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Abdessalam
Inscrit le: 18 Jan 2016 Messages: 24 Lieu: Île de France
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écrit le Monday 18 Jan 16, 21:25 |
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Tout d'abord je tiens à préciser que je suis nouveau et donc pas très familier avec certaines règles et coutumes du forum.
Je crée ce topic en réponse à certaines voix circulantes qui disent que la koiné marocaine actuelle est tout simplement de l'arabe maaqilien de l'ouest influencé par certains parlers mdini (surtout Rabat et Fès).
Étant moi même d'une région "maaqilienne" (Settat) je tiens a préciser que notre dialecte ancestrale est en voie de disparition au profit de la darija standard.
Quelques différences (en me basant sur la façon de parler de ma génération et celle de mes grands parents):
Dyal =/= Ta3 = De
Aji =/= T3ala = Viens
B7al =/= Kif = Comme
Gless =/= G3ud ou Raye7 = S’asseoir
Kass =/= Ghourraf = Verre
Sarjem / Charjem =/= Ta9a = fenêtre
Hdar =/= Dwi
Les mots se terminant pas ch (makayench) se faisait en chay (makayenchay)
Les i se prononcent souvent en ey
Le 3 est prononcé en 7 des fois
La lettre q est existante toute comme g, le g domine par contre (gbel au lieu de qbel)
La féminisation de la deuxième personne du singulier, et rajout d'un ch exemple : jibou se prononce en jibihch // qolih /golih/ qoulo / goulou (dans les autres régions) devient un golihch. |
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Mr M
Inscrit le: 15 Aug 2012 Messages: 372
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écrit le Thursday 21 Jan 16, 21:31 |
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Les mots tāɛ, gɛad, kīf sont ils complètement inusités ailleurs au Maroc ? Il me semble avoir déjà entendu des Marocains employer ces mots.
En tous cas ce sont des mots très fréquents en Algérie, y compris ṭaqa/ṭaga.
Aussi, est ce le même dialecte qu'en Mauritanie ? |
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Imesdurar
Inscrit le: 22 Mar 2014 Messages: 130
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écrit le Thursday 21 Jan 16, 22:15 |
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A part le mot "g3od" et "t3ala" tous les autres mots sont compréhensibles en darija.
PS : le mot "ta3", il me semble qu'il est plus utilisé du coté de Oujda, Berkan. |
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Mar14
Inscrit le: 14 Dec 2014 Messages: 234 Lieu: Fès, Maroc
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écrit le Friday 22 Jan 16, 1:37 |
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Je dirais que l'actuelle koinè marocaine est une forme intermédiaire entre les parlers d'origine hilaliennne / mâaqilienne d'usage dans les plaines atlantiques marocaines, et les vieux parlers citadins.
Je ne suis pas d'accord avec vous lorsque vous soutenez que le parler des plaines atlantiques est en perdition. Il y a juste eu interpénétration avec les dialectes citadins.
Je vais vous donner plusieurs exemples où c'est en réalité l'inverse qui se produit, c'est-à-dire, le hilalien qui "empiète" sur le préhilalien :
Ddi (emmener), bghi (vouloir), souwel (demander) sont aujourd'hui tout à fait ordinaires à Fès, et dans le Nord marocain (et je ne parle même pas de Rabat-Salé dont les dialectes ne seront bientôt qu'un souvenir !) alors qu'il y a tout juste deux générations, seuls "3ebbi", "7ebbit", "Seqssi" étaient d'usage. Aujourd'hui, à Fès, "ddi" remplace "3ebbi" (qui disparaîtra sûrement dans les 40/50 ans à venir), "bghit" a totalement évincé "7ebbit". Seul "seqssi" résiste bien. "Ndir" a remplacé "ne3mel".
"2ebTTal", le mot traditionnel pour "coude" à Fès, est sorti de l'usage, remplacé par "merfeq".
