Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
joachim
Inscrit le: 13 Jun 2006 Messages: 220 Lieu: Nord (avesnois)
|
écrit le Sunday 04 Nov 07, 13:20 |
|
|
Je veux parler de "soit" en tant qu'adverbe d'accord, de consentement. Par exemple : "tu veux aller là-bas ? eh bien, soit ! "
Comment le prononcez vous ? soi ou bien "soitte", en faisant ressortir le t. Moi, parisien d'origine, j'ai toujours dit soitte, mais d'autres personnes ici dans le Nord disent soi. Quelle est la bonne prononciation française, à votre avis ? |
|
|
|
|
semensat
Inscrit le: 20 Aug 2005 Messages: 863 Lieu: vers Toulouse
|
écrit le Sunday 04 Nov 07, 13:44 |
|
|
J'ai toujours dit /soitte/. |
|
|
|
|
montezuma II
Inscrit le: 18 Mar 2007 Messages: 61 Lieu: sud haut-marnais
|
écrit le Sunday 04 Nov 07, 14:48 |
|
|
/soitte/ naturellement |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Sunday 04 Nov 07, 17:41 |
|
|
L'effacement des consonnes finales en français est un phénomène complexe et soumis à de nombreux facteurs non phonétiques.
Pour un grand nombre de mots la situation est plus ou moins figée :
- effacement quand le mot était plus fréquent au pluriel : clerc, croc, jonc ;
- maintien quand le singulier l'emportait : bec, duc, arc.
Il y a aussi des mots où une variation géographique est perceptible : avis, tabac gardent souvent leur finale dans le Midi.
Restent beaucoup de mots où la prononciation dépend de l'environnement phonétique. On en a déjà discuté ici à propos des noms de nombre (je ne trouve plus où). La « règle » serait :
- maintien de la consonne à la pause (par exemple en fin de phrase) ;
- chute avant une consonne ;
- maintien avec altération éventuelle de sonorité avant une voyelle (liaison).
Donc, dans l'exemple de joachim, la prononciation usuelle est bien /swat/ mais il n'y a rien d'étonnant à ce que le Nord préfère /swa/. Une évolution phonétique en cours sur un grand laps de temps ne se produit pas partout au même rythme …
C'est le même phénomène qui se manifeste probablement dans la tendance actuelle à ne plus faire les liaisons facultatives (« un noiseau » est indéracinable mais « c'est évident » commence chez les jeunes à l'emporter sur « c'est tévident »). |
|
|
|
|
joachim
Inscrit le: 13 Jun 2006 Messages: 220 Lieu: Nord (avesnois)
|
écrit le Sunday 04 Nov 07, 19:24 |
|
|
D'accord, merci à ceux qui ont répondu et en particulier pour les éclaircissements d'Outis.
C'est vrai que les jeunes font évoluer le langage à la Vitesse "grand V". Rien que cet après midi j'ai entendu plusieurs fois dire "c'est trop bon" au lieu de "c'est très bon", y compris dans des pub TV. Cette expression n'existait pas dans ma jeunesse. |
|
|
|
|
András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1487 Lieu: Timişoara, Roumanie
|
écrit le Monday 05 Nov 07, 0:12 |
|
|
La prononciation [swat] n'est-elle pas due au fait que dans cet emploi le mot n'est pas suivi d'un autre dans le même énoncée? |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Monday 05 Nov 07, 1:47 |
|
|
Oui, c'est exactement ce que je disais : « à la pause » signifie « non suivi d'un autre mot dans le même souffle ». Ce n'est pas nécessairement en fin de phrase, par exemple :
dans « Tu veux que je parte ? Soit, je partirai. » on prononce /swat/
alors que dans un autre emploi syntaxique :
« Soit je partirai, soit je resterai. » on prononce /swa/
La disparition des consonnes finales est évidemment facilitée quand elles formeraient un groupe consonantique avec le mot suivant. On a un phénomène de même type en français du Nord où, avec la chute des e, « prendre le train » devient « prend' le train » … |
|
|
|
|
Valeria
Inscrit le: 10 Oct 2006 Messages: 336 Lieu: France
|
écrit le Monday 05 Nov 07, 2:06 |
|
|
J'ai vécue en Bretagne à côté de Rennes pendant 4 ans et je n'ai jamais entendue quelqu'un prononcer le mot soit " soitte",
Et ici dans le sud, par exemple mes collègues, mes ami(e)s disent " soitte"
Alors, moi comme étrangère que je suis, je ne sais pas c'est quoi la bonne prononciation, même si je le dis "soit" |
|
|
|
|
Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
|
écrit le Monday 05 Nov 07, 4:38 |
|
|
Pour moi, Soit ! est pratiquement une interjection qui n'a plus grand chose à voir avec le verbe être.
Et je prononce cette interjection Soitte !
