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sans serif (anglais) - Le mot du jour - Forum Babel
sans serif (anglais)
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Xavier
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Inscrit le: 10 Nov 2004
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Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Monday 21 Feb 22, 19:33 Répondre en citant ce message   

Ces termes serif et sans-serif (qu'on trouve aussi sous la forme sans, comme abréviation) sont des termes de typographie que l'on trouve souvent sur internet.

Le terme serif se traduit en français par empattement :
Trait horizontal plus ou moins épais au pied et à la tête d'un jambage..

L'origine de ce terme est obscure. Une hypothèse, mais peu convaincante, le rattache au néerlandais schreef (ligne).

On trouve dans les premières attestations les graphies : ceriph. Ce terme se trouve dans certains textes français pour désigner le chérif, terme qui désigne un prince arabe.
On trouve aussi la graphie cheriph chez Rabelais :
Nous avons respondu à la resquete du Chérif.
On trouve le terme sérif en 1550 dans un texte édité dans Négociations de la France dans le Levant (1547-156) par Ernest Charrière (édité en 1848)

Le sérif de la typographie serait-il un mot d'origine arabe ? Ou bien s'agit-il d'un homonyme, comme le shérif ?


sans-serif, cela signifie sans empattement. Le terme sans est français et correspond à l'anglais without.
Ce terme se rencontre dans certaines expressions avec des mots d'origine française :
sans delay (sans délai), sans doubt (sans doute), sans fable , sans pity (sans pitié) sans return (sans retour).
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11169
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Messageécrit le Monday 21 Feb 22, 20:09 Répondre en citant ce message   

La plus célèbre occurrence de "sans" dans la littérature anglaise est le très célèbre vers de Shakespeare:

Sans teeth, sans eyes, sans taste, sans everything (Tirade de Jaques dans As you like it).

Cette description des divers stages de la vie d'un homme se termine ainsi : sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien.

Pour le reste, je n'ai pas d'avis. Il faut que j'aille voir à quoi ressemble le sans serif.
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AdM
Animateur


Inscrit le: 13 Dec 2006
Messages: 896
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Messageécrit le Monday 21 Feb 22, 23:10 Répondre en citant ce message   

Pour ceux qui veulent visualiser la chose :

Une police avec des sérifs (coloriés en rouge) :


Une police sans sérifs :


++++++++++


Selon Etymonline, le mot anglais serait apparu sous la forme serif en 1841, et en 1827 sous celle de ceref.
C'est assez tardif — mais c'est aussi la période où se répandent les premières lettres imprimées sans-sérif (aussi appelées grotesques en allemand, Egyptians puis Gothics en anglais et Linéales dans la classification Vox-ATypI). C'est aussi le moment - le XIXe, siècle de l'éclectisme – où commencent à cohabiter divers styles de caractères, qui se caractérisent notamment par différentes formes de sérifs (les Mécanes, les Didones, etc.)
On peut imaginer que c'est le besoin de nommer la chose à ce moment-là qui entraîna le succès du mot pour la désigner.

On retrouve à peine quelques attestations antérieures :
— 1813, William Hollins, dans The British Standard of the Capital Letters contained in the Roman Alphabet, forming a complete code of systematic rules for a mathematical construction and accurate formation of the same
Citation:
définit les 'surripses', généralement prononcé "surriphs", comme des "projections qui apparaissent au sommet et à la base de certaines lettres, le O et le Q exceptés, au début ou à la fin, et parfois aux deux extrémités, de toutes les lettres". Il proposait également que "surripsis" puisse être un mot grec dérivé de σῠν- ("syn-", "ensemble") et ῥῖψῐς ("rhîpsis", "projection"). (Wikipedia en.)


— 1825 : Thomas Curson Hansard, Typographia: an historical sketch of the origin and progress of the art of printing (p.370) :

Citation:
The founders of Glasgow and Edinburgh have adhered, in the cutting of their type, to the mode practiced by the earlier artists, in considering a due strength of footing, as necessary to be given to the ceriphs. When the London founders introduced the extreme of sharp lines at the bottom of their type, in imitation of the French, their finely-printed Latin specimens exhibited a beautifully regular appearance, or lining, like an exceedingly fine rule along the line of type ; and the founts, when first put into use, for fine work, had a good effect ; but the beauty soon vanished. A little wear broke off the finer parts, and the letter exhibited nothing but its stronger stems standing on stumps in lieu of feet.

[L'auteur discute de la robustesse des fontes écossaises, notamment parce que les graveurs donnent au pied des lettres (les « ceriphs ») un élargissement progressif plutôt qu'un étroit trait, vite brisé par les manipulations de la casse, comme on le fait à Londres à l'imitation du style Didot en France ou Bodoni en Italie.]


— 1827, Johann Gottfried J. Hermann & Julian Hibbert, Orpheōs Humnoi. The book of the Orphic hymns, with the principal fragments of other hymns attr. to Orpheus. From Hermann's ed. of the Orphica. Pr. in uncial letters [and ed. by J. Hibbert.].