Un autre exemple, bien significatif : les parlers citadins marocains ne font généralement pas la distinction entre les sexes à la seconde personne du singulier. Ainsi, entend-on très souvent chez les Fassis, Slaouis, Tétouanais "chouf", "sefeTT", indépendamment du sexe de leur interlocuteur... Néanmoins, de plus en plus de personnes font la distinction : chouf / choufi... sefeTT / sefeTTi.
Pensez aussi à " chaf - lya, chaf - lik, chaf-lih, chaf-lih, chaf-lina, chaf-likoum, chaf-lihoum" très connotés ouest marocain alors que pour les parlers pré-hilaliens, c'est plutôt "chaf -li, chaf-lek, "chaf-lou, chaf-lha, chaf-lna, chaf-lkoum, chaf-lhoum". Les Rbatis ignorent totalement ces dernières formes, ayant été largement influencé par les ruraux des alentours.
La négation à Fès se réalisait également en chi / chay : ma tiqchi/chay (n'aies pas confiance).
Sinon, pour aller dans votre sens, il y a aussi "rgod" évincé par "n3ess".
@Mr.M, ki(f) est d'usage très commun, presque autant que bhal/fhal. ntāɛ est assez rare : d / dial dominent amplement. Gɛad, enfin, peut s'entendre dans certaines zones rurales. |
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Abdessalam
Inscrit le: 18 Jan 2016 Messages: 24 Lieu: Île de France
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écrit le Sunday 24 Jan 16, 2:44 |
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@Mr M: Les mots comme Ta3, g3ad et kif sont surtout utilisé dans l'est du pays, mais ont tendance à être de moins en moins utilisés dans les régions rurales de l'ouest du pays, Je ne connais pas trop la situation de la Mauritanie.
@Imesdurar: Je ne parle pas de non compréhensibilité mais plus de remplacement de termes, oui le (n)ta3 est aujourd'hui très limité à l'est du pays et quelques régions rurales de l'ouest, mais il y a une cinquantaine d'années c'était plus fréquent qu'aujourd'hui.
@Mar14: Je suis totalement d'accord avec vous, ce que je dis c'est que la koiné est en train de tuer en quelques sortes les parler hilaliens et préhilaliens. alors que les gens ont tendance à la voir plus comme un hilalien qui évince le préhilalien, j'ai juste cité des exemples qui démontrent le contraire, et je vous remercie d'avoir rajouté d'autres exemples. des mots comme 3ebbi ou 2ebttal, je les ai jamais entendus, je suis vos posts depuis pas mal de temps et sachez que j'apprécie vos réactions, je pense que vous devriez poster plus sur les différents dialectes marocains surtout ceux des régions/villes moins connus (exemple de Sefrou, Taza...). |
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Mar14
Inscrit le: 14 Dec 2014 Messages: 234 Lieu: Fès, Maroc
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écrit le Sunday 24 Jan 16, 20:58 |
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Merci beaucoup pour vos encouragements. Les parlers de Sefrou et de ses alentours (Beni-Yazgha, Bhalil...) présentent beaucoup de similitudes avec ceux des Jbalas et de Fès, ils sont clairement pré-hilaliens, et sont riches en berbérismes.
J'oubliais aussi le daba pré-hilalien qui a littéralement évincé le derk / drok hilalien que l'on entend encore parfois (quoique de moins en moins) dans la campagne casablancaise jusqu'à Marrakech, "fuqach" qui substitue peu à peu "imta". Je constate que nous sommes du même avis : pré-hilalien et hilalien ont fusionné pour donner l'actuelle koinè marocaine, encore que le dernier élément y soit, à mon avis, un peu plus prégnant. Cela dit, il est vrai que la situation est plus "équilibrée" qu'en Algérie où la balance penche nettement pour le hilalien.
Sinon, je ne suis pas vraiment d'accord avec vous en ce qui concerne "ki (f)", qui est encore d'usage commun dans tout le Maroc, tant à l'est qu'à l'ouest. J'entends tous les jours des phrases telles que "dayer ki (chi)... ..." (il est comme, il ressemble à...)...
