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Enseignement du normand dans les écoles - Forum langue d'oïl - Forum Babel
Enseignement du normand dans les écoles
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PaulH



Inscrit le: 30 Mar 2008
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Lieu: Lille

Messageécrit le Monday 14 Apr 08, 21:35 Répondre en citant ce message   

Oui entièrement d'accord avec Xavier.

Les langues régionales ne doivent pas faire l'objet d'un enseignement académique : se serait même trahir l'esprit des langues régionales qui ont évolué "naturellement", sans professeur de grammaire au "cul", et ce depuis le moyen-âge face au latin puis au français. Ce serait peut-être même le meilleur moyen pour les mettre à mort, pour les dévitaliser [si qu' j'aros su, j'aros pâs v'nu à sin cours] ! Quand on veut "jouer" à l'intellectuel, nous avons le français... Laissons les langues régionales aux domaines du rire et de l'intimité qu'elles ont investis : enfin c'est vrai pour le picard, mais la situation est peut-être différente pour d'autres langues d'oïl ?

Donc aux collectivités territoriales de soutenir des associations "d'anciens" pour un travail de sensibilisation ludique des jeunes dans les écoles ou même de soutenir la création littéraire, théâtrale, radiophonique, cinématographique (comme la région Nord l'a fait pour "Bienvenue chez les Ch'tis" par exemple)...
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Breizhadig



Inscrit le: 12 Nov 2004
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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 0:28 Répondre en citant ce message   

Le fil ne me concerne pas directement, mais j'ai envie d'intervenir pour mettre un hola sur l'utilisation du terme de "langues régionales", dans le message de Paul, je vois que "langues régionales" sont assimilés à "parlers oraux", "non académiques". Or, je ne pense pas qu'on puisse dire que ce sont des caractéristiques qu'on retrouve dans les langues régionales, beaucoup de langues dans le monde ont un usage oral et non académique. Dans ce cas, il serait plus judicieux de parler de "parlers populaires", mais je pense que par exemple, le Normand peut très bien avoir une forme standardisée, et à coté des formes dialectales.

Pour le Breton, pourtant langue régionale du fait que la Bretagne est une région de la France, je me vois mal rétrécir le champ de présence de cette langue au cercle du "rire" et de "l'intimité" alors que la langue a été et est utilisée dans des domaines universitaires et scientifiques. Certes, le Breton (mais comme aussi le Français), a aussi une part dite populaire, qui se trouve dans certains contextes plus vivants et qui font ressortir la richesse linguistique de la langue via les arts oraux et écrits. Mais d'un autre coté, la langue est aussi utilisée dans le domaine universitaire, pour preuve, je rédige mon mémoire en Breton et cela ne me pose aucun problème. Venir à nier la présence du Breton dans toutes les sphères de la vie courrante ca reviendrait à balayer les travaux d'universitaires qui avaient le Breton pour langue maternelle et qui ont publié des ouvrages de référence faisant ressortir la richesse de la langue (je pense au Pluriel Breton et a la grammaire de Trepos, aux Trésors du Breton Parlé de Jules Gros, à la Grammaire Vannetaise de Le Goff, et à plein d'autres nombreuses études).

De par leur histoire, chaque langue régionale a ses particularités, si certaines n'ont pas eu de présence à l'écrit, d'autres en ont eu, si certaines ont étés utilisés dans des domaines "universitaires", d'autres ne l'ont pas été. Dès lors, il faut établir des objectifs différents, certains trouveront naturel d'avoir une langue utilisée dans tous les domaines de la vie courrante, d'autres verront plutot préférable un usage à un champ restreint (théatre, littérature, etc...). Je pense qu'on ne pourra pas sauver les langues régionales de France tant que ces choses ne seront pas claires: si on unifie, on fait des sacrifices mais on s'appui sur les variantes dialectales et les formes parlées de la langue pour promouvoir sa diversité (ce qui marche bien pour le Breton et qui ne demande qu'à mieux marcher si les locuteurs continuent de faire de plus en plus cette démarche), si on refuse d'unifier, il faut accepter que cette langue pourra difficilement se faire une place dans le domaine lettré (je pense aux conflits avec le Gallo) et il faudra alors mettre l'accent sur la richesse populaire de cette langue et son oralité en la faisant vivre (par exemple en organisant des stages vivants et des sensibilisations dans les établissements scolaires), rien n'empêche que plus tard, cette langue devienne écrite.

