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klodwain
Inscrit le: 30 Apr 2016 Messages: 23 Lieu: saint mandé 94160
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écrit le Tuesday 03 May 16, 8:23 |
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à propos de Pesaḥ, soir où on raconte la sortie d'Egypte et l'acquisition de la liberté, ce commentaire talmudique, qui ressemble à du Lacan ...
le mot pesaḥ se divise en "pe" פֶּה , la bouche, et "saḥ" סָח , parle, raconte.
Qui a le droit de parler est libre.
Les talmudistes sont loin d'être des linguistes, mais ils ont parfois des intuitions jaillissantes.
cf Claude Vigée, "Lutte avec l'ange, lutte avec langue(s)" |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 03 May 16, 9:22 |
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"Intuition jaillissante" ? Vraiment ? Une bouche qui parle ? Ça alors, c'est miraculeux !
Claude Vigée est gentil avec Blandine Chapuis, il n'ose pas lui répondre franchement qu'elle vient de dire une grosse sottise. Personnellement, je n'aurais recours à Lacan (là ? quand ?) que pour confirmer la vérité linguistique, non pour la déformer, et encore moins pour afficher mon ignorance. Car voyez plus haut, BC insiste pour dire que Pâques est une traversée. Or tout ce fil démontre qu'il n'en est rien. Claude Vigée remet heureusement la pendule à l'heure et donne l'exacte définition. |
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klodwain
Inscrit le: 30 Apr 2016 Messages: 23 Lieu: saint mandé 94160
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écrit le Tuesday 03 May 16, 12:38 |
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J'utilisais seulement ce jeu de mot talmudique de la bouche qui parle pour égayer la soirée de Paque.
A propos d'étymologies farceuses, il y a celle du Malleus Maleficarum, ouvrage ecclésiastique paru en 1487
en pleine période de chasse aux sorcières, où le mot "femina" est décomposé en Fe (la foi) et Mina (moins), pour prouver que depuis Eve, les femmes sont de peu de foi. |
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klodwain
Inscrit le: 30 Apr 2016 Messages: 23 Lieu: saint mandé 94160
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écrit le Saturday 15 Apr 17, 18:56 |
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Le terme عيد الفِصْحِ
3aid el-faS'H
désigne-t-il indifféremment la Paque juive et les Pâques chrétiennes ?
A-t-il un quelconque rapport avec le mot faSy'H, éloquent, fluide,
d'où dérive الفُصْحى al-fouS'Ha, (arabe) classique ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 15 Apr 17, 20:54 |
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Donnez-vous la peine de lire ce fil depuis le début. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10996 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 03 Apr 19, 17:20 |
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Extrait du MDJ natal :
Moutik a écrit: | NATAL, nathal, nattal, s. m.
Jour de Noël, et par extension, chacune des fêtes principales de l’année
Noël, Pâques, la Pentecôte, la Toussaint et L’Ascension.
(Godefroy) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 03 Apr 19, 17:51 |
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J'ai toujours eu un moment de surprise en entendant, pour Noël, les Espagnols se souhaiter "¡Felices Pascuas!" |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 28 Aug 21, 21:11 |
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Bon, ce n'est pas vraiment l'époque de Pâques mais il se trouve que je travaille en ce moment sur les digrammes de l'arabe et sur les deux séquences représentées par chaque digramme. Je m'explique : dans une racine arabe, il y a toujours au moins deux consonnes radicales. Appelons-les R1 et R2. Les séquences R1R2 et R2R1 constituent le digramme {R1,R2}.
Bien. Venons-en au sujet. La séquence radicale du mot Pâques en arabe فَصْح faṣḥ est fṣ. Le ḥ est un crément.
