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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Saturday 04 Feb 06, 14:59 |
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blanc, bleu et blond proviennent tous de la racine indo européenne *bʰel-.
*bʰel- : briller, brûler. Ses dérivés désignent aussi des couleurs claires.
--> russe byelii blanc, cf. beluga (lit. poisson blanc, esturgeon)
--> germanique blewaz. cf. all. blau (bleu), angl. blue (bleu), français bleu et blanc , angl, to bleach (blanchir, décolorer), angl. bleak (lugubre), français blond
--> latin flavus : jaune ou doré (cf. flavoprotéines)
Source : AHD of IE Roots (bhel-) (Voir plus bas)
Dernière édition par Jacques le Saturday 25 Aug 07, 3:56; édité 1 fois |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Wednesday 08 Feb 06, 10:44 |
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en celtique blanc se dit "gwen" que l'on retrouve dans le prénom Gwendoline.
"gwen a du " est le nom du drapeau breton(blanc et noir).
les Vénètes sont les celtes qui ont peuplé la région de Vannes.Ayant les cheveux clairs ou la peau claire se seraient-ils appelés "les blancs"?
notons que le mot Vénétie a vraisemblablement la même origine.
le mot français "glauque" vient du celtique "glas" et désignait à la fois le bleu,le vert et le gris avant de prendre dans la langue parlée le sens figuré que l'on sait. |
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Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
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écrit le Wednesday 08 Feb 06, 11:45 |
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L'adjectif breton glas désigne à la base la couleur de la mer, couvrant tantôt le bleu tantôt le vert.
vert = (naturel, feuillages, herbes, fruits) glas ;(vert artificiel) gwer.
bleu = glas.
De la même manière qu'à la base en Indo-européen on a pu confondre blanc et bleu, certaines langues n'ont pas la même façon de voir le panel de couleurs.
L'espagnol différencie le bleu ciel (celeste) du bleu normal (azul), comme deux couleurs bien distinctes sans avoir recours comme en français à une apposition sur le nom original de la couleur.
Je ne sais plus quelle langue a le même adjectif pour désigner à la fois jaune, orange et rouge, toutes trois associées à la couleur du feu. |
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guillaume
Inscrit le: 14 Dec 2005 Messages: 669 Lieu: Istanbul, natif du Québec
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écrit le Wednesday 08 Feb 06, 14:23 |
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En arabe abyad veut dire blanc, ce qui a donné beyaz (blanc en turc).
Je suspecte qu'il s'agisse de la même origine indo-européenne en bhel-
Sinon on dit aussi ak, l'adjectif turc ancien pour blanc (surtout présent dans la toponymie : Aksaray, Akhisar, etc.). |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Wednesday 08 Feb 06, 15:43 |
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biélorusse (russe blanc) semble avoir la même origine. |
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Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
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écrit le Wednesday 08 Feb 06, 16:31 |
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Oui pour Biélorusse. Le nom de la Biélorussie était autrefois traduit en Russie Blanche ou Petite Russie, par opposition à la Grande Russie.
Dans les langues slaves, l'adjectif "blanc" est bien de cette même origine indo-européenne, cela va de soi:
белый
biały
biely
bílý
bijel
бел
бял
Pour les langues Baltes, vous allez le voir:
baltas
balts
L'adjectif provient de la même racine indo-européenne. De là viendrait d'ailleurs le nom "balte". Cela confirmerait là encore le fait que ces peuples se sont auto-dénommés en fonction de la couleur de leur peau.
Notez l'albanais, i bardhë, fort proche du mot dans les langues baltiques avec rhotacisme du -l- et sonorisation puis spirantisation du -t- :
baltas > *balda(s) > *barda > *bardha > (i) bardhë
N'oublions pas que l'albanais se rattache à la macro-famille balte (divisée entre langues baltes, langues slaves et langues daco-thraces dont dérive justement l'albanais).
Dans les langues romanes, citons celles qui dérivent directement du latin:
albus ou aussi candidus
alb
àrbidu, abru
alv (ou en Vallader: alb)
Comme on le voit ici, le mot latin alb est aussi fort proche de la racine baltique dont j'ai parlé plus haut, mais avec inversion de phonèmes.
Et les autres:
blanc
blanco
branco
bianco
(quelques dialectes) biancu
En dehors de ces langues, il semble que les langues indo-européennent utilisent une autre racine que *bʰel-. Cependant, ces autres racines se rapportent également à l'idée de lumière/clarté. |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Tuesday 05 Dec 06, 13:36 |
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Nikura a écrit: | Dans les langues romanes, citons celles qui dérivent directement du latin:
albus ou aussi candidus
alb
àrbidu, abru
alv (ou en Vallader: alb)
Comme on le voit ici, le mot latin alb est aussi fort proche de la racine baltique dont j'ai parlé plus haut, mais avec inversion de phonèmes. |
L'on a également une racine en arabe (je pense) qui a donné le nom du pays Liban. Qui est un pays qualifié de "blanc" par rapport à la blancheur de ses côtes. Peut être a-t-on encore ici une racine commune entre l'IE et le sémitique ? L'inversion de phonème aurait donc donné *bʰel -> *lb ? |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Thursday 08 Nov 07, 15:26 |
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Notons que le mot "blanc" nous vient du francique.
