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Le délire de Pathelin - Langues d'ici & d'ailleurs - Forum Babel
Le délire de Pathelin

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Geremi



Inscrit le: 12 Jan 2006
Messages: 181
Lieu: Nissa

Messageécrit le Wednesday 28 May 08, 14:27 Répondre en citant ce message   

J'ai relu ce matin un passage de la Farce de Maître Pathelin (acte I, scène 5) dans lequel Pathelin, pour éviter de payer un drapier, feint d'être très malade et délire dans plusieurs langues. J'ai alors aussitôt pensé que cet extrait avait sa place sur le forum Babel.

Limousin
Citation:

Mère de Dieu, la coronade,
par ma fye, y m'en vuol anar.
Or regni biou, oultre la mar ! 835
Ventre de Diou, z'en dis gigone.
Çastuy ça rible et res ne done.
Ne carrilaine, fuy ta nonne !
Que de l'argent il ne me sonne


Picard
Citation:

Venez-ens, douce damiselle.
Et que veut cette crapaudaille ?
Allez-en arrière, merdaille !
Çà, tôt, je veux devenir prêtre.
Or çà que le diable y puisse-t-être
en chelle vielle prêtrerie !
et faut-il que le prêtre rie
quand il dëust chanter la messe ?


Flamand

Citation:

Dont viens-tu, carême prenant ?
Vuacarme, liefe gode man ;
etlbelic beq igluhe golan ;
Henrien, Henrien, conselapen ;
ych salgneb nede que maignen ;
grile, grile scohehonder ;
zilop zilop en mon que bouden ;
disticlien unen desen versen ;
mat groet festal ou truit denhersen ;
en vuacte vuile, comme trie.
Cha, a dringuer ! je vous en prie,
quoi act semigot yaue,
et qu'on m'y mette un peu d'ëaue !
Vuste vuille, pour le frimas ;
faites venir sire Thomas
tantôt, qui me confessera.


Normand.
Citation:

Or, çà ! Renouart au tiné !
Bé déa, que ma couille est pelouse !
elle semble une cate pelouse
ou à une mousque à miel.
Bé, parlez à moi, Gabriel.
Les plaies Dieu, qu'est-ce qui s'attaque
à mon cul ? est-ce une vaque,
une mousque, ou un escargot ?
Bé déa, j'ai le mal saint Garbot !

Suis-je des foureux de Bayeux ?
Jean du Chemin sera joyeux,
mais qu'il ne sache que je le sais.
Bée, par saint Michel, je berrais
volontiers à lui une fes.


Breton.

Citation:

Ha oul danda oul en ravezeie
corfha en euf.


Huis oz bez ou dronc nos badou
digaut an tan en hol madou
empedif dich guicebnuan
quez queuient ob dre douch aman
men ez cahet hoz bouselou
eny obet grande danou
maz rehet crux dans hol con
so ol oz merueil grant nacon
aluzen archet epysy
har cals amour ha courteisy.


Lorrain.

Citation:

Hé, par saint Gigon, tu te mens.
Voit à Dieu, couille de Lorraine !
Dieu te mette en bote semaine !
Tu ne vaux mie une vieil[le] natte.
Va, sanglante botte savate,
Va foutre ! va, sanglant paillard !
Tu me refais trop le guillard.
Par la mort bieu, çà, vien-t'en boire
et baille-moi stan grain de poire,
car vraiment je le mangera.
Et par saint George je bura
à ti. Que veux-tu que je die ?
Di, viens-tu nient de Picardie ?
Jacques nient se sont ébobis ?


Latin.
Citation:


Et bona dies sit vobis,
magister amantissime,
pater reverendissime.
Quomodo brulis ? que nova ?
Parisius non sunt ova.
Quid petit ille mercator ?
Dicat sibi quod trufator,
ille qui in lecto jacet,
vult ei dare, si placet,
de oca ad comedendum.
Si sit bona ad edendum,
pete tibi sine mora.


