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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Tuesday 03 Jan 06, 18:41 |
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Une question me trotte dans la tête depuis quelques temps... Dans tous les documents que j'ai lu à propos des langues d'Oïl, il est écrit que le français s'est imposé dans toute la France et est entrain de dissoudre les autres parlés d'Oïl (vu que la nouvelle génération ne les a pas comme langues maternelles).
Quand on me demande de citer d'autres langues d'Oïl, le wallon (ma langue régionale) et le picard/chti qui lui ressemble un peu.
Mais qu'en est-il des autres langues d'Oïl de France et de Belgique, on n'en parle pas beaucoup et pourtant elles sont un trésor pour le patrimoine? Quels sont les langues d'Oïl qui ont le plus la "cote" après le français? Quels pourcentages de Français et de Belges les parlent? |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Tuesday 03 Jan 06, 19:49 |
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Certaines langues d'oïl semblent avoir mieux résisté que d'autres.
Le poitevin, le picard et le wallon semblent être les plus résistantes. Le vosgien et le normand semblent bien vivants également.
Le berrichon, le gâtinais et le tourangeau semblent être les plus mal en point.
Ce sont des impressions liées à mes recherches sur internet et à divers contacts avec des gens de ces régions. |
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herve
Inscrit le: 20 Nov 2005 Messages: 121 Lieu: Roazhon (F)
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écrit le Tuesday 03 Jan 06, 21:07 |
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Cela me semble bien optimiste pour le normand. Je suis originaire de Normandie, j'aimerais dire le contraire...Je crois qu'à part dans le Cotentin, les gens qui pratiquent le normand sont rares, très rares (j'entends par là ceux qui connaissent plus de quelques expressions). J'ai eu l'occasion de discutter avec René Lepelley, spécialiste de dialectologie normande, qui lui même ne me semblait pas très optimiste et disait que son travail était aussi dans l'optique de laisser une trace des variations dialectales de la Normandie. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Tuesday 03 Jan 06, 21:20 |
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j'ai l'impression que les langues d'oil les plus vivantes sont celles qui sont en "périphérie" : elles sont mieux délimitées géographiquement
pour les langues du centre de la France, on est dans le flou
d'abord parce qu'il n'y a pas de région bien définie :
le Centre, c'est la région des centristes ?!!
et comment bâtir une identité avec une langue appelée "gallo" ?
la Gallie n'existe pas !
la Bretagne a une identité très forte avec le breton, qui écrase la région gallaise... |
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greg
Inscrit le: 01 Dec 2005 Messages: 35 Lieu: Île-de-France
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 9:56 |
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Je parle de mémoire, mais il me semble avoir vu des cartes où l'aire gallo englobait l'angevin et le tourangeau et d'autres où les trois étaient distingués. Quid en fait ? |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 11:09 |
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xavier a écrit: | j'ai l'impression que les langues d'oil les plus vivantes sont celles qui sont en "périphérie" : elles sont mieux délimitées géographiquement
pour les langues du centre de la France, on est dans le flou
d'abord parce qu'il n'y a pas de région bien définie :
le Centre, c'est la région des centristes ?!! |
Peut-être tout simplement parce que les dialectes d'oïl du centre sont ceux qui ressemblent le plus au français. Les langues les plus éloignées, les plus en "périphérie" sont certainement beaucoup plus différentes et beaucoup moins séparables du français (parfois ça s'entend aussi à l'accent!). |
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domanlai
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 196 Lieu: Tolosa
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 11:29 |
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Il me semble que cette hypothèse est fausse.
A ma connaissance, le nord (au niveau du centre) de la zone linguistique occitane est une zone intermédiaire incluant des influences de la zone d'oïl dans la langue d'oc. Donc j'imagine qu'en sens inverse, c'est pareil.
Par conséquent, les langues du centre de la France, à priori, ne sont surement pas les langues les plus proches du français.
Qqn a-t-il un avis éclairé sur la question ? |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 11:51 |
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Notre étude sur les langues d'oïl ( j'espère publier bientôt les résultats ) montre pourtant bien que les langues du centre de la France sont les plus proches du français, celles de la périphérie étant plus individualisées avec un groupe ouest ( normand, gallo, poitevin, saintongeais ) et un groupe nord-est ( picard, wallon, lorraine.
Tout d'abord, la zone intermédiaire dont tu parles est une ancienne zone d'oc qui s'est "oïlisée", on voit donc que l'influence a été plus forte dans un sens que dans l'autre.
Ensuite, les langues d'oïl situées au frontières de la France ( en incluent la Wallonie ) sont au contact de langues non romanes, donc bien plus différentes du français que ne l'est la langue d'oc. Donc même à influence égale, elles seront plus divergentes.
Enfin, ces zones ont connus des destins divers et l'influence de Paris y était moins forte que dans la région Centre. Il n'est donc pas surprenant qu'une distance politique se traduise par une distance linguistique. |
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bcordelier
Inscrit le: 07 Oct 2005 Messages: 190 Lieu: France
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 13:20 |
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Concernant la Bourgogne que je connais bien, pour arriver à dégoter quelqu'un qui parle encore le bourguignon, il faut se lever tôt.