Bref, je pense qu'il y a des langues dont les locuteurs ne sont peut-être pas tous prêts pour les voir sous une forme unifiée, d'autres ou au contraire, la pillule de l'unification passe mieux si on respecte la diversité de cette langue, il y aura des personnes qui ne seront jamais satisfaites mais aucune langue écrite ne respecte fidèlement toutes ses variations dialectales! C'est aussi avec les insatisfaits qu'on peut aussi modifier certaines choses pour éviter une trop grande rigidité dans l'unification. Mais la différence avec la prononciation, c'est le problème de l'écrit et il faut l'accepter et s'en accomoder ou rester à l'oral. Pour le Breton, voir écrit un mot sous une forme différente de laquelle il est prononcé, ca ne me dérange pas, au contraire, qu'un élément dialectal soit considéré comme incorrect, ca m'embêterai. Or, je trouve qu'au niveau dialectal, le Breton est assez ouvert, la grammaire laisse place aux variantes et la langue fait figurer sans problème des mots dialectaux, je peux écrire "pezavare" au lieu de "pegoulz", ou "pegourz" (quand), ca ne posera aucun problème, tout comme je peux dire "emaon skuizh" au lieu de "skuizh on".

Mais pour conclure sur ca, je suis entièrement d'accord avec Paul sur ce point, que ca soit une langue orale ou une langue écrite et grammaticalisée, je pense que tout ce qui est collectage, contacts anciens/jeunes locuteurs, sensibilisation aux parlers dialectaux, est essentiel.

Pour revenir à l'enseignement de ces langues par la région, c'est plus complexe, c'est au niveau départemental que ca s'organise via les inspections académiques qui ne sont pas vraiment favorable à l'ouverture de classes en général. Faire dépendre l'enseignement des langues régionales de la région, c'est une très bonne idée, mais il faudrait un remaniement des institutions, on ne peut pas dire que le Breton dépendra du Conseil Régional mais que l'Anglais sera rattaché à l'inspection académique. L'idéal serait de faire passer Diwan qui a des statuts d'association dans le cadre de la Région. Enseigner l'histoire des régions à l'école, c'est aussi une très bonne idée, mais les écoles doivent suivre un programme imposé. L'idéal serait une école ultra privée qui prendrait le luxe de composer son propre programme mais ca couterai très cher et il y aurait des chances que les diplomes délivrés ne soient pas reconnus car ne validant pas les programmes nationaux. La vision de Xav est utopique dans l'état actuel des choses, elle serait possible si c'était aux Régions de décider du programme scolaire, non à l'Etat: a la rentrée, à Diwan on a reçu une circulaire signé N. Sarkozy, exposant en détail les programmes à suivre pour cette année scolaire, tout est encore plus recentré sur le Français, l'histoire de France, les maths, si bien qu'il n'y a plus de place pour le reste, on va quand même pas faire des semaines de 40h à des enfants...

Le problème n'est pas qu'en France on pense "national", mais qu'on ne peux rien faire sans être rappelé au niveau "national". C'est ca, un état un et indivisible: tout le monde à la même enseigne et dans la "norme"... Protester contre ca? Pourquoi pas, quand j'aurai des enfants, je serait tout à fait enclin à les autoriser à sécher les cours d'histoire nationale pour leur faire apprendre l'histoire de la Bretagne avant tout et en leur donnant un bagage historique plus large au niveau européen. Si tout le monde faisait de la sorte, les choses seraient amenées à changer, mais il faut avouer que quand il s'agit d'agir de la sorte, peu de monde répond présent, gueuler dans la rue, c'est une chose, prendre les choses en main c'est une autre tâche.
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meuuh



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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 8:34 Répondre en citant ce message   

Citation:
Bref, je pense qu'il y a des langues dont les locuteurs ne sont peut-être pas tous prêts pour les voir sous une forme unifiée

Ben, le problême, c'est que pour le normand, la forme dite "standard" avec la graphie Lechanteur, c'est juste du français déformé pour le coup...