Que pensez-vous des passages dans les différentes langues?
Reconnaissez vous les langues?
Les langues utilisées sont-elles corrctes?
Les passages veulent-ils dire quelque chose?



source: http://www.duke.edu/~pstewart/pathelin.htm
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felyrops



Inscrit le: 04 May 2007
Messages: 1143
Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)

Messageécrit le Wednesday 28 May 08, 18:23 Répondre en citant ce message   

Est-ce bien le texte de la première édition de Lyon de 1485-86 ?
Pour le Flamand je comprends quelques mots mal orthographiés, par exemple 'disticlien' était probablement écrit 'distichen' au manuscrit.
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meuuh



Inscrit le: 12 Jun 2006
Messages: 982
Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša

Messageécrit le Thursday 29 May 08, 11:10 Répondre en citant ce message   

Moi, je reconnais pas franchement le normand... A part mousque et berrais...
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Lou caga-blea



Inscrit le: 05 Sep 2006
Messages: 513
Lieu: Nissa

Messageécrit le Thursday 29 May 08, 11:34 Répondre en citant ce message   

Il fallait que le public comprenne un minimum. Ce qui compte, c'est d'évoquer l'étranger, tout en faisant rire le public (comme dans le film de D. Boon : je ne sais pas si on a toujours affaire à du picard AOC). Cela dit, le texte latin est tout à fait conforme aux normes de l'époque, et le limousin (entendez par là "occitan"), donne parfaitement à entendre cette langue (mais mêle des formes françaises à des formes d'oc).
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gilou



Inscrit le: 02 Jan 2007
Messages: 1528
Lieu: Paris et Rambouillet

Messageécrit le Thursday 29 May 08, 14:15 Répondre en citant ce message   

Ca me fait penser a "Le Pédant Joué" de Cyrano de Bergerac, ou Molière a piqué son célèbre "Que diable allait-il faire dans cette galère ?", qui y est sous la forme "... que Diable allais-tu faire dans cette galère ?".
Dans cette pièce qui joue sur les registres de langue, s'expriment le pédant, Granger, qui parle avec force citations latines, Chasteaufort, un matamore, qui parle de manière assez théatrale, et Gareau, le paysan, qui parle un patois peut être de l'Ile de France (je n'ai pas mon édition critique sous la main, qui en discutait).
Citation:
CHÂTEAUFORT.
Eh ! de grâce, villageois, achève-nous tes aventures du voyage de Monsieur de Marcilly.

GAREAU.
Oh, oh ! ous n’êtes pas le roi Minos, ous êtes le roi Priant, O donc je voyagisme sur l’or riant, et vers la Mardi Terre Année.

CHÂTEAUFORT.
Tu veux dire, au contraire, vers l’orient, sur la méditerranée ?

GAREAU.
Eh bian, je me reprends, un var se reprend bian. Mais guian, si vous pensiais que je devisiesme entendre tous ces tintamarres-là, comme vous autres latinisuers, dame, nanain. Et vous, comme guibe déharnachez-vous votre philosophie ? J’arrivismes itou au deux trois de Gilles le Bâtard, dans la Transylvanie, en Béthliau de Galilene, en Harico, au Pays … et pis au Pays … du Beurre.

CHÂTEAUFORT.
Que diable veux-tu dire ? Au Pays du Beurre ?

GAREAU.
Oui, au Pays du Beurre. Tanquia que c’est un pays qui est mou comme beurre, et où les gens sont durs comme piare. Ah ! c’est la Graisse ; eh bian, les gens n’y sont-ils pas bian durs, pis que ce sont les Grès ? Et pis, après cela, je nous en allimes, reverence parlé, en un pays si loin, si loin, je pense que mon maître apelet cela le Pays des Bassins, où le monde est noir comme des Antéchrists. Ardé, je crois fixiblement que je n’eussiesmes pas encore cheminé deux glieues que j’eussiesmes trové le paradis et l’enfar. Mais, tenez, tour ce qui me semblit de plus biau à voir, c’est ces petits Sarrasins d’Italise ; cette petite grene d’andouille n’est pas pus grande que savequoi, et s’ils savont déjà parler italian. Dame, je ne fesimes là gueres d’ordure. Je nous bandismes nos caisses tout au bout du monde dans la Turquise, moi et mon maître. Par ma fi, pourtant, je disis, bian tôt à mon maître, qu’oul s’en revenît : « Eh ! quement, quelle vilanie ? Tous ces Turcs-là sont tretous Huguenots comme des chiens. » Oul se garmantet par escousse de keur bailler des exultations à la Turquoise.

