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Mythe sur le gallo - Forum langue d'oïl - Forum Babel
Mythe sur le gallo
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José
Animateur


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Messageécrit le Friday 25 Apr 14, 11:29 Répondre en citant ce message   

Jeannotin a écrit:
Je suppose que tu n'as pas voulu dire "langues régionales" mais "français populaire régional" ?

Oui, tu avais rectifié.

Avec ce Fil Particularités phonétiques des parlers régionaux français, voilà la 1ère partie de ton boulot démarrée ! (merci)
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le Berton



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Messageécrit le Sunday 04 May 14, 10:29 Répondre en citant ce message   

Un exemple du gallo:
https://www.youtube.com/watch?v=g9MGTnZyz34

Le gallo, est bien du français prononcé différemment du français d'aujourd'hui et bien sûr, pas une langue différente.
C'est à la fois de l'ancien français et aussi, sans doute du français qui a évolué vers une forme locale.

Sinon, le gallo est le parler de Haute-Bretagne, soit, mais c'est la même langue que dans le Manche, la Mayenne...
L'aire géographie qu'on veut donner du gallo est strictement géographique, mais n'a pas de sens sur le plan linguistique..
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Breizhadig



Inscrit le: 12 Nov 2004
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Messageécrit le Sunday 04 May 14, 14:40 Répondre en citant ce message   

Sans prétendre en connaître beaucoup sur le sujet, car à la base c'est pas vraiment mon domaine, il faut déjà définir ce qu'on entend par "français" car pour moi les appellations "ancien français" et "moyen français" sont déjà erronées à la base. Il conviendrait mieux de parler de "langues d'Oil" et "langues d'Oil tardives" et là, en effet, le gallo est une de ces langues d'Oil, issue du latin vulgaire parlé en Gaule.

On ne peut pas dire de façon simpliste que le gallo découle du français car il y a en gallo des évolution et des phénomènes phonétiques qui n'ont jamais eu lieu en français (par exemple le fait de dire "biaõ" au lieu de "blanc"). D'un autre côté, on note des similitudes mais certaines sont arrivées plus tôt dans les parlers de l'Ouest pour se répandre par la suite aux autres parlers, comme la non prononciation du "e" final, devenu "e" muet.

Là où je suis d'accord, c'est que les langues ne suivent pas les frontières artificielles, cependant, pour faciliter la compréhension, dans le monde d'aujourd'hui, une langue se différencie d'une autre par deux choses: ses différences morphologiques et la zone géographique où elle est parlée. Avant, c'était plus simple, on disait "le patois des Français", "le patois des Bretons", "le patois des Hauts Bretons", "le patois des habitants de fougères", etc... Je simplifie, mais le nom de la langue avait moins d'importance que la population qui la parlait. Aujourd'hui, on nomme une langue par un nom bien défini et on la fait correspondre avec des frontières humaines. Je dis pas que c'est la meilleure façon de faire, mais c'est une façon et il faut faire avec, quand bien même elle ne colle pas tout à fait à la réalité. Rien n'empêche par la suite de préciser de quel gallo il s'agit, si c'est celui de Redon, de Fougères, de Vitré ou autre... Et de l'autre côté de parler de mayennais, de normand de Saint James, de jersiais, etc...

Pour moi, je préfère dire que le gallo, le français, le normand, le wallon, le picard, le mayennais, etc... Sont toutes des langues d'Oil, ce qui explique leur proximité et la possible intercompréhension qu'il peut y avoir dans certains cas, mais pas dans tous car quand le discours devient plus compliqué, il est alors impossible de tout comprendre: http://gallo-es-ecole.net/_media/mp3/04_pilerie_d_pommes.mp3

C'est pas parce que ça marche comme un canard, que ça fait "coin-coin" que c'est un canard !
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le Berton



Inscrit le: 11 Jan 2008
Messages: 133
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Messageécrit le Sunday 04 May 14, 16:01 Répondre en citant ce message   

Breizhadig a écrit:
Sans prétendre en connaître beaucoup sur le sujet, car à la base c'est pas vraiment mon domaine, il faut déjà définir ce qu'on entend par "français" car pour moi les appellations "ancien français" et "moyen français" sont déjà erronées à la base. Il conviendrait mieux de parler de "langues d'Oil" et "langues d'Oil tardives" et là, en effet, le gallo est une de ces langues d'Oil, issue du latin vulgaire parlé en Gaule.