En allemand moderne, "blank" signifie "brillant" et une "arme blanche" se dit " blanke Waffe", donc "une arme brillante".
Je constate alors que l'expression "combattre à l'arme blanche" a peu à voir avec une supposée couleur blanche de l'arme en question, mais qu'elle renvoie au sens premier du mot "blanc". |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 08 Nov 07, 19:32 |
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Je ne crois pas qu'on gagne beaucoup en histoire des mots à faire des permutations hasardeuses qui cherchent à ramener tous les mots sémantiquement proches à une seule racine !
@ Skipp : Le pays « Liban » tire son nom du Mont Liban, montagne enneigée, et la racine sémitique de la blancheur est *lbn !
@ Nikura : la racine dont est issu le latin albus est *h₂el-bʰ- (ombrien alfu, grec alphós « tache blanche sur la peau », vx-haut-all. albiz « cygne »).
En grec, l'existence d'un doublet alōphós « blanc » (glose d'Hésychius) qui doit remonter à *h₂l-eh₃-bʰ-, parallèlement à des couples comme argós « blanc », árguphos « d'un blanc brillant » (Homère), montre bien que *-bʰo- n'est ici qu'un suffixe, ce qui devrait décourager toute tentative de rapprocher les racines *h₂el- et *bʰel- … |
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Kova
Inscrit le: 27 Apr 2007 Messages: 140 Lieu: Angoulême
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écrit le Monday 07 Jul 08, 1:28 |
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max-azerty a écrit: | le mot français "glauque" vient du celtique "glas" et désignait à la fois le bleu, le vert et le gris avant de prendre dans la langue parlée le sens figuré que l'on sait. |
Le mot "glauque" vient du latin glaucus lui-même venant du grec γλαῦκος (glaũkos). Il s'agissait une divinité mineure du panthéon grec liée à Poséidon.
Le double sens du mot existait déjà dès l'origine. Glaukos vivait dans des eaux saumâtres, et son histoire alla de Charybde en Scylla. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 07 Jul 08, 9:03 |
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Le mot « glauque » a déjà été traité ici.
Quand au personnage de Glaukos, il est dans les mythes grecs autrement complexe. Si le plus important est bien le dieu marin, un mythographe moderne comme Pierre Grimal ne dénombre pas moins de cinq Glaukos, entre lesquels d'ailleurs existent certaines contaminations :
- un troyen fils d'Anténor, complice de Pâris dans le rapt d'Hélène ;
- un autre troyen, fils d'Hippolochos, dont un épisode où il est en rapport avec Zeus et le grec Diomède (le don de la cuirasse d'or) est un calque presque parfait d'un épisode du Mahābhārata en transposant Glaukos/Karṇa, Zeus/Indra et Diomède/Arjuna ; il apparaît ainsi comme un héros solaire structurellement opposé à un héros de l'orage ;
- le grand-père du précédent, fils de Sisyphe, dévoré par ses juments ;
- le dieu marin qui était un pêcheur béotien ayant mangé une herbe d'immortalité ; il est lié aux Argonautes et c'est lui qui courtisa Scylla ;
- un fils de Minos, noyé dans une jarre de miel et ressuscité par une jerbe magique.
Et, en tout cas, un rapport avec les eaux saumâtres, s'il peut exister dans un texte (je n'ai pas tout dépouillé), est loin d'être pertinent … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 17 Jan 12, 21:45 |
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Le lien donné par Jacques au début ne fonctionnant plus, je recopie ici l'article en question, très riche et très intéressant :
IE *bʰel-1 (numéroté car il existe trois autres thèmes homonymes)
To shine, flash, burn ; shining white and various bright colors.
Derivatives include blue, bleach, blind, blond, blanket, black, flagrant, and flame. (J'attire votre attention sur la présence de black dans cette liste).
I. Suffixed full-grade form *bʰel-o-.
1a. beluga, from Russian belyĭ , white Je crois qu'on peut ici rajouter Belgrade, la Bielorussie et Bialystok;
b. Beltane, from Scottish Gaelic bealltainn, from Old Irish beltaine, “fire of Bel”, from Bel, name of a pagan Irish deity akin to the Gaulish divine name Belenos, from Celtic *bel-o-.
2. phalarope, from Greek phalaros, having a white spot.
II. Extended root *bʰleə₁ 1-, contracted to *bʰlē-.
1. Suffixed form *bʰlē-wo-. blue, from Old French bleu, blue, from Germanic *blēwaz, blue.
2. Suffixed zero-grade form *bʰlə-wo-. flavescent, flavo-; flavin, flavone, flavoprotein, from Latin flāvus, golden or reddish yellow.
III. Various extended Germanic forms.
1. bleach, from Old English blæcan (le æ est long), to bleach, from Germanic *blaikjan, to make white.
2. bleak, from Old Norse bleikr, shining, white, from Germanic *blaikaz, shining, white.
3. blitzkrieg, from Old High German blëcchazzen, to flash, lighten, from Germanic *blikkatjan.