J'y vois une évolution de la même nature que (ne) plus vs pluss |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Monday 05 Nov 07, 9:50 |
|
|
Le soit français me semble relever du même type de construction que l'anglais :
- so be it : qu'il en soit ainsi!
Dans les 2 cas, nous avons bien un subjonctif, non ?
Outis a écrit: | « c'est évident » commence chez les jeunes à l'emporter sur « c'est tévident ») |
Exact. Faire la liaison (c'est tévident) donne aujourd'hui une tonalité qq peu relevée ou "bien élevée". Dans le prononcé des jeunes, ou des moins jeunes , on note une accentuation du é- qui exclut pratiquement la liaison (trop lourde). |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Monday 05 Nov 07, 9:53 |
|
|
L'opposition de /plus/ et /plu/ est encore plus complexe puisqu'y intervient le problème du sens négatif résultant de la perte de « ne » dans « ne … plus », la prononciation du s final devenant alors distinctive :
« j'en veux plus » :
- /jã vö plus/ = j'en veux davantage
- /jã vö plu/ = j'en ai assez
Mais c'est un autre sujet.
Je ne suis pas sûr que la perte du lien avec le verbe être soit totale et j'imagine que, pour beaucoup de gens encore, la compréhension « [que cela] soit ! » reste soutenue par le biblique « que la lumière soit ! » indépendamment d'une divergence dans la prononciation ou non du t final.
note : quand je parlais du Nord, c'était au sens de la linguistique romane, par opposition au Midi : ça inclut tout aussi bien Paris ou la Bretagne …
(voir ici d'autres ambiguïtés) |
|
|
|
|
Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
|
écrit le Monday 05 Nov 07, 12:45 |
|
|
Il me semble que la perte de liaison dans un cas comme c'est tévident est plutôt dû à une mauvaise maitrise du français. Ça ressemble à la manière dont les Teutons prononçaient le français il y a quelques décennies de ça. Il me semble qu'ils ont de plus en plus tendance à ne plus séparer les mots par des coups de glotte.
Mais, bon, j'arrête là le hors-sujet. |
|
|
|
|
jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
|
écrit le Tuesday 29 Jan 08, 7:13 |
|
|
C'est vraiment très calé tout ce que vous dites sur la prononciation de ce soi-disant adverbe, qui n'est plus guère aujurd'hui, comme le signale J.Ch., qu'une interjection pour conclure une discussion. Elle met un point final.
Pour ma part, j'ai rarement entendu prononcer "soi".
Toutefois, cette influence biblique que signale Outis, toujours encore vivace, est certainement pour quelque chose dans le prononcer de certains. |
|
|
|
|
yves
Inscrit le: 07 Aug 2007 Messages: 397 Lieu: Nevers
|
écrit le Wednesday 30 Jan 08, 18:30 |
|
|
Un peu comme "plu/plusse" signalé, quand je prononce (très courant dans mon métier): soit A le point ... je dis "soi" et quand il s'agit du cas de consentement, je dis "soitte" et je le ressens différemment.
Pour l'exemple mathématique cité, il n'est pas sûr que tous les élèves (et les professeurs) le comprennent comme un subjonctif. En particulier, on n'a pas toujours l'accord au pluriel. |
|
|
|
|
Adhyaapak
Inscrit le: 27 Dec 2007 Messages: 88 Lieu: New Delhi
|
écrit le Wednesday 30 Jan 08, 19:33 |
|
|
Jean-Charles a écrit: | Il me semble que la perte de liaison dans un cas comme c'est tévident est plutôt dû à une mauvaise maitrise du français. Ça ressemble à la manière dont les Teutons prononçaient le français il y a quelques décennies de ça. Il me semble qu'ils ont de plus en plus tendance à ne plus séparer les mots par des coups de glotte.
Mais, bon, j'arrête là le hors-sujet. |
Permettez que je continue un tout petit peu le hors-sujet : dans la vie de tous les jours, je ne ferais pas non plus la liaison dans "c'est évident !" et pourtant je me targue de ne pas trop mal maîtriser le français. Je ne la ferais pas plus, cette liaison, devant un autre adjectif commençant par une voyelle ou un(e) h muet(te) et qui pourrait sembler plus soutenu ou plus recherché, par ex. "c'est inexorable" ou "c'est horripilant" s'il devait suivre immédiatement le verbe être comme dans l'exemple donné. J'ai l'impression que cela permet de faire ressortir, et donc de donner plus de poids à l'adjectif dans une phrase réduite à sa plus simple expression. Je ferais par ex. la liaison en disant "c'est très énervant" ou "c'est parfaitement inadmissible".
PS : je sais, c'est toujours hors-sujet, mais le mot que vous employez pour désigner les Allemands me choque. Voilà, c'est dit. |
|
|
|
|
|