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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 30 Oct 06, 14:49 |
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J'ai trouvé plusieurs sens à ce mot, tiré de la psychatrie, dont la signification ne semble pas bien fixée.
La quérulence est un genre de paranoïa revendicative. C'est aussi le fait de personnes qui essaient de provoquer des procès, car nul ne croit qu'elles sont persécutées.
L'ATIF propose plusieurs étymologies. Je penche plutôt pour l'hypothèse d'une parenté avec querelle. |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Monday 30 Oct 06, 16:42 |
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l'allemand dit Querulantenirrsein, soit manie des querelles.
au-delà de l'aspect proprement psychiatrique, il y a désormais dans notre société, comme depuis longtemps aux États-unis, une tendance croissante à la judiciarisation des conflits, tendance inquiétante puisqu'elle nie toute forme de conciliation, d'explication, de médiation entre deux parties, propre à toute société démocratique évoluée.
c'est aussi pourquoi on ne trouve plus guère de postulants à la fonction de maire, de responsable d'association, d'organisateur de fêtes ou concerts etc.
une personne glisse sur une plaque de verglas, se blesse, c'est forcément la faute du maire qui n'avait pas fait le nécessaire, alors qu'auparavant on aurait incriminé la météo et la malchance. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 23 Mar 18, 17:24 |
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Jean-Charles a écrit: | L'ATIF propose plusieurs étymologies. Je penche plutôt pour l'hypothèse d'une parenté avec querelle. |
Plusieurs ? Peut-être ont-ils corrigé depuis 2006 car aujourd'hui je n'ai trouvé que
Dér. sav. du lat. querulus « qui se plaint » (de queror « se plaindre »)
Parenté avec querelle, oui, bien sûr.
Le verbe latin queror est assez isolé. (Ernout et Meillet).
Influencé par l'arabe où il est assez courant qu'un g alterne avec un k (ce sont des phonèmes proches), et aussi par un sujet qui nous a un peu occupé dernièrement sur le forum celtique, j'ai pensé à guerre...
Une querelle, c'est une petite guerre, et le sens le plus ancien de guerre c'est "dissension entre particuliers" (Godefroy, Supplément). Il y a synonymie totale et grande proximité phonétique...
J'ai été également assez surpris de lire que l'anglais war n'est pas d'origine germanique directe mais vient du français du nord were ou werre...
Le chainon manquant dans mon histoire, c'est d'autres cas où un /k/ latin serait devenu /g/ en français, ou dans une autre langue romane.
Dernière édition par Papou JC le Sunday 25 Mar 18, 12:55; édité 2 fois |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 896 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 3:49 |
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C'est marrant — et peut-être idiot… — mais en lisant le titre de ce sujet, je songeais plutôt spontanément à quérir, quête.
Il est un peu tard ce soir pour que j'indague plus avant pour voir s'il pourrait y avoir un rapport… |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 8:47 |
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Papou JC a écrit: | Le chainon manquant dans mon histoire, c'est d'autres cas où un /k/ latin serait devenu /g/ en français, ou dans une autre langue romane. |
L'espagnol agua, du latin aqua. Le toponyme Aigues-mortes. Dans le Forez, le mot pour eau, c'est égue.
Le latin vacuus (vide) a donné le terrain vague.
Il doit y en avoir d'autres...
Oui, beaucoup d'autres, et notamment à l'initiale : voir guerre. |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 11:57 |
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Fais attention, tu mélanges des phénomènes voisins mais distincts. En provençal et en espagnol, le passage de -c- simple intervocalique à -g- (lénition) est parfaitement régulier, tous les mots populaires présentent cette évolution. En français, cette consonne est complètement amuïe (lat. prĕcari > prov. prega, fr. prier). La lénition du c- initial est un phénomène qui existe (lat. crassus > fr. gras) mais qui n'est pas régulier, tous les mots populaires ne sont pas touchés. Je ne le comprends d'ailleurs pas très bien et je serais heureux de lire de la bibliographie sérieuse à ce sujet. Le cas du -qu- latin est à séparer de celui de -c-, je ne connais aucun cas de lénition du qu- initial, mais peut-être y en a-t-il. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 12:09 |
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Oui, tu as raison, ce qui vaut pour k ne vaut pas forcément pour kw. Affaire à suivre... |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3860 Lieu: Paris
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 13:15 |
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Là pas de problème, on ne va pas lister tous les cas de lénition du -c- latin intervocalique en français. Ce que je serais curieux de voir, ce serais un cas certain de lénition du qu- initial. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 16:59 |
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J'ai une solution. Je la proposerai ce soir dans guerre. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1886 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 17:39 |
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Jeannotin a écrit: | Fais attention, tu mélanges des phénomènes voisins mais distincts. En provençal et en espagnol, le passage de -c- simple intervocalique à -g- (lénition) est parfaitement régulier, tous les mots populaires présentent cette évolution. En français, cette consonne est complètement amuïe (lat. prĕcari > prov. prega, fr. prier). La lénition du c- initial est un phénomène qui existe (lat. crassus > fr. gras) mais qui n'est pas régulier, tous les mots populaires ne sont pas touchés. Je ne le comprends d'ailleurs pas très bien et je serais heureux de lire de la bibliographie sérieuse à ce sujet. Le cas du -qu- latin est à séparer de celui de -c-, je ne connais aucun cas de lénition du qu- initial, mais peut-être y en a-t-il. |
Tout à fait, sinon que je ne connais pas bien le mot lénition.
En wallon, nous avons, le -qu- latin subsistant :
cwè , lat quid
cwate, lat quattuor
cwâré, lat quadrellum
crassus > crâ, gras.
cwite, qitte (TLF : lat. jur. quietus (v. coi et quiet) prononcé au Moy. Âge quitus)
Etc.
Pour la diphtongaison lat -or en wallon -wèr- (comme en espagnol lat porta esp puerta w pwète, et autres avec lat cor- > w cwèr), il s'agit apparemment d'un autre phénomène |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Saturday 24 Mar 18, 18:25 |
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On rencontre plus souvent le mot lénition dans l'analyse des langues celtiques, même s'il s'applique tout aussi justement pour décrire l'évolution des langues romanes. Cela tient peut-être à ce qu'en celtique les lénitions sont toujours vivantes en synchronie, comme marques grammaticales, dans ce qu'on appelle les mutations consonantiques (ex. comme marque du genre en breton : kiger "boucher", ar c'higer "le boucher", kigéres "bouchère", ar gigéres "la bouchère"). Il y a débat pour savoir si les lénitions romanes sont un phénomène dû au substrat celtique. Les lénitions ne sont pas attesté dans les langues celtiques anciennes, mais ceci pourrait être dû a l'usages d'une orthographe plus conservatrice que l'orale. Il est très suggestif que les lénitions existent à la fois dans les langues gaéliques et dans les langues brittoniques, pourtant séparées depuis plus de 3000 ans.
Le breton préserve aussi le qu- latin dans ses emprunts, on en a un exemple de saison avec koarais "carême". |
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