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affreux (francais) / affres (francais) / afrouz (piémontais) - Le mot du jour - Forum Babel
affreux (francais) / affres (francais) / afrouz (piémontais)

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giòrss



Inscrit le: 02 Aug 2007
Messages: 2778
Lieu: Barge - Piemont

Messageécrit le Tuesday 06 Nov 07, 18:58 Répondre en citant ce message   

ANIMATION FORUM (José) :
Comme précisé plus bas dans ce fil, un autre fil rejoint le thème de celui-ci :
- lire le Mot du Jour : effrayer



Ma grand-mère utilisait toujours un adjectif piémontais très étrange:

AFROUS (m), AFROUZA (f) = effroyable, qu'il inspire terreur
Ex.: Fatcha afrouza: figure torve

En français j‘ai trouvé un mot correspondant, mais qui a ancore plus de sens (nonpas seulement dans le domaine de la “terreur”, mais aussi de la “douleur”) et qui peut-être un substantif.


http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=16750440;

Citation:

AFFREUX, EUSE, adj. et subst.
Qui inspire ou est propre à inspirer tous les degrés de l'horreur ou de l'angoisse douloureuse.

A. Adjectif
1. Domaine des sens
a) [Dominance de l'idée de terreur] :

1. Autour du gouffre ils n'aperçurent que des rochers stériles hérissant des côtes ténébreuses, ou suspendus en voûtes au-dessus de l'abîme. Des bruits lamentables, d'effrayantes clameurs, d'affreux rugissements, assourdissoient les navigateurs à mesure qu'ils s'enfonçoient dans ces solitudes d'eau et de nuit.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 484.

2. La peur (et les hommes les plus hardis peuvent avoir peur), c'est quelque chose d'effroyable, une sensation atroce, comme une décomposition de l'âme, un spasme affreux de la pensée et du cœur, dont le souvenir seul donne des frissons d'angoisse.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, La Peur, 1882, p. 798.

b) [Dominance de l'idée de douleur]
[En parlant d'un état, d'un événement etc.] Qui suscite ou exprime une extrême douleur :

3. Nous apprenions ainsi à n'avoir aucune de ces répugnances qui rendent plus tard l'homme faible devant la maladie, inutile à ceux qui souffrent, timide devant la mort. Elle ne nous écartait pas des plus affreux spectacles de la misère, de la douleur et même de l'agonie.
A. DE LAMARTINE, Les Confidences, 1849, pp. 87-88.

4. Je suis rentré assez tristement, sous la pluie. Le peu de vin que j'avais pris me causait d'affreuses douleurs d'estomac.
G. BERNANOS, Journal d'un Curé de campagne, 1936, p. 1055.
c) [Dominance de l'idée de laideur physique (par réf. à l'idée du Beau)]
[En parlant surtout d'un animé] Qui inspire de la répulsion ou du dégoût :

5. Il y a quelques jours, j'ai rencontré trois pauvres idiotes qui m'ont demandé l'aumône. Elles étaient affreuses, dégoûtantes de laideur et de crétinisme, ...
G. FLAUBERT, Correspondance, 1845, p. 178.

6. Le bon Dieu fut vertement tancé pour avoir inventé la barbe. L'homme orné de cette chose fut déclaré bouc. La barbe fut décrétée laide, sotte, sale, immonde, infecte, repoussante, ridicule, antinationale, juive, affreuse, abominable, hideuse, et, ce qui était alors le dernier degré de l'injure, romantique!
V. HUGO, Correspondance, 1845, p. 623.
Par hyperb. [En parlant surtout d'un inanimé] Qui blesse les sens, en particulier la vue et l'ouïe :

7. Je demeurai assise toute la journée sur la plage à regarder les baigneurs dans l'eau. Ils arrivaient gros ou minces, tous laids dans leurs affreux costumes; ...
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Enragée? 1882, p. 884.

8. Joli, beau, superbe, merveilleux, idéal ou laid, affreux, mesquin, atroce, insupportable, voilà ce qui sort aussitôt de toutes les bouches, dans une exposition de tableaux, une audition musicale ou dramatique...
GRIVEAU, Éléments du beau, 1892, p. 5.
2. Domaine moral. [Par réf. à l'idée du Bien]
[En parlant d'un acte répréhensible ou d'une pers. qui commet de tels actes] Qui inspire la réprobation :

9. ... le tumulte et la confusion, les cris et l'horreur étoient au comble, et tous ces attentats affreux se commettoient par des hommes plus affreux encore, et au profit d'un seul homme, auquel la société devoit donner la mort, et qui la méritoit mille fois.
H. DE BALZAC, Annette et le criminel, t. 4, 1824, p. 100.

