus, doû, deuil
J’ajouterais : a.ht all. fuora , foûr, foin
pŏtet, pout peut

NB : ŏ entravé devient également oû, dans les cas suivants (à identifier ?)
cŏrde coûr, coeur
porcellus, poûrcê, porc
tornus, toûr, tour (de potier)
tornare, toûrner, tourner (en parlant du tourneur)
tormen, toûrmint, tourment

Quelques verbes qui rendent compte de l’ambivalence : ŏ oû :
mŏ(le)re, moûre, moudre; moû, mouds, mais molou, moulu.
exsucare, extraire le sucre, souwer, sècher, mais (i) sowe, (il) sèche.
morior, mori, mourir, mais (i) moûre, (il) meurt (Pour mwért, mwète, mort, morte, voir ailleurs)
curro, cori, courir; corou, couru, mais (i) coûre, (il) court.
vŏlere, voleûr, vouloir; volou, voulu, mais (i) vout, (il) veut.
Calqué sur celui-ci, poleûr, pouvoir, polou, pu, mais (i) pout, (il) peut.

Ceci est un double partiel
Remarques :
ū accentué
- en hiatus (Remacle n° 25) nūda nowe nue
- devant nasale m ou n > on: (Remacle n° 26) voir nasalisation.

Dans les quatre cas ci-dessus, la voyelle se ferme. Cette fermeture n’est pas gratuite : comme pour l’allongement vocalique, elle est une « compensation » suite à l’apocope ou autres amuïssements.


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dawance



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Messageécrit le Tuesday 20 Aug 13, 18:24 Répondre en citant ce message   

Voici bientôt la fin du classement des attestations précédentes. Celles-ci feront alors double emploi et les antérieures devront être supprimées pour soulager la lecture.
Les attestations ci-dessous sont tirées en partie du remarquable ouvrage de Remacle. J'ai quelque peu regroupé et complété.
Dans l'article suivant, je tenterai de leur trouver une structuration

A revoir


Dernière édition par dawance le Thursday 26 Aug 21, 17:23; édité 2 fois
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Messageécrit le Friday 23 Aug 13, 10:21 Répondre en citant ce message   

RÉDUCTION DES GROUPES CONSONANTIQUES: AMUÏSSEMENT PARTIEL OU COMPLET
La chute des voyelles atones a conduit a la création de groupes consonantiques instables, parce que considérés comme disharmonieux par la langue en question. Ils sont le correspondant consonantique de l’hiatus. Nous les appellerons les schtroumpfs.
Si les hiatus ont trouvé une solution avec l’introduction de glides, les schtroumpfs vont en trouver une autre avec la réduction consonantique complète ou partielle. En même temps, ces amuïssements peuvent être accompagnés d’allongement vocalique dits « compensatoires ».

REDUCTION DES SCHTROUMPS

GROUPE voyelle + consonnes occlusives orales p b t d k (c) g ou labio-dentales f v
+ liquide (l ou r) EN SYLLABE FERMEE.
- Amuïssement complet des consonnes sans allongement vocalique : type cēnācūlum cina fenil
- Amuïssement complet des consonnes avec allongement vocalique
frater fré frère,
lacrima lâme larme, miel
- Amuïssement de la consonne seconde (liquide) : tăbernācŭlum tabernak, tabernacle (emprunt tardif ?)
erkl : lat. impérial cooperculum > *coperc > covièke, couvercle
- avec allongement compensatoire de la voyelle :
- avec en plus fermeture des voyelles accentuées libres (voir page précédente) :
ĕ > î fĕbre fîve fièvre
- Amuïssement de la consonne première :
- avec allongement compensatoire de la voyelle : bŭtīru boûr beurre
- avec en plus fermeture des voyelles accentuées libres
a > é pater pére père,
ĕ > î petra pîre pierre
ācre > *égue (voir a > é plus haut) ègue aigre.
b. lat. coopertura cofteû (m.) couverture, a.fr. covretoir, coverteur, etc.
- Pas d’amuïssement, mais le schtroumpf est scindé par métathèse : pōpŭlu > *pople > plope, peuplier