En fait c'est là que je ne suis pas d'accord!
Pour moi, il n'y avait qu'une seule langue d'oïl au Xème siècle (en schématisant), et que les parler locaux descendant tous de cette unique langue. Les différences régionnales se sont fait après le XIIème siècle, avec le développement du monde rural et des paroisses.
Du moins pour l'Ouest de la France.
Certains locuteurs gallo sont très difficile à comprendre, mais c'est à cause de l'accent. Ils parleraient parfaitement le français, mais avec un accent comme le leur, on ne les comprendrait pas mieux.
Quand on va dans le détail, on reconstruit les phrases en français, la structure reste la même, et d'ailleurs, pour les locuteurs eux-mêmes, ils parlent le français
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Jeannotin
Animateur


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Messageécrit le Sunday 04 May 14, 19:26 Répondre en citant ce message   

Je suis d'accord avec le Berton, le gallo c'est du français avec quelques évolutions phonétiques divergentes. Le Berton a aussi raison pour le sentiment des patoisant sur la question. Durant son enfance, mon père travaillait à la ferme à Cancale pendant ses vacances et il y avait encore des gallésants presque monolingues. Ils disaient : "maï, j'caùse françeìs ! "

Il y a un autre mythe sur le gallo : c'est le substrat breton. On cite cette influence à chaque présentation du gallo mais elle est en réalité infime. Voyez mon sujet sur les mots bretons en gallo, j'ai dû m'arracher les cheveux pour trouver une petite dizaine d'expressions dont la moitié est sujette à caution.
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le Berton



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Messageécrit le Sunday 04 May 14, 20:16 Répondre en citant ce message   

Jeannotin a écrit:
Il y a un autre mythe sur le gallo : c'est le substrat breton. On cite cette influence à chaque présentation du gallo mais elle est en réalité infime. Voyez mon sujet sur les mots bretons en gallo, j'ai dû m'arracher les cheveux pour trouver une petite dizaine d'expressions dont la moitié est sujette à caution.

Je suis d'accord.
Dans la zone de "connexion" entre le breton et le gallo, dans la Bretagne intérieur, il doit avoir des mots bretons dans le gallo, mais ce ne sont pas des mots gallos! Il ne faut pas confondre.
Dans la partie est de la Bretagne, il n'y a, en effet, aucun mot breton ou presque...En tout cas, ce n'est pas cela qui peut le différencier avec les autres parlers de l'Ouest de la France...
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Breizhadig



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Messageécrit le Sunday 04 May 14, 22:01 Répondre en citant ce message   

Je trouve trop risqué l'emploi du terme "français" car ce n'est pas neutre et peut porter à confusion (le gallo est donc du français, pas une langue).

Jeannotin, je comprend pas, tu dis que les gallèsants ne mélangent pas le français et le gallo, tu donnes l'exemple d'une phrase en gallo totalement différente du français (il est-ti queuton le marcaùd-ilë) mais dans ton dernier post tu dis que le gallo c'est du français avec quelques évolutions phonétiques divergentes... Or les termes "queton" et "marcaud", tout comme le démonstratif "ilë", n'ont jamais existé en français... J'avoue que je n'arrive pas bien à tout saisir... Voilà pourquoi je trouve risqué l'emploi du terme "français" pour retracer l'histoire du gallo.

De plus, à mes oreilles, le mot "français" fait allusion à une langue contemporaine, on ne peut faire remonter ce terme à l'époque où le latin vulgaire de Gaule a donné naissance à des parlers proches les uns des autres, c'est anachronique (on peut dire ancien français, mais ma vision multiple de ces parlers me fait préférer langues d'oil, après, c'est un choix qui correspond à ma vision des choses, tout comme le terme ancien français ou langue d'oil au singulier reflète une hypothèse qui n'est pas la mienne)... A la fin de l'Empire romain, la Gaule parlait un latin qui allait évoluer vers une langue romane montrant des particularismes régionaux. Au XIIIè siècle, un de ces parlers est devenu la "norme" et s'est écrit, mais les parlers régionaux populaires ont continué d'évoluer, d'influencer ce français tout comme celui-ci a eu une influence sur ces parlers mais les langues d'Oil ne découlent pas directement de ce parler. C'est plutôt comme ça que je vois les choses, une évolution naturelle "buissonnante" plutôt qu'une évolution linéaire avec comme base une langue "nationale". La difficulté est que ces langues n'ont pas laissé d'écrits anciens, et les textes que l'on a sont rédigés en ancien français car ils collent à une norme, quand bien même ils subissent des influences plus ou moins importantes. Ca devient donc hasardeux de spéculer sur l'aspect que pouvaient avoir des langues parlées comme le gallo quand on n'a pas d'écrits pouvant rendre compte de cette réalité, juste des témoignages attestant qu'il y avait des langues différentes dans le Royaume.