10. Trouvé le personnage, un interminable vieillard à tête de cheval de bois. Ô le pharisien! l'affreux prêtre! il me déclare tout d'abord, du haut d'un glacier, qu'il ne sait absolument pas ce qui m'amène, ...
L. BLOY, Journal, 1900, p. 270.

11. La duchesse de Boutteville était une personne d'allure et d'esprit pittoresques, mais non dépourvue d'une certaine modération sereine qu'elle abandonnait lorsqu'il était question de la République et des Républicains. Pour les qualifier, elle disposait d'un vocabulaire restreint, mais précis : « cet affreux régime » « cet affreux président » « ces affreux députés » « ces affreux scandales, oui mes amis, qui prouvent bien notre décadence ». Parfois des images colorées, d'un style curieusement populaire, venaient rehausser le langage de la duchesse : « cette affreuse Marianne, qui a trempé son bonnet dans le sang des meilleurs Français, parfaitement... »
M. DE SAINT-PIERRE, Les Aristocrates, Paris, Livre de poche, 1954, pp. 386-387.
Spéc. Affreux à + inf. :

12. Une chose affreuse à dire, affreuse à voir de ses yeux, m'a chassée des demeures de Loxias, une chose qui ne me laisse ni force, ni stature!
P. CLAUDEL, Les Euménides, trad. d'Eschyle, 1920, I, p. 950.
3. P. ext.
a) Souvent par hyperb. [Pour exprimer un jugement de valeur] Très mauvais :

13. Le temps était doux, les chemins affreux. Un soleil pâle éclairait d'une lumière argentine les champs sans verdure et les arbres sans feuillage, et la neige des montagnes brillait faiblement derrière une brume légère.
R. TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, pp. 324-325.

14. « Alors? Comment ça va? » dit-il dans son affreux français.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 311.
b) [L'idée superl. seule subsiste] Extrême, excessif :

15. Je n'ai rien reçu d'Isabelle aujourd'hui, bien qu'elle me l'ait promis dans sa dernière lettre. Je ne suis pas inquiet mais triste. J'ai un besoin affreux de la revoir. Il me semble qu'il y a déjà des siècles que je l'ai quittée.
J. RIVIÈRE, ALAIN-FOURNIER, Correspondance, lettre de J. R. à A.-F., avr. 1909, p. 86.
4. Emplois affectifs de la lang. surtout parlée
a) Constr. impers., emphatique. C'est affreux, il est affreux de, etc. C'est terrible de..., c'est horrible de (cf. A 3 b) :

16. Andréa porte un cilice... tout son corps n'est plus qu'une horrible plaie... Mme de Kergaz jeta un cri. C'est affreux! dit-elle, affreux... affreux!
P.-A. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 2, Le Club, des valets de cœur, 1859, p. 20.

17. ... j'étais avec des camarades de club, nous avions tous ramené une femme, et bien que je n'eusse envie que de dormir, les mauvaises langues avaient prétendu, car c'est affreux ce que le monde est méchant, que j'avais couché avec Odette.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, pp. 299-300.
b) Emploi neutre. L'affreux, c'est que... :

18. Chacun tirait un numéro. Qui en attrapait un bon aurait un sort heureux. Cependant leur croyance voulait que sur les treize, d'obligation, se trouvât un damné. Pour le connaître, c'était là l'affreux, le sorcier pratiquait une sorte de cérémonie.
H. POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 226.

19. ... c'est le corps qui souffre. Ma peau me fait mal, ma poitrine, mes membres. J'ai la tête creuse et le cœur soulevé. Et le plus affreux, c'est ce goût dans la bouche. Ni sang, ni mort, ni fièvre, mais tout cela à la fois. Il suffit que je remue la langue pour que tout redevienne noir et que les êtres me répugnent.
A. CAMUS, Caligula, 1944, I, 2, p. 26.
c) Par création anton. sur il fait beau (temps). Il fait affreux. Il fait un temps affreux :

20. Été voir Jacques Blanche hier. « Qu'il fait beau! », n'ai-je pu me retenir de lui dire en entrant. Mais lui tout aussitôt : « Oh! comment pouvez-vous dire cela? Il fait affreux. Vous appelez « beau temps » le seul que je ne puisse pas supporter. » De pareils mots m'indignent comme un blasphème. Je ne devrais aller voir Blanche que quand il pleut.
A. GIDE, Journal, 1906, p. 206.