GROUPE voyelle + consonnes nasales m n + liquide (l ou r) EN SYLLABE FERMEE.
Nasalisation et maintien de la liquide
type tenere tinre tenir, sonler

GROUPE voyelle + consonnes nasales m n + consonnes occlusives orales p b t d k (c) g ou labio-dentales f v + liquide (l ou r) EN SYLLABE FERMEE.
Nasalisation avec amuïssement de la liquide (voir premier groupe)
type angŭlu angue angle, ancŏra anke ancre, vincere vinke vaincre etc

E. - le groupe lv amuï dans le groupe lvr : pulvere poûre poudre.

2. GROUPE voyelle + liquide l + consonne (lm, lp, lc, etc .) EN SYLLABE FERMEE:
Remacle recense les seuls groupes précédés des voyelles a (n° 8) et o (n° 23). Or, il faut considérer toutes les voyelles.
(Je n’ai pas trouvé d’exemple en il + consonne)

A. amuïssement de la consonne première l , avec allongement vocalique compensatoire :
Note : ce phénomène a déjà commencé en bas latin : balneu > bâneu (Zink)
palma pâme paume
mă(lĕ) fă(tius) mâva mauvais (a.fr malveis)

salvus sâf a.fr salve, sauf
lat. pop. *calefare tchâfer chauffer
calceare tchâssî chausser
west. helm (Guinet) w.arch. hême heaume
mŏlere moûre moudre (nos molans nous moulons)
mulg(e)re > *muldere (Scheller) moûde mode traire ( dji moud’ je trais ; nos moudans nous trayons ; tchô modou lait encore chaud de la traite)
bas lat. cŏl(y)ru (class cŏrylu ) côre a.fr. coudre (coudrier)

B. amuïssement complet du groupe, avec allongement vocalique compensatoire :
bas lat. colpus, cô coup (côper, couper)
collu cô cou
arcu volutem > âr volt ârvô passage voûté, a.fr. arvout
dulce doû doux
falsu fâ faux (inexact)
falce fâ faux (pour faucher)

NB : ci-dessous, le ou final est maintenu comme marque de participe passé.
mŏlĭtu molou moulu

3. GROUPE voyelle + liquide r + consonne EN SYLLABE FERMEE

A. amuïssement de la consonne première r , avec allongement vocalique compensatoire :
barba bâbe barbe
martius mâs mars
bas lat. carpa câpe carpe (poisson)
lat. médiév. tarta tâte tartine (tranche de pain de mie beurrée)

B. même groupe mais en syllabe ouverte : charta cwâte carte (à jouer).

C. amuïssement de la consonne seconde, avec allongement vocalique compensatoire :
arcu êr arc, cintre
carne tchâr viande
carrus tchâr char
charta (jocu) cwârdjeu (jeu de) cartes
skaard hard brèche, ébréchure
tornu toûr tour


D. cas particulier de la diphtongaison de ĕr ou de ŏr + consonne : voir ci-dessous

4. GROUPE st EN SYLLABE FERMEE
A. Règle générale : le t est amuï : gustŭs gos’ goût
B. cas particulier de la diphtongaison de ĕst et de ŏst : voir ci-dessous « Diphtongaison ».

5. GROUPES kt, sk et ks (x) : voir message du 6 août 2013.

DIPHTONGAISON DU ĕ ENTRAVE EN iè ET DU ŏ ENTRAVE EN wè
Le phénomène de diphtongaison spontanée est constaté dans toutes les langues romanes.
Une différence fondamentale entre le francien et le wallon : il semble bien que la diphtongaison du ĕ entravé a lieu en syllabe ouverte en francien et en syllabe fermée en wallon. Exemples :
Syllabe ouverte :
lat. feru(m), fr.fier, w. fîr (le roumain n’a pas cette racine apparemment)
lat. heri, roumain ieri, w. îr, fr. hier
Syllabe ouverte :
lat. verme, roumain vierme, w. vièr fr. ver.
lat. nervu roumain nerv nièr, fr. nerf
lat. virdem > bas lat. *verde, roumain verde w. vèrt, vèrte, mais en Hesbaye, on dit w. vièrt, viète : « Vos av’ rintré dès vièrt ! », « Vous avez ramené du (foin) vert ! » (NB : le meilleur, bien sec mais encore vert !).