Par exemple, écrire le mot français dans : dauns, c'est une aberration ! Aucun parler normand ne présente, ici, de diphtongue nasale [ãû] et beaucoup de parlers préfèrent employer én...

Donc une uniformisation, d'accord ! Mais une uniformisation intelligente qui se base sur les dialectes et pas sur du français modifié pour "faire normand"...
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Xavier
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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 10:08 Répondre en citant ce message   

@ Breizhadig : ma vision n'a rien d'utopique : elle est pragmatique.

Pour l'enseignement dans les écoles primaires, cela peut se faire maintenant !
Il suffit d'une volonté politique, c'est à dire une volonté de financer des postes.
Ou plutôt c'est un choix politique.
Si les citoyens électeurs le veulent, les collectivités locales financeront un tel projet.
Cette volonté se situe donc, en premier lieu, au niveau du citoyen.

Ensuite, à partir du collège, on peut très bien créer des structures d'apprentissage pour tous, jeunes et moins jeunes pour l'apprentissage d'une langue régionale. En prenant comme modèle le conservatoire de musique.
C'est intéressant car cela permet un brassage (jeunes et moins jeunes). C'est très bons pour les plus jeunes : cela leur permet une ouverture vers le monde extérieur.
En outre, j'estime que l'enseignement en doit pas reposer uniquement sur l'école. Il faut permettre à l'enfant d'avoir plusieurs façons de se former. l'école pour l'enseignement général mais aussi à côté, des conservatoires de musique, des clubs sportifs etc...
Il faut éviter de tout centraliser par le biais de l'école.

Enfin, Breizhadig, tu raisonnes en fonction de choses existantes qu'il faut défendre. Dans ce cas, c'est l'école Diwan.
Je ne connais pas le fonctionnement de cette école. Mais ce genre de chose est très lourd à gérer.
Justement, ce sont les écoles Diwan qui sont utopiques.
Je ne dis pas que ce n'est pas une bonne initiative mais c'est lourd à gérer.
Donc si on parle du problème de l'enseignement des langues régionales en Bretagne, on met toujours les écoles Diwan sur la table : que proposez-vous pour ces écoles ?
J'avoue que je n'en sais rien...

En Normandie, c'est plus simple : comme il n'y a rien, il n'y a donc pas de problème à gérer, mais seulement une politique à mettre en place.
Or, ma proposition est très simple, très réaliste, très pragmatique.
Une association, c'est souple. Au contraire de l'éducation nationale !
Créer un conservatoire de langue, c'est bien plus souple que créer une école Diwan !
Et surtout bien plus facile à gérer !
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Breizhadig



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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 12:17 Répondre en citant ce message   

Diwan a été mis en place à une époque où il n'y avait que ca de possible, c'est un système parallèle qui a son propre organisme de formation, ses propres inspecteurs, en plus de ceux de l'éducation nationale. Si on doit faire un enseignement régional, c'est le meilleur candidat car toutes les structures sont déjà en place, il suffit de les intégrer à la région. Créer un nouvel organisme serait trop lourd et couteux alors qu'avec Diwan, on a un système d'enseignement intégralement en Breton qui fonctionne. Cependant, je sais que l'intégration régionale n'est pas si facile, je crois que la dernière fois où il était sujet de ca, ce qui bloquait c'était au niveau de l'éducation nationale, les Régions ont le droit à l'expérimentation sur leur territoire mais certaines choses sont apparement interdites... Je dis pas que si les élus régionaux y mettaient un peu plus de hargne, ca ne bougerai pas, mais pour celà, à moins d'avoir un parti comme le Parti Breton (régionaliste de centre droit et gauche) à la tête de région, ca ne sera pas le cas...