B. Emploi subst.
1. Dans le lang. parlée très fam. [Désigne toujours une pers. présente] :

21. Il questionnait même ceux qu'il n'avait jamais vus : Eh! toi, l'affreux, ça t'plaît comme ça d'pourrir ici?
R. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 121.
Rem. Une nuance affective s'attache toujours à cet emploi; de même que vilain, affreux peut à la limite fonctionner comme un hypocoristique.
2. [Par ell. d'un subst. ant.] Rare et littér. :

22. Ô spectacle sacré! l'ombre secourant l'ombre, L'âme obscure venant en aide à l'âme sombre, Le stupide, attendri, sur l'affreux se penchant; ...
V. HUGO, La Légende des siècles, t. 2, Le Crapaud, 1859, p. 738.
Rem. V. Hugo parle ici du crapaud qu'il oppose à l'âne le stupide, attendri.
Prononc. : [], fém. [-ø:z]. Enq. : /1, -ø2z, D/.

Étymol. ET HIST.

1. a) Av. 1520 « épineux, âpre, sauvage (d'un paysage) » (SEYSSEL, trad. Appian, 129 [1544] ds QUEM. t. 1 1959 : Une campagne seiche, affreuse et sterile); 1539 « id. » (R. ESTIENNE, Dict. françois-lat. : voir ci-dessous);

b) 1524-1585 « hirsute (d'une pers.) » (RONS., 630 ds LITTRÉ : Sautant du lict elle s'est resveillée : Nuds pieds, sans robe, affreuse [en désordre, d'apr. LITTRÉ] eschevelée...);

2. 1539 « qui cause de l'effroi, terrible, horrible » (R. ESTIENNE, op. cit. : Affreux, Sentus, Horridus, Perhorridus. Affreux et espouantable a regarder, Toruus);

3. 1690 « laid (d'une pers.) » (LA BRUYÈRE, Les Caractères de Théophraste, etc., III, Des femmes, 6, 5e éd. : ... je leur prononce [aux femmes], de la part de tous les hommes ou de la plus grande partie, que le blanc et le rouge les rend affreuses et dégoûtantes);

4. 1712-1778 « méchant, cruel (d'une pers.) » (Rousseau de Genève ds FÉR. Crit. t. 1 1787 : J'ai vu des hommes affreux pleurer de douleur aux aparences d'une année fertile).
Dér. de affre*; suff. -eux*.




Alors, dériverait de "affre" mais, maintenant, ce mot n'existe qu'en forme plurielle.



http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?28;s=3325662825;r=2;nat=;sol=0;


Citation:
AFFRES, subst. fém. plur.

30. ... une foule que les catastrophes de chemins de fer font trembler, qui connaît les tremblements de terre, la peste, la révolution, la guerre; qui est sensible aux affres désordonnées de l'amour, peut atteindre à toutes ces hautes notions et ne demande qu'à en prendre conscience, mais à condition qu'on sache lui parler son propre langage, ...
A. ARTAUD, Le Théâtre et son double, 1939, p. 90.

Stylistique 1. De moindre vitalité pendant un certain temps où il était considéré comme vieilli, et où son emploi se limitait presque exclusivement à l'expr. les affres de la mort, affres connaît à l'époque mod. un renouveau dans la lang. littér. où il devient un synon. expr. et souvent hyperbolique de angoisse. Des poètes tels que Verhaeren ou St-John Perse vont jusqu'à l'employer au sing. :

31. Quel océan, ses cœurs! quel orage, ses nerfs! Quels nœuds de volontés serrés en son mystère! Victorieuse, elle [la ville] absorbe la terre; Vaincue, elle est l'affre de l'univers : Toujours, en son triomphe ou ses défaites, Elle apparaît géante, et son cri et son nom luit, Et la clarté que font ses feux dans la nuit Rayonne au loin, jusqu'aux planètes!
É. VERHAEREN, Les Villes tentaculaires, 1895, pp. 116-117.