CHÂTEAUFORT.
Il faut dire des exhortations à la Turque.

GAREAU.
O bian, tanquia qu’il les sarmonet comme il falet.

CHÂTEAUFORT.
Ton maître savait donc l’idiome turc ?

GAREAU.
Eh ! vrament oui, oul savet tous ces Géromes-là ; les avet-il pas vus dans le latin ? Son frère itou étet biau savant, mais oul n’étet pas encore si savant, car n’en marmuset qu’oul n'avet appris le latin qu’en français. C’était un bon Nicolas qui s’en alet tout devant ly, hurlu, berlu : n’en eût pas dit qu’oul y touchet, et stanpandant oul marmonet toujours dans une bâtelée de livres. Je ne me sauras tenir de rire, quand je me ramenteu de noms si biscornus, et si, par le sanguoi, tout ça étet vrai, car oul étet moulé. D’auquns s’intilaient, s’intilaient … ouai ? ce n’est pas encore comme ça : … s’intulaient …, j’y sis casi … S’intulaient … ; s’in, s’in, s’in … tanquia que je m’entends bian.

CHÂTEAUFORT.
Tu veux dire : s’intitulaient ?

GAREAU.
Oui, oui, s’in, s’in …, héla qui se faisaient comme vous dites. Vela, tout come il le défrinchet. Je ne sais pus où h’en sis : vous me l’avez fait pardre.

CHÂTEAUFORT.
Tu parlais du nom de ces livres.

GAREAU.
Ces livres donc, pis que les livres y a. Ouais ? Ah ? je sais bian ; oul y avet des Amas de Gaules, des Cadets de Tirelire et des Aînés de Vilgiles.

CHÂTEAUFORT.
Il faut dire, mon frand ami, des Amadis de Gaule, des Décades de Tite-Live, des Ennéades de Virgile. Mais, poursuis.
(pris sur ce blog: http://le-cardinal-gropper.over-blog.com/article-19218299.html )

Le sens de certaines phrases de son patois n'est pas toujours facile a saisir, surtout qu'il y a parfois des jeux de mots:
Citation:
Monsieu de Marsilly m’apelet bian son bâtar. Il ne s’en est pas falli l’époisseur d’un tornas, qu’il ne m’ait fait aprenti conseillé. « Vien çà, ce me fit-il une fois, gros fils de putain (car j’équions tout comme deux freres ? je veux, ce fit-il, que tu venais, ce fit-il, autour de mois, ce fit-il, dans la Turquise, ce me fit-il.- O ! ce l’y fis-je, cela vous plaît à dire. – Non est, ce me fit-il. – O ! si est, ce l’y fis-je. – O ! ce me fis-je à part moi : Ecoute, Jean, ne faut point faire le bougre, faut sauter, « Dame, je ne fesi point de défigurance davantage, je me bouti avec li cahin caha, tout à la maxite Françoase. Mais quand on gn’y est, on gn’y est. Bennefi, pourtant je paraissi un sot basquié, un sot basquié je paraissi ; car Martin Binnet … Et y à propos Denis le Balafré, son onque, ce grand ecné, s’en venit l’autre jour la remontée lanterner environ moi. Ah ! ma foi, ma foi, je pense que, Guieu marci, je vous l’y ramenis le plus biau chinftegniau sus le mousrafa qu’oul l’y en demeuri les badigoines écarbouillées tant avaux l’hyvar. Que Guibe aussi ! Tous les jours que Guieu feset, ce bagnoquier-là me ravaudet comme un satan. C’étet sa sœur qui épousit le grand Thiphoine. Acoutez, ol n’a que faire de faire tant l’enhasée, ol n’a goute ne brin de biau. Par ma fi, comme dit l’autre, ce n’est pas grand chose ; la reine de Nior, malheureuse en biauté. Pour son homme, quand oul est déshabillé, c’est un biau cour-nu. Mais regardez un petit : ce n’étet encore qu’une varmene, et si ol feset déjà tant la dévargondée, pour autant qu’ol savet luire dans les sessiaumes, qu’on n’en savet chevir. Ol se carret comme un pou dans eune rogne. Dame, aussi ol avet la voix, reverence parlé, aussi finement claire qu’eune yau de roche. L’en diset que Monsieu le curé avet bian trampé souvent son goupillon dans son benaiquié, mais ardé sont médiseux, les faut laisser dire ; et pis, quand oul auret ribaudé un tantinet, c’est à l’y faire et à nous à nous taire ; pis qu’il donne bian la pollution aux autres, il ne l’oubli pas pour ly, Monsieur le vicaire itou étet d’une humeur bian domicile et bian turquoise ; mais ardé.