Diphtongaison de ĕ entravé en iè (R11) et de ŏ entravé en wè (R22) selon groupes consonantiques, avec amuïssement de la consonne seconde ou de la consonne première pour les groupes suivants :
st : besta bièsse bête costa cwèsse côte
testa tiesse tête tièstou têtu *costariu cwèstî bât. planche de rive
festum fiesse fête
rm : verme vièr ver (roumain vierme) dormit dwème dort
termen tièr colline
dormire dwèrmi dormir
rr : ferru fièr fier roumain fier esp. hierro *porru *pwèr supposé
rn : gŭbernācŭlum, vierna, barre (timon), gouvernail
cornu cwène corne
rd : perdĕre piède perdre perditu pièrdou perdu chorda cwède corde
lat. pop. *torcere twède tordre (twèrdou tordu)
rt : * verde vièr vert (vert : emprunt au fr) fortu fwèrt fort
*verda viète verte (verte : emprunt) forta fwète forte; porta pwète porte.)

rv rb : nervu nièr nerf *corp(allu) cwèrbâ corbe


---------------------------------------------------------
Non pas porru, mais porellu donne porê poireau (anc. fr.porelle, porale). En effet, porru aurait fait pwèr, conformément à la règle ci-dessus et expliquerait, avec suffixe, la forme actuelle du fr. poireau.

Note: Il y a bien une différence de prononciation entre air et ermite, non ?. Le wallon dit fièr avec le er de ermite et non comme dans le français fier, de air. La phonétique du Robert ne connaît pas la différence. Il note indifféremment [ε].


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Messageécrit le Monday 26 Aug 13, 19:48 Répondre en citant ce message   

DIPHTONGAISON DU ĕ ENTRAVE EN iè (Remacle 11) ET DU ŏ ENTRAVE EN wè (Remacle 22)
selon groupes consonantiques, avec amuïssement de la consonne seconde ou de la consonne première pour les groupes suivants :
st : besta bièsse bête costa cwèsse côte
testa tiesse tête tièstou têtu *costariu cwèstî bât. planche de rive
festum fiesse fête
rm : verme vièr ver (roumain vierme) dormit dwème dort
termen tièr colline
dormire dwèrmi dormir
rr : ferru fièr fier roumain fier esp. hierro *porru *pwèr supposé
rn : gŭbernācŭlum, vierna, barre (timon), gouvernail
cornu cwène corne
rd : perdĕre piède perdre perditu pièrdou perdu chorda cwède corde
lat. pop. *torcere twède tordre (twèrdou tordu)
rt : * verde vièr vert (vert : emprunt au fr) fortu fwèrt fort
*verda viète verte (verte : emprunt) forta fwète forte; porta pwète porte.)

rv rb : nervu nièr nerf *corp(allu) cwèrbâ corbeau


---------------------------------------------------------
Non pas porru, mais porellu donne porê poireau (anc. fr.porelle, porale). En effet, porru aurait fait pwèr, conformément à la règle ci-dessus et expliquerait, avec suffixe, la forme actuelle du fr. poireau.

Note: Il y a bien une différence de prononciation entre air et ermite, non ?. Le wallon dit fièr avec le er de ermite et non comme dans le français fier, de air. La phonétique du Robert ne connaît pas la différence. Il note indifféremment [ε].