32. ... ô vous toute présence, ô vous toute patience! Et comme un grand Ave de grâce sur nos pas chante tout bas le chant très pur de notre race. Et il y a un si long temps que veille en moi cette affre de douceur...
SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 272.
2. Ailleurs l'emploi sing. n'a guère survécu que dans l'expr. de fr. région. et pop. : se faire (une) affre de c.-à-d. avoir grand peur de, s'épouvanter de :

33. Je me fais une affre de cette entrevue. Ce jeune étudiant se faisait une affre de son examen d'Algèbre. Ne vous faites pas une affre de si peu de chose.
J. HUMBERT, Nouveau glossaire genevois, 1852, p. 9.
34. Il a ein mal, ça fait affre de voir ça!
VERR.-ON. t. 1 1908, p. 19.

Prononc. ET ORTH.

1. Forme phon. : []. WARN. 1968, donne la possibilité d'une prononc. avec [] post. long. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 58 : ,,on peut prononcer un [] long dans (une, il) balafre et dans les affres (de la mort)``. Enq. : //.

2. Dér. et composés : affreusement, affreux.

3. Forme graph. Les dict. du XIXe s. enregistrent la vedette au sing. mais précisent que le mot n'est usité qu'au plur. ou n'utilisent que le plur. dans leurs ex. Les dict. du XXe s. traitent le mot uniquement au plur.

4. Hist. FÉR. Crit. t. 1 1787 : ,,l'a est long dit l'Acad. Il faudrait donc l'écrire avec un seul f et marquer l'â d'un accent circonflexe, car les lettres doubles désignent que la syllabe est brève. C'est même la seule bonne raison qui les a introduites et qui les fait se conserver.`` Les dict. de prononc. du XIXe s. (à l'exception de NOD. 1844, BESCH. 1845 et FÉL. 1851) notent la 1re syllabe longue. MART. Comment prononce 1913, p. 31 précise à ce sujet : ,,L'a est ouvert de préférence, et par suite bref ou moyen, quand l'r est précédé d'une sourde, c'est-à-dire, en principe, dans les finales -apre, -acre, -atre et -afre : diacre, sacre, simulacre, nacre et massacre; battre et ses composés, avec quatre et barattre; affres et balafre. Quelques personnes ferment encore l'a dans affres.``



Intéressant le débat étymologique


Citation:
Étymol. ET HIST.

1460 affre « transe, épouvante » (Cent nouvelles nouvelles, LXXV ds GDF. Compl. : Il leur dit que, jour de sa vie, n'eut si belles affres qu'il avoit a cette heure eues). À partir du XVIIe s. le mot ne s'emploie plus guère qu'au plur., il est considéré comme vieilli et ne subsistant pratiquement plus que dans l'expr. les affres de la mort. Renouveau du mot au XXe s., supra.

Empr. au prov. affre « effroi, épouvante », 2e moitié du XVe s. (Istorio de Sanct Poncz, 4525-4526, publ. par l'abbé P. Guillaume ds R. Lang. rom. XXXI, p. 536 : O los quals ors desmesuras! L'es ung tres grant affre de veyre),

lui-même sans doute d'un got. *aifrs « âcre, amer » et « horrible, terrible » (cf. pour les deux sens de l'étymon germ. J. BRÜCH, Der Einfluss der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein, Heidelberg, 1913, p. 37),

le sens d'« horrible, terrible » étant passé en prov. puis en fr.,

le sens d'« âcre, amer » dans l'ital. afro « âcre (en parlant de fruits) »; ce dernier mot, attesté plus tôt que les mots gallo-rom., est sans doute d'orig. ostrog., alors que le mot prov. est d'orig. wisigot. (Cf. GAM. Rom.1 t. 1 1936, p. 385).
V. Günther, ds FEW t. 151, s.v. *aifrs, tout en proposant l'étymon got., signale deux arguments contre l'hyp. d'un got. *aifrs, le got. étant valable sur le plan de l'ext. géogr. : 1. En ce qui concerne l'a. h. all. : l'adj. a. h. all. eiuer « amarus, horridus » (DIEZ5, II c, s.v. afre) attesté seulement dep. Notker (GRAFF t. 1 1834 col. 100 s.v. eipar) et sur lequel on fonde ce got. *aifrs, n'est pas nécessairement anc. mais pourrait être une formation second. à partir de l'a. h. all. aipar « id. » (BRAUNE-MITZKA, Ahd. Gr. § 139, Anm. 5). L'alternance eipar/eiver ne peut donc servir de modèle à celle de abrs « fort, violent » (FEIST 1939) / *aifrs, supposée pour le got.

