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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Friday 14 Oct 05, 10:18 |
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dail : c'est la faux des Vendéens
(voir un dail devenu le symbole de nos copains de Troospeanet)
c'est le nom de la faux (à faucher) ce nom est répandu dans la partie sud de la France, avec une variante dans le midi : une daille
"La mort avec son dail l'eust fauché et cerclé de ce monde" (Rabelais)
s'écrit dai dans le Limousin, le Velay, les Alpes
daioun : c'est un petit dail
de la Gascogne à la Provence, on écrit daio
(c'est un nom féminin)
lou tèms de la daio : la fenaison (le temps de la daille)
daiare : faucheur (dailleur)
daiage : fauchage (daillage)
daiado : fauchée (daillée)
daia : faucher (dailler)
le dail est dérivé du latin populaire daculum,
mais quelle est l'origine de ce terme ?
pour Mistral, il est apparenté au verbe tailler
Littré propose une origine germanique (cf. allemand teilen : séparer)
question que l'on trouve chez Mistral :
l'épée de Roland, Durandal est-elle dérivée de cette même origine (la dure faux) ? |
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jms06
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 356 Lieu: Opio, Alpes Maritimes
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écrit le Friday 14 Oct 05, 11:49 |
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En Bourbonnais, on l'appelait la daille et en Saône & Loire le dard. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 01 May 13, 10:01 |
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Pierre Guiraud (Dictionnaire des étymologies obscures) propose de rapprocher dague du provençal dail, daille, formes qu'il explique à partir d'un gallo-romain *de-acuere, "bien aiguiser".
Voir le mot du jour dague.
Quant à dard, il le voit dériver d'un *de-arduus, d'après l'adjectif arduus, "qui se dresse".
Autant dire qu'il ne croit pas à l'étymologie donnée par le TLF (d'après Bloch et Wartburg) et que voici : De l'a. b. frq. *daroth « arme de jet » (que l'on peut déduire de l'ags. darod, a. h. all. tart, a. nord. darradr, de Vries Anord.); ixes. lat. médiév. dardus, sens 1 ds Nierm. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 13 Dec 16, 15:18 |
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D'un Pierre à l'autre, voyons ce que Pierre Gastal (Nos racines celtiques) a à nous dire du gaulois *dalia "faux".
Gaulois aussi pour FEW, TLF, etc.
Se retrouve dans le régional d'origine occitane daille (Petit Larousse 1959). D'où dailler (couper à la faux), présents sur toute la moitié méridionale de la France. "Donner au rémouleur la daille à aiguiser".
Daille, Daillard, Daillet, Dailloux, noms donnés à l'origine à des faucheurs.
Cf. ancien français dail/daille, ancien provençal et occitan moderne dalh/dalha (nm/nf), catalan dall/dalla, aragonais dalla, basque dailu (du gascon), espagnol dalle, danois deele, litanien dalgis.
D'une racine IE *dal- / *dail- (diviser, couper, séparer) -> sanskrit dalas (part), dalitas (séparer), irlandais dealaich / dealuighim (séparer - ancien irlandais deil / deligim), anglais deal (distribuer), gothique dailjan (partager), allemand teilen (partager), lituanien dalis (part, partie), etc.
Dans les anthroponymes, je rajouterais Dailly, Dally (J'en ai connus).
Le DRAE donne le latin daculum comme étymon du castillan dalle. Mais d'où vient daculum qui n'est même pas dans le Gaffiot ? Ernout et Meillet le disent "ligure" avec un point d'interrogation...
Personnellement, je trouve la démonstration de Gastal convaincante. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1887 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Tuesday 13 Dec 16, 19:42 |
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En wallon daye signifie un mauvais coup porté à quelqu'un (sous-entendu mortel, ou supposé tel).
Il a s'daye, il est foutu.
L'étymologiste Grandgagnage est absent, comme toujours quand on a besoin de lui.
La liaison avec dague est juste vraisemblable. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 13 Dec 16, 19:52 |
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dawance a écrit: | La liaison avec dague est juste vraisemblable. |
Moi je n'y crois pas. Outre des formes et des tailles très différentes, la faux coupe mais la dague perce. Ce sont deux coups très différents. En arabe, par exemple, on trouve rarement une racine signifiant indifféremment l'une ou l'autre action. (Je dis "rarement" par prudence.) |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Tuesday 13 Dec 16, 19:53 |
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Est-ce le même daye que celui qui signifie être fatigué ? |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1887 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 14 Dec 16, 1:06 |
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Je pense que oui, au sens figuré.
Quant au coup porté précité, il s'agit aussi d'un sens initial (cfr. Wartburg). Il faut comprendre une blessure quelconque, voire une maladie. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 14 Dec 16, 5:59 |
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Mais d'abord es-tu sûr que le wallon daye est apparenté à daille ? |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Wednesday 14 Dec 16, 10:45 |
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dawance a écrit: | Je pense que oui, au sens figuré. |
On l'emploie aussi pour décrire quelqu'un qui a un peu trop bu ou fumé, on pourrait y voir un sens de coup porté par l'alcool j'imagine. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1887 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 14 Dec 16, 12:00 |
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C'est ce que je pense aussi.
Sur l'étymologie du w. daye (prononc. ail) : la sémantique penche pour "un coup de dague", un coup de grâce.
L'évolution phonétique s'explique alors simplement à partir de lat. médiéval daca (TLF) (ou daga, Wartburg), avec un amuïssement de la consonne intervocalique et intervention du glide yod. (tout comme *haga a donné w. hâye, haie).
Wartburg donne aussi pour dague, le sens local de petite faux. Il fait dériver dail de dacula et hésite à l'apparenter à daca.
Il devrait donc y avoir eu deux emprunts successifs de daca. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 18 Dec 16, 8:05 |
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Sujet également abordé dans le mot du jour sicaire. |
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