Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
|
écrit le Friday 14 May 10, 17:01 |
|
|
La particule "ḥa" est peut-être à l'origine une métathèse de la forme courte du verbe "aller" raḥ. Le "râ'" serait tombé par la suite ce qui est courant lorsqu'une coronale se trouve en finale. Mais ce n'est qu'une hypothèse... |
|
|
|
|
BrunoH
Inscrit le: 10 May 2010 Messages: 3 Lieu: bruxelles
|
écrit le Friday 14 May 10, 23:07 |
|
|
بيجور عليكم
Bonne remarque sur bāš. Il est effectivement souvent raccourci en bəš, ce qui est finalement normal puisqu'il n'est pas accentué. Par contre je ne sais pas s'il est possible d'opposer un bāš conjonction de subordination et un bəš marqueur du futur, si je tombe sur la télé tunisienne je ferai attention. Il se pourrait qu'il s'agisse là d'un trait du nord de la Tunisie. Je l'ai cependant trouvé dans la description que j'ai des nomades marāzīg du sud. Il y a aussi tā- qui semble plus courant. La phrase donnée pour bāš est taqrīb bāš ywalli ribīʿ (c'est bientôt le printemps). Peut-être est-ce un emprunt au parler de la capitale ?
Pour tā- comme marqueur du futur, on le retrouve aussi dans les parlers sédentaires du nord de la Syrie, il faut supposer une réduction de ḥatta en tā. Le parallèle avec bāš et intéressant puisque tâ- est aussi issu d'une processus de grammaticalisation d'une conjonction de but vers un modifieur préverbale...
A propos du ḥa-, il vient sans doute comme l'a dit AbuKhaldoun du verbe râḥ, mais il n'est pas "typiquement" égyptien, on le retrouve en Palestine et au Liban et sans doute ailleurs. Donc pas d'origine copte. Quant au prestige du parler du Caire qui l'aurait propagé dans d'autres régions, il faut préciser que le cairote n'est pas une variété prestigieuse au Proche-Orient. En Jordanie par exemple, le dialecte égyptien est surtout associé aux travailleurs journaliers non qualifiés aux portiers, aux maçons...difficile dans ce cas d'envisager des emprunts. Peut-être que la situation du cairote est différente en Afrique du Nord.
Le ha- existe aussi en maltais, mais il vient dans ce cas du verbe xalla. |
|
|
|
|
Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
|
écrit le Friday 14 May 10, 23:45 |
|
|
La phrase "ta-qreb bâš ywalli r-rbî3" (j'ai volontairement changé l'orthographe) ne peut-elle pas s'expliquer de façon littérale (dans le sens commun en français et non pas dans celui d'arabe "littéral") par: "il sera bientôt/il s'approchera (ta-qreb) bâš (pour que) ywalli r-rbî3 (il revienne le printemps). Car, taqrîb تقريب est le nom verbal de 2° forme (factitive) signifant l'action de faire avancer et ne peut dans ce contexte se passer d'agent. Cette version rejoindrait donc la version de la Crème: marqueur de futur ta- et bâš pour celui du subjonctif? |
|
|
|
|
BrunoH
Inscrit le: 10 May 2010 Messages: 3 Lieu: bruxelles
|
écrit le Saturday 15 May 10, 0:13 |
|
|
J'ai essayé de noter les signes diacritiques mais visiblement ça ne passe pas. Dans taqrîb bâsh ywalli r-ribî3, il s'agit bien de taqrîb masdar de qarrab, mais il a ici un sens adverbial et doit se lire taqrîban, sauf que le locuteur a omis le -an, le sens littéral est donc "bientôt commencera le printemps". Il faut aussi lire ribî3 et non rbii3, le parler en question est de type bédouin. |
|
|
|
|
Adel514
Inscrit le: 11 Jun 2010 Messages: 89 Lieu: Montréal Canada
|
écrit le Monday 28 Jun 10, 22:27 |
|
|
Pour exprimer une action en train de se dérouler, on utilise en algérien (centre du pays) Râni , Râki , Râhu (ou bien Raw), Râhi (Ray) Rânâ ,Râkum , Râhum (R emphatique):
Râhu djâyy ou bien Râw djâyy رَاهُ جايّْ il arrive (il s'en vient) qui vient peut-être du littéral أَراهُ جَائِيٌّ je le vois venant
Râni pourrait aussi être une déformation de innî إنِّي
Râhi djâyya ou bien Rây djâyya ou encore Râha djâyya à l'Est (elle arrive)
Râhum djâyyîn (ils/elles arrivent) (à noter, en algérien, la disparition du féminin lorsque l'adjectif se met au pluriel - djâyya donnerait normalement djâyyât, au pluriel)
La même construction peut exprimer le futur proche:
Raw djâyy ghedwa (il viendra demain, littéralement il est en train de venir demain) qui peut aussi se dire îdji ghedwa (il viendra demain). La même chose existe en anglais he is coming tomorrow et he will come tomorrow.