C'est curieux que vous n'ayez jamais entendu "3ebbi". J'avoue, cependant, qu'on ne l'entend presque jamais dans l'ouest du pays, mais plutôt chez les Jbalas, à Tétouan, à Fès, à Sefrou. "2ebTTal" était, en fait, la prononciation fassie / sefrioui de "QebTTal". |
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Abdessalam
Inscrit le: 18 Jan 2016 Messages: 24 Lieu: Île de France
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écrit le Monday 25 Jan 16, 23:50 |
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Mar14 a écrit: | Sinon, je ne suis pas vraiment d'accord avec vous en ce qui concerne "ki (f)", qui est encore d'usage commun dans tout le Maroc, tant à l'est qu'à l'ouest. J'entends tous les jours des phrases telles que "dayer ki (chi)... ..." (il est comme, il ressemble à...)... |
Je suis entièrement d'accord avec toi mais ce que je disais c'est plutot le kif kif perd du terrain face au B7al b7al / F7al f7al, alors que le ki... est toujours d'usage.
Une autre question que je voudrais poser concerne le bghit, j'ai eu l'occasion de (beaucoup) voyager au nord et il me semble que les gens emploient bghit et non 7ebbit je parle de la campagne tétouanaise, tangéroise et Larache. |
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Mar14
Inscrit le: 14 Dec 2014 Messages: 234 Lieu: Fès, Maroc
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écrit le Tuesday 26 Jan 16, 0:32 |
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Abdessalam a écrit: | Une autre question que je voudrais poser concerne le bghit, j'ai eu l'occasion de (beaucoup) voyager au nord est il me semble que les gens emploi bghit et non 7ebbit je parle de la campagne tétouanaise, tangéroise et Larache. |
Tout à fait, mais peut-être qu'il n'y est d'usage que depuis les dernières décennies. |
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Abdessalam
Inscrit le: 18 Jan 2016 Messages: 24 Lieu: Île de France
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écrit le Tuesday 23 Feb 16, 17:33 |
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@Mar14:
Probablement.
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Plus d'exemple:
Mot interrogatifs:
Comment : Kifach
Combien: Ch7al
Quand : Imta/M3ach/Weqtach
Qu'est ce que: Chnou
Quoi: Ach
Qui : Chkoun
Pourquoi : 3lach / Lach
Lequel : Ina
Ou: Fin
Le verbe Tsennet au lieu de Sma3 (écouter)
L'expression Khayma (tente) est employée au lieu de Dar (maison). (Drole d'expression surtout que les Khayma n'étaient pas d'usage comme habitation, on utilisaient plus de Nouala ou Dcher, cette utilisation diminue). |
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Mar14
Inscrit le: 14 Dec 2014 Messages: 234 Lieu: Fès, Maroc
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écrit le Tuesday 23 Feb 16, 22:14 |
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Dans les parlers pré-hilaliens, à Fès, chez les Jbalas, à Sefrou et à Bhalil, l'interrogatif pour "pourquoi" était "liyyah", qui est devenu rare de nos jours.
Où : "fayen" dans les parlers pré-hilaliens.
Tsennet se dit partout au Maroc voire au Maghreb : une nuance de taille le distingue de sme3. Le premier veut dire écouter, prêter l'oreille, tandis que le second prend le sens d'entendre, sens plus large et général donc. Un peu comme en berbère de l'Atlas et du Souss, "sfeld" et "sel".
En ce qui concerne "Nouala", à Fès, nous utilisons ce proverbe : cix d jbala, nad icteH, teyyeH nuala (le cheikh des Jbalas, en se levant pour danser, a fait tomber la hutte/la cabane) notamment lorsque le comportement d'une personne est maladroit. |
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Abdessalam
Inscrit le: 18 Jan 2016 Messages: 24 Lieu: Île de France
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écrit le Wednesday 24 Feb 16, 0:43 |
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@Mar14:
J'ai déja entendu "Layen" à Rabat.
J'aime ce proverbe lol, certaines tribus de Jbala (au niveau de Fès et Taouante) ont un usage attesté des Nouala, je ne sais pas si c'est le cas pour les zones plus au nord. |
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