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Messageécrit le Tuesday 03 Sep 13, 11:27 Répondre en citant ce message   

CONCLUSION PROVISOIRE
Le wallon, le francien et le roumain ont donc divergé sur ce phénomène précoce qu’est la diphtongaison spontanée. De surcroît,
Je n’ai fait ici que reprendre», en l’explicitant, l’idée de Julos Beaucarne : « Le wallon est du latin qui a traversé les siècles à pied ».


Vous m’excuserez de ne pas parler de « l’effacement des voyelles atones », ni des « consonnes intervocaliques en position faible » qui interviennent implicitement dans le présent résumé.
Pardonnez-moi aussi de n’avoir pas traduit systématiquement en wallon namurois et ardennais.


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Messageécrit le Monday 09 Sep 13, 19:06 Répondre en citant ce message   

Voici une autre évolution rapide :

PALATALISATION DE g DE k ET DE diu : les affriquées dj et tch
Cette palatalisation s’est faite en une seule étape et a été figée jusqu’à nos jours.
Pour le francien, il s’agit de la première étape :

gente djins gens
jŏvĕne djône jeune (Zink : pour le francien, 3e siècle)
juniu djun juin, etc…mais, comme en francien, pas de palatisation pour :
bas lat. gostu gos’ goût
gŭla gueûye gueule
gutta gotte goutte, etc.

diurnum djoû jour
Deus Djos’, Dju Dieu (pas de palatalisation en francien)
lat. vulg eo dji a.fr djié, jeo, je. etc.

carne tchâr viande
lat. pop. *calefare tchâfer chauffer
calceare tchâssî chausser
căne tchin chien
vacca vatche vache, etc.


A noter, les palatisations particulières :
argilla ârzèye argile
*aucellu oûhê a.fr oisiau
rŭga rowe rue

Par comparaison avec les exemples de Zink, :
- palatalisation pour :
mayyu mây mai (simple apocope ?)
mayyor maÿeûr maire
*péyyor arch. pèyeû pire
mĕlior mèyeû meilleur

nĕgare noyî nier
nĕcare nèyî noyer

- pas de palatisation en wallon liégeois pour :
sapia(m) sèpe sache (simple apocope ?)
*happja hèpe hache
audio ô a.fr oi
cuneu cougnèt coin
lacrima lâme larme (simple syncope ?)
Non pas jumentu mais caballu caballe jument
pas carruca mais ărātrum èré charrue
Peut-être cŏrium cûr cuir, qui aurait dû faire coûr. Différenciation avec coûr cœur ?


Le wallon ne connaît donc pas de deuxième étape, dite « simplification des affriquées » (dj > j, tch > ch. Date retenue par Zink : XIIIe siècle)

Rappel : le français refuse les groupes de type st à l’initiale, alors que le wallon les accepte (moyennent une voyelle épenthétique euphonique dans un cas particulier : précédé d’une consonne).
Exemple : spina spène a.fr. espine (dès spènes, ine sipène)
A l’inverse, le français accepte ce groupe st en syllabe fermée (du moins avant le ê), alors que le wallon le refuse en amuïssant la consonne seconde t (moyennant la diphtongaison de la voyelle précédente). Exemple: besta biesse a.fr. beste, festum fiesse fête, etc


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Feintisti



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Messageécrit le Monday 09 Sep 13, 20:00 Répondre en citant ce message   

Je n'ai toujours pas saisi pourquoi il reste des mots qui n'obéissent pas à cette règle, comme "jèbe" (et pas "djèbe") qui signifie "gerbe". S'agit-il d'un emprunt au français ?
Ce serait tellement plus simple, selon moi, d'utiliser "J" et "G" pour ce qui se prononce "DJ" en wallon.
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dawance



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Messageécrit le Monday 09 Sep 13, 22:22 Répondre en citant ce message   

Correction du 13/10/2021 : conc.le wallon archaïque qui était gerbe donnant ièbe, lat herba, herbe, plante en général :
En somme, c'est la loi phonétique habituelle, diphtongaison du é entravé (perdĕre > piède, perdre)
Quant à l’orthographe des affriquées et du h liégeois...
Encore heureux que les Français nous aient laissé le w ! On serait des Vallons.


