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greg
Inscrit le: 01 Dec 2005 Messages: 35 Lieu: Île-de-France
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écrit le Thursday 01 Dec 05, 17:28 |
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Bonjour à tous et permettez-moi de vous dire mon admiration devant le boulot que vous avez réalisé, en particulier dans le sujet langues d'oïl : étude de parentés, isoglosses.
Je ne sais pas si c'est le bon endroit pour poser ce genre de question, mais j'ai besoin d'en savoir plus sur la ligne Joret qui délimite le normand septentrional du normand méridional : au nord <vaque> [vak] & <viquet> [vikE], au sud <vache> [vaS] & <guichet> [giSE] — excusez mes fautes d'orthographe : je ne connais pas les normands.
Voici une carte faisant appraître la ligne Joret en Normandie :
La ligne Joret montrerait qu'en fait la Normandie méridionale appartiendrait à l'Oïl occidental tandis que la Normandie septentrionale serait à regrouper dans l'Oïl septentrional. Êtes-vous d'accord avec cette idée ? Si c'est le cas, que signifie pour vous l'expression normanno-picard et en quoi le normand septentrional et le picard s'opposaient-ils au wallon et au chapenois par exemple ? D'autre part, le normand méridional serait-il à rapprocher du gallo ou de l'angevin ? Je pose cette question parce que très souvent les cartes d'Oïl suggèrent que "le" normand est un bloc monolithique, comme celle-ci par exemple :
Ce qui m'intéresse en fait c'est les normands médiévaux (ou les anciens normands) car je souhaiterais parvenir à comprendre laquelle de ces anciennes langues a le plus influé sur la composition initiale (XIe s.) de l'ancien français d'outre-Manche (AFOM) qu'on appelle anglo-français ou encore anglo-normand. Je sais que d'autres langues d'Oïl ont impacté l'AFOM ultérieurement, notamment des langues de l'Oïl occidental (cour angevine des Plantagenêts), le normanno-picard et bien sûr l'ancien français capétien (le bel françois). Mais ça c'est un autre problème.
J'imagine aussi qu'il n'y avait pas que Normands en 1066. Il devait y avoir des Bretons, des Picards, des Flamands (Wallons ?) etc. Il y a donc peut-être des chances que ce soit une koinè d'Oïl à base normande à l'origine de l'AFOM.
Qu'en pensez-vous ? Merci de votre aide ! |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Thursday 01 Dec 05, 17:47 |
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Concernant le sujet sur les langues d'oïl, c'est vrai qu'un super boulot a été effectué. Malheureusement, les conclusion finales se font toujours attendre et j'en assume l'entière responsabilité ... J'ai eu des projets plus urgent, sur le forum comme en privé, et donc je n'ai toujours pas fait la carte synthétique.
Par contre, on a quelques idées... Alors concernant le normand. On constate effectivement une parenté avec le gallo et le picard, les langues voisines, moins avec le français. Cependant, le picard est plus proche du wallon que du normand, de même que le gallo est très proche du poitevin. Si on fait des groupements plus large, la parenté serait plutot normand+gallo+poitevin que normand+picard+wallon. Le critère déterminant se situe surtout au niveau grammatical. De plus, on a des isoglosses qui marquent nettement une séparation nord-sud entre la façade atlantique et le centre du domaine d'oïl.
J'ai donc tendance à placer le normand dans le groupe langues d'oïl occidentales avec le gallo, le poitevin et le saintongeais.
A signaler que le tourangeau reste une énigme faute de données !
