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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 21 Sep 12, 11:54 |
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1. Les doublets blâme et blasphème sont dans la grande famille FABLE.
2. nougaramel a écrit: | Est-ce que l’arabe foum (ﻓﻢ) peut avoir un lien étymologique avec le grec Phimi (φήμη), le français fame ou fameux et l’anglais fame ? |
Le nom arabe fam, "bouche" relève de la racine sémitique PM. La variante fūh (et le verbe fāha, "parler"), de l'akkadien pû. On ne peut que constater ces coïncidences. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2283
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écrit le Saturday 10 Jan 15, 20:40 |
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Ce mot est au premier plan de l'actualité.., au prix d'un faux-sens !
Relisons la définition du Tlfi
Citation: | Parole, discours outrageant à l'égard de la divinité, de la religion, de tout ce qui est considéré comme sacré. Il n'y est question de Dieu dans les anecdotes de Chamfort que dans de froids blasphèmes (GREEN, Journal, 1943, p. 76) :
1. Oh! La révolte qui s'épuise d'elle-même en injures, en blasphèmes, cela n'est rien, peut-être?... La haine de Dieu me fait toujours penser à la possession.
BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1105.
P. ext. Parole, propos, acte injuste, injurieux, indécent contre une personne ou une chose considérée comme respectable :
2. Je vais proférer un blasphème. J'aime sans doute, dans les frises du Parthénon, la naïveté du dessin, la sérénité de l'ensemble et une certaine science du groupement; mais j'ai beau faire, je vois que tout est simplifié à l'excès, ...
LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 143. |
Les hellénistes ont reconnu dans l'élément -phème la racine du verbe φαναί (phanai), parler. Racine que l'on retrouve dans le mot prophète, celui qui parle au nom de (pro).
Un blasphème est une parole, pas un dessin. Le dessin est une irrévérence ou un sacrilège, une atteinte à ce qui est sacré. |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Saturday 10 Jan 15, 20:57 |
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Est ce que le mot s'applique à un écrit ? Peut on dire d'un texte, par exemple, qu'il est blasphématoire ? J'aurais tendance à penser que oui puisque que l'écrit et la parole ne sont jamais que deux concrétisations de la pensée, via deux outils différents mais il existe peut être un terme qui correspond mieux. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10946 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 12 Jan 15, 10:27 |
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TLFi a écrit: | Rem. Autrefois blasphème s'employait pour « blasphémateur » (cf. Nouv. Lar. ill.) et pour « blasphématoire » |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10946 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 13 Jan 15, 12:30 |
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J'entendais ce matin sur France Inter que le délit de blasphème perdure en Alsace-Moselle.
L'Express du 12.01.2015 a écrit: |
En Alsace-Moselle, les cultes veulent abolir le délit de blasphème
Un jour avant l'attentat contre Charlie Hebdo, les représentants des cultes officiels en Alsace et en Moselle avaient demandé l'abrogation du délit hérité du code pénal allemand, le jugeant "obsolète".
Le délit de blasphème a disparu de France en 1789, avec la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen. Mais il perdure en Alsace et en Moselle, dont la réintégration à la France en 1918 s'est faite en conservant certains articles du code pénal allemand. Un jour avant l'attaque mortelle de Charlie Hebdo, les représentants des principaux cultes en Alsace-Moselle, y compris l'islam, demandaient que le délit de blasphème soit abrogé parce que "tombé en désuétude".
Catholiques, protestants, juifs et musulmans alsaciens et mosellans ont fait cette proposition le 6 janvier lors d'une audition commune à Paris devant l'Observatoire de la laïcité, une instance rattachée aux services du Premier ministre. "Cela montre que les cultes sont conscients du caractère excessif d'une telle mesure, et de son caractère attentatoire à la liberté d'expression. Ils nous ont proposé eux-mêmes d'y mettre un terme", selon Nicolas Cadène, le rapporteur général de cet observatoire.
Le blasphème est théoriquement réprimé en Alsace et en Moselle par un article hérité du code pénal allemand dans le cadre du régime dit concordataire qui est une exception à la séparation de l'église et de l'Etat. Jamais été appliqué depuis lors, selon le secrétaire général de l'Institut du droit local alsacien-mosellan, il punit d'un maximum de trois ans de prison "celui qui aura causé un scandale en blasphémant publiquement contre Dieu par des propos outrageants, ou aura publiquement outragé un des cultes".
En 2013, la Ligue de défense judiciaire des musulmans, outrée par une caricature publiée à Une de Charlie Hebdo, avait invoqué le blasphème pour attaquer l'hebdomadaire satirique devant un tribunal strasbourgeois. La procédure avait été déclarée nulle, pour des raisons de forme.
L'archevêque de Strasbourg, Mgr Jean-Pierre Grallet, a confirmé que les représentants des cultes avaient "mûri depuis un certain temps" l'idée de demander l'abrogation de ce délit "obsolète". "La République a suffisamment de moyens pour inviter au respect mutuel", a souligné le responsable catholique. "Nous sommes sur la même ligne. (...) Ce qui nous importe, c'est la liberté d'expression", a dit de son côté Abdellaq Nabaoui, le vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) d'Alsace, également auditionné mardi par l'Observatoire de la laïcité. A terme, il reviendrait éventuellement au Parlement de se saisir de ce dossier, pour abroger formellement ce délit, selon l'Institut du droit local. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 13 Jan 15, 22:42 |
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Citation: | Le blasphème est théoriquement réprimé en Alsace et en Moselle par un article hérité du code pénal allemand dans le cadre du régime dit concordataire qui est une exception à la séparation de l'Église et de l'Etat. |
Pour en savoir plus sur le "régime concordataire", voir Wikipedia. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10946 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 26 Jan 17, 12:34 |
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Vous pouvez regarder jusqu'à dimanche matin le dernier numéro de l'émission Philosophie (arte-tv).
Raphaël Enthoven (ex Mr Carla Bruni !) reçoit Anastasia Colosimo pour parler du blasphème.
Anastasia Colosimo est l'auteur de «Les Bûchers de la liberté», un essai qui traite du blasphème.
https://www.polemia.com/les-buchers-de-la-liberte-de-anastasia-colosimo/
Elle est également la fille de Jean-François Colosimo, spécialiste de l'histoire des religions, que je trouve intéressant dans ses interventions médiatiques.
arte-tv a écrit: | Il faut se défaire des fausses idées : paradoxalement, le blasphème ne concerne pas Dieu, mais consacre l’offense ressentie par le croyant. Crier au blasphème, n’est-ce pas se prendre pour l’auteur des volontés de Dieu et l’interprète de ses vexations supposées ? N’y aurait-il pas, par conséquent, un "droit au blasphème" à défendre dans un pays laïc ? Pour l'essayiste Anastasia Colosimo, "le blasphème est par essence un crime sans victime". À partir de cette compréhension de la nature du blasphème, que vaut le geste qui lui oppose la "liberté d’expression" ? Que reste-t-il de Dieu quand on torture en son nom ? |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4088 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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