Subsistent évidemment un certain nombre d'expressions, de tournures, de termes spécifiques encore employés, de façon non consciente la plupart du temps, mais au risque d'être lapidaire, pour moi le bourguignon n'existe plus. Et le phénomène est ancien. Je n'ai pas souvenir que mes grands-parents l'aient jamais parlé. |
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domanlai
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 196 Lieu: Tolosa
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 13:48 |
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Maisse Arsouye a écrit: | Tout d'abord, la zone intermédiaire dont tu parles est une ancienne zone d'oc qui s'est "oïlisée", on voit donc que l'influence a été plus forte dans un sens que dans l'autre.
Ensuite, les langues d'oïl situées au frontières de la France ( en incluent la Wallonie ) sont au contact de langues non romanes, donc bien plus différentes du français que ne l'est la langue d'oc. Donc même à influence égale, elles seront plus divergentes. |
Ca se tient ! |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 19:54 |
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On pourrait faire un petit tableau pour chaque dialecte d'Oïl avec un commentaire sur son utilisation:
Exemple:
Groupe nord-est:
Picard/chti - Assez bonne
Wallon - Assez bonne
Lorrain
Champenois
Groupe centre:
Bourguignon - Rare
Franc-comtois
Bourbonnais
Berrichon - Rare
Gâtinais - Rare
Tourangeau - Rare
Angevin
Orléanais
Groupe ouest:
Normand
Gallo
Poitevin
Saintongeais
Dernière édition par Feintisti le Thursday 05 Jan 06, 22:06; édité 1 fois |
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Victor-Emmanuel
Inscrit le: 31 Oct 2005 Messages: 234 Lieu: Saint-Genest de Contest, Midi-Pyrénées
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écrit le Wednesday 04 Jan 06, 23:51 |
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Je suis loin de m'y connaître autant que certains de mes collègues saintongeais ou poitevins intervenant sur ce forum, mais l'état du saintongeais se rapproche, me semble, du bourguignon dans cette citation:
Citation: | Subsistent évidemment un certain nombre d'expressions, de tournures, de termes spécifiques encore employés, de façon non consciente la plupart du temps. |
Ce qui me rassure, c'est que le parler y est encore enfoui et qu'il sourd à la moindre occasion. C'est un vrai bonheur, à mon jeune âge (43 ans aux prunes !) de poser une question ou de répondre en charentais, sur un marché par exemple, et de constater que de nombreux locuteurs comprennent et prennent plaisir à cet échange.
Mais il serait bon, ici encore, d'avoir l'avis de spécialistes. |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2521 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Thursday 05 Jan 06, 0:37 |
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De mon côté, je vois qu'avec une grand-mère bourbonaise (mais née à Paris), tout ce qu'il me reste est un mot de bourbonais... (margouillou) La proximité du français parisien et le complexe du "patois" on fait le nécessaire pour effacer les particularismes. |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Saturday 07 Jan 06, 19:04 |
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Il semble que cette créolisation des langues traditionnelles est assez générale: Nous en avons devisé dans les sujets: francitan et franpitan |
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Daan Responsable projet
Inscrit le: 15 Dec 2004 Messages: 58 Lieu: Cotentin (Normandie)
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écrit le Friday 03 Feb 06, 23:52 |
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Deux mots sur le normand...
La Normandie est vaste et se divise en une collection de terroirs, chacun revendiquant son accent et un certain vocabulaire spécifique. Tous ces "pays" n'ont pas conservé équitablement leur langue. A ce titre, et je rejoins Hervé, le Cotentin tient de loin le flambeau, peut-être du fait de son isolement géographique caractéristique. Vous l'avez peut-être remarqué, les touristes et les Parisiens n'ont qu'un tracé de route des plages du Débarquement au Mont-St-Michel. Peu viennent chez nous car c'est un cul-de-sac ! C'est peut-être une première explication.
Dans l'ensemble de la Normandie, on compte environ 20 000 locuteurs capables de tenir une conversation en normand mais, comme partout, cette population vieillit et je ne suis guère optimiste sur le destin de notre langue. Dans le Cotentin, j'ai rencontré des ouvriers agricoles qui ne parlaient pratiquement pas le français mais s'exprimaient dans un normand effiloché par le temps, mais encore bien réel. A Jersey, il y a aussi des gens qui parlent anglais et normand, mais pas du tout français. Bref, quand cette génération des plus de 70 ans disparaîtra, nous serons bien seuls à tenir à bout de langue ce parler que nous aimons.
Je crois, cependant, que c'est le mouvement associatif qui peut opérer une certaine résistance. Dans le Cotentin, il existe plusieurs associations (cf le site de magene.com) qui créent une littérature et des chansons en normand, font des fêtes et des jeux en normand. Hélas, les universitaires, quelqu'un a parlé de R. Lepelley, n'ont pas ce souci : eux, ils étudient en linguistes la langue normande comme on étudie le latin. Elle n'est qu'un sujet d'étude, pas un sujet de sauvegarde. Et je ne parle pas de la mise au placard des cours de normand dans les collèges... Le sablier s'accélère... |
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