Râni Râyah sert plutôt à exprimer l'intention:
Râni Râyah endîr zeBLa je vais faire une bêtise (une connerie) (ne pas confondre zebla qui signifie bouse de vache au pluriel zbel - qui signifie aussi ordures ménagères, avec zeBLa, la différence étant dans le B et le L emphatiques)
Râni Râyah neshri peut signifier je vais acheter dans le sens de je me dirige vers le magasin pour acheter ou bien j'ai l'intention d'acheter comme dans Râni Râyah neshri tomobîl (je vais acheter/j'ai l'intention de/j'ai décidé d'acheter une voiture)
Râni, Râk, Râki, Râhu, Râhi, Râna, Râkoum et Râhum expriment aussi un état (je suis, etc.)
wîn Râk? signifie où es-tu?
wâsh Râk 3ammi môh? comment vas-tu oncle môh (diminutif de mohammed)? (à l'Ouest on dit kî Râk?) et la réponse sera Rânî labâs (ou tout simplement labâs) ou bien Râni bkhîr je vais bien (littéralement je suis bien)
Celui qui voudra exprimer son ressentiment ou son mécontentement répondra Râni... (en allongeant le Râ plus que nécessaire)
Une réponse philosophique : Râna wel mût ourâna (ou bien wrâna) (littéralement: nous sommes et la mort est derrière nous) |
|
|
|
|
epinephrine
Inscrit le: 06 Feb 2013 Messages: 3 Lieu: hurghada
|
écrit le Wednesday 06 Feb 13, 21:57 |
|
|
Pour le dialecte egyptien:
Futur
On utilise bien ح suivit du verbe conjugué à l'innacompli
Futur proche
Pour les verbes de deplacement on peut exprimer le futur proche en utilisant ce qui est appelé dans certains manuels participe présent et dans d'autres adjectif verbal ou encore اسم الفاعل
رايح, رايحة, رايحين
نازل, نازلة, نازلين...
Cette même forme du verbe exprimera le présent pour les verbes d'etat et le passé proche pour les autres verbes
Dernière édition par epinephrine le Thursday 07 Feb 13, 9:35; édité 1 fois |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Wednesday 06 Feb 13, 23:12 |
|
|
epinephrine a écrit: | Cette même forme du verbe exprimera le présent pour les verbes d'etat et le passé proche pour les autres verbes |
Vous pourriez donner des exemples de ces autres verbes avec un petit contexte ? |
|
|
|
|
epinephrine
Inscrit le: 06 Feb 2013 Messages: 3 Lieu: hurghada
|
écrit le Thursday 07 Feb 13, 7:45 |
|
|
Verbes d'etat:
هو نايم il dort (en ce moment)
هو بينام كل يوم ساعتين il dort 2 heures par jour (habitude, بينام ne peut pas etre utilisé pour dire "il est en train de dornir")
Verbes de déplacement:
انا جاية j'arrive (je vais bientot quitter l'endroit ou je suis pour venir OU je suis en route, j'arrive)
انا لسة جاية je viens d'arriver (a cause de لسة )
Autres verbes:
هو شارب شاي il vient de boire un thé
هو بيشرب شاي il boit un thé (en ce moment, بيشرب peut egalement être utilisé pour exprimer une habitude)
Dernière édition par epinephrine le Thursday 07 Feb 13, 9:42; édité 2 fois |
|
|
|
|
embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3862 Lieu: Paris
|
écrit le Thursday 07 Feb 13, 8:55 |
|
|
Bonjour épinephrine et bienvenue. Pour que les caractères arabes soient plus lisibles, il est opportun de les mettre dans une police plus grosse, par exemple 4. Je l'ai fait pour ta première phrase. Tu peux poursuivre pour les suivantes. Merci. |
|
|
|
|
kristofru
Inscrit le: 13 Apr 2013 Messages: 58 Lieu: PACA
|
écrit le Saturday 13 Apr 13, 18:24 |
|
|
En regardant les différentes informations données, j'ai voulu apporter une précision quant au maltais. C'est bien linguistiquement un dialecte arabe, je sais que le futur s'y exprime de deux façons. (Tous les mots maltais que j'écris le sont avec l'alphabet maltais officiel, j'écris ensuite à côté la prononciation).
Pour indiquer une action que l'on va réaliser on emploie des termes précis :
- les 3 personnes du singulier : <i>sejjer</i> seyyèr (masc), <i>sejra </i> seyra (fem), abrégés en <i>se</i>, <i>sa</i>.
exemple : demain je vais aller ... <i>ghada sejjer/se mmur</i> ... 'aada se mour.
- les 3 personnes du pluriel : <i>sejrin</i> seyrine (masc/fem), abrégé en <i>ser.</i>.
Pour indiquer une action que l'on va accomplir immédiatement, dans l'instant , on emploie <i>Ha</i>.
exemple : je vais manger ... <i>ha niekol</i>... ha nèekol</i> |
|
|
|
|
Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
|
écrit le Tuesday 18 Jun 13, 16:51 |
|
|
Personne n'a encore mentionné le dialecte libyen. Je viens de lire qu'on forme le futur de la même manière qu'à Djedda et dans certaines parties du Golfe, à savoir au moyen du préfixe b(i)- suivi de la forme inaccomplie.