(Pour voir ces onciales grecques de Bodoni, trop ornées de syrifs ou cerefs au goût de l'auteur : https://c6.staticflickr.com/8/7446/26935179533_354d91d3b5_b.jpg )

+++++++++++++++++

Le nom néerlandais schreef me semble quand même un très bon candidat à l'origine du mot ceref.
La transposition orthographique est plausible et il a un sens parfaitement approprié pour décrire ces petits traits terminaux (en rouge dans l'illustration ci-dessus) :
Schreef – du v.h.all. screvon, graver – désigne des traits ou des barres, notamment pour indiquer une limite, basse ou haute (avec des expressions comme « ne pas dépasser les bornes ») ou des barres tracées à la craie pour représenter une quantité (ex. « inscrire deux barres pour une chopine de vin »).
Je ne suis pas un expert de l'histoire de la typographie anglaise mais il me semble bien qu'il y a eu des contacts privilégiés entre imprimeurs flamands ou hollandais et anglais — la question étant de savoir si on utilisait déjà le mot schreef en néerlandais dans ce sens précis, comme c'est aujourd'hui le cas.


L'expression schreefloos en néerlandais (loos = sans) n'est quant à elle pas rapportée avant les années 1950 selon Van Dale (Ibid.), c.-à-d. à l'avènement du style helvétique qui en fera un usage quasiment exclusif.
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Papou JC



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Messageécrit le Tuesday 22 Feb 22, 11:59 Répondre en citant ce message   

Citation:
Le nom néerlandais schreef me semble quand même un très bon candidat à l'origine du mot ceref.

Je suis bien d'accord.

Précisons que serif, sheriff et chérif n'ont aucun rapport entre eux.
NB : entre sérif et chérif, il n'y a pas une homonymie mais une paronymie.
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Xavier
Animateur


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Messageécrit le Tuesday 22 Feb 22, 20:26 Répondre en citant ce message   

Je me suis un peu embrouillé avec les homonymes. Je pensais à ceriph (autre forme de chérif).

En ce qui concerne l'emprunt au germanique, je ne comprends pas pourquoi le sch- germanique ne serait pas devenu sh-.
Et je n'ai pas trouvé de trace de cet emploi en néerlandais ou flamand avec ce sens.
Sur Wikipédia, c'est le mot schreef qui correspond à serif mais il est écrit que le terme serif serait d'origine française.

D'autre part la graphie ceriph est curieuse. Sans-ceriph pourrait évoquer une influence française.

Dans les écritures indiennes, et aussi en arabe, la différence entre sérif et sans, se trouve surtout dans le tracé plus ou moins large des caractères.
Je pense au sens du mot arabesque. Est-ce que chérifien ne pourrait pas évoquer quelque chose de similaire ?
L'art arabesque, c'est l'art arabe. L'art chérifien ne pourrait-il pas être considéré comme l'art arabe du Maroc ?

En anglais, chérif = shereef

En espagnol, c'est le terme gracia qui est utilisé, de même en italien : caratteri tipografici con grazie.
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Papou JC



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Messageécrit le Tuesday 22 Feb 22, 23:53 Répondre en citant ce message   

Je reconnais que lire sérif au lieu de chérif dans ce texte
Citation:
On trouve le terme sérif en 1550 dans un texte édité dans Négociations de la France dans le Levant (1547-156) par Ernest Charrière (édité en 1848)
est troublant. Je ne vois pas de cas similaire dans les emprunts du français à l'arabe. Une telle altération s'explique alors généralement par l'existence dans la langue emprunteuse d'un terme bien installé avant l'emprunt, lequel en subit alors ce qu'on appelle l'attraction paronymique. On aurait donc ici la preuve de la préexistence en français d'un mot serif/ceriph/etc. ... dont il reste à découvrir l'origine.
Une chose est sûre (pour moi) : ce mot n'a aucun rapport avec les chérifs arabes ou les formes arabesques.
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 23 Feb 22, 7:24 Répondre en citant ce message   

Je me demande si nous n'allons pas chercher bien loin ce que nous avons tout près, à savoir un étymon indo-européen non germanique ayant le sens de "corne", qu'on trouve aussi bien dans le grec keras que dans le latin ceruus... d'où vient déjà notre cerf bien cornu, dont le f final est issu du premier u de ceruus via sa prononciation /v/.
L'écriture sans sérif ne serait-elle pas tout simplement une écriture "sans cornes", et le mot issu d'un latin tardif non attesté (?) *sine cervis > sine cerfis > sine cerif ?