Je ne suis pas non plus d'accord sur la faible influence entre le breton et le gallo. Les populations ne restent pas sans se fréquenter et il existe des zones mixtes où les gens peuvent comprendre plus ou moins bien les deux langues. Il est donc naturel que des mots passent d'une langue à une autre, aucune langue n'est hermétique. Que des mots soient passés du breton vers le gallo et du gallo vers le breton, ça ne me choque pas, c'est naturel!

En matière de linguistique, je suis plutôt favorable pour prendre un maximum de précautions et éviter les raccourcis... Dire que le gallo vient du français, c'est vraiment trop catégorique et manque de preuves réelles car ça remonte trop loin pour pouvoir l'attester (et le fait que untel qui parle gallo dit parler français n'est pas recevable car la perception de ce qu'on parle ne reflète pas forcément la réalité). Se baser uniquement sur la proximité des langues, c'est un argument que je ne peux juger recevable non plus. Mieux vaut faire des constatations: ces deux langues sont proches, elles présentent cependant des différences notables qui sous entendent une origine commune et une évolution en parallèle avec des contacts plus ou moins fréquents selon les époques.

Après, si on me fait une démonstration linguistique prouvant à partir de textes anciens que toutes les formes existant en gallo existaient aussi en ancien français, pourquoi pas... Mais j'en doute... Que le gallo ait gardé des formes que le français a perdu, c'est un fait, et vice versa, mais que tout ce qui fait le gallo existait aussi en français, c'est autre chose... Or, pour que le gallo vienne du français, il faut que le français, a un état ancien, puisse expliquer à lui seul la grammaire et le vocabulaire du gallo.
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le Berton



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Messageécrit le Monday 05 May 14, 7:09 Répondre en citant ce message   

Il faudrait établir l'étymologie de tous les mots gallos, et d'une façon générale, de tous les parlers régionnaux de la France du Nord, pour comparer.
Cette expression "il est-ti queuton le marcaùd-ilë", je ne la connais pas telle quelle, mais je connais bien "marcaud".
Je dirais qu'il n'y a pas besoin de mettre un accent sur le ù, car l'orthographe d'aujourd'hui du français, a conservé la prononciation d'hier: au se prononcait a+ou en diphtongue (c'est à dire qu'on passe du son "a" à "ou" dans la même réalisation).

"Marcaou" est connu aussi dans la Meuse:

Et sans doute aussi dans d'autre endroit en France.

Si un même mot se retrouve dans des zones aussi éloignées que la Bretagne et la Meuse, c'est que ce mot était utilisé dans tout le nord de la France, et qu'on peut le qualifier de "français".
C'est la même chose pour "lisette", qui est aussi utilisé dans les Vosges

Queuton: j'imagine que c'est une déformation de "content". Je ne le connais pas dans la région de Vitré

On met très couramment le sujet expletif "il" (souvent pronocé i) un peu n'importe où dans la phrase, et des fois en double: ainsi on a:
Fait i beau anui: Qu'est-ce qu'il fait beau aujourd'hui! ou même i fait i beau anui

beau se prononce en triphtongue: b+ (i+a+ou)
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Jeannotin
Animateur


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Messageécrit le Monday 05 May 14, 12:40 Répondre en citant ce message   

Sur les contributions de Breizhadig :

Breizhadig a écrit:
tu dis que les gallèsants ne mélangent pas le français et le gallo (...) mais dans ton dernier post tu dis que le gallo c'est du français

À mon avis, il n'y a pas de contradiction. On peut très bien utiliser sans les mélanger deux variétés linguistiques sans qu'ils s'agissent de langues indépendantes. Je parle le français standard et le français rural de Basse-Bretagne en faisant très bien la différence. Pourtant ce ne sont que deux variétés du français.
Breizhadig a écrit:
Je ne suis pas non plus d'accord sur la faible influence entre le breton et le gallo.

