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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Sunday 06 Apr 08, 4:17 |
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Sans doute plus marins qu’étymologistes, Bonnefoux et Pâris, Dictionnaire de la marine à voile, [1855], donnent :
ERRE, ERE, s. f. Voy. AIR.
Et sous cette entrée :
AIR, s. m. AIRE, ERRE, ERE, EYRE, s. f. Way, Track, Wake. Ce mot, quand il est question de la marche d’un navire, signifie vitesse, élan. Ainsi l’on dit avoir, prendre, donner de l’air.
Puis plus loin :
Nous ne discuterons, ici, aucune des étymologies des mots Air, Aire, Erre, Ere, Eyre, et nous ne rechercherons pas, entre autres, si Air provient d’Area (espace) ou d’Arare (labourer, sillonner) mais nous affirmerons que l’usage du bord n’admet aucun des mots féminins Aire, Erre, Ere, Eyre, et que, par exemple, une phrase comme la suivante, choquerait les oreilles de tous les marins : « Si ce navire n’a pas viré de bord, c’est que son Aire n’était pas suffisante. » Il est vrai qu’en écrivant quelques auteurs se servent des mots féminins, d’Aire, surtout ; le fait doit être rapporté, mais l’usage du bord est si général qu’il doit prévaloir, et que le mot Air doit être signalé comme préférable, comme le seul à conserver. S’il restait quelques doutes à cet égard, la signification des mots équivalents employés par les Anglais, suffirait pour les dissiper entièrement.
Aujourd’hui l’on dit surtout Courir sur son erre, avoir encore de l’erre, avoir encore de la vitesse alors que les machines sont stoppées, que les voiles ne portent plus. |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Sunday 06 Apr 08, 12:15 |
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"Le canot se dirigea vers le sud. Ses nageurs ne se pressaient pas. J'observai que leurs coups d'aviron, vigoureusement engagés sous l'eau, ne se succédaient que de dix secondes en dix secondes, suivant la méthode généralement usitées dans les marines de guerre. Tandis que l'embarcation courait sur son erre, les goutelettes liquides frappaient en crépitant le fond noir des flots comme des bavures de plomb fondu. Une petite houle, venue du large, imprimait un léger roulis, et quelques crêtes de lames clapotaient à son avant. Nous étions silencieux. À quoi songeait le capitaine Némo ? "
(Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers, Éd.Atlas 2006) pp. 200-201.) |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 05 Nov 09, 11:31 |
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Changement de cap radical pour ce dictionnaire, d’ailleurs souvent surprenant, tant dans le choix de sa nomenclature que dans la rédaction de ses articles :
ERRE n. f.
En. way
De. Fahrt
Es. camino
Navig.
Mouvement acquis d’un navire, qui se prolonge quand l’appareil propulsif est arrêté.
(Du breton, err, vitesse).
Expr. Courir sur son erre
Dictionnaire de l'océan,
Conseil international de la langue française, Paris, 1989
Si le breton connaît bien le mot herr (ou err selon les orthographes), Deshayes précise :
Herr (here, 1716) s. m.
précipitation, rapidité, brusquerie, courant, élan, essor, vitesse,
est emprunté à l’ancien français erre, espace, distance ; manière d’agir, façon de traiter (XIV°),
issu du bas latin iterare.
…
Herruz, adj. qual., rapide, impétueux.
Albert Deshayes,
Dictionnaire étymologique du breton,
Le Chasse-Marée, Douarnenez, 2003
Si l’origine latine, via l’ancien français, est peu douteuse, il n’est pas impossible que l’existence du mot en breton n’ait conforté et prolongé son usage dans le parler maritime, en français.
Par ailleurs, la définition qui induit l’idée de « vitesse due à l’inertie », quoique partagée par bien d’autres dictionnaires, est trop restrictive. Elle ne rend pas compte d’expression comme « prendre de l’erre », « garder de l’erre pour virer ».
Dernière édition par Moutik le Monday 15 Feb 10, 2:59; édité 1 fois |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 05 Nov 09, 11:35 |
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Il faudrait aussi noter erratique, de même origine. |
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