Dernière édition par dawance le Wednesday 13 Oct 21, 11:37; édité 1 fois
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Pablo Saratxaga



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Lieu: A Rtene, etur Lidje et Vervî

Messageécrit le Monday 09 Sep 13, 23:05 Répondre en citant ce message   

dawance a écrit:

A noter, les palatisations particulières :
argilla ârzèye argile


mmm; pour celle là je ne suis pas sûr; en effet je retrouve la même chose
qu'en castillan "arcilla".
Le castillan pourtant est plutôt assez conservateur des racines latines (des racines
du latin réellemant parlé j'entends, pas du latin dit classique); ne serait-il pas
plus probable que le latin de l'époque avait déjà opéré ce changement phonétique?

Citation:

Le wallon ne connaît donc pas de deuxième étape, dite « simplification des affriquées » (dj > j, tch > ch. Date retenue par Zink : XIIIe siècle)


Mis à part le français, quelle(s) autre(s) langue(s) néolatines ont opéré ce changement de [dZ] > [Z] et [tS] > [S] ?
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dawance



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Lieu: Ardenne (belge)

Messageécrit le Tuesday 10 Sep 13, 17:19 Répondre en citant ce message   

Voilà deux questions desquelles on peut dire que les poser, c'est y répondre.

Auriez-vous des indications sur la datation des mutations [sk] > [H] et [k] > [tS], au moins une fourchette? Peut-on parler de palatalisation
J'ai le sentiment qu'elles se sont produites très tôt, parce que skina a donné hène au moment de la mutation et, après une deuxième introduction de skina (3e ou 4e siècle?), soit après la mutation, il a donné scrêne. De même, caballum a donné tchvâ, tchivâ, puis, après mutation, caballe. Le deuxième emprunt serait dû à un arrivage ultérieur d'esclaves westiques.
C'est le genre de raisonnement que tient Guinet.
J'hésite à m'engager dans cette voie. Klinkenberg peut-il aider?
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Une loi physique a toujours un champ d’application. C’est essentiel. On peut en effet énoncer par exemple : « Tous les corps tombent également vite », loi qui sera vraie dans le vide, uniquement dans le vide, qui est donc le « champ d’application ». Les lois phonétiques n’échappent pas à ce principe.
Il n’est pas toujours simple de trouver les lois phonétiques, mais il est encore plus difficile d’en déterminer le champ d’application.

Quand j’essaie d’appliquer une règle d’évolution phonétique du français (Zink) au wallon, i-n-a todi n’sacwè qui n’va nin ! Il y a toujours quelque chose qui ne va pas !
J’ai essayé avec la loi de Bartsch !


Dernière édition par dawance le Thursday 26 Aug 21, 18:12; édité 1 fois
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dawance



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Messageécrit le Monday 14 Oct 13, 17:38 Répondre en citant ce message   

Interlude avant de m’attaquer au substrat "westique" du wallon (germanique d'avant le francique, selon Guinet) :
Qui dis' ? Que dis-tu?
Qui fais' ? Que fais-tu ?
Sav' bin çou q'c'est ? Sais-tu (bien) ce que c'est?

Il y a toujours une syllabe en moins en wallon. L'accent tonique plus lent (et plus musical) compense.
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Messageécrit le Saturday 12 Apr 14, 15:22 Répondre en citant ce message   

Il faut compléter ce sujet par le suivant: Les emprunts gallo-romans au germanique au début de notre ère.
Il reprend, en l'adaptant au wallon liégeois, tous les étymons "westiques" (antérieurs au francique) de Guinet qui ont donné un ancien français en subsistant quelquefois en français actuel.

Les règles phonétiques du wallon provenant du westique sont les mêmes que celles énoncées ci -dessus.
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