Cette forme correspond trait pour trait avec la forme de "présent" des dialectes égyptiens et levantins.
Ex:
Tiktəb Elle écrit
Btiktəb Elle écrira
Je crois que dans des sujets précédents, certains avaient déjà remarqué des points communs entre le libyen et les dialectes du Golfe.
Bon, je vois qu'il y a aussi deux autres façons de former le futur en libyen... (La Libye est un grand pays, on peut comprendre qu'il y ait beaucoup de variation.)
On peut utiliser Ha- + inaccompli, comme en égyptien.
On peut aussi former le futur en utilisant taww(a) "maintenant" suivi de l'inaccompli.
Ex: tawwa nitkallmûu fîh nous en discuterons plus tard
Cette dernière forme ressemble à la manière dont certains dialectes du Maghreb forment leur futur avec dôka, mais également au présent qu'utilise une partie du Maroc avec ta-. Ça ne m'étonnerait pas qu'ils soient apparentés. |
|
|
|
|
Kugulistan
Inscrit le: 09 Aug 2010 Messages: 190
|
écrit le Tuesday 06 May 14, 23:18 |
|
|
Dans le dialecte de Mardin, le futur et le subjonctif se forment de la même manière (comme en kurde). Pourquoi ? parce que le futur comme le subjonctif sont des temps incertains.
Le future se forme avec la particule ta- qui dérive de ḥattā.
Grigore écrit :
Citation: | ḥattā la particule de laquelle dérive ta / tə indique, en classique, la limite, « jusqu’à » : ḥattā maṭla‘i š-šamsi « jusqu’au lever du soleil ». Suivie d’un verbe, elle a le sens de « afin que », « pour », « dans le but » (spécialement avec le futur subjonctif : wa-ṣfaḥū ḥattā ya’tiya allāhu « Et pardonnez jusqu’à ce que Dieu vienne ! »). Coïncidence ou non, le mardini a développé le même procédé que le classique pour exprimer le futur. Ainsi, en classique, la particule qui se met avant la conjugaison préfixale d’un verbe pour lui donner la valeur de futur, sawfa (et son clitique sa-), indique aussi la limite, la fin. Le mot sawfa est, en classique, complètement grammaticalisé, mais au niveau lexical il existe des mots dérivés de la même racine : masāfa « distance ». Ce mot existe en hébreu : sōf « limite », « fin », avec un sens adverbial « jusqu’à la limite », « jusqu’au but » (v. Brockelmann vol. I, 1908 : 466), lva-sōf « enfin », « finalement », sōf-sōf « après tout », « en fin » ; en siriaque : sawpā « limite », « fin », men sōp wa-ləsōp « d’un bout à l’autre » (v. Brockelmann 1928 : 465). |
Quelques exemples qu'il donne :
ğəbtu mən əl-bayt ẖbayz qawi, ta-nənqa‘-u w nākəl !
J’ai apporté de la maison du pain dur, on le mouillera et on le mangera !
ənt amīr, ana amīr, mən ta-ysōq lə-ḥmīr ?
Toi, tu es émir, moi, je suis émir, alors qui conduira les ânes ?
mā-ta-tṛōḥ əl-yawme !
Tu ne partiras pas aujourd’hui !
-la promesse :
ənšaḷḷa ta’adārī-k laman təği la-mērdīn.
Si Dieu le veut, je prendrai soin de toi quand tu viendras à Mardin
ənšaḷḷa ta-tḥassəl aẖū-y !
Si Dieu le veut, tu réussiras, mon frère !
- la menace :
mā-fi ši ! ta-təṛa !
Ça ne fait rien ! Tu verras !
- l’atténuation d’une demande, en la plaçant dans l’avenir :
ta-t‘alləm-ni ayšwan yənṭəbəẖ əl-ballō‘ ?
Est-ce que tu m’apprendras comment se cuisinent les boulettes à œuf ? |
|
|
|
|
Mr M
Inscrit le: 15 Aug 2012 Messages: 372
|
écrit le Tuesday 06 May 14, 23:35 |
|
|
Le futur en "ha" tel que le connait l'égyptien est courant en Algérie également.
Dernière édition par Mr M le Tuesday 02 Sep 14, 4:48; édité 1 fois |
|
|
|
|
Mr M
Inscrit le: 15 Aug 2012 Messages: 372
|
écrit le Tuesday 02 Sep 14, 4:48 |
|
|
Le futur en "raH" qui est fréquemment employé en Algérie et au Levant est il d'usage également en Egypte ?
Je me pose la question après avoir écouté une chanson d'Abdelhalim Hafez ( chanteur égyptien) dans laquelle il dit :
مهما حتسأل مش راح أصدق حتى سلامك
Doit on en déduire que la particule راح s'emploie également en dialecte egyptien ? |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Tuesday 02 Sep 14, 8:51 |
|
|
Oui.
Étude très complète de la question, par Catherine Taine-Cheikh, avec tableau récapitulatif et bibliographie à la fin.
Il manque Mardin, qui devrait, je pense, figurer dans le tableau trois. |
|
|
|
|
|