2. En ce qui concerne l'indo-eur. : un got. *aifrs n'est possible que si l'on peut faire remonter l'ags. « amer, sur » ainsi que l'a. h. all. eiuer à une base indo-eur. avec -p- (et non -bh-) c.-à-d. à un germ. -f- à partir de quoi seulement une alternance gramm. germ. f/ est concevable. Or pour l'ags. on suppose plutôt un indo-eur. -bh-, c.-à-d. *aibhro- (cf. KLUGE 1967 s.v. eifer; POKORNY, Indogermanisches etymol. Wörterbuch 11).




Le problème est:
est-ce que a existé le mot gothique* aifrs?


Allons voir l’italien “afro” (pratiquement inutilisé):



Le vieux dictionnaire de Ottorino Pianegiani dit:

http://www.etimo.it/?term=afro&find=Cerca

http://www.etimo.it/?cmd=id&id=422&md=516403e6557b8d3262ef5f120675a733


et apres

Le Tesoro della Lingua Italiana delle Origini indique “afro” comme present en italien avant qu’ “affre” en français.


http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/ricindex.html


Citation:
AFRO agg.

0.1 afra, afre, afri, afro.

0.2

Per LEI Germanismi s.v. *aifrs (1, 14.46);

per DEI, piuttosto dal lat. afer (all'obiezione del LEI: «afro è attestato in italiano solo dal Boiardo ed è voce dotta» risponde, per la prima parte, la voce presente).

0.3 Zucchero, Santà , 1310 (fior.): 1.

0.4 In testi tosc.: Zucchero, Santà , 1310 (fior.).

0.5 Locuz. e fras. trifoglio afro 1.1.

0.7 1 Di sapore aspro, allappante. 1.1 [Bot.] Locuz. nom. Trifoglio afro: tipo di trifoglio dalle foglioline di sapore amarognolo; prob. Trifolium pratense.

(Rossella Mosti 26.02.1999).

1 Di sapore aspro, allappante.

[1] Zucchero, Santà , 1310 (fior.), pag. 156: Mélle grane sono di due maniere: dolci (e) afre.

[2] Pistole di Seneca, a. 1325? (fior.), 63, pag. 138.4: Ma questo tormento hae in se alcun diletto, conciossiacosa, come disse Attalus, che così ci diletta la memoria degli amici perduti, come ci diletta alcun frutto, perch'egli è afro, o agro, e come 'l sapore del vin vecchio, che per vecchiezza sente d'amaro.

[3] Gregorio d'Arezzo (?), Fiori di med., 1340/60 (tosc.), pag. 31.6: et secondo che dice Ysaach, sono da mangiarli dinançi a ogni altro cibo sciettati fructi stitichi et afri; sicome sono: pere non mature, mele cotongnie, nespole, sorbe...

1.1 [Bot.] Locuz. nom. Trifoglio afro: tipo di trifoglio dalle foglioline di sapore amarognolo; prob. Trifolium pratense. || (Elsheikh).

[1] Piero Ubertino da Brescia, p. 1361 (tosc.), pag. 32, col. 1.20: R. alaquilia et alleluya e angelica vel trefoglio afro e sì vide curare con quella sola la fistola lagrimale.

[u.r. 04.03.2006]



Malheureusement, je n'ai pas trouvé le mot latin (cité par le DEI) "afer" dans le dictionnaire.

J’ai cherché “afrus”, mais a le même sens du castillan “afro” (= africain).

ICI
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Papou JC



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Messageécrit le Friday 07 May 10, 23:00 Répondre en citant ce message   

Pour faire le tour des origines éventuelles de ce mystérieux affreux, je voudrais verser au dossier un mot arabe très courant : 3afrit ou 3ifrit عفريت qui signifie "démon, diable, diablotin, lutin". Un des problèmes posés par un éventuel rapport de ce mot avec affreux est qu'il n'a laissé aucune trace en castillan. En aurait-il laissé en catalan ?

Sinon, je serais enclin à voir une relation entre affres et âpre ...


