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Pierre
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 1188 Lieu: Vosges
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écrit le Friday 17 Feb 06, 19:31 |
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charivari
Le mariage entre époux mal assortis ou antipathiques était salué, dans certaines régions, par un tapage traditionnel : le charivari
Les habitants se rassemblaient devant la maison des mariés, qu'ils conspuaient en donnant un concert cacophonique, à grand renfort de casseroles, de sifflets, de trompes etc...
Des huées aux jeux de mains, il n'y avait qu'un pas, qui fut souvent franchi, à tel point que cette coutume, à l'origine de violents incidents, fut condamnée par les conciles et les synodes au XIVe siècle.
Elle subsiste cependant encore dans certaines campagnes, où elle garde toutefois un tour pacifique !
Le mot charivari a une étymologie très incertaine. On lui a prêté une origine onomatopéique (en Picardie, les enfants criaient <<caribari, caribara>>, mais il vient peut être du grec karêbaria mal de tête. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2283
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écrit le Friday 17 Feb 06, 19:36 |
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Réservé :
au remariage d'une veuve avec un célibataire ;
d'un vieil homme avec une jeune fille ;
d'un jeune garçon avec une femme plus âgée que lui.
Ces mariages sont punissables, car ils concurrencent les jeunes célibataires des deux sexes. Ce sont donc les garçons à marier qui mènent le charivari. |
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jms06
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 356 Lieu: Opio, Alpes Maritimes
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Tuesday 20 Feb 07, 12:32 |
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Prononcez: chibárri
Tapage, grand bruit.
Jacques a écrit:
Citation: | angl. jamboree : nom de la réunion internationale scoute de 1920 au Royaume Uni.
prob. de jam (mélange) sur le modèle de l'angl. shivaree (charivari) |
La contribution de Jacques dans le fil “Vocabulaire scout” … m’a rappelé immédiatement ce mot catalan. Le DCVB ne mentionne pas son origine et d’abord j’avais pensé à une base basque ou ibérique, mais....
Tiens ! Surprise…
Voici l’étymologie du mot selon le « Gran Diccionari de la Llengua Catalana:
Citation: | [c. 1880; del fr. charivari, íd., a través de l'oc. chavari, del gr. karebáresis 'mal de cap', que devia sonar en gr. medieval karivárisi]
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("mal de cap" = mal de tête)
Un synonyme est « rebombori » onomatopéique (Pron. : raboumbóri) |
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Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
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écrit le Tuesday 20 Feb 07, 13:56 |
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J'ai dit l'autre jour "xarivari" par influence du français...! |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 20 Feb 07, 15:30 |
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Citation: | Le mot charivari a une étymologie très incertaine. On lui a prêté une origine onomatopéique (en Picardie, les enfants criaient <<caribari, caribara>>, mais il vient peut être du grec karêbaria mal de tête. |
Cette étymologie de « charivari » est séduisante mais il faut supposer un curieux glissement sémantique. Étymologiquement comme dans l'usage, le verbe καρηβαρέω signifie « avoir la tête lourde », d'où « avoir la tête malade, être stupéfié, laisser retomber sa tête, somnoler ».
Il faudrait en outre expliquer comment un mot grec a pu débarquer dans une fête populaire occitane. Je ne crois guère à une influence de la Grèce médiévale, peut-être faut-il penser au dionysisme dont la survivance populaire a été beaucoup plus importante que ce qu'on croit généralement.
Voir là-dessus ce travail étonnant et remarquable ! |
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Pol Corvez
Inscrit le: 19 Sep 2007 Messages: 16 Lieu: Angers
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écrit le Friday 29 Aug 08, 18:57 |
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Charivari viendrait bien, selon mes sources, du grec karibaria, « mal de tête », peut-être par le latin caribaria.
Le TLF admet que « l’on ne peut préciser ni où ni dans quel milieu s’est produite l’évolution sémantique de ce mot d’aire gallo-romane ». Il faut cependant garder à l’esprit que, comme les Grecs de la région phocéenne étaient à l’origine d'intrépides marins, l’apport direct de ce terme en Gaule par leur intermédiaire n’aurait rien d’étonnant.
On peut se demander si le terme charrier, dans le sens de « se moquer de quelqu’un », ne viendrait pas de charivari ; à moins que l’inverse se soit produit : charrier les mariés > charivari).
Le TLF ne donne pas le sens marin de charivari, bien que celui-ci fasse l’objet d’un long article du Dictionnaire pittoresque de la marine, de Lecomte qui date de 1835 : « C’était anciennement sur les bâtiments un cri ridicule et inconvenant, dont les matelots s’étaient fait un privilège, sous le prétexte de trouver, dans les invectives grossières que ce cri leur fournissait, un stimulant pour manœuvrer le cabestan. […] Pour s’encourager l’un d’eux criait : Charivari ! Tous les autre demandaient ensemble : Et pour qui ? Le premier répondait en citant un nom, et y ajoutait une kyrielle de gros lazzi hostiles et offensants pour le porteur du nom qu’il avait choisi, et qui se terminait par la rime aussi. Tous reprenaient aussitôt par un chorus de cris et de rires moqueurs, en piétinant et virant avec un redoublement d’efforts, auquel la résistance manquait rarement de céder. Plus l’allusion avait été outrageante, plus les vireurs semblaient acquérir de vigueur à pousser sur les barres. »
L’auteur du Dictionnaire pittoresque de la marine fait état de la crainte des officiers, lors de la période révolutionnaire, du charivari, au cours duquel on pouvait les accuser de monarchisme et autres attitudes suspectes : « En 93, le charivari prit une forme plus redoutable : ses crieurs remplacèrent leur burlesques et insignifiantes apostrophes par des accusations graves et importantes. Les matelots, comme les soldat de cette ère patriotique, s’étaient faits les scrutateurs de la conduite publique des chefs ; et le cabestan était devenu un tribunal terrible où un commandant craignait d’être cité : cette première instance pouvait conduire à une barre plus terrible encore » (DPM, art. Charivari).