Or il se trouve que, construits sur la séquence inverse ṣf, il existe deux verbes qui nous intéressent au plus haut point :
- صَافَ ṣāfa dévier, s'écarter du but (se dit d'une flèche) – IV. détourner, écarter de qqn un malheur, etc. (se dit de Dieu)
- صَفَحَ ṣafaḥa se détourner de qqn ; pardonner à qqn (ce dernier - on le voit - doté du même crément ḥ que فَصْح faṣḥ)
Il est maintenant très clair pour moi que le sens premier de Pâques est bien celui d'épargner (en parlant de Dieu qui frappe les Égyptiens mais épargne les Juifs) comme il est dit à plusieurs reprises dans ce fil.
Ce cas - loin d'être unique - est un très bon exemple de l'intérêt présenté, en lexicologie arabe, par l'examen des séquences radicales inverses. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 825 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Saturday 28 Aug 21, 21:18 |
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Mais Pâques, bien que d'origine sémitique, n'est-il pas un mot importé de l'hébreu ? A-t-il une signification proprement arabe ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 29 Aug 21, 0:11 |
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La racine est la même, forme et sens. Comme je ne connais pas l'hébreu, je passe par l'arabe pour trouver le sens premier de la racine sémitique, et conforter le sens hébreu parmi les diverses hypothèses formulées dans ce fil. Les deux langues sont très proches l'une de l'autre. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 825 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 29 Aug 21, 8:21 |
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Mais peut-il exister des "Pâques" proprement arabes ? Cela ne signifie rien pour les Musulmans. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 29 Aug 21, 10:15 |
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Tous les Arabes ne sont pas musulmans et il y a beaucoup de musulmans qui ne sont pas arabophones. Des Arabes ont été chrétiens sept siècles avant la naissance de l'Islam. Quelle langue crois-tu que parlent les chrétiens du Moyen Orient et d'Égypte ? J'ai deux livres saints en arabe sur une étagère, l'un à côté de l'autre, le Coran et l'Évangile. Ce dernier m'a été offert par une religieuse libanaise. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 825 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 29 Aug 21, 10:55 |
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Je me suis mal exprimé, et je précise que je ne cherche nullement à t'embarrasser, mais à m'instruire. "Pâques", ou plutôt "pâque" signifie-t-il quelque chose en arabe en dehors de son acception religieuse ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11076 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 29 Aug 21, 11:16 |
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Je comprends, et c'est moi qui n'ai pas été suffisamment clair.
Le mot arabe pour Pâques est sans rapport avec un quelconque autre mot de ceux qui sont composés des mêmes radicales fṣḥ et dans le même ordre. Ce qu'on appelle, à tort, une "racine". Il est donc tentant et possible de le considérer comme un emprunt à l'hébreu.
La tendance actuelle en lexicologie sémitique est de parler en termes de digrammes et de séquences. Il s'avère en effet qu'un examen approfondi et aussi exhaustif que possible du lexique permet de constater que beaucoup de racines sémantiquement apparentées relèvent aussi d'une même séquence, voire d'un même digramme.
Sur ces bases, il était intéressant 1. d'isoler les radicales du mot, et 2. d'examiner les racines construites sur la séquence inverse.
Les radicales sont fṣ en arabe (= pṣ en hébreu), et la séquence inverse est ṣf.
En arabe, le sens "passer à côté, épargner" apparaît alors clairement dans deux racines construites sur cette séquence.
Ce qui conforte le sens hébreu de la Pâque juive.
Ce qui conforte aussi la théorie du non ordonnancement des radicales (théorie de Georges Bohas). |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 825 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 29 Aug 21, 12:47 |
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Papou JC a écrit: |
Le mot arabe pour Pâques est sans rapport avec un quelconque autre mot de ceux qui sont composés des mêmes radicales fṣḥ et dans le même ordre. Ce qu'on appelle, à tort, une "racine". Il est donc tentant et possible de le considérer comme un emprunt à l'hébreu.
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C'est ce dont je me doutais. Merci de tes explications.
Question sans rapport : Georges Bohas n'est-il pas un âpre défenseur de la motivation du signe linguistique ? |
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