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Kenel ha Gwerin Non-inscrit
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écrit le Friday 10 Aug 12, 14:37 |
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Kevarc'h deoc'h !
Souvent le "z" breton provient d'un "ð" étymologique, qui a tendu vers le "d" puis "z" en breton et qui est transcrit "dh" en langue cornique.
Ainsi, par la comparaison de quelques dialectes de la langue bretonne, trouve-t-on traces de cette évolution :
-Hid ['hi:d], orge, en breton de Plougastell-Daoulas, qui équivaut à Heiz ['hɛjs] dans la plupart des autres dialectes;
-Predeg ['pre:dek], parler, en breton vannetais, qui équivaut à Prezeg ['pre:zek] ailleurs;
-Roeden [rwe'dən], Rennes, en breton du Pays Fañch (Cf. "Le breton de Bothoa" in Dastum n°5, Humphrey Lloyd Humphreys, 1978) qui équivaut à Roazhon [rwa'zɔ̃n]; dérive probablement de la racine qui a donné le latin Redones, à l'origine;
Etc.
Ce constat peut amener à s'interroger sur certains choix qui prévalent dans l'écriture peurunvan -celle qui est la plus utilisée en breton, notamment dans l'enseignement bilingue-, qui transcrit par "zh" des mots contenant originellement un "ð"; alors que "zh" doit normalement transcrire un "θ" étymologique, qui est transcrit "th" en cornique (comme en anglais). Par exemple :
-Cette écriture donne Roazhon pour Rennes, dont j'ai effleuré l'étude ci-dessus;
-De même, alors qu'on a dodho, dedhi, dedha (à lui, à elle, à eux) ou anodho, anedhi, anedha (de lui, d'elle, d'eux) en cornique, et non #dotho, dethi, detha ou #anotho, anethi, anetha, les promoteurs de l'écriture peurunvan ont fait le choix de dezhañ, dezhi, dezho et de anezhañ, anezhi, anezho;
Etc.
Conformément à l'étymologie et à la pratique, où le "z" intervocalique n'est pas prononcé en vannetais, parler dans lequel le "zh" est prononcé [ɣ] ou [χ], ne devrions-nous pas écrire :
-Roazon selon les principes exposés plus haut;
-Dezañ, dezi, dezo et anezañ, anezi, anezo car le son [z] de ces mots provient d'un "ð" étymologique et non d'un "θ" comme l'atteste le cornique qui est plus conservateur et archaïque que le breton à bien des égards; et parce qu'en vannetais, on dit [də'ɔ̃], [də'i], [də'e] et non [də'ɣɔ̃], [də'ɣi], [də'ɣe] ou [də'χɔ̃], [də'χi], [də'χe] (à noter une petite variation dialectale : dezoñ, dezi, deze);
Etc. ? |
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toutencarton
Inscrit le: 15 Sep 2006 Messages: 40 Lieu: Bretagne
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écrit le Friday 25 Apr 14, 16:22 |
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Je peux seulement dire que cela me parait logique. mais serait-ce pratique ?
Petite note en passant : j'ai eu l'occasion d'entendre un enregistrement (datant, je suppose, des années 50) où la chanteuse, de Baud (Haut-Vannetais), prononçait ainsi ce qui s'écrit "en he zi" (dans sa maison - à elle) : in hi dhi. Mais ce dh n'était pas tout à fait une dentale. Ce son était un peu mouillé. |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Wednesday 30 Apr 14, 17:48 |
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Dans le breton de Cléden-Poher, il y a également un -d- fossilisé semblable à ceux évoqués par Kenel ha Gwerin :
- Buhrudig [byɣ'ʁy:dik], rouge-gorge.
