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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Monday 05 Mar 07, 23:50 |
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Au Japon, il existe encore une partie de la population qui est marginalisé pour le simple fait d'être burakumin. Les burakumin sont les parias du Japon, et malgrès le fait que la ségrégation envers eux soit interdite depuis la fin du XIXe, elle est toujours de vigueur dans la société japonaise... et jusqu'au sein des entreprises.
Mais les choses sont elles en train de changer parmi la nouvelle génération ?
Voici quelques liens:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Burakumin
http://blog.kanjiroushi.net/?p=294 |
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Ika San
Inscrit le: 08 Nov 2006 Messages: 51 Lieu: Lyon - X-rousse
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 12:06 |
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Si le Japon à parfois l'air d'être une nation homogène, elle est en fait composée de différentes communautés (comme en France).
Même si des lois anti-discrimination ont été votées au Japon, la réalité du terrain est elle bien différente. Il y a d'ailleurs eu un scandale en 1999 avec la publication sur le site Internet Nichannel d'une liste de nom de personnes "Burakumin".
Parmi les populations marginalisées au Japon on peut aussi citer les descendants de Coréens, les nikkei "brésiliens" ou "hawaïens", les descendants d'Ainu , etc ..
La bêtise n'a pas de frontière ...
Dernière édition par Ika San le Tuesday 06 Mar 07, 14:08; édité 1 fois |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 13:43 |
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Skipp, tu m'as devancé de peu! Je voulais justement ouvrir un fil sur les burakumin, le sujet est passionnant. J'ai eu 2 cours de civilisation japonaise dessus récemment et j'avais prévu de regrouper mon cours avec des notes de lectures et quelques références (essais, romans).
Ika San, tu fais référence à quoi quand tu dis "comme en France"?! Malgré tous les défauts de la société française et la marginalisation (relative) de certains groupes, je ne vois pas d'équivalent au terrible ostracisme dont sont victimes les descendants des burakumin.
J'essaierai de compléter ce fil prochainement. |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 15:52 |
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José a écrit: | Ika San, tu fais référence à quoi quand tu dis "comme en France"?! Malgré tous les défauts de la société française et la marginalisation (relative) de certains groupes, je ne vois pas d'équivalent au terrible ostracisme dont sont victimes les descendants des burakumin. |
En France nous avons eû les cagots du sud ouest... Ce n'est peut être que depuis un peu plus d'un siècle qu'ils ont maintenant été complétement intégrés (alors que les 1ères attestation de cagots remontent au moyen-âge...). Mais auparavant, ils étaient totalement rejetés de la société au point que les cagots n'avaient pas le droit d'être enterrés dans les cimetières de non cagots.
Je crois que de nombreux peuples ont eû leurs parias... Les choses commencent à évoluer... lentement. Aujourd'hui, je ne pense pas qu'il y'ai encore des préjugés anti-cagots dans le sud ouest.
A propos des cagots:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cagots |
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Ika San
Inscrit le: 08 Nov 2006 Messages: 51 Lieu: Lyon - X-rousse
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 17:02 |
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C'est aussi un problême qui à longtemps été "entretenu" par l'administration, en effet au Japon les familles sont enregistré dans le Koseki ( 戸籍) , un registre équivalent au "livret de famille" français qui recence les naissances ,mariages et déces .. fournissant ainsi un excellent moyen de retracer les arbres genealogiques des supposés burakumin, aprés de nombreuses pressions des organisations de defense des droits civil l' accés au registre à été restreint en 1976. |
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Tjeri
Inscrit le: 13 Sep 2006 Messages: 996
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écrit le Tuesday 06 Mar 07, 21:02 |
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La discrimination envers les burakumin est officiellement abolie au Japon depuis 1871. Elles est illégale, et poursuivie en justice quand elle est avérée.
Elle subsiste néanmoins, mais il convient de la relativiser. Elle n’empêche pas, par exemple, que certaines entreprises soient dirigés par des burakumin, ni qu’il y ait des burakumins députés ou sénateurs.