L'influence du gallo sur le breton est très importante. Mais j'attends encore qu'on me démontre l'influence inverse. Si tu connais des mots bretons empruntés par le gallo, n'hésite pas, il y a un sujet ouvert à ce propos.
Breizhadig a écrit:
une évolution naturelle "buissonnante" plutôt qu'une évolution linéaire

Tu as raison, l'évolution linéaire est une conception nationaliste que la géographie linguistique a enterrée il y a près d'un siècle. Par contre le modèle évolutif que tu propose est faux également, même si ton erreur est plus subtile. Tu appliques aux langues la conception darwinienne de l'évolution des espèces. Mais il y a une différence cruciale : les espèces ne se mélangent plus une fois séparées alors que c'est possible pour les variétés linguistique. À mon sens, la géographie linguistique est la science qui nous permet de comprendre cette évolution. Je te conseille chaleureusement Lectures de l'atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont. Avant de lire ce livre, j'étais moi aussi un croyant de la langue gallèse. En fait, les voies de communication ont dirigé l'évolution des langues de France. Il n'y a jamais eu de séparation entre le français et les patois, la nécessité d'échanger avec ses voisins a permis de conserver une langue relativement unifiée à l'échelle de toute la France d'oïl.
Breizhadig a écrit:
Après, si on me fait une démonstration linguistique prouvant à partir de textes anciens que toutes les formes existant en gallo existaient aussi en ancien français, pourquoi pas...

Il me semble que tu inverse un peu la charge de la preuve. Malheureusement, notre débat risque d'être rapidement paralysé car, à ma connaissance, il n'y a pas de travail étymologique de qualité sur le gallo. On va finir par s'écharper autour de la douzaine de mots un peu mystérieux du gallo, mais il n'y a pas la de quoi montrer qu'on est en présence d'un système linguistique indépendant.

Sur les contributions de le Berton :
le Berton a écrit:
Je suis d'accord.
Dans la zone de "connexion" entre le breton et le gallo, dans la Bretagne intérieur, il doit avoir des mots bretons dans le gallo

Même pas ! Le patois que je connais le mieux est celui de Saint-Gilles-Vieux-Marché, on ne peut trouver de village gallo plus proche de la frontière linguistique. L'influence du breton est sensible dans la phonologie. Ce parler connait le dévoisement des consonne en finale absolue et les h aspirés sont remplacés par le c'h dur. Mais l'accent tonique est clairement français et on ne trouve aucune des autres évolutions qu'on rencontre, par contre, dans le français de Basse-Bretagne. Quant aux mots bretons, il y en a autant que dans toute la Bretagne gallèse : "un peu mais guère" !


Dernière édition par Jeannotin le Monday 05 May 14, 22:35; édité 1 fois
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Breizhadig



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Messageécrit le Monday 05 May 14, 16:41 Répondre en citant ce message   

Merci pour ton explication, je comprends mieux ta vision des choses. Chez toi le terme "français" est très large alors que chez moi, il ne fait allusion qu'au français standard, c'est pourquoi je parle de langues d'Oil pour parler du français (standard), du gallo, du poitevin, etc...

J'ai l'impression qu'on est à peu près d'accord sur le fond mais pas sur la forme. En tout cas je comprends beaucoup mieux ce que tu voulais dire dans tes précédents messages!
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PatoisantLorrain



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Messageécrit le Monday 05 May 14, 21:59 Répondre en citant ce message   

le Berton a écrit:
Breizhadig a écrit:
Sans prétendre en connaître beaucoup sur le sujet, car à la base c'est pas vraiment mon domaine, il faut déjà définir ce qu'on entend par "français" car pour moi les appellations "ancien français" et "moyen français" sont déjà erronées à la base. Il conviendrait mieux de parler de "langues d'Oil" et "langues d'Oil tardives" et là, en effet, le gallo est une de ces langues d'Oil, issue du latin vulgaire parlé en Gaule.

En fait c'est là que je ne suis pas d'accord!
Pour moi, il n'y avait qu'une seule langue d'oïl au Xème siècle (en schématisant), et que les parler locaux descendant tous de cette unique langue. Les différences régionnales se sont fait après le XIIème siècle, avec le développement du monde rural et des paroisses.

