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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 02 Apr 08, 8:58 |
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Merci à LouCB et Giorss (je connaissais depuis longtemps la différence entre les accents ) . En fait, notre "divergence" est simple : vous estimez qu'on ne peut pas comparer 2 o s'ils ne sont pas dans un contexte semblable là où moi je dis qu'on le peut tout à fait. C'est une différence de définition initiale du champ d'action de la comparaison.
Votre champ d'action, c'est le "contexte semblable", le mien c'est "le o -tous les o- en italien". |
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Lou caga-blea
Inscrit le: 05 Sep 2006 Messages: 513 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 02 Apr 08, 9:26 |
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Oui, il s'agit d'une diphtongaison secondaire, apparue au XVIe siècle, du moins pour le nissart et le prov. maritime. Je ne savais pas que le prov. "oriental" rencontrait le "gavot" sur ce point aussi !
À José, pour préciser : en fait, ce que tu as mis en évidence, ce sont des réalisations phonétiques différentes, ce qui ne préjuge en rien de l'opposition de ces "sons" dans le système. Dans toute langue, selon les contextes, un même phonème admet des réalisations phonétiques différentes : par ex. en fr. /r/ ne se "prononce" pas de la même façon selon qu'il est devant voyelle (raison), après certaines consonne (écraser), devant consonne (perte)… Et pourtant c'est à chaque fois le même phonème. Pour déterminer si l'on a affaire à un même phonème ou à plusieurs, il faut trouver ce qu'on appelle des paires minimales, c'est-à-dire deux unités lexicales (des "mots") qui ne s'opposent l'une à l'autre que par un seul trait phonétique.
Ainsi l'opposition fr. mort /mort/ - mer /mer/ - mur /myr/ - mœurs /mœr/ - mare /mar/ - mire /mir/, où seul l'élément vocalique interne, toujours sous l'accent, varie, permet de mettre en évidence des phonèmes. En revanche, tu ne trouveras aucune paire minimale permettant de dégager plusieurs phonèmes de type /r/ : /r/ est un phonème unique en français, connaissant des réalisations phonétiques variables en fonction du contexte. Pour en revenir à l'italien, donc, les "o" de pero et però ne sont donc pas comparables aux voyelles de mur et mer : on pourrait n'avoir affaire qu'à une différence contextuelle (comme avec /r/ dans mercredi, écraser, parc…). |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Wednesday 02 Apr 08, 11:21 |
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En italien le trait prosodique obligatoire (accent) est utilisé pour une motivation etimologique.
Par ex. dans le mot "però" (=mais), le ò avec l'accent expresse la perte de la "c" d'une forme originaire "per hoc" |
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Luc de Provence
Inscrit le: 11 Jul 2007 Messages: 682 Lieu: Marseille
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écrit le Wednesday 02 Apr 08, 19:01 |
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je sais qu'en Italien on ne prononce pas de la même façon le o' final par exemple de andro' qui est le futur à la permière personne du singulier et le o' de canto' au passé simple de la la troisième personne du singulier.
L'un est ouvert, l'autre fermé, mais lequel ? J'ai oublié ! |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Wednesday 02 Apr 08, 21:03 |
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Lou caga-blea a écrit: | Pour o fermé du roman (en syllabe accentuée, et non entravée, i.e. dans une syllabe terminée par une voyelle), hérité de lat. ō et ŭ, aboutit à français -eu- à travers un stade en -ou- ; l'occ. s'est arrêté à ce stade -ou- /u/ (mais pas à l'époque médiévale où l'on avait bien le o fermé conservé en italien et esp.)
honōrem > fr. honneur vs. oc. onor /u'nur/ vs. it. onore /o'nore/ (avec o fermé) |
Ton exemple est judicieux !
on a en fait hŏnōrem (si j'en crois le Gaffiot)
Mais pourquoi avons-nous honneur ? et non pas hounour ? ce qui serait plus logique ?
à mon avis il doit y avoir une règle avec le n.
Mais reprenons l'exemple de douleur/douloureux
on a en latin dŏlōrem > douleur
c'est exactement les mêmes o !
En fait, la règle me semble être la même pour le français et l'occitan o devient ou dans les deux cas
avec, pour le français une exception pour la syllabe finale qui est en "eu" au lieu de "ou"
En français, le -a final est devenu un e (muet) rosa > rose
et ce -ou/-our final est devenu un -eu/-eur
douleur/douloureux
saveur/savourer
Peut-on mieux la formuler ?
D'autre part, quand tu évoques l'époque médiévale, peut-on être plus précis ?
autrefois on disait en langue d'oïl e en langue d'oc : dolor
à partir de quand avons nous prononcer "douleur" en français et "doulour" en occitan ?
cette évolution s'est-elle faite à la même époque ? sinon, avec quel décalage ?
Enfin, en ce qui concerne la langue d'oïl, il ne faut pas non plus forcément généraliser.
L'anglais a des termes en -our, même si la prononciation est différente.
Or, les mots anglais sont certainement d'origine normande.
exemple : humour/humeur
(le français humour est un emprunt à l'anglais)
honour/honeur
savour/saveur
(notons que l'anglais prononce plutôt -eur)
Il faudrait voir du côté du normand, du picard, du wallon, du champenois comment ce o a évolué. |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Wednesday 02 Apr 08, 22:53 |
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Cette evolution est la même du piémontais et du lombard:
doutour
coumendatour
ounour
doulour
savour
Luc:
a me risultano "andrò" e "farò": questo è il solo modo esatto di scriverli e pronunciarli.
Non si possono pronunciare aperti. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 8:29 |
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Une précision à propos du mot honneur :
Pourquoi avons-nous honneur et non houneur en français ?