Le picard ferait plutot partie du groupe langues d'oïl du nord-est avec le wallon et le lorrain. Ces trois langues partagent des traits soit archaïques, soit dérivés et probablement dûs à l'influence des langues germaniques toutes proches. |
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Normanneren
Inscrit le: 18 Mar 2007 Messages: 165 Lieu: Odense - Danemark
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écrit le Monday 19 Mar 07, 2:04 |
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Maisse Arsouye, je suis désolé mais je crois que vous faites erreur en rapprochant le normand au gallo et au poitevin plutôt qu´au picard et au wallon, du moins si vous entendez par normand le dialecte d´Oïl parlé dans les 2/3 septentrionaux de la Normandie (c.à d. au nord de la ligne Joret) car ce que vous dites pour le picard et le wallon est également valable pour cette langue: à noter que le normand (septentrional) a subi une influence germanique sur sa phonétique et sa scripta. En témoigne la conservation du h tellement aspiré qu´il en prend la forme du ch allemand après a, o et u (son également connu en néerlandais) ou de la jota espagnole dans les mots d´origine germanique (nordique ou francique), le changement du g en v (ex. Gautier > Vautier; Garnier > Vernier; guichet > viquet), le changement du ch en qu/k/c (ex. le chasseur > le cacheur; la vache > la vaque; la poche(tte) > la pouquette) et le changement du j en g (ex. le jardinier > le gardinier; la jambe > la gambe(tte)). On voit en ce sens que le normand du moins initialement après la conquête de l´Angleterre a influencé la langue anglais puis que l´anglo-saxon a en quelque sorte fusionner avec la koïné normande (il n´est pas impossible que les Flamands néerlandophones ou picardophones aient également eu une influence). Voir la ribembelle de mots d´origine normande sûrement mais peut-être aussi picarde en anglais moderne: car; carter; carpenter; candle; camp; pocket; catch; wicket; warden; wages; waste etc... Il est vrai par contre que le normand méridional soit apparenté au manceau, au gallo et à l´angevin et ce dialecte parlé dans le 1/3 restant (méridional donc) de la Normandie est souvent nommé comme dialecte de l´Ouest du domaine d´Oïl et non véritablement comme normand qui, comme on l´a vu se rapproche du picard, d´où le terme de normanno-picard. Le professeur René Lepelley de l´Université de Caen pense que l´anglo-normand parlé en Angleterre au Moyen-Age serait à rapprocher des dialectes de l´Ouest et non du normand (septentrional); je pense toutefois qu´il faut être plus nuancé vu le nombre de mots d´origine normande en anglais moderne (cf. l´énumération furtive faite ci-dessus).
L´influence germanique sur le normand (septentrional) est due surtout aux langues nordiques ou scandinaves, notamment l´ancien danois ou norrois avec un substrat francique et saxon alors que le picard doit son influence sur le flamand (bas-francique) et peut-être saxon notamment dans le Boulonnais. Quant au wallon et au lorrain ce serait plutôt le moyen-francique (moyen-allemand, platt de Lorraine et du Luxembourg [letzebuergesch] qui n´a rien à voir avec le Plattdeutsch, dialecte bas-allemand proche du flamand) et peut-être dans une certaine mesure le bas-francique pour le wallon.
Je n´espère pas que vous m´en voudrez de vous avoir corrigé(e?).
Bien cordialement de l'île de Fionie
Dernière édition par Normanneren le Sunday 27 May 07, 13:58; édité 1 fois |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10946 Lieu: Lyon
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pouemes
Inscrit le: 13 Feb 2019 Messages: 1 Lieu: nantes
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écrit le Thursday 14 Feb 19, 15:13 |
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je ne sais pas ce que vaut cette carte
par exemple concernant le gallo et l'angevin voici ce que dit wikipedia
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Thursday 14 Feb 19, 16:10 |
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Mon point de vue personnel est que la classification des langues d'oïl est un grand désordre. Il y a des langues bien individualisées séparées du français et de leurs langues sœurs par des faisceaux d'isoglosses, comme le wallon, le picard, le lorrain vosgien, le normand du nord de la ligne Joret ou le poitevin. Le reste est un continuum où les isoglosses ne concordent pas et où il est très difficile d’individualiser des variétés. Il faudrait se résoudre à faire des cartes d'isoglosses, sans faire apparaître de variétés qui tirent leur nom des anciennes provinces de France. Le gallo, le mainiot et l'angevin sont une même langue, sans coupure nette avec celle du Bassin Parisien, qui a mesure que l'on va vers l'ouest a été de moins-en-moins "modernisée" par le contact avec le français standard et qui comprend de plus-en-plus de vestiges du breton. |
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