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Gaspard
Inscrit le: 06 Aug 2008 Messages: 215 Lieu: France
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écrit le Sunday 02 Oct 16, 18:32 |
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Papou JC a écrit: | Jacques a écrit: | angl. to rain on (someone's) parade : 1941 démolir l'enthousiame de quelqu'un. Lit. " pleuvoir sur la parade de quelqu'un" (ici, parade a, dans les 2 langues, le sens de défilé joyeux), etc. |
Ce parade-là relève clairement de l'ornementation (Voir TLF, parade 1)
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Selon Wiktionary la parade vient historiquement de l'espagnol parada qui signifiait 'arrêt du cheval pour inspection'. Mais ils ne donnent pas leurs sources. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 02 Oct 16, 19:27 |
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Il y a parade et parade. À partir des mots latins en -ata, l'espagnol n'est pas le seul fournisseur de mots français en -ade. Pour le sens équestre, c'est possible et même probable, mais pour les autres sens, dont celui de l'exemple de Jacques, je crois plutôt à une origine provençale ou italienne puisque le verbe espagnol parar n'a jamais le sens d'"orner". On voit mal comment le sens espagnol, très technique, aurait pu engendrer les deux autres.
TLF : La notice étymologique du parade 3 est exacte, mais les auteurs ont tort de la resservir pour le parade 1. Il aurait mieux valu adopter la sage car prudente position prise pour le parade 2. |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Sunday 02 Oct 16, 21:48 |
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Papou JC a écrit: | ...puisque le verbe espagnol parar n'a jamais le sens d'"orner". On voit mal comment le sens espagnol, très technique, aurait pu engendrer les deux autres... |
...mais il l'a eu dans le passé. Aujourd'hui n'est plus usité dans ce sens, en effet. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 02 Oct 16, 23:17 |
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Merci Ramón pour cette correction. Effectivement, 9. tr. desus. Adornar, componer o ataviar algo, il y ce sens parmi 20 autres dans le DRAE, et desus signifie en desuso, "n'est plus usité".
Ce qui, néanmoins, ne change rien à l'erreur commise par le TLF. C'est peut-être bien un parada espagnol qui a été emprunté mais pas le terme d'équitation. |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Monday 03 Oct 16, 7:49 |
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Lire aussi le MdJ escaparate, où l'on trouvera le mot aparador. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 03 Oct 16, 9:42 |
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Papou JC a écrit: | Je signale quand même qu'Ernout et Meillet voient un lien de parenté entre pario et paro. |
Aux côtés de notre verbe paro, -are, il existe effectivement un verbe pario, -ere (archaïque -ire) « enfanter ; produire », et un verbe pareo, -ere « apparaître ; obéir, être sous la dépendance de ». Ernout et Meillet ne proposent d’étymologie pour aucun de ces trois verbes. Ils se contentent de signaler une probable parenté entre les deux premiers.
On voit que ces trois verbes
– se distinguent formellement par la voyelle de l’infinitif (encore que parere soit partagé par deux verbes)
– mais qu’ils ont en commun la syllabe radicale par- dont il y a tout lieu de penser qu’elle est issue de l’IE *per-. Pourquoi ?
Parce que le dénominateur sémantique commun à ces trois verbes est la situation « en avant » de l’objet concerné. Je m’explique :
paro : je place quelque chose en avant pour protéger, ou pour orner ; je fais une chose avant pour en préparer une autre.
pario : je mets au monde, je pro-duis un enfant (ou autre chose), je le pousse devant, le donne à voir, le fait paraître
pareo : je me montre, je m’expose, je parais, je m'avance, notamment « dès qu’on m’appelle » (explication donnée par Ernout et Meillet pour expliquer le sens dérivé d’ « obéir ».)
Ce cousinage sémantique et formel entre ces trois verbes permet de résoudre, me semble-t-il, les problèmes étymologiques de
- parens "parent" (père ou mère) = protecteur de l'enfant.
- paries "mur" = l'archétype matériel de la protection.
- paritor "garde" = l'archétype humain de la protection.
(À suivre) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 03 Oct 16, 11:42 |
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Pour les diverses branches de la famille de la racine indoeuropéenne *per-, on se reportera à la grande famille PREMIER.
Mais comme il manque pour le moment à cette famille sa branche celtique, je propose de terminer - en ce qui me concerne - ce fil sur le latin parare par un ex-cursus sur cette branche celtique.
Ce sujet a déjà été abordé dans le forum des langues celtiques, dans le fil La chute du p indo-européen. Je reprends ici ce qui y a été dit sur la racine *per- et le complète par ce que je lis dans Nos racines celtiques de Pierre Gastal. (Je fais l'hypothèse que REMOS est apparenté à ARE comme primus l'est à parare) :
ARE-, préposition ou préfixe, signifie « près de, devant »
Cognats : vieil irlandais ar/air (devant, auprès de), gallois et breton ar (sur), arménien ar-, sanskrit prá, grec para-, latin parare, germanique *far-.
Toponymes : Arvernes, de Arverni « près des aulnes » ; Armorique, de Armorica « près de la mer », Arles, de Arelate « près du marais » ; Ardon, Ardin et probablement Arthun, petit village du Forez que je connais bien, de Areduno « près de la place forte », etc.
Voir le mot du jour araok !
REMOS : "(celui qui est) en avant, le plus avancé, et donc le premier"
Cognats : irlandais reamh (avant), latin primus.
Toponyme : Reims, ville des Rèmes, de Remi, la principale nation belge, indéfectible alliée de César.
(À finir) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 04 Oct 16, 10:13 |
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Le nom arroi (Voir le mot du jour arroi) :
Je fais l’hypothèse qu’il y a eu à l’origine
– un aroi avec un seul r, d’origine celtique, ayant le sens de « préparation », et relevant donc de la branche celtique de la racine IE *per-.
– un ar-roi avec deux rr, également d’origine celtique, ayant le sens de « mise en ordre, alignement », dérivé préfixé d’un verbe reer, variante de roier « tracer un sillon », du gaulois rica « raie, sillon », probablement apparenté au latin porca « relevé de terre entre deux sillons ».
Très vite les deux mots auront été confondus dans la forme (un ou deux r et diverses variantes) et pour le sens (préparation + ligne droite) comme on pourra le constater en lisant chez Godefroy les diverses acceptions des mots areance, areement (adv.) areement (n.) et areer.
J'en ai terminé avec ce sujet, sauf s'il y a des questions, commentaires, critiques, etc. auxquels je serais amené à répondre. |
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