Le nom de cet oiseau se décompose ainsi : "buh" signifie "joue", et "rudig" est l'adjectif "rouge" suivi de la terminaison diminutive -ig qui s'ajoute, chez moi, au nom de beaucoup d'oiseaux. Or, "rouge" s'écrit "ruz" en breton et se prononce [ru:] presque partout, il en est de même en Cléden. Le -z est prononcé en Léon et provient du -d- vieux breton évoqué par Kenel ha Gwerin. Dans le mot "buhrudig", le breton de Cléden a donc conservé intacte, à l'état de fossile, une consonne qui s'est perdu où altéré partout ailleurs.
Dernière édition par Jeannotin le Thursday 01 May 14, 10:34; édité 1 fois |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Wednesday 30 Apr 14, 18:11 |
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La son primitif dans la mutation dont nous parle toutencarton était [θ], j'espère cependant que personne n'a jamais rêvé de mettre en place la graphie : ma zhi. Ce son est resté une consonne dure dans beaucoup de parlers. On peut le constater sur la carte mon père de l'ALBB où nombre de points d'enquête disent quelque chose comme ma sad :
http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-572.jpg
Ce mot est souvent donner en exemple chez moi pour montrer les différences entre le breton de Cléden-Poher qui dit mé dad (la mutation spirante a presque disparu dans ma paroisse) et le breton de Spézet (nos voisins immédiats) qui dit mé sad et qui a conservé la mutation spirante avec une consonne dure. |
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Kenel ha Gwerin Non-inscrit
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écrit le Saturday 10 May 14, 20:31 |
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L'erreur vient sans doute du fait que le peurunvan est une écriture étymologique sans le savoir. Le "zh" était tout simplement là pour faire la fusion de ce qui s'écrivait avec un "z" en KLT et avec un "h" en vannetais.
Partant de là, si on a un "zh" à la place d'un "z" parfois, c'est que l'erreur est encore plus ancienne que la mise en place du peurunvan et tient du fait que l'écriture traditionnelle du vannetais mettait un "h" là où il n'y aurait pas du en avoir. Le vannetais aurait peut-être du écrire "anée, anéi, anéon" au lieu de "anehe, anehi, anehon" sur le modèle de "guéen" (arbre, "gwezenn" en peurunvan) par exemple. |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Saturday 10 May 14, 22:27 |
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Kenel ha Gwerin a écrit: | Le vannetais aurait peut-être du écrire "anée, anéi, anéon" au lieu de "anehe, anehi, anehon" sur le modèle de "guéen" (arbre, "gwezenn" en peurunvan) par exemple. |
Je ne suis pas aussi sûr que le standard vannetais soit si arbitraire que ça, tu ne doit pas bien connaître les prononciations "méridionales" du breton. Rien qu'à Cléden-Poher nous prononçons ['ne], ['nɛj], ['nehõ], ['de], ['dɛj] et ['dehõ] ce que le vannetais standard écrit anehe, anehi, anehon, dehe, dehi, dehon. L'Atlas linguistique de Basse-Bretagne nous montre bien que les vannetais prononcent majoritairement [də'he], [də'hi], [də'hõ] ce que tu voudrais qu'ils prononçassent [də'e], [də'i], [də'ɔ̃].
Carte 108 - à lui ; à elle :
http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-108.jpg
Carte 110 - à eux :
http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-110.jpg |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Wednesday 28 May 14, 19:59 |
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Je viens de faire une découverte qui éclaire un peu le débat sur l'orthographe de dezhañ-dezañ-dehoñ. En fait, la graphie dezhañ est plus ancienne que la peurunvan lui-même. Luzel écrit, dans la chanson "Pater noster dibidoup" de ses Soniou Breiz-Izel :
Citation: | Eur votes-coat euz toul he rêr,
D’ober d’ezhan hasta caër. |
Il est à noter que le -zh- n'a pas le même sens que dans les graphies modernes. Du temps de Luzel, on écrivait les prépositions conjuguées avec des terminaisons commençant par un h à la troisième personne : gant-han, gant-hi, gant-he. Ce h doit être étymologique et explique pourquoi l'on dit :evidon mais eviti ; le t est un d durci par le contact du h. |
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