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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Wednesday 04 Jan 17, 13:20 |
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Merci beaucoup pour cette liste dawance, c'est très intéressant.
Tu es donc parvenu à répondre à la question de l'origine du [y] wallon dans les mots issus du latin. Le wallon n'a pas connu l'évolution ū > [y] du français, mais il a quand même formé des [y] en réduisant une ancienne diphtongue [wi]. Cette évolution existe dans d'autres langues, par exemple en grec, comme nous l'apprend Outis ici : Outis a écrit: | grec ancien : οἱ κυνηγοί [i kiniyí] « les chasseurs » au lieu de [hoi kunēgoi], même si, il est vrai, on ne sait pas en toute rigueur pour une date précise où il faut s'arrêter dans l'évolution phonétique oi > ü > é > i | Ceci pourrait également être à l'origine de certains [y] bretons, puisque le proto-celtique *uiconti a donné le breton ugent.
Sinon, pour le détail de l'explication, il ne faut pas oublier que le latin -ct- est devenu -it- en gallo-roman, sans doute en passant pas une étape -χt- qu'on explique par le substrat gaulois. On a donc :
fructŭs > *fruit > *früt > fru
octō > *oit > ûte
Ce qui rentre très bien dans le schéma général que tu as mis en évidence. Je pense que la conservation du t final de ûte s'explique par des phénomènes de liaison lorsque ce nombre apparaît devant un mot commençant par une voyelle. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1886 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 06 Jan 17, 18:33 |
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Outis ? Voilà un appui de taille.
Je n'y aurais jamais pensé pour la bonne raison que je n'entends pas le grec.
J'ai seulement vu la nuit : grec núks, en supposant qu'il s'agit bien d'un [y] et sans y voir un étymon direct du wallon nute.
Je me suis contenté de dresser une liste de mots wallons en [y] qui se ressemblent et c'est bien toi qui en a (re)trouvé l'évolution phonétique.
Concernant l'évolution de [wi], je vais me contenter maintenant de donner un exemple tiré de Wartburg : le mot suivre (sĕqui), wallon sûr. J'ai noté a. fr siuwir, siurre, soïr et norm. suir, Moselle sür, sīr On retrouve encore [y] en Manche : sür.
Les dialectes de France donne des évolutions de wi vers ü, parfois restreintes à la Moselle et alentours, parfois beaucoup plus étendues.
J'ai cité cuir, huit et nuit, mais on pourrait en ajouter d'autres.
PS : l'alphabet phonétique de l'ALF est difficile à lire (pour moi, il est même impossible) |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1886 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 18 Jan 17, 19:32 |
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On pourrait encore trouver bien d'autres formes ou la diphtongue -ui- donne (ou est donnée par) -u-.
Ainsi, lat. rivum w.lg rèwe, mais Malmédy et Stavelot donnent ru. De même, rü en Moselle, Vosges, Meuse et Côte d'Or. (cfr Wartburg). Et aussi ailleurs: ry (Ardenne, etc.)
Voici ensuite des mots d'origine germanique (westique) sur le même schéma:
Notons d'abord que l'all. Hause, l'angl house et le nl huis, maison, ont diphtongué le vx sax. hūs, pgm hūsa, pie *kuH-s-.
Toutefois, en frq rhénan, on dit hús, non diphtongué (Phalsbourg, Sarrebourg).
anc.bas frq. *krusil, w. gruzale, groseille (nl kruisbes, suédois krusbär , /ü/, groseille à maquereau), du germ. *kruzla (DWDS, au mot Krause, fraise)
Si le nl a souvent diphtongué, où en est le wallon dans cette galère? tûzer et gruzale ne sont pas les seuls exemples de mots wallons en [y] d'origine germanique. |
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