Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
|
écrit le Sunday 02 Mar 08, 1:00 |
|
|
Gringalet : n.m. – 1611 « bouffon » du suisse allemand grängggeli ou de l’ancien français « qui grince facilement des dents ».
Le sens commun = homme de petite taille, de corps maigre et chétif -> avorton, demi-portion.
Flaubert l’utilise déjà comme adj. « Il le trouvait {…} un peu gringalet ».
Voilà pour le Robert.
Mais mon vieux dictionnaire d’ancien français me montre que ce mot est beaucoup plus ancien.
On le trouve déjà au XIIème s.
Gringalet , ou guingalet : n.m. ou adj. (XIIè – XIVè. s.):
1° nom de cheval : "Sor le Gringalet est montez" (XIIIè s., Gerbert de .Montreuil.) ;
2° sorte de cheval ;
3° (sens moderne) chétif (dès le XVIIème s.)
Étym. Gall. Kein Kaled, nom du cheval de Gauvain, chevalier des romans de la Table ronde ; appliqué à un cheval chétif, puis à un homme. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
|
écrit le Sunday 02 Mar 08, 19:36 |
|
|
Curieux et intéressant. Le TLFi est de l'avis du Robert, tous deux suivant probablement Bloch et Wartburg :
TLFi a écrit: | • Soit par antiphrase et ironiquement de l'anc. subst. gringalet « sorte de cheval » (1165-70, CHR. DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 3935); lui-même issu du gallois Keinkaled (composé de kein « beau » et kaled « dur, vigoureux »), nom du cheval de Gauvain dans un texte celtique daté du 3e quart du XIIe s. Chrétien de Troyes a adopté ce nom, sous forme de gringalet, comme nom commun, pour désigner un cheval de race indéterminée, monture de Gauvain. La forme gringalet qui concurrence déjà guingalet dans les manuscrits d'Erec, s'explique par une mauvaise lecture des abréviations de gui-/gri-.
• Soit, plus vraisemblablement, du suisse all. *gränggeli « homme sans apparence, peu considérable », dimin. de gränggel « homme chétif », mot introduit en France par les mercenaires suisses.
• Sa rencontre avec gringalet serait alors tout à fait fortuite (FEW t. 16, p. 52a et BL.-W.5). |
Dans son édition de Érec et Énide (1992), Jean-Marie Fritz suit le même avis dans une note au vers 3951 :
Citation: | Nom de cheval de Gauvain. Le mot vient du gallois Kein-Kaled: « beau et vigoureux [cheval] » et n'a donc sans doute aucun rapport avec le français moderne gringalet (à partir de 1611), dont l'étymologie serait plutôt germanique (du suisse gränggeli, « homme chétif »). |
J'ai quand même des doutes. La première origine me paraît avoir plus de vraisemblance que la seconde. Les romans de chevalerie et la matière de Bretagne ont eu une grande et longue influence et le dico (Larousse) cité par Patrick atteste que le nom propre Gringalet a vite été donné à d'autres chevaux. Les chemins de la dérision font ensuite facilement le reste, comme dans le nom de Médor, héros de l'Orlando furioso, devenu nom banal pour un chien …
En revanche, que quelques mercenaires suisses donnent un mot à la langue française hors du champ sémantique du costume me paraît un peu plus difficile. Mais c'est purement subjectif ! |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Monday 29 Aug 11, 22:10 |
|
|
Moi, j'opterais pour une contamination : les oreilles françaises, entraînées depuis des siècles à entendre Gringalet, en ont automatiquement appliqué la prononciation au plus tardif paronyme germanique *gränggeli difficile à reconnaître et à prononcer. C'est un phénomène assez courant en matière d'emprunts à des langues étrangères. C'est peut-être même une des sources de nombreuses homonymies... |
|
|
|
|
rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
|
écrit le Tuesday 30 Aug 11, 0:05 |
|
|
Ceci dit, le sens premier de ce terme en langue germanique n'est pas petit, chétif, mais léger et rapide. Des qualificatifs qui s'accommodent mieux avec une monture de chevalier, dont l'agileté, la rapidité et la sveltesse pouvaient être des atouts. En ancien français, le terme désigne une sorte de cheval, comme il a été dit plus haut.
Dans le dictionnaire de Godefroy, on trouve : Citation: | " Et si estoit montez dessus l gingalet
Qui l'ambleure va assez mieulx c'un mulet " |
L'adjectif allemand gering , de même racine que le gränggeli alemanique serait pour Pfeifer peut-être apparenté au grec rhίmpha (ῥίμφα) ( rapide) ,rhimphaléos (ῥιμφαλέος).
Etrange, mais Grimm donne à cet adjectif allemand ( gering) deux premières acceptions:
1) léger
2) pourvu d'un hanarchement et d'armes légères.
Avec, bien sûr, des exemples concernant des montures.
Ensuite, le sens évolue vers léger d'esprit, insouciant, puis de peu de courage, de peu d'envergure. Ce sont des coïncidences sémantiques qui font réfléchir.
Est-il attesté que le gringalet de l'ancien français, au sens de sorte de cheval, dérive du nom du cheval Keinkaled gallois? |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Tuesday 30 Aug 11, 4:20 |
|
|
Il me semble que la première citation du TLF telle qu'Outis la rapporte plus haut tente d'expliquer le passage de Keinkaled à Gringalet... Certes, ce n'est qu'à moitié convaincant... |
|
|
|
|
|