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RTenLoire
Inscrit le: 30 Oct 2013 Messages: 14 Lieu: Bresse louhannaise
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écrit le Friday 08 Nov 13, 12:58 |
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embatérienne a écrit: | Bien sûr, mais on peut se demander pourquoi on n'a conservé ce "abeurnoncio" que dans le contexte de la pluie. On devrait trouver d'autres exemples dialectaux où "abeurnoncio" a bien ce sens de "je renonce", sens originel. |
Si on regarde la chaîne suivante :
1- Patois---->Ruraux ---->Beaucoup de paysans
donc les paysans sont les utilisateurs majoritaires du patois.
2- Paysans------>Travail de la terre.
donc ils sont fortement concernés par la pluie dans leur vie quotidienne.
Si on réunit ces 2 aspects, le nombre et l’importance, ceci peut expliquer la suprématie de cet usage réservé à il pleut.
S’il y a eu d’autres usages d’abeurnoncio avec le sens de je renonce, ces usages sont mort-nés ou tombés en désuétude, faute d’un nombre suffisant de locuteurs.
PS : avant ces échanges, pour moi fils de paysan, abeurnoncio n’avait de sens que beaucoup, sans une quelconque idée de son origine et de son sens premier ! |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4088 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Friday 08 Nov 13, 15:22 |
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L'étymologie, c'est le sens premier du terme. Mais le sens peut évoluer et ne plus avoir de lien avec le sens d'origine.
C'est l'idée de "terrible" qu'il faut retenir et non l'idée de "renoncer". |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3680 Lieu: Massalia
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écrit le Friday 08 Nov 13, 15:55 |
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Le terme était également passé en espagnol ( voir mon message plus haut) , attesté dès le XVIII ème siècle ,sous une forme légèrement altérée: abernuncio. . Les dictionnaires d'époque signalent que c'était employé par le peuple , donc langage parlé, populaire, au sens de " Dieu nous préserve!" :
Ici, encore plus tôt, dans un extrait traduit de Cervantes ( Don Quichotte):
Le cheminement du sens premier à beaucoup dans ce patois est sans doute comparable. Lorsque un paysan voyait le mauvais temps et craignait pour ses récoltes, il devait pousser une exclamation qui fonctionnait comme une formule conjuratoire " Dieu nous préserve". Idem pour un enfant insupportable...
Lorsque le sens premier s'est perdu dans les mémoires ( on entendait de moins en moins de latin) il est resté la situation dans laquelle on l' employait : évènement négatif d'importance. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3865 Lieu: Paris
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écrit le Friday 08 Nov 13, 18:33 |
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rejsl a écrit: | Le terme était également passé en espagnol ( voir mon message plus haut) , attesté dès le XVIII ème siècle ,sous une forme légèrement altérée: abernuncio. . Les dictionnaires d'époque signalent que c'était employé par le peuple , donc langage parlé, populaire, au sens de " Dieu nous préserve!" :
Ici, encore plus tôt, dans un extrait traduit de Cervantes ( Don Quichotte):[...]
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Oui, j'avais cité cet extrait plus haut. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3680 Lieu: Massalia
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écrit le Friday 08 Nov 13, 18:59 |
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Exact, mais là, on cerne mieux le sens grâce à cette définition de dictionnaire qui montre la fonction conjuratoire . D'autres auteurs s'en sont servis dans des pièces burlesques montrant des paysans ou des servantes employant ce terme à tout bout de champ. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 10 Apr 14, 5:28 |
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"Terrible" ou "beaucoup", je vais mettre tout le monde d'accord.
Comme on l'a vu récemment sur le forum arabe, beaucoup de langues ont recours au champ sémantique du grand malheur ou de la grande peur pour exprimer tout simplement la grande dimension. En français, sans aller plus loin, c'est ce que nous exprimons avec formidable, terrible, faire un malheur, etc. Par une déperdition de sens, du grand malheur ou de la grande peur il ne reste plus que l'intensité, la grande quantité.
À part ça, traduire ce passage du Quichotte, c'est un défi... C'est dans quel chapitre ? |
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