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Marden
Inscrit le: 16 Nov 2004 Messages: 468 Lieu: Seine-et-Marne, Ardennes
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écrit le Monday 24 Sep 07, 12:58 |
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À propos d'une question
Citation: | Je voudrais connaître la signification du "y" à la fin des noms de villes comme Nancy, Flavigny, Ry. |
La terminaison "y" est la survivance, dans le nord, du suffixe gallo-romain "iacus/iacum" (domaine de ~), tandis que dans le sud, ce même suffixe a été abrégé en "ac".
On trouve une collecte intéressante de toponymes sur ce site, mais sans doute pas exempte d'approximations, comme sur tous les recueils du genre. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 24 Sep 07, 15:56 |
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Quelques exemples pour la Manche :
- Amigny : propriété d'Aminius
- Canisy : prop. de Canabius
- Soligny : prop. de Solemnius |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Tuesday 25 Sep 07, 10:41 |
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Il me semble avoir appris que la suffixation -ac a plutôt un rapport avec "aqua" comme Florac, Bergerac, Aurillac, Aix-en-Provence... l'allemande Aachen (Aix-la-Chapelle), toutes villes d'eau !
En Suisse, il y a aussi Pampigny, Sévery, Grancy, Orny, Chevilly etc. Le rapport à la propriété est-il le même ? |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Tuesday 25 Sep 07, 10:48 |
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comme Marly-Gomont !
Le suffixe -ac montre des tomonymies d'origines celtiques. Je ne pense pas qu'il y ait de rapport avec l'eau... |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2522 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Tuesday 25 Sep 07, 10:54 |
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On trouve en Île de France de nombreux toponymes en -y : Quincy, Boussy, Jarcy, Brunoy (du latin Brennadum), Boissy (du latin Bussecum), Blandy, Brétigny, Massy, Evry (du gaulois Eburiacos latinisé en Aperacum)... |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Tuesday 25 Sep 07, 10:59 |
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Il y en a aussi beaucoup par ici : Mazy, Ligny, Gouvy, Baisy-Thy, Tintigny, Gilly,...
J'avais aussi lu quelque part que la terminaison -y de nos régions est l'équivalent du -ac sudiste. |
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Marden
Inscrit le: 16 Nov 2004 Messages: 468 Lieu: Seine-et-Marne, Ardennes
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écrit le Tuesday 25 Sep 07, 12:37 |
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Le sujet avait déjà été abordé ici, avant de partir dans tous les sens...
Je maintiens donc ce que je dis plus haut, "savoir" transmis par un spécialiste de la question, collecteur de microtoponymes de sa région (et en partie la mienne), à savoir que les noms se terminant par "y" (à la suite d'une consonne) viennent très fréquemment de noms de personnes auxquels on a ajouté le suffixe "icacum" ou "iacus", réduit après l'époque gallo-romaine en "y" (dans le nord du territoire, la même règle - non absolue - s'appliquant aussi en Belgique) ou en "ey" en Helvétie, si l'on en croit Jean-Charles.
Parfois, le "y" terminal n'a été ajouté que pour faire joli ou savant !
Dans les Ardennes, une centaine de communes (sur 463) ont des noms se terminant par "y", selon ce principe.
Dans le cas des terminaisons en "ay" ou "oy", il s'agit souvent de collections d'arbres : Aulnay/Aulnoy <- aulnaie,
Charnoy (ou Charnois) <- charmaie (le charme s'est aussi appelé "charne"), Tannay <- lieu planté ... de chênes (et non de sapins !), etc.
Il faut aussi savoir que les Romains, en trois siècles, ont peu modifié les toponymes pré-existants, se contentant de suffixation.
Pour "Eburiacos", il est vraisemblable qu'il s'agisse d'un "Eburiacus" redevenu gaulois après une tentative de latinisation, selon le modèle sus-cité.
Pour les noms courts, comme "Ry", la règle ne semble pas pouvoir s'appliquer. En l'occurence, il faut sans doute chercher du côte de "ru", "ruisseau", ...
Enfin, je n'ai pas reconnu de terminaison en "ac" dans "Aachen/Aix la Chapelle" ou "Aix en Provence" (ni dans "Ax les Thermes" ou "Dax") où l'on retrouve bien la racine "eau" dans l'une de ses multiples déclinaisons ("aqua", "aigue" ou "ègue", "éwé", ...). Voir de l'eau dans "Cognac" me paraîtrait un brin abusif ! |
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felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
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écrit le Tuesday 25 Sep 07, 16:45 |
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Aix-la-Chapelle = en Latin Aquisgranum! |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 25 Sep 07, 17:14 |
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Voici ce qu'indique le Dictionnaire des noms propres de Jean COSTE à propos du suffixe toponymique -ac :
Citation: | Le suffixe -ac présente plusieurs variantes régionales :
* -at (Auvergne)
* -ieu (Alpes)
* -ey (Est, bordelais)
* -y (France d'oïl)
* -é (Ouest)
C'est un suffixe majeur qui remonte à tout le moins au gaulois -accos.