Je pense que c'est dû à une nasalisation.
On a dû prononcer autrefois hon-neur (comme le "on" de : on joue, on mange...)
Dans ce cas, l'évolution o > ou n'a pu se faire car on avait la nasale "on"
Dans un second temps, il a dû se passer une dénasalisation
hon-neur > honneur
quand le n est suivi d'une voyelle
c'est pourquoi, on a don / donner, mais donation (mot savant)
dans la langue d'oc, on n'a pas cette nasalisation du o :
Avignon / Avignoun
honneur / ounour
Il serait intéressant de dresser une carte concernant cette évolution o > ou
elle touche donc le Piémont et la Lombardie
Certainement l'ensemble de la France (plus marqué dans le sud)
mais ne traverse pas les Pyrénées :
le catalan et l'espagnol ont : honor, dolor
Dernière édition par Xavier le Thursday 03 Apr 08, 22:33; édité 1 fois |
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Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 8:50 |
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Si....
En catalan aussi mais pas dans tout le domaine, essentiellement à l'Est de la Catalogne, le -o- atone se prononce /u/.
honor [u'no], dolor [ðu'ło]
(Lleida) [o'no], dolor [ðo'ło]
(valencien) [o'nor] et [ðo'lor]
À Alghero et dans les Baléares aussi on prononce /u/. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 9:08 |
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Le -o- atone qui se prononce /u/ se retrouve en portugais |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1487 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 14:26 |
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Pas seulement dans des langues romanes. En bulgare aussi. |
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Lou caga-blea
Inscrit le: 05 Sep 2006 Messages: 513 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 14:58 |
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C'est une évolution phonologique normale, qu'on retrouve très tôt en latin même : la désinence -us bien connue des latinistes (lup-us) procède également de la fermeture de -os post-tonique (comp. gr. -os dans luk-os). L'épigraphie permet de dater ce phénomène (ou plutôt son enregistrement par l'écriture, ce qui n'est pas la même chose) au IIIe siècle av. J.-C.
Pour répondre à Xavier : on ne peut pas avoir honnour ou doulour en français, parce que sous l'accent le o fermé du "proto-roman" (ou du latin tardif, comme tu veux) est passé à -eu- /œ/, là où il passait à -ou- /u/ en occitan (gallo-roman méridional). Pour le premier -o- de honneur, je ne suis pas aller vérifier dans un dictionnaire étymologique, mais plusieurs explications sont possibles :
- si la géminée -nn- est originelle en français, et non une simple coquetterie orthographique, on n'a affaire à une syllabe entravée, ce qui impose un traitement radicalement différent du -o- de lat. dolorem ;
- il peut s'agir d'une réfection semi-savante à partir du lat. honor, ou encore d'un emprunt à un dialecte ou langue qui aurait un traitement conservateur de -o- prétonique.
En occ., note bien que la réalisation de -on dans Avinhon (Avignoun en graphie mistr.) est semi-nasalisée dans les dialectes orientaux (prov. et niç.), mais non nasalisée /-u/ dans les dial. occidentaux, lang., gasc.…) ; il ne peut y avoir de o fermé (semi-)nasalisé pour la bonne raison qu'il n'y a plus de o fermé en occ. mod. (> /u/). |
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Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 15:21 |
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András a écrit: | Pas seulement dans des langues romanes. En bulgare aussi. |
Ah oui? Je l'ignorais...
Et en russe standard, le /o/ atone devient /a/.
Dans tous ces cas, portugais, catalan, bulgare, russe, il s'agit d'affaiblissement vocalique régi par l'accent tonique, cela se rattache au phénomène duquel nous parlions.
D'autres cas, en russe, le /e/ atone ne se prononce pas [je] mais [i].
En portugais, le /e/ atone devient un schwa ou tombe complètement (noter que le /o/ atone tend aussi à tomber, notamment en portugais du Portugal). Le /a/ atone aussi se trouve adouci.
En catalan oriental, les /a/ et /e/ atones se neutralisent en un schwa qui, selon les régions se prononce comme notre "eu" ou comme un /a/. |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 18:58 |
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Eeuuh... C’est quoi un « schwa » ? |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1487 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 22:03 |
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Mais j'y pense! Dans les changements phonétiques du latin au roumain aussi /o/ atone > /u/: dominica > duminică (dimanche), afflo > aflu (j'apprends (une nouvelle)). Même le /o/ tonique devant suivi de /n/ + voyelle devient /u/: bonus > bun (bon). |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Thursday 03 Apr 08, 22:45 |
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Lou caga-blea a écrit: | Pour répondre à Xavier : on ne peut pas avoir honnour ou doulour en français, parce que sous l'accent le o fermé du "proto-roman" (ou du latin tardif, comme tu veux) est passé à -eu- /œ/, là où il passait à -ou- /u/ en occitan (gallo-roman méridional). |
Je viens de corriger : je m'étais posé la question pourquoi n'avons-nous pas en français "honour" et je voulais dire "houneur"
(je me suis perdu)
pour la syllabe finale, on a -eu. C'est un fait. Mais seulement pour cette syllabe finale.
On n'a pas deuleur, ni douleureux.
Donc, cela ne répond pas à ma question, je la repose autrement :
Pourquoi avons-nous o > ou en français ?
Pourquoi avons nous douleur, douloureux (je ne parle pas du -eu que l'on retrouve que dans la dernière syllabe)
mais aussi tous ces termes qui ont évolué de o > ou :
fourmi, four, dépouiller, courage, souffrir, souffler, toujours, douter, prouver, glouton, gouverner, bouse, fourche, etc...
Il suffit de lire un dictionnaire d'ancien français pour voir tous ces termes écrits avec un o et non ou. |
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