Dernière édition par Papou JC le Sunday 09 Jan 11, 9:08; édité 1 fois
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Patrick



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Messageécrit le Saturday 08 May 10, 19:00 Répondre en citant ce message   

Question : Est-ce que le mot ne viendrait pas du mot 'Afrique' ?

Le sens "hirsute" pourrait faire penser aux cheveux crépus.
Le sens d'épouvantable ou effrayant, de la couleur noire qui inspirait la crainte (peur du noir devenant peur des Noirs).

Mon dico* Latin donne ceci :

Afer, Afri : Cic. Virg. Africains, habitants de l'Afrique, l'Afrique.
adj. afer, fra , frum : Ov. africain; Afra avis Hor. poule de Numidie // subst. Quint. surnom romain.

_____
(*) L.Quicherat & A.Daveluy, Dictionnaire LATIN-FRANÇAIS (mots latins jusqu'au VIe siècle), rev. et corr. par Émile Chatelain,membre de l'Institut (Hachette, Paris, s.d.)
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Papou JC



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Messageécrit le Sunday 09 May 10, 4:54 Répondre en citant ce message   

Dans les plus anciens textes italiens cités, on peut voir que l'adjectif afro est clairement synonyme de aspro. N'en serait-ce pas un doublet ou une variante dialectale ? Dans ce cas, ce qui est troublant, difficile à comprendre, c'est le glissement sémantique de l'amertume gustative à la laideur visuelle puis à l'horreur en général ...
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MiccaSoffiu



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Messageécrit le Sunday 09 May 10, 15:31 Répondre en citant ce message   

Pour le corse on a deux niveaux distincts dont l’un au figuratif est plus proche de la notion d’horreur que de la simple notion gustative. Je n’ai pas retrouvé des définitions tout à fait équivalentes pour l'italien et le sarde.

co : afru – du lat. : afru(m) – fr : âpre, âcre, astringent; rugueux, râpeux, gercé (infcor)
it : afro – l’èthymologie et les significations ne semblent pas correspondre tout à fait à celles du corse données par infcor.
Voir le rapprochement avec "affreux" :
http://www.etimo.it/?term=afro&find=Cerca
sarde : je n’ai pas retrouvé le terme équivalent

co : aspru – du latin : asperu(m) – fr : âpre, âcre, aigre; perçant; rude, grossier; sévère, dur, terrible, cruel, rigoureux.
Se dit de ce qui est sévère, dur, cruel : une guerre âpre (una guerra aspra)
it : aspro ; sarde aspro – Les notions de sévère, dur, terrible, cruel, rigoureux, ne semblent aussi marquées ?
http://www.etimo.it/?term=aspro&find=Cerca
co : aspricciu – de aspru fr : âpre, dur, intraitable

Pour le français les combats affreux sont aussi qualifiables d’âpres combats.
Pour l’italien de l’Arioste on retrouve : Roland furieux - L’Arioste : Chant VIII
non è chi 'l veggia in quel loco aspro ed ermo.
sente de la sua donna aspro tormento,
Oh quanto è il suo dolore aspro ed atroce,

http://fr.wikisource.org/wiki/Roland_furieux/Chant_VIII?match=it

Une curiosité : un cas de superlatif dont l’étymologie n’est pas mentionnée :
co : afri : nom donné à un âne, le plus âne de tous (Nome propriu d’un sumere, più sumere di tutti (Bastia). infcor)
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ramon
Animateur


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Messageécrit le Tuesday 11 May 10, 8:50 Répondre en citant ce message   

Papou JC a écrit:
Pour faire le tour des origines éventuelles de ce mystérieux affreux, je voudrais verser au dossier un mot arabe très courant : 3afrit ou 3ifrit عفريت qui signifie "démon, diable, diablotin, lutin". Un des problèmes posés par un éventuel rapport de ce mot avec affreux est qu'il n'a laissé aucune trace en castillan. En aurait-il laissé en catalan ?

Sinon, je serais enclin à voir une relation entre affres et âpre ...


Pas de traces de ce mot arabe en catalan non plus.

