Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
|
écrit le Saturday 27 Oct 07, 12:41 |
|
|
Un falot désigne une lanterne portative que l'on fixait autrefois, par exemple, au bout d'un baton.
Ce terme est surtout employé dans la marine : c'est la lanterne que l'on fixe au mat.
Ce terme a la même origine que le fanal, du grec byzantin φανή (phanê)
Il vient de l'italien falò qui désigne un feu que l'on allume pour célébrer un évènement.
Par exemple, le fameux bûcher des vanités (falò delle vanità) s'est déroulé le jour de mardi gras de l'an 1497, à Florence, lorsque Jérôme Savonarole (Girolamo Savonarola), à la tête de la ville où il imposa un régime théocratique, a fait recueillir toutes sortes d'objets censés n'avoir pour rôle que d'entretenir la vanité de l'être humain : robes, affaires de toilettes etc... tout ce qui représente la nudité, la vulgarité, l'immoralité comme les livres, commes les œuvres d'art.
Des trésors (considérés comme des vanités...) ont ainsi été réduits en flammes. |
|
|
|
|
felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
|
écrit le Saturday 27 Oct 07, 14:08 |
|
|
Est ce que 'falot' ne serait pas un diminutif de phare, nom de l'île où se trouvait le phare d'Alexandrie. On devrait plutôt l'écrire phalot!
De l'origine grecque on retient diaphane, Epiphanie, phantasme, mais pas l'allemand 'Fackel' et le néerlandais 'fakkel' qui descendent du latin 'fax' = branche de bois résineux, utile à en faire une torche. |
|
|
|
|
Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
|
écrit le Saturday 27 Oct 07, 14:29 |
|
|
Il faut faire attention à la date de l'emprunt. L'emploi de falot semble bien antérieur à celui du mot phare.
Cependant, l'influence du latin pharus (issu du grec) peut expliquer le passage du n au r.
Ensuite, le passage du l au r est plus facile à comprendre. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
|
écrit le Sunday 28 Oct 07, 11:48 |
|
|
Il semble y avoir une certaine confusion entre plusieurs mots indépendants :
Le grec φάρος [pháros] « tour à feu, phare » doit son nom à l'îlot de Pharos devant Alexandrie où a été construite la célèbre tour destinée à guider les navires et qui fut considérée comme une des sept merveilles du monde. Le nom de cet îlot est probablement l'hellénisation d'un toponyme égyptien.
(le sujet a déjà été abordé dans un mot du jour mais je dois l'arranger un peu avant de mettre ici un lien)
Le dictionnaire étymologique cité par giòrss fait un amalgame un peu audacieux entre deux racines que même Pokorny distingue …
*bʰeh₂- (bhā-1, bhō-, bhǝ- chez Pokorny) « briller, luire »
racine nue dans skr. bhā-, bhāti « briller, resplendir, apparaître » ;
suffixe n (en grec, notion de vision)
φαίνω [phaínō] (< *bʰh₂-n-io-) « rendre visible, montrer », au moyen φαίνομαι [phaínomai] « paraître, se montrer » (participe φαινόμενος [phainómenos] « manifeste » > fr. phénomène) ;
de là des dérivés, φανερός [phanerós] « visible, manifeste » (utilisé pour « [argent] comptant ») ou ἄ-φαν-τος [áphantos] « invisible » ;
du thème apparaissant dans ce dernier mot on a fait un verbe φαντάζομαι [phantázomai] « devenir visible, apparaître », d'où φάντασμα [phántasma] « apparition, image, fantôme » (> fr. phantasme, fantôme)
voir aussi au thème I *bʰeh₂-n- angl.-sax. bōniān « polir » (faire briller), v.irl. bān « blanc », skr. bhānu- « clarté, éclat » ;
suffixe u
*bʰh₂-u-ti- φαῦσις [phaũsis] « lumière, éclat » ;
*bʰh₂-u-es- (neutre) φάος (éol. φάυος, pamph. φάβος, att. φῶς) [pháos, pháuos, phábos, phõs] « lumière » (> fr. photo-) ;
de là *bʰh₂-u-es-no- gr. hom. φαεινός, éol. φάεννος, att. φᾱνός [phaeinós, pháennos, phānós] « lumineux, brillant » ;
le ā de la contraction attique se retrouve dans le substantivé φᾱνός « torche » et le dérivé φᾱνάριον [phānárion] « lanterne, fanal » qui, du grec byzantin, est passé sans postérité dans l'ancien français fanar (XIVe s.) et dans l'italien fanale (selon Devoto par attirance des adjectifs en -ale) auquel le français a emprunté fanal.
