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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 15 Jun 20, 19:42 |
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@Jeannotin
Merci à toi de dialoguer sereinement et courtoisement avec moi, c'est réconfortant et agréable.
Tu dis
Citation: | Si le bas latin a doté cessare d'un doublet *cansare... |
Je n'ai pas dû être assez clair.
Je n'ai jamais dit, me semble-t-il, que ce n datait du bas latin, ou alors je l'ai à tort laissé entendre. Je me corrige :
Nous ne possédons probablement pas la totalité du lexique latin oral et écrit utilisé pendant la durée de la civilisation romaine. Toutes mes références aux racines indo-européennes sont là pour appuyer mon hypothèse qu'une forme *cansare ayant le sens de cesser aurait pu être en circulation en latin sans qu'il nous en reste d'attestation écrite. Et cette même forme latine serait issue d'une racine IE *kend- parallèle au *ked- qui a abouti à cessare. |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Monday 15 Jun 20, 20:39 |
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À mon tour d'éclaircir mes réserves. Ce qui me pose problème, ce n'est pas l'apparition de ce -n-, c'est qu'il ait résisté au changement -ns- > -s- du bas latin. Même si *cansare était attesté chez Cicéron et imprimé noir sur blanc dans mon Gaffiot, je douterais qu'il soit la source de l'espagnol cansar, car son produit régulier devrait être **casar. Excepté des cultismes – et l'obscurité de cansar sur quoi nous butons exclut qu'il en soit un –, je ne connais aucune exception à ce traitement -ns- > -s- :
ansa > asa
constāre > costar
consuĕre > coser
defensa > dehesa
insŭla > isla
mensa > mesa
mensis > mes
mensūra > mesura
monstrāre > mostrar
pensāre > pesar
pinsāre > pisar
tensus > tieso
tonsa > tosa
transversa > traversa
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 15 Jun 20, 21:39 |
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Je comprends, mais alors campsare aurait dû aboutir à capsar, non ? Ou bien le p a permis la conservation de la nasale avant de disparaître ? |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Monday 15 Jun 20, 21:45 |
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Un traitement campsare > **capsar n'est pas possible, la nasale ne s'efface que devant les spirantes. Oui, je suppose une évolution campsare > camsar > cansar, où la dernière étape a été atteinte alors que le traitement -ns- > -s- n'agissait déjà plus. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 16 Jun 20, 4:59 |
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Eh bien, quel que soit son étymon et même si c'est campsare, l'histoire de l'espagnol cansar restera donc pour moi un mystère.
À tout prendre, je remonterais directement au grec κάμπτω [kámptô] sans passer par le latin, car pourquoi les légions romaines auraient-elles déposé ce terme de navigateur dans la péninsule ibérique, en Provence et dans le Languedoc, et pas dans le reste de la Gaule ? Les mots qu'elles ont déposés, ici comme ailleurs, pour parler de fatigue, c'était fatigare et lassare, mais ces mots n'ont pas réussi à déloger un cansar bien installé dans la région.
Oui, κάμπτω [kámptô] contaminé pour le sens par κάμνω [kámnô], c'est ce qui me paraît finalement le plus plausible. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 17 Oct 21, 22:40 |
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Jeannotin a écrit: | La seule question qui vaille pour juger de la pertinence de la reconstitution du prototype bas latin *cansare est donc de savoir s'il existe réellement des cas d'insertion du -n- devant -s- qui ont survécu en roman |
La réponse est OUI : fincar et hincar.
Je reviens sur cette question après avoir fait une petite découverte intéressante.
Il existe en espagnol un verbe fijar "fixer" dont l'étymon est le latin fixare.
Il existe parallèlement un couple fincar / hincar, de même sens, dont l'étymon est figicare, un dérivé de fixare.
Le DRAE pense que le n s'expliquerait par l'influence de fingere.
Où l'on voit que le latin quassare aurait pu aboutir à l'espagnol cansar, suite à l'insertion populaire d'un n.
Le passage de quassare à *quansare pourrait résulter d'un banale dissimilation, ou résulter de l'influence de l'arabe قنسر qansara "courber, voûter (se dit de l'âge)", dont on connaît mieux une racine apparentée, قنطر qanṭara "cambrer, donner la forme d’un arc, d’une voûte", dont le dérivé قنطرة qanṭara "pont" a abouti au toponyme Alcántara. |
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