Oui, au départ il y a bien une seule langue d'oïl et parmi ces différences régionales, on y trouve le français-orléanais, la langue du roi de France et les autres : gallo, poitevin, lorrain, champenois, picard,... Le français n'est qu'un dialecte d'oïl comme les autres. Comme l'écrit la linguiste Henriette Walter : il faut donc bien comprendre que non seulement les patois (patois romans : gallo, picard, lorrain,...) ne sont pas du français déformé, mais que le français n'est qu'un patois qui a réussi. (le français a réussi parce que le pouvoir politique l'a toujours soutenu).
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Jeannotin
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Messageécrit le Monday 05 May 14, 21:59 Répondre en citant ce message   

Breizhadig a écrit:
Chez toi le terme "français" est très large alors que chez moi, il ne fait allusion qu'au français standard

Breizhadig, je comprends bien ta vision des choses car je l'ai longtemps partagée. Mais je me suis rendu compte qu'en fait ce n'était qu'une conception très scolaire du français. Je réagissais comme un écolier qui rejette hors du français toute forme qui diffère un peu de la langue standardisée. En plus de l'ALF, ce qui m'a fait changé de point de vue c'est le Bon Usage de Grevisse. On pourrait s'attendre à ce que cet ouvrage présente une vision très étroite de la langue mais il vise au contraire à embrasser la totalité du français. Ainsi, il donne des exemples littéraires de beaucoup de formes que je considérais naguère comme du patois ou du français bas-breton et qui sont en fait des archaïsmes : "le fils à Louis", "il est à courre" ou "il va pour sortir". Il n'hésite par à "descendre" au niveau du patois quand il évoque le démonstratif manceau : "cette-ci" (celle-ci) proche du gallo : "ette-cit" (un peu plus exotique, j'en conviens). La légende n'attribut-elle pas ces paroles à Vaugelas : "Je vais ou je vas mourri(r), l'un et l'autre se disent ou se dit". Les mêmes remarques sont valables pour le vocabulaire, Littré donne l'expression "je suis rendu" (arrivé) sans signaler aucune nuance dialectale. Comment peut-on dire que des mots comme "hucher" ou "beloce" n'ont rien de français ? Nous aurions tous à gagner à une vision plus large du français : on cesserait de stigmatiser l'usage rural des dialectes et du français qui en est teinté, on éteindrait beaucoup de vains séparatismes linguistiques et on enrichirait grandement la langue nationale.

le Berton a écrit:
je connais bien "marcaud".
Je dirais qu'il n'y a pas besoin de mettre un accent sur le ù, car l'orthographe d'aujourd'hui du français, a conservé la prononciation d'hier

Nous entrons dans le débat sur l'orthographe du gallo, ça risque d'être sportif. Je pense que tu as raison d'un point de vue historique mais tort d'un point de vue pédagogique. Pour ma part, ma philosophie est de noter le patois comme le français, sauf quand il y a une différence de prononciation. Dans la patois de Saint-Gilles-Vieux-Marché, cette diphtongue est réduite dans "faut" et "au" qui sont identique au français. Je mets donc un accent sur le u quand il y a une diphtongue contenant le son [u] et un tréma quand il y a une diphtongue avec le son [y] : "caü" (cou) "aüx-ci" (ceux-ci). Ce n'est bien sûr pas parfait mais au moins quelqu'un qui ne connait pas le patois ne risque pas de lire *[marko] quand il voit "marcau(d)". J'ai rétabli un -d final par analogie avec beaucoup de mots français comme "crapaud" mais c'est peut-être une erreur. Quant à ta graphie "marcaou", je pense qu'il faut laisser au breton le privilège d'être la seule langue du monde à écrire une diphtongue avec trois lettres (comme dans "yaouank"). Les provençaux ont abandonné ce genre de graphème depuis plus d'un siècle, grâce à Mistral, mais les Bas-Bretons n'y sont apparemment pas prêts. Toutefois ceci est une autre histoire...