*bʰel- (bhel-1 chez Pokorny) « brillant, blanc » avec une idée de pâleur qui s'appliquera souvent à une absence de cheveux !
skr. bhāla- (*bʰol-o-) « éclat, splendeur » et aussi « front [dégarni] » ;
gr. φαλός [phalós] « blanc », d'où on tire φάληρος, (dor. φάλᾱρος) [phálēros, phálāros] « blanc, marqué de taches blanches » et aussi « chauve » ;
de là un dénominatif φαληριάω [phalēriáō] « être blanc », de peur, ou d'écume en parlant de vagues, de brisants ;
all. Blässe « pâleur », angl. bald (< moy.angl. balled) « chauve », d'un sens premier dont témoignent les noms de robes de chevaux pie : piebald « noir et blanc » et skewbald « fauve et blanc ».
Il est maintenant clair, j'espère, que le falò italien ne peut être issu de cette seconde racine !
Il faut considérer plutôt une altération toscane (pisane ?) d'un *farò qui a des correspondants romans (a.catal. faró, esp. farón, port. farol) et qui serait une contamination de φᾱνός [phānós] « torche », φᾱνάριον [phānárion] « lanterne, fanal » par φάρος [pháros] « tour à feu ».
homonyme
En dépit d'un jeu de mots de Rabelais, « pren Millort Debitis à Calais, car il est goud fallot, et n'oublie debitoribus, ce sont lanternes », l'adjectif falot, anciennement « drôle, gai, joyeux » puis déprécié en « sans relief, sans intérêt », n'a aucun rapport avec la lanterne mais est un emprunt à l'anglais [good] fellow. |
|
|
|
|
Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
|
écrit le Sunday 28 Oct 07, 17:42 |
|
|
Merci, Outis, pour ces éclaircissements. La clarté française existe encore grâce à des gens comme vous. Permettez, pour vous féliciter pour
Citation: | un emprunt à l'anglais [good] fellow. |
http://kids.niehs.nih.gov/lyrics/jollygood.htm |
|
|
|
|
Tjeri
Inscrit le: 13 Sep 2006 Messages: 996
|
écrit le Sunday 28 Oct 07, 17:52 |
|
|
Citation: | Ce terme est surtout employé dans la marine |
Je pense que le passé s'impose: ce terme était employé dans la marine. Pour ma part dans la marine de plaisance à voile je n'ai jamais entendu parler que de feu de tête de mat, feu de hune....ou hunier. |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Sunday 28 Oct 07, 22:20 |
|
|
Alors, j'ai mis le lien pour la discussion et pas pour coincider avec le point de vue de l'auteur...Outis a déja dit en autre occasion que ne se traite pas d'un dictionnaire fantastique...mais c'est la seule chose que j'ai trouvé en Internet.
Sans doute, dans le Nord de l'Italie, on dit "farò" et on dit pas "falò" avec "l" (mais ça c'est un simple phénomene de lambdacisme).
J'ai cherché dans le "Tesoro della Lingua Italiana delle Origini"
http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/ricindex.html
"rien"!!!
Alors, j'ai essayé avec l'Accademia della Crusca:
http://morpheus.micc.unifi.it:8080/cruscle/ricerca_libera.jsp
et j'ai trouvé que le premier exemple est la Cronaca di Giovanni Villani (né à Florence en 1280)
G. V. 10. 24. 1. Venuta in Pisa la novella, e l'ulivo della coronazione del Bavero in Melano, se ne fece falò, e festa per certi usciti di Firenze |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Monday 05 Sep 11, 8:32 |
|
|
Voir aussi les MDJ phare et fantôme. |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
|
écrit le Wednesday 25 Jun 14, 14:03 |
|
|
A Turin, le farò est un événement organisé à l'occasion de la fête de San Giovanni.
Lire le Fil Saint-Jean (Cultures et traditions). |
|
|
|
|
|