Voir cerf et la grande famille COR.
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Cligès



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Messageécrit le Wednesday 23 Feb 22, 11:19 Répondre en citant ce message   

cervis > cerfis n'est pas plausible...
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 23 Feb 22, 11:45 Répondre en citant ce message   

Que proposes-tu ?
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Cligès



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Messageécrit le Wednesday 23 Feb 22, 16:05 Répondre en citant ce message   

Je n'ai rien de mieux que ce qu'a proposé Adm.
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Xavier
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Messageécrit le Wednesday 23 Feb 22, 20:15 Répondre en citant ce message   

Une note sur ceriph/serif dans Notes and Queries (1869)



schreef désigne aussi un macron.
Pour l'auteur, l'origine serait belge. Ce qui pourrait expliquer l'influence du français sans ?
Et on prend une origine flamande pour une origine française. Les imprimeurs flamands étaient certainement bilingues.
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AdM
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Messageécrit le Thursday 24 Feb 22, 2:48 Répondre en citant ce message   

Si je me place dans une perspective de critique externe, j'observe d'abord que l'auteur de cette brève notice a un patronyme belge ou néerlandais (Van de Velde = du champ). On peut lui supposer une certaine connaissance de la langue néerlandaise mais aussi lui reprocher un éventuel parti-pris en faveur d'une origine belge.
Je suis dans la même situation… et je partage son avis, bien tempéré. très content

Quand il parle de langue belge, il s'agit évidemment du flamand/néerlandais, langue employée par les classes laborieuses dans la moitié nord du pays. Et bien sûr que les imprimeurs flamands étaient alors bilingues (voire bien plus quand on voit les productions de Plantin-Moretus !)
Toutefois la combinaison avec le mot sans me paraît plutôt explicable par l'anglais où il était assez connu, sinon courant, que par le bilinguisme belge (*).
Par ailleurs, nous avons vu que le mot serif – sous ses divers avatars – est enregistré quelque vingt ans avant l'apparition de sanserif. Ça laisse aussi penser que la combinaison des deux mots a pu se faire en Grande-Bretagne.

Citation:
En ce qui concerne l'emprunt au germanique, je ne comprends pas pourquoi le sch- germanique ne serait pas devenu sh-.

Parce qu'il n'y a aucun son [ʃ] dans schreef : on a trois consonnes qui se succèdent [s χ r eː f], la deuxième étant assez sourde (une sorte de ach-laut) et difficile à prononcer dans cette position pour qui n'est pas natif (je dirais même plus : impensable pour un Français ou un Anglais…)
On peut l'entendre ici : https://fr.forvo.com/word/schreef/
L'évolution vers les diverses orthographes du début me paraît très normale. On met une voyelle plus ou moins muette entre le s et le r, et le éé devient i.

Quant à employer schreef pour le macron, nous dirions aussi — si nous ne connaissions pas ce mot savant — « la barre au dessus d'un ā long »… C'est vraiment un mot à tout-usage, comme barre, ligne ou trait.

_______________________________
(*) Une pure hypothèse – mais qui me paraît néanmoins plausible – quant à une influence belge dans la formation de sanserif serait que des Anglais (ou Écossais), ayant affaire à des Belges, ou des Hollandais, qui parlaient vraisemblablement tant français que flamand, aient cru faire « couleur locale » en utilisant le préfixe « sans- » ?
(Un peu comme, dans toute mon ignorance de ces langues, je pourrais mêler castillan et catalan dans une même phrase…)
Je note aussi que je n'ai jamais entendu le préfixe sans- utilisé en flamand ailleurs qu'avec des mots-français (sans-gêne, sans-culotte, etc.)
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Papou JC



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Messageécrit le Thursday 24 Feb 22, 7:58 Répondre en citant ce message   

L'hybridation dans la composition des mots est une phénomène banal, courant. Nous utilisons tous des mots hybrides sans nous en rendre compte.
Par ailleurs, il n'est pas vrai que sans ne s'employait en anglais qu'avec des mots d'origine française. La fameuse citation de Shakespeare le démontre bien.
Enfin, sans a duré assez longtemps en anglais pour qu'on ait oublié son origine. On peut même s'étonner que cet économique monosyllabe n'ait pas supplanté without, dont la survie et la victoire finale est due, à mon avis, non seulement au soutien morpho-sémantique de with mais aussi à la concurrence phonétique de sense (sens).
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AdM
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Messageécrit le Thursday 24 Feb 22, 14:17 Répondre en citant ce message   

Papou JC a écrit:
Par ailleurs, il n'est pas vrai que sans ne s'employait en anglais qu'avec des mots d'origine française. La fameuse citation de Shakespeare le démontre bien.

Je ne pense pas avoir rien dit de pareil. Mon observation portait sur le flamand.
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Papou JC



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Messageécrit le Thursday 24 Feb 22, 15:14 Répondre en citant ce message   

Certes, c'est Xavier qui l'a dit, mais tu laisses planer le doute en disant "faire couleur locale en utilisant sans". Non, à l'époque où le syntagme anglais sans serif semble avoir été créé, le mot sans était encore perçu comme un très pratique préfixe négatif. Noyé dans une quantité d'autres mots anglais d'origine française, il ne se distinguait pas par la capacité de faire couleur locale, il commençait seulement à faire archaïque.
Ce que l'on peut constater, c'est que without n'a jamais remplacé sans dans cette fonction préfixale, que le sans français conserve, cf. un sans-gêne, les sans-dents, etc.
(Je note au passage que l'auteur de l'article du TLF consacré à sans a oublié de signaler cet emploi dans les locution nominales.)
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