A propos de l'unification du Normand, une unification faite en fonction des principaux dialectes me semble bien, en Breton on avait le KLT qui n'était pas si mal et pour intégrer le Vannetais il a été fait le Peurunvan, c'est loin d'être parfait mais c'est déjà ca, surtout qu'une graphie ne doit pas être figée, si on se rend compte qu'elle a des imperfections, on peut faire des modifications. Mais il faut être ferme sur un point, unification orthographique ca ne doit pas rimer avec unification grammaticale ou lexicale.
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Maisse Arsouye



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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 12:38 Répondre en citant ce message   

Diwan, c'est surtout du breton, donc ce n'est pas trop le sujet ici Clin d'œil

Entre le tout-associatif et le tout-état, il doit y avoir une voie médiane. Chez nous, dans le primaire, les écoles peuvent mettre en place des "ateliers" à raison d'à peu près trois heures par semaine. Les enseignants et des chefs d'école sont très libres à ce niveau. Ces ateliers peuvent être du bricolage, des activités nature, du théâtre,... Et à certains endroits, on a la mise en place d'ateliers en wallon. Les écoles fournissent le cadre, les associations fournissent les compétences. Et ça a du succès puisque certaines associations n'arrivent pas à suivre et doivent refuser des demandes par manquent de professeurs.

Trois heures par semaine, ce n'est pas encore le pied, mais c'est déjà ça. Et c'est le signe d'une attente de la population. Autrefois dénigré, le wallon est devenu un patrmoine à sauvegarder. Il ne suscite plus le mépris mais la nostalgie.
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Xavier
Animateur


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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 13:39 Répondre en citant ce message   

En France, cela me semble tout aussi possible.
C'est d'ailleurs ce que fait, timidement, le Conseil général des Bouches du Rhône.
Dans l'école primaire, il n'y a pas de problèmes (a priori) avec l'Éducation nationale pour mettre en place ce genre de structure.

Mais en France, on est plutôt partisan du "tout ou rien" : une chaire, un capes et une école où l'instruction se fait entièrement en langue régionale ou rien...!!!
En fait, c'est parce que l'on est obsédé en France par le désir de tout contrôler !
Une façon décentralisée, cela ne convient pas, car on ne peut pas avoir un enseignement du normand standard, unifié, le même pour tous !!

L'avantage des langues d'oïl, c'est qu'elles sont différentes, et ne sont pas instrumentalisées par des groupes régionalistes ou nationalistes.
C'est donc une chance extraordinaire pour créer un enseignement décentralisé.
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José
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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 13:54 Répondre en citant ce message   

Je serais curieux de savoir comment (et si) les langues régionales sont enseignées à l'école dans les pays européens, et lesquels. En Italie par exemple, où les langues régionales sont plus vivantes qu'en France, je ne crois pas qu'elles soient enseignées à l'école. Il s'agit plus d'une pratique qui a survécu, mais qui se perd très vite.

Je trouve aussi qu'opposer langues régionales et enseignement académique est caricatural. Une langue régionale n' a pas vocation à être cantonnée à tel ou tel aspect de la vie. Sa pratique doit se faire de façon naturelle, là où pour ses locuteurs elle va de soi. De même, il n'y a pas à opposer langue nationale et langue régionale.

Il y a qd même de l'utopie dans le projet de généraliser l'enseignement des langues régionales dans le primaire. En effet, les langues régionales les plus vivantes sont à la périphérie du pays (Pays basque, Bretagne, Corse, Alsace, un peu d'occitan ici ou là, en gros). Quid des régions où les dialectes ont disparu, la Bourgogne par exemple, y compris dans sa partie Morvan, où le parler morvandiau a quasiment disparu et où à mon avis l'hostilité à son enseignement serait très vive.