4a. blaze, from Old English blæse, torch, bright fire;
b. blesbok, from Middle Dutch bles, white spot;
c. blemish, from Old French ble(s)mir (> blêmir), to make pale.
a–c all from Germanic *blas-, shining, white.
5a. blind; blindfold, purblind, from Old English blind, blind;
b. blende, from Old High German blentan, to blind, deceive;
c. blend, from Old Norse blanda, to mix;
d. blond, from Old French blond, blond.
a–d all from Germanic *blendaz, clouded, and *bland-, *bland-ja-, to mix, mingle (< “make cloudy”).
6a. blench, from Old English blencan, to deceive;
b. blanch, blank, blanket; blancmange, from Old French blanc, white.
Both a and b from Germanic *blenk-, *blank-, to shine, dazzle, blind.
7. blush, from Old English blyscan, to glow red, from Germanic *blisk-, to shine, burn.
IV. Extended root *bʰleg-, to shine, flash, burn.
1. O-grade form bʰlog-. black, from Old English blæc, black, from Germanic *blakaz, burned.
2. Zero-grade form *bʰ g-. a. fulgent, fulgurate; effulgent, foudroyant, refulgent, from Latin fulgere, to flash, shine, and fulgur, lightning; b. fulminate, from Latin fulmen (< *fulg-men), lightning, thunderbolt.
3a. flagrant; conflagrant, conflagration, deflagrate, from Latin flagr re, to blaze;
b. flambé, flambeau, flamboyant, flame, flamingo, flammable; inflame, from Latin flamma (< *flag-ma), a flame.
4. phlegm, phlegmatic, Phlegethon, from Greek phlegein, to burn.
5. O-grade form *bʰlog-. phlogiston, phlox; phlogopite, from Greek phlox, a flame, also a wallflower.
(FIN DE L'ARTICLE).
C'est un brouillon. Il manque des caractères, quelques mots français et un peu de traduction. J'y reviendrai faire le ménage de temps en temps, mais tel quel il me semble déjà qu'il pourra rendre des services aux lecteurs.
Dernière édition par Papou JC le Friday 25 Nov 16, 9:18; édité 3 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 18 Jan 12, 10:01 |
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Outis a écrit: | la racine sémitique de la blancheur est *lbn |
Disons que c'est l'une des deux racines sémitiques exprimant la blancheur, celle qui part de la couleur du lait. C'est le cas de l'hébreu.
L'autre, qui part de la couleur des oeufs, c'est byḍ. C'est le cas de l'akkadien et de l'arabe. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 19 Jan 17, 11:10 |
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Outis a écrit: | Je ne crois pas qu'on gagne beaucoup en histoire des mots à faire des permutations hasardeuses qui cherchent à ramener tous les mots sémantiquement proches à une seule racine !
@ Skipp : Le pays « Liban » tire son nom du Mont Liban, montagne enneigée, et la racine sémitique de la blancheur est *lbn !
@ Nikura : la racine dont est issu le latin albus est *h₂el-bʰ- (ombrien alfu, grec alphós « tache blanche sur la peau », vx-haut-all. albiz « cygne »).
En grec, l'existence d'un doublet alōphós « blanc » (glose d'Hésychius) qui doit remonter à *h₂l-eh₃-bʰ-, parallèlement à des couples comme argós « blanc », árguphos « d'un blanc brillant » (Homère), montre bien que *-bʰo- n'est ici qu'un suffixe, ce qui devrait décourager toute tentative de rapprocher les racines *h₂el- et *bʰel- … |
Sauf le respect que j'ai pour sa science, tout ce que dit ici Outis est contestable.
1. Le nombre de cas recensés de non ordonnancement des radicales est suffisamment important pour qu'on ne les balaie pas d'un revers de manche. Ce nombre est si important en sémitique que c'est une règle quasi générale, et j'ai moi-même relevé sur ce forum à plusieurs reprises des cas en indo-européens qui devraient inciter à la prudence... et à la recherche.
2. L'interrogation de Skipp, tout à fait justifiée et pertinente d'après ce que je viens de dire, ne mérite pas une réponse se terminant par un intempestif point d'exclamation. Je pense publier prochainement un article de lexicologie arabe où il est justement question de lait, de blancheur et du couple de consonnes BL / LB.
3. Quant à la remarque de Nikura, elle est elle aussi parfaitement justifiée. Rien ne permet d'affirmer que, dans le schéma *h₂-l-eh₃-bʰ-, bʰ est un suffixe. J'aurais plutôt tendance à penser que dans ce même schéma, c'est h₂ qui est un "préfixe", ou un "crément" si l'on préfère cette appellation. Auquel cas, on retrouverait bel et bien le groupe consonantique LB à la base de la blancheur latine comme de l'arabe.
Un dernier point : on ne met pas d'astérisque devant une racine sémitique. Contrairement aux racines indo-européennes, toutes hypothétiques, les racines sémitiques ont une existence bien réelle, visible, et toujours d'actualité. Elles sont le plus souvent constituées de trois consonnes, plus rarement de deux ou de quatre. Les dictionnaires arabes sont organisés en fonction de l'ordre alphabétique des racines. |
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