Voici deux mots catalans se rapprochant du français affreux:

Feredat (s.f.): peur, panique, horreur; du lat. feritas : barbarie, cruauté, aspect sauvage d’un lieu.
Une forêt sombre, un endroit solitaire, un orage violent peuvent causer « feredat »

Feréstec (-ega) (adj. : qui provoque « feredat ») : effrayant, terrible (pour les exemples antérieurs). En parlant d’un animal : qui n’est pas domestiqué, sauvage (ex. un sanglier); du lat. ferus : sauvage, farouche, cruel, d’où (cat.) fera et (esp.) fiera : (fr.) fauve ; et l’adjectif (cat.) fer et (esp.) fiero : (fr.) féroce, affreux

Un autre mot proche des antérieurs par son sens, mais qui équivaut au français effrayer, est :

Esfereir (v.) : effrayer ; esfereir-se : s’effrayer, prendre peur

Esfereït (-ïda) (p.p. adj.): effrayé, terrorisé, épouvanté

Esfereïdor (s.m.): effrayant, terrible, épouvantable

Corominas le rapproche d’une forme latine *exfridare: troubler, inquiéter, comme le fr. effrayer
http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=6896&start=0&postdays=0&postorder=asc&highlight= :, qui contient la racine germanique fridu-

Pourquoi pas la racine purement latine fer- comme les mots ci-dessus ?

Si l’on me permet l’insolence, je perçois dans tous ces mots un écho qui me rappelle l’anglais fear (peur, crainte) et l’allemand Gefahr (danger, péril).

Fear, selon Etymonline :

Citation:
O.E. fær "danger, peril," from P.Gmc. *færa (cf. O.S. far "ambush," O.N. far "harm, distress, deception," Ger. Gefahr "danger"), from PIE base *per- "to try, risk, come over, go through" (perhaps connected with Gk. peira "trial, attempt, experience," L. periculum "trial, risk, danger"). Sense of "uneasiness caused by possible danger" developed late 12c. The verb is from O.E. færan "terrify, frighten," originally transitive (sense preserved in archaic I fear me). Sense of "feel fear" is late 14c. Related: Feared; fearing. O.E. words for "fear" as we now use it were ege, fyrhto; as a verb, ondrædan.
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Papou JC



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Messageécrit le Tuesday 11 May 10, 10:07 Répondre en citant ce message   

Ramón, je crois que ce que tu dis ici pourrait tout aussi bien figurer sous effrayer.
Et d'ailleurs, ce qui serait hautement souhaitable, ce serait un seul et même fil sur les "mots de la peur" qui se terminerait par une de ces belles et savantes synthèses dont Outis a le secret ...

On trouvera l'anglais fear et le français péril, entre autres mots, dans la "grande famille" PORT.
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Papou JC



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Messageécrit le Friday 07 Aug 20, 7:12 Répondre en citant ce message   

ramon a écrit:
Voici deux mots catalans se rapprochant du français affreux:
Feredat (s.f.): peur, panique, horreur; du lat. feritas : barbarie, cruauté, aspect sauvage d’un lieu.
Une forêt sombre, un endroit solitaire, un orage violent peuvent causer « feredat »
Feréstec (-ega) (adj. : qui provoque « feredat ») : effrayant, terrible (pour les exemples antérieurs). En parlant d’un animal : qui n’est pas domestiqué, sauvage (ex. un sanglier); du lat. ferus : sauvage, farouche, cruel, d’où (cat.) fera et (esp.) fiera : (fr.) fauve ; et l’adjectif (cat.) fer et (esp.) fiero : (fr.) féroce, affreux
[...]
Pourquoi pas la racine purement latine fer- comme les mots ci-dessus ?

Cette hypothèse est très exactement celle de Pierre Guiraud (encore lui !). Je le cite :

affre est vraisemblablement un emprunt au provençal, comme le suggère sa date tardive. Mais plutôt que d'une hypothétique racine gothique on le rapprochera du provençal afera(r) "effrayer" dont affre "frayeur" représente le déverbal (avec syncope de l'e atone).
afera(r) est un doublet de efferer, forme ancienne et étymologique de effarer. Les deux verbes sont des dérivés gallo-romans de ferus "sauvage". *ex-ferare > esferer, effaré signifie "faire retourner un animal domestique à l'état sauvage (en l'effrayant)" ; et de même ad-ferare > afferar "rendre sauvage". Cette étymologie se retrouve dans les acceptions du dérivé français affreux.
Quant à l'italien afro "aigre, âpre", il s'applique vraisemblablement à des "(fruits) sauvages".
´

Voir féroce.
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