Pris par notre passion, nous oublions souvent que Babel est un îlot très éloigné des goûts et des préoccupations du reste de la population. Breizhadig, qd tu dis "si tout le monde faisait de la sorte...", le problème c'est que nationalement, tout le monde ne partage pas cet intérêt pour les langues régionales donc s'en fout et pour une bonne partie à mon avis y serait très hostile. C'est là aussi qu'est la difficulté, il ne s'agit pas de ferrailler seulement avec Paris mais avec le quidam d'à côté.

Ce serait intéressant d'ouvrir un fil sur le fonctionnement des écoles Diwan (je n'en ai pas vu) ainsi que sur les calendretas occitanes.

Le mieux serait de passer ce fil dans le Café sous le titre : "Enseigner les langues régionales en France", non ?!
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semensat



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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 14:16 Répondre en citant ce message   

Beaucoup de gens se fichent éperdument de conserver les langues régionales et serait opposées à l'idée d'enseigner ces langues en primaire, à la place par exemple de l'anglais : "Ça va lui servir à quoi à mon gamin d'apprendre une langue que personne parle ? L'anglais, ça, ça va lui servir !" réaction de base du Français moyen ... Et même dans les coins fortement nationalistes, la conservation de la langue régionale n'est pas une priorité, deux exemples :
- J'ai dans ma classe un basque avec lequel je m'entends relativement mal, entre autres parce qu'il considère ridicule d'apprendre les langues locales, y compris le basque, que ça ne sert à rien (alors qu'il suit 6 heures de latin par semaine ... mort de rire )
- J'ai vécu un an en Corse où on m'a enseigné le corse (école primaire). Évidemment, j'étais un sale continental, alors que les autres allaient souvent "au village", chez les grand-parents. Toujours est-il qu'au test de fin d'année, c'était moi qui parlait le mieux la langue, preuve qu'ils y attachaient peu d'importance !

Tout ça pour dire qu'un enseignement en école publique rencontrerait des résistances, et surtout beaucoup d'indifférence. Et il y a un autre point que je veux mettre en valeur : les gens bougent beaucoup. S'il avait existé un enseignement national de langue locale, j'aurais appris le languedocien et le corse (et le francilien roulement des yeux), alors que ma famille est de Provence ...
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Xavier
Animateur


Inscrit le: 10 Nov 2004
Messages: 4087
Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 16:21 Répondre en citant ce message   

semensat a écrit:
Beaucoup de gens se fichent éperdument de conserver les langues régionales et serait opposées à l'idée d'enseigner ces langues en primaire

C'est cela le problème. Mais c'est nié par les défenseurs des langues régionales qui partent du principe que c'est la politique de l'état (anti-patois) qui est à l'origine de ce désintéressement. Donc, si "l'état" place les langues régionales au programme, elles seront alors (forcément !!!) appréciées par les gens.

semensat a écrit:
Toujours est-il qu'au test de fin d'année, c'était moi qui parlait le mieux la langue, preuve qu'ils y attachaient peu d'importance !

Pas vraiment une preuve Clin d'œil Je connaissais un Allemand dont la mère était Française : il parlait français couramment sans une trace d'accent.
À l'école il avait de mauvaises notes en français (car nul en orthographe et en grammaire).
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meuuh



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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 17:32 Répondre en citant ce message   

Citation:
C'est cela le problème. Mais c'est nié par les défenseurs des langues régionales qui partent du principe que c'est la politique de l'état (anti-patois) qui est à l'origine de ce désintéressement. Donc, si "l'état" place les langues régionales au programme, elles seront alors (forcément !!!) appréciées par les gens.

C'est exactement ça ! Sur les sites régionalistes (ou même identitaires) normands, on ne trouve que des gens qui brandissent la "langue" régionale comme symbole... Mais qui n'en parlent pas un mot...

Citation:
A propos de l'unification du Normand, une unification faite en fonction des principaux dialectes me semble bien

On est d'accord... Mais les gens qui utilisent la graphie lechanteur (souvent des néopatoisants) sont bien loin de vouloir s'en défaire ! Sous prétexte que beaucoup l'utilisent déjà... mais dans ce cas, pourquoi ne pas écrire français ?