Burakumin = habitant des quartiers spéciaux autrefois réservés aux “eta” , personnes impures du fait de leur activités en relation avec le sang et la mort, et aux “hinin”, parias sociaux tels que saltimbanques, prostituées, condamnés, fils de bonne famille en rupture sociale. Les quartiers des villes japonaises ont été redécoupés et renommés pour faire disparaître géographiquement les buraku. Bien évidemment des annuaires clandestins, dont l’édition, la vente et la possession sont interdites, circulent sous les manteaux des détectives privés.
Il faut aussi savoir que la discrimination fonctionne aussi à double sens. Les buraku sont des quartiers où le logement est bon marché (...et pour cause...). Des japonais “normaux”, mais désargentés, finissent par y louer un logement. Et ils sont alors souvent l’objet de rejet, de discrimination de la part de leurs voisins “vrais” burakumin, car l’appartenance à une collectivité est un identifiant social très fort au japon.
Citation: | je ne vois pas d'équivalent au terrible ostracisme dont sont victimes les descendants des burakumin. |
Les gitans? |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Wednesday 07 Mar 07, 9:57 |
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Là, nous sommes bel et bien dans le sujet, car on compare ce qui est comparable. Je ne connaissais pas le cas des cagots.
Je ne sais pas si on peut comparer avec les Gitans, car l'aspect nomade joue probablement un rôle. Il y a un sujet qui traite des Gitans qqpart sur un des autres forums.
Par contre, les cagots, ça me semble comparable.
Pour en revenir au Pays du Soleil Levant: Connait-on des subdivisions qui permettent de deviner l'origine de la situation de burakumin ? |
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Tjeri
Inscrit le: 13 Sep 2006 Messages: 996
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écrit le Wednesday 07 Mar 07, 11:01 |
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L'origine de la discrimination est celle que j'évoque plus haut:
Les “eta” , personnes impures d'un point de vue religieux à cause de leur activité en relation avec le sang et la mort, bouchers, tanneurs, bourreaux, fossoyeurs, etc... et les “hinin”, parias sociaux tels que saltimbanques, prostituées, mendiants, condamnés, fils de bonne famille en rupture sociale, etc... Ces gens là n'étaient officiellement autorisés à habiter que dans des quartiers désignés: les burakus.
Historiquement un "hinin" pouvait redevenir une "personne normale", en changeant de statut social, de métier, alors qu' un eta restait impur. De nos jours, ce sont les gens originires des buraku qui sont l'objet de discrimination, d'où le terme de burakumin.
Géographiquement les buraku se trouvent pour l'essentiel dans la régions du "vieux Japon", le Chûgoku et le Kansai/Kinki. C'est pour cela qu'une façon pour un burakumin de fuir la discrimination est de s'exiler vers le nord, là où il n'y a jamais eu de buraku, et où la discrimination est moins établie.
Sur le sujet lire:
"L'autre Japon, les burakumin", de Jean François Sabouret, ed. La Découverte, 1983
"Le Japon mal rasé", de jean Manuel Traimond, ed. Atelier Création Libertaire, 2000 |
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odd
Inscrit le: 01 May 2007 Messages: 1 Lieu: Strasbourg
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écrit le Tuesday 01 May 07, 23:39 |
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C'est marrant moi aussi ce sujet m'interesse fortement depuis un cours la-dessus (enfin sur la société japonaise)... on a de ces interets des fois...
Depuis je tente de comprendre pourquoi il y a des chefs d'entreprises, des députés (des journalistes? des universitaires?) qui s'en sortent et pourquoi les autres sont toujours autant marginalisés (je ne suis (encore...) jamais allée au japon donc je peux me fier qu'aux 'on-dit'...). Si on accepte un député ou un patron burakumin pourquoi est-ce qu'on accepte pas un genre burakumin ? puisque la loi n'a pas l'air bien appliquée, pourquoi ces députés burakumins ne prennent pas des mesures plus draconiennes? Je me demandais aussi à quel point ce sujet était tabou dans la société japonaise car parait-il le mot burakumin n'apparait pas dans certains dictionnaires... Les Japonais en parlent-ils facilement? |
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Tjeri
Inscrit le: 13 Sep 2006 Messages: 996
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écrit le Thursday 03 May 07, 13:04 |
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Les choses au Japon sont parfois plus subtiles et plus complexes que notre cartésianisme de principes ne peux le saisir...