« L’usage du charivari a été interdit à bord des navires de l’État à partir de 1826 , précise le NLI, mais on le retrouve encore dans la marine marchande », où la tradition s’est perpétuée jusqu’au début du XXe siècle.
On trouve un exemple de texte de charivari dans Les Passagers du vent. Mais l'auteur ne fait pas rimer les vers avec la finale aussi, contrairement à la tradition. (S'agit-il d'un texte attesté ? je vais me renseigner auprès de l'auteur, mais la teneur est sans doute conforme à l'usage) :
"Charivari pour qui ?
Pour notre premier lieutenant et ses putains de filles !
Notre lieut' c'est un enfant d'salaud
Hé, hei ! hé, ho !
Il a mis ses filles au bordeau
Une à Nantes et l'autre à Saint-Malo
Hé, hei ! hé, ho !
Dans leur con grand comme un seillon
Hé, hei ! hé, ho !
Le foutre y coule à plein tonneau
Pique leur ton vit, beau matelot
Hé, hei ! hé, ho !"
Charivari a, en français courant, le sens de « tapage », de « chahut ».
Charivari était le titre d’un journal satirique de droite, qui s’opposait au régime de Louis-Philippe.
C’est également le nom adopté par nombre de carnavals, à Nice, Boulogne, Douai, etc., et par des revues alternatives. Le terme, ainsi que la valeur d’opposition qu’il véhicule, restent donc très actuels.
Sources : TLF, DPM, NLI, Dictionnaire des mots nés de la mer |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Saturday 30 Aug 08, 0:19 |
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En Piemont, comme dans le Sud de la France, existait une tradition medievale: celle du chabramarì ( prononcé "tchàbramarì" = mari chevre = mari cocu) ou "zabramari" (latinisé en "zabramaritum") ou simplement "la chabra".
Du mot occitan peut deriver la modification en langue d'oïl "charivari", en passant par un forme moyenne "chabrimari".
Voir en google livres:
Women, Family, and Ritual in Renaissance Italy
of Christiane Klapisch-Zuber, Lydia G. Cochrane
translated by Lydia G. Cochrane
Collaboratore David Herlihy
Published by University of Chicago Press, 1987
p. 280
Voir aussi
http://www.isral.it/web/web/culturapopolare/2000_charivari.htm |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 18 May 10, 5:46 |
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On a aussi parlé du charivari à propos de l'expression sonner les cloches à qqn
J'aime bien cette nouvelle hypothèse du chèvre-mari ou mari-chèvre, plus plausible, à mon avis, que le mal de tête grec. Elle ouvre de nouvelles perspectives pour tenter d'éclaircir l'origine de ce mot étrange. |
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felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
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écrit le Monday 08 Nov 10, 16:22 |
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Je ne comprends pas que personne ne connaisse la revue satyrique parisienne du 19e siecle "Le Charivari", qui publia plus d'une centaine de lithographies de Honoré Daumier, dont ses illustrations lithographiques pour "Robert Macaire".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Honor%C3%A9_Daumier et voir les illustrations à la fin. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Monday 07 Mar 11, 4:03 |
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angl. shivaree : 1843 bruits discordants et bruyants d'ustensiles de cuisine, infligés à de jeunes mariés.
Déformation de charivari (1735) < fr. charivari, |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3680 Lieu: Massalia
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écrit le Wednesday 09 Jan 13, 22:33 |
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Selon Pfeifer, on pourrait rajouter à cette petite famille le terme allemand Krawall
Employé au pluriel, il désigne dans le domaine politique des troubles , voire des émeutes.
Au singulier, du bruit, vacarme, tumulte.
Il serait donc, lui aussi, issu du latin tardif carībaria, lui même venu du grec karēbarίa (καρηβαρία) ( lourdeur, mal de tête). Pfeifer note un terme latin intermédiaire charavallium( ainsi que chalvaricum, charavaria) au sens de notre charivari. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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cayaux
Inscrit le: 23 Feb 2014 Messages: 154 Lieu: Mons en Hainaut belge
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écrit le Wednesday 12 Mar 14, 16:50 |
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Dans le dictionnaire de Gheorghina Hanes aux Editions Stiintifica, je trouve comme traduction de "charivari" au sens de désordre "harababură" |
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robinson
Inscrit le: 19 Feb 2015 Messages: 1 Lieu: venezuela
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écrit le Thursday 19 Feb 15, 8:17 |
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On peut se demander si Flaubert n' a pas eu une réminiscence de ce sens de charivari (vacarme que l'on faisait pour protester contre un mariage mal assorti) quand il a choisi pour nom de son personnage dans Madame Bovary : Charles Bovary que celui-ci, dans l'incipit, prononce : "Charbovari", créant ainsi un programme narratif prophétique de sa vie de futur et mal marié. On sait assez l'importance des choix onomastiques dans les romans réalistes et naturalistes. |
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