Au lieu d'écrire

Tu rest'ras dauns nos mémouères (Le père peinard Benoit gautier)

Tant qu'à faire écrivons

Tu restera dans nos mémoires
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Breizhadig



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Messageécrit le Tuesday 15 Apr 08, 22:52 Répondre en citant ce message   

La vision des gens envers les langues dites "régionales" dépend de plusieurs facteurs. Les clichés négatifs ont étés fait de façon plus intensive depuis le XVIIè siècle et se sont ancrés dans la vision collective. Le plus vicieu c'est que tous ces clichés ne sont pas totalement faux, certains, bien qu'amplifiés, traduisent des vérités d'époque:

Citation:
«Croyez-moi, Monsieur, le catalan qui me faisait tant enrager n'est qu'un jeu d'enfant auprès du bas breton. C'est une langue que celle-là. On peut la parler fort bien, je crois, avec un bâillon dans la bouche , car il n'y a que les entrailles qui paraissent se contracter quand on cause en bas breton. Il y a surtout l'h et le c'h qui laissent loin derrière la jota espagnole. Les gens qui parlent cette belle langue sont bons diables, mais horriblement sales(...) On voit dans les villages les enfants et les cochons se roulant pêle-mêle sur le fumier, et la pâtée que mangent les premiers serait probablement refusée par les cochons du Canigou. » (Prosper Mérimée, lettre à Jaubert de Passa, 1835)

Il y a aussi le mépris de la langue en question par peur de celle là:

Citation:
«Lorsque les mères de famille parleront français à leurs enfants, l'idiome Breton sera vaincu! (...) Nous combattront sans répit. La goutte d'eau tombera sans intermittence sur le granit Breton et finira par l'entamer. » (l'inspecteur académique du Finistère, 1863)

Sans citer les nombreuses autres, on a ici les réactions qu'on trouve encore chez les gens d'aujourd'hui et qui sont bien ancrés dans certaines parties de la société française: le mépris par la peur et la moquerie pas les clichés.

Pour qu'une langue arrive à vaincre le mépris, elle doit prouver qu'elle est une langue à part entière et peut servir dans tous les domaines, la présence de cette langue dans le domaine universitaire et son étude est un élément nécessaire.

Pour ce qui est de la moquerie ou de l'amusement, la langue doit être "dans le coup", il faut redorer son image en l'associant à des choses positives, c'est là ou il faut booster le milieu culturel pour organiser des événements et y associer la langue. Une reconnaissance au niveau national dans les films comme on l'a vu avec "Bienvenue chez les Ch'ti" a produit un effet inattendu, je n'ai pas vu le film, mais il semble que la langue soit devenu "à la mode", cependant il faut faire attention, les modes passent donc je pense que sur ca, il faut profiter de l'effet du film pour continuer, si rien n'est fait pour promouvoir le Chti, dans 6 mois, c'est oublié...

Je pense qu'il est essentiel de redorer l'image d'une langue, voir d'une population, avant de s'attaquer à autre choses, si les habitants d'une région dénigrent leur propre langue régionale, c'est souvent par complexe d'infériorité (il y a aussi chez certains du nationalisme franco français mais c'est plus rare et ca cache souvent un complexe). Si les gens sont complexés, rien ne bougera, au contraire, et toutes les actions faites ne serviront quasiment à rien... C'est entièrement le cas du collègue basque de Sem, le paradoxe que quelqu'un de normal voit, lui il ne le voit pas car il est dans une logique ambigüe, il se défend en disant que ca ne sert à rien alors que le fond de sa pensée c'est qu'il est complexé envers ces langues car il se base sur des clichés stupides, certes le Latin ne sert à rien aussi, mais pour lui, le Latin c'est la langue qui a brillé, c'est limite du snobisme mais quelqu'un qui méprise une chose, ne peut être bien dans ses chaussures, encore plus quand ce qu'il méprise sont ses origines. J'entend des gens dire qu'ils peuvent vivre parfaitement sans avoir d'attaches culturelles, certes, tout dépend quelle vie on veut vivre, mais quel interêt à échanger avec les gens si ils n'ont aucune particularité culturelle, ca serait ennuyant... Et souvent ces gens qui se disent très bien vivre sans culture, n'ont rien d'interessant à donner.