Les japonais ne parlent que difficilement de ce problème...surtout avec un étranger. En général il vous diront que c'est bien regrettable, qu'il trouvent cela dommage, et que s'il cela ne tenait qu'à eux cette discrimination n'existerait pas. Mais les pressions sociales sont ce qu'elles sont au Japon et il vaut mieux s'y comporter conformément aux usages, comme tout le monde. Si un japonais entretenait des rapports sociaux avec un burakumin, il serait lui même marginalisé.
Cela étant, un ecrivain comme Nakagami Kenji, notoirement burakumin et qui le revendique, a obtenu le prix Akutagawa en 1975, le plus grand prix littéraire japonais. Normal, non? Il n'y a plus de discrimination contre les burakumin depuis 1871. |
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hvor
Inscrit le: 04 May 2005 Messages: 367
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écrit le Thursday 24 Dec 09, 13:00 |
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Ika San a écrit: | Parmi les populations marginalisées au Japon on peut aussi citer , les descendants de coréen, les nikkei "brésiliens" ou "hawaïens", les descendants d'Ainu , etc ... |
Wikipédia a écrit: | Les yakuzas d'aujourd'hui viennent de milieux très variés. (...) Ils sont souvent recrutés par un clan dès le lycée, une majorité dans les communautés burakumin et coréenne, peut être à cause de la véritable ségrégation raciale dont elles sont victimes au Japon. Les burakumin représentent 70 % des membres du Yamaguchi-gumi. |
C'est intéressant comme ils prennent leur revanche...
Par contre, qu'est-ce que le nikkei? |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Thursday 24 Dec 09, 14:07 |
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Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur les burakumin dans le Japon moderne, je recommande l'œuvre littéraire de Kenji Nakagami, Mille ans de plaisir étant un bon roman (qu'on trouve en poche) pour démarrer. |
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Martin (piyeru marutan)
Inscrit le: 28 Mar 2011 Messages: 1 Lieu: Bretagne
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écrit le Monday 28 Mar 11, 8:34 |
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La source de mes informations est moi-même car j'ai vécu et travaillé au Japon depuis la fin des années 50 jusqu'au milieu des années 90. J'ai "fait des affaires" avec des entreprises "burakumin" travaillant dans le cuir, dont certaines étaient très importantes, j'ai engagé comme employés des personnes qui venaient de cette "communauté". Lorsque de jeunes employés me demandaient de les aider à se marier, c'est à dire de faire le "nakodo" en japonais, il m'est arrivé d'entendre des souhaits comportant des réserves sur l'origine d'un ou d'une éventuelle partenaire concernant son origine. Je me souviens que l'on souhaitait éviter que je cherche, ou que les agences spécialisées que je mettais à contribution, cherchent des originaires de la région de Nara où vit encore une population "suspecte" et de l'île de Hokkaido où les autorités japonaises avaient invité "avec force" autrefois une bonne partie de la population en question à s'exiler. Lorsque j'argumentais, affectueusement, pour lever ces réserves, on me rétorquait souvent que ce n'était pas du racisme mais qu'une communauté réduite, essentiellement endogène depuis des siècles, présentait souvent des "défauts" dont on craignait la transmission par voie héréditaire pour les enfants à venir.
En l'absence de toute compétence et manquant du temps nécessaire pour y remédier je suis resté souvent silencieux devant cet argument, me souvenant qu'en France aussi il arrivait que les familles jettent un regard sur le passé familial d'un promis ou d'une promise et évitent en particulier les familles d'un ou une suicidé(e).
Il existe des spécialistes du Japon qui veulent absolument le faire entrer dans leur idéologie et qui continuent à prétendre que l'exclusion des "burakumin", des "eta", des "frères quatre pattes" (parce qu'il s'occupent des animaux et en sont donc proches) est encore un phénomène important: il est beaucoup moins important que le phénomène des franchouillards qui stigmatisent encore des bougnouls.
J'ai aussi moi-même été stigmatisé par des Japonais et je me souviens être entré quelquefois dans un bistro, une "nomiya" en japonais et avoir été accueilli par l'exclamation "bata kusai !" : ça pue la graisse !
Je n'en n'ai pas déduit que c'était un phénomène significatif ! |
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