Ce suffixe localisateur signale la présence abondante ou exceptionnelle voire insolite dans le lieu considéré, de ce que précise le sens du radical.
- bals (rocher) ==) Balz-ac
- chassang (chêne) ==) Chassagn-at
- mille (millet) ==) Mill-y
- maille (bois) ==) Maill-é
- cesse (cerise) ==) Cess-ieu
Il a des correspondants en (-aga) et selon toute probabilité en (-ec) :
gaztan (châtaignier) ==) Gaztañ-aga
gorosti (houx) ==) Gorosti-aga
quelven (noisette) ==) Quelven-ec
scavenn (sureau) ==) Scavenn-ec |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Wednesday 26 Sep 07, 17:17 |
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OK, je viens de vérifier pour Aurillac qui signifie bien en effet la "villa d'Aurelius" ! Merci ! |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Sunday 07 Oct 07, 10:30 |
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Citation: | Le suffixe -ac présente plusieurs variantes régionales :
* -at (Auvergne) |
Les terminaisons toponymiques -ac et -at proviennent toutes les deux de -acum; elles coexistent dans les mêmes régions, et la deuxième n'est pas une variante typiquement auvergnate.
La raison en est qu'à partir du 13e s., il est pratiquement impossible de distinguer dans les manuscrits entre l'écriture du c et du t. Ainsi, l'usage des copistes finit par hésiter entre les deux graphies (dont la deuxième n'est pas étymologique).
Ici, en Basse-Marche nous avons par exemple Bellac (sous-préfecture de la Haute-Vienne) et un lieu-dit "Chez Bellat" (dans le même département). |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 08 Oct 07, 12:51 |
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Citation: | Le suffixe -ac présente plusieurs variantes régionales :
* -at (Auvergne) |
C'est ainsi que Jean Coste présente les 2 suffixes dans son Dictionnaire.
-ac et -at proviennent toutes 2 de -acum mais pas forcément sur un même plan. -ac est en ligne directe du gaulois -accos via le latin -acum et -at est une déformation (orale ou par les copistes) de -ac. Le fait que les 2 suffixes cohabitent dans une même zone n'enlève rien au caractère "régional" de -at. Quand Coste dit de -at qu'il est d'Auvergne, ce n'est pas forcément un absolu : on peut trouver ce suffixe -at hors d'Auvergne et on peut trouver des -ac en Auvergne.
Par ailleurs, Coste traite des toponymes, pas des patronymes (chez Bellat).
Ce que tu mentionnes des copistes est intéressant Piroska. Mais quel est l'impact de l'usage des copistes sur l'usage oral local ? |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Monday 08 Oct 07, 13:46 |
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Citation: | Par ailleurs, Coste traite des toponymes, pas des patronymes (chez Bellat). |
Comme bcp de patronymes proviennent de toponymes… j'ai cité cet exemple, mais il y en a d'autres dans les toponymes seuls.
Citation: | Mais quel est l'impact de l'usage des copistes sur l'usage oral local ? |
Comme les chartes, décrets et autres actes notariés étaient lus à haute voix devant les intéressés, qui, le plus souvent, ne savaient pas lire… et que le -t final était encore prononcé à l'époque, les deux prononciations pouvaient se propager oralement à l'égalité, je suppose.
Mais c'est une hypothèse comme une autre; je n'étais pas là et n'ai pas pu suivre l'affaire…
Je me souviens seulement des documents paléographiques que j'ai étudiés et où le problème susdit (-t ou -c ?) se posait de façon flagrante lors du déchiffrage. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 08 Oct 07, 14:15 |
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José a écrit: | … quel est l'impact de l'usage des copistes sur l'usage oral local ? |
Pas forcément nul. Il est bien possible que les fonctionnaires (préfectures, état-civil, cadastre, etc.) aient eu une influence plus grande que celle de l'oral sur les noms propres et, à un niveau qui serait à préciser, ils dépendent un peu des chartistes. Un futur d'entre eux pourrait peut-être apporter ses lumières là-dessus … |
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anton-sklaer kasteler
Inscrit le: 22 Jul 2006 Messages: 18 Lieu: Bro Neñnèit
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écrit le Saturday 13 Oct 07, 13:00 |
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En Bretagne grace à la survie de la langue celtique on peu avoir un échantillion de l'évolution de ce suffixe.
Dans les zone le plus à l'est, de langue romane, c'est essentiellement "é" et "y" qui prime (Vitré, Liffré,...), puis dans la zone dite "mixte" (ou la langue bretonne était autrefois présente), on remarque un nombre important de "ac" (missillac, muzillac, Dreffeac,..), et de "euc" (Coëmeleuc, Trehorenteuc, Quénéleuc...), et enfain les fameux "ec" dans la zone encore bretonnante pendant l'époque contemporaine
Il existe aussi des "oc", dans le Leon
chronologiquement :
Ac
Oc
Euc
Ec
Mais il peu avoir des piège, par exemple en léon on continue à prononcer les ec "oc" (brezonoc), et dans le pays guérandais le "ac" s'est maintenus sans doute assez longtemps dans la prononciation locale |
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