PS: j'aimerai diviser le sujet pour en mettre une partie dans le café comme le suggère José, cependant, je ne voit pas à partir d'où on peut diviser... Tout est lié... Je préfère attendre vos avis avant de le faire... Clin d'œil
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Xavier
Animateur


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Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Wednesday 16 Apr 08, 17:25 Répondre en citant ce message   

il y aura toujours des gens qui vont dénigrer les langues régionales. C'est exactement comme la religion.
La troisième république fut anticléricale.
On pourrait aussi recenser tout ce que l'on a écrit sur les prêtres, l'église etc...
Et le corps enseignant a sorti pas mal de propos anticléricaux !
La république a mis l'église hors de l'école.
On a dégagé des moines manu militari de leurs abbayes (comme la Grande Chartreuse)...
On avait honte en particulier dans les années 60-70 d'être catho !
Eh bien, l'église est toujours là !!

Pour continuer le débat, je vous propose de faire un tour d'horizon et de recenser les différentes méthodes d'enseignement sous toutes ses formes :
http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=12375
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Daan
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Messageécrit le Tuesday 03 Jun 08, 19:03 Répondre en citant ce message   

Pardon, chers amis, de ne pas participer plus souvent à vos (intéressants) échanges.

Je reviens de Jersey où avait lieu l'édition 2008 de la "Fête des Rouaisouns" qui se tient chaque année dans un terroir différent de Normandie. Cette fête traditionnelle est consacrée à la langue normande, la "vieille langue", comme disent les Jerriais. A propos des Iles anglo-normandes, signalons que les anciens iliens parlent l'anglais et le normand ...parfois le français. En d'autres termes, le normand n'est pour eux aucunement folklorique mais une langue à part entière.

Puisque ce sujet concerne l'enseignement du normand, je précise que Jersey et Guernesey possèdent des "animateurs" rémunérés à temps partiel par leurs états pour organiser l'enseignement et la sauvegarde de leur langue. En Normandie continentale, personne n'est rémunéré pour cela. Ce serait, à mon sens, la première mesure à prendre dans le cadre de l'amendement. Avec une enveloppe budgétaire adéquate, nos associations seraient capables d'organiser cet enseignement. Là, je rejoins l'avis de Xavier, l'Education Nationale n'est pas obligée de tout régenter.

Enfin, Meuh, je te conseille de participer à la vie de nos associations pour mieux en comprendre les enjeux et ne pas t'épuiser dans ton objectif de normalisation. Oui, nous respectons (dans le Cotentin) la méthode Lechanteur mais nous n'avons pas l'ambition irréaliste d'uniformiser la normand. Ainsi, par exemple, il existe de nombreuses publications en guernesiais, en jerriais, en cotentinois, en cauchois... On peut tout simplement s'approprier un texte ou une chanson en l'adaptant dans la langue du coin. L'uniformisation est un combat dépassé ! L'important, c'est de sauvegarder tout ce qui peut l'être dans son terroir. Idem pour l'enseignement : on n'enseignera pas tout à fait le même normand (mots locaux, accents...) à Carteret et à Yvetôt. Pourtant, fondamentalement, c'est la même langue.

Et, quand on se retrouve tous ensemble, les variantes nous enrichissent et ne nous divisent pas ! N'est-ce point là l'essentiel ?
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meuuh



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Messageécrit le Tuesday 03 Jun 08, 22:39 Répondre en citant ce message   

Mais je ne suis pas pour une uniformisation !!!
Et, bon sang, c'est justement ce que je reproche à Lechanteur et à Magène : qu'ils le veuillent ou non, il répandent une forme unique et francisée du normand à travers cette forme écrite cotentinaise...

Mais je suis tout à fait près à assister à l'une de vos "réunions de patoisants" du coin ! Clin d'œil
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