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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 26 Jun 17, 23:27 |
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Il ne s'agit pas de réflexion mais de documentation !
Il est vrai que les langues slaves — que j'ignore largement — n'avaient pas été prises en compte dans le bref condensé que j'avais rédigé il y a déjà quelques années. Qu'à cela ne tienne, il n'y a heureusement pas que Babel.
En 1907, un ancien étudiant de Saussure, d'abord :
Meillet, Introduction à l'étude comparée des langues indo-européennes, p. 87 de la réédition américaine a écrit: | Sonores dites aspirées
*dh : vieux slave d
*dh : skr. dhūmaḥ « fumée », lat. fūmus, lit. dúmai, v. sl. dymu |
Plus récemment,
Beekes, Comparative Indo-European Linguistics, 1995, p. 127 a écrit: | PIE *dʰ > OCS (Old Church Slavonic ) d
PIE *h₁uidʰeu-, -uh₂ robbed, unmarried ; widow, skr. vidhavā, gr. ηίθεος unmarried young man, OCS vьdova |
Les deux sont d'accord : dans les langues slaves les sonores aspirées perdent leur aspiration. Simplement …
Dernière édition par Outis le Wednesday 28 Jun 17, 18:26; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 27 Jun 17, 11:04 |
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Merci du fin fond de l'Espagne profonde où je me trouve sans documentation mais avec ma seule réflexion. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a ! |
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Tuesday 27 Jun 17, 11:48 |
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PapouJC a écrit: | Les exemples ne manquent pas de mots grecs en th correspondant à des mots latins en f. |
Effectivement, Sihler (1995, §135) admet l'évolution dh > tʰ > θ > f à l'initiale ; en position intérieure, on trouve b ou d, une évolution "dont les stades sont encore discutés" (the steps leading to the L reflexes are disputed). Ce sont là des évolutions partant du proto-indo-européen. Les emprunts à l'époque historique sont des phénomènes plus récents. La transformation [θ] > [f] s'offre comme une possibilité assez facile pour adapter le [θ] dans une langue qui ne le connaît pas.
C'est d'ailleurs semble-t-il arrivé à Pompéi où l'on trouve un graffito "vulgaire" portant lasfe = grec λάσθη, lásthē "injure". C'est aussi attesté en anglais comme un défaut de prononciation : au lieu de Fairey "Three" F, un employé de la firme disait Fairey Free F "parce que tous les noms des avions Fairey commencent par un F" !
En tout cas, merci à vous, vous venez de me permettre de télécharger les Pompeianische Wandinschriften de Diehl ! |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 27 Jun 17, 18:24 |
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@ Papou : je ne critiquais pas ton hypothèse pour toi, mais pour les débutants qui doivent apprendre la régularité des changements phonétiques avant de pouvoir explorer les manquements. Toi, passe de bonnes vacances ! |
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Charles Animateur

Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2520 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Tuesday 01 Aug 17, 15:41 |
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Pour autant que je sache les termes comportant un son [f] en russe sont pratiquement toujours des emprunts.
Les ф (f) actuels proviennent de deux lettres cyrilliques anciennes : ф et ѳ. Cette dernière, appelée fita, ne se rencontre que dans les emprunts au grec pour noter le θ grec inconnu des slaves.
On rencontre donc les ѳ principalement dans des termes du domaine religieux (Анаѳема, mais aussi des prénoms comme Ѳома), savant (par ex. Ариѳметика, Орѳографія) ou pour les toponymes grecs (Аѳины, Ѳессалоники) |
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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Monday 28 May 18, 2:19 |
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Ion a écrit: | Pour noter ce [f], le russe a employé la lettre ф qu’il possédait déjà, mais pour les cas où il voulait montrer qu’il « savait bien » que c’était à l’origine un θ grec, il a réintroduit dans son alphabet une lettre Ѳ, semblable au thèta grec, mais qu’il prononçait néanmoins [f]. |
Êtes-vous sûr que le russe a réintroduit le θ grec ? Le fita ѳ figurait dans l'alphabet du vieux-slave et du slavon. Au début du XVIIIe siècle, quand Pierre le Grand décida de mettre au point un alphabet russe civil distinct de l'alphabet slavon, il voulait ne garder qu'une seule lettre pour le son [f] et supprimer ф pour ne garder que ѳ. Il finit par y renoncer et garda les deux lettres ф et ѳ. Ѳ n'a jamais été supprimé pour être ensuite réintroduit. |
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Monday 28 May 18, 9:40 |
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Il y a eu au moins un déplacement, car le Ѳ est devenu la 34e lettre de l'alphabet russe (voir plus haut le fac-similé du dictionnaire) alors qu'il a gardé la valeur numérique 9, qui était celle de la place du thêta dans l'alphabet "numérique" grec (où "stigma", l'ancien digamma, notre F, occupe la 6e place et vaut donc 6 en tant que chiffre). Cela s'est passé en latin avec le Z qui avait disparu de sa 7e place quand le latin a adopté l'alphabet de 21 lettres et a été réintroduit à la fin quand on l'a réutilisé pour noter les mots grecs en latin. |
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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Monday 28 May 18, 23:31 |
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Si l'on en croit cette page, la relégation à la fin de l'alphabet de Ѳ et d'Ѵ date du vieux-slave.
https://ru.wikipedia.org/wiki/Старославянская_азбука
Ѹ, ligature de l'omicron et de l'upsilon grec, a hérité de la place de l'upsilon grec. Les lettres qui faisaient double emploi avec d'autres, à l'exception de I, ont été mises à la fin : ѯ, ѱ, ѳ et ѵ. |
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