Dernière édition par Jeannotin le Tuesday 06 May 14, 2:46; édité 3 fois
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Jeannotin
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Messageécrit le Monday 05 May 14, 22:34 Répondre en citant ce message   

PatoisantLorrain a écrit:
les patois (patois romans : gallo, picard, lorrain,...) ne sont pas du français déformé

Tu as bien évidemment raison, les patois ne descendent pas du français tel que nous le parlons. Par contre, ils sont souvent restés assez proches du français pour que les prononciations patoises soient facilement déductibles de l'orthographe du français. Ainsi je puis dire sans faire trop d'erreur que le groupe -eau se prononce :
- en gallo : [e] au singulier et [iaw] au pluriel
- en normand et en morvandiau : [io]
- en wallon et en poitevin : [ia]

PatoisantLorrain a écrit:
le français n'est qu'un patois qui a réussi. (le français a réussi parce que le pouvoir politique l'a toujours soutenu)

Cette façon de présenter la situation de la France d'oïl est très utile pour les promoteurs des dialectes régionaux et elle permet, en effet, de bousculer l'idée simpliste "c'est qu'du français déformé". Cependant, elle néglige certaines réalités économiques qui ont nécessairement influé sur l'évolution de ce domaine linguistique. À lire la phrase d'Henriette Walter, on croirait que les langues d'oïl ont évolué librement, sans interaction. Puis une fois qu'elles ont eu pris leur forme définitive, le pouvoir royal est apparu et a choisi, un peu par hasard, le patois d'Île-de-France. Mais Paris n'a jamais été un village comme les autres, il est depuis très longtemps la première ville de France et son influence économique a façonné la situation linguistique que nous connaissons. Il n'y a qu'à regarder les cartes de géographie linguistique : nombres d’isoglosses sont des cercles concentriques centrés sur Paris, comme dans l'eau d'un lac où on a lancé une pierre, avec des formes de plus en plus archaïsantes à mesure que l'on s'écarte vers la périphérie. Les patois ne sont donc, en partie, que les formes du français parlées loin de Paris, là où les innovations n'ont pas eu le temps de se propager.

Cependant, je n'irais pas jusqu'à dire qu'il n'y a qu'une seule langue romane dans toutes la France du nord. Les variétés très particulières comme le wallon ou le lorrain méritent à mon avis le nom de langue. Mais c'est parce que leur consonantisme présente beaucoup d'évolutions qui leur sont propres. On ne peut pas en dire autant pour le gallo. Il a juste conservé les voyelles du moyen-français avec une seule évolution sur les consonnes : la palatalisation. Et ce n'est qu'une exagération d'une tendance qui existe déjà en français standard.
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le Berton



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Messageécrit le Tuesday 06 May 14, 11:58 Répondre en citant ce message   

PatoisantLorrain a écrit:
Oui, au départ il y a bien une seule langue d'oïl et parmi ces différences régionales, on y trouve le français-orléanais, la langue du roi de France et les autres : gallo, poitevin, lorrain, champenois, picard,... Le français n'est qu'un dialecte d'oïl comme les autres. Comme l'écrit la linguiste Henriette Walter : il faut donc bien comprendre que non seulement les patois (patois romans : gallo, picard, lorrain,...) ne sont pas du français déformé, mais que le français n'est qu'un patois qui a réussi. (le français a réussi parce que le pouvoir politique l'a toujours soutenu).

Je parlerais ici, non pas du mythe sur le gallo, mais du mythe sur le français!

La langue parlée à la cour du roi, et d'une façon générale par les élites d'une bonne partie de la France (et quelque soit la région), n'était pas une langue régionale (c'est à dire, comme on a l'habitude de le lire, le français d'Île de France).
Le milieu populaire de Paris, devait parler différemment.
Le français (d'aujourd'hui) est sans doute issu de ce milieu des élites (dont la spécificité n'est pas d'ordre géographique mais hiérarchique).
Ce sont ces derniers qui l'ont codifié, et qui s'est répandue d'abord dans toutes les villes, puis vers les campagnes.
Aujourd'hui, on est au bout de ce processus. Il existe encore quelques reliquats d'anciens parlers au fin fond de la campagne, mais pour combien de temps encore?
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le Berton



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Messageécrit le Tuesday 06 May 14, 12:06 Répondre en citant ce message   

Jeannotin a écrit:
Ainsi je puis dire sans faire trop d'erreur que le groupe -eau se prononce :
- en gallo : [e] au singulier et [iaw] au pluriel.

Si on admet que le parler de la région de Vitré est du gallo, dans ce cas je peux te certifier que -eau se prononce dans tous les cas "iaw", singulier comme pluriel
que -au, se prononce "aw", que -an se prononce "anw", et que pratiquement aucun mot ne se termine par le son [e], il est remplacé par [ə].
Je pense que pour ce dernier, c'est vraiment un spécificité du gallo (parlers régionnaux voisins compris).
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