L'orthographe est pré-académique.
Je remarque dans ce patois l'emploi de oul (je releve aussi ol) pour il/elle.
Il y a aussi pas mal de formes palatalisées: Guieu pour Dieu, glieues pour lieues (je suppose que gli y note un l palatal), bian pour bien, biauté pour beauté, benaiquié pour bénitier, etc. Un certain nombre de è ouverts se sont ouverts en a devant r: var pour verre, enfar pour enfer, hyvar pour hiver...
C'est caractéristique et permet de le localiser?
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Tudwal



Inscrit le: 13 Nov 2006
Messages: 39
Lieu: an Oriant (Breizh)

Messageécrit le Thursday 29 May 08, 21:27 Répondre en citant ce message   

Pour le passage en breton, certaines formes laissent supposer qu'il s'agit de moyen-breton (breton du moyen-âge).
Pour les deux premiers vers, je ne vois pas.
Par contre pour les deux suivants, je CROIS lire :
C’hwi ho pezo droug, ‘ nos ‘bado
Digant an tan, an oll madoù
ce qui signifierait à peu près : Vous aurez du mal qui durera la nuit, d'avec le feu, tous les biens

plus loin : EMPEDIF fait penser au verbe pediñ, ou em bediñ (forme pronominale)
DICH doit être une variante de DOC'H, DEOC'H
GUICEBNUAN doit être GITIBUNAN
apparemment, il y a beaucoup de fautes de frappe, est-ce la même chose pour les autres langues ?

Un vers cependant a un sens relativement clair :
men ez cahet hoz bouselou
MENN E KAC'HET HO POUZELLOU (où vous chiez vos boyaux)

Si d'autres bretonnants passent par ici, n'hésitez pas à donner votre avis.

JOE DOC'H
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meuuh



Inscrit le: 12 Jun 2006
Messages: 982
Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša

Messageécrit le Thursday 29 May 08, 22:12 Répondre en citant ce message   

Es-tu sûr que ce sont des fautes de frappes ? Ce serait pas plutôt une orthographe différente tout simplement ?
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felyrops



Inscrit le: 04 May 2007
Messages: 1143
Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)

Messageécrit le Thursday 29 May 08, 22:42 Répondre en citant ce message   

Ben, fautes de frappe, c'est une façon de parler. L'imprimeur de 1485 venait juste de se familiariser avec l'imprimerie. Ensuite, l'écriture de cette époque n'est plus aussi lisible que celle de la haute époque gothique, et les lettres en plomb devaient s'encastrer dans un composteur en suite inverse. Enfin l'imprimeur ne comprend pas toutes ces langues ou tous ces parlers.
Faute d'auteur (il était probablement déjà décédé), il faudrait retrouver le manuscrit!
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Tudwal



Inscrit le: 13 Nov 2006
Messages: 39
Lieu: an Oriant (Breizh)

Messageécrit le Thursday 29 May 08, 23:43 Répondre en citant ce message   

Pour Meuh :

Il s'agit bien de "fautes de frappe", c'est à dire des inversions dans l'ordre des lettres, des confusions N / U, et des fausses coupes.
La différence d'orthographe entre moyen-breton et breton moderne est un autre fait, mais ce n'est pas de çà dont je parlais.

Je vais essayer de continuer la traduction de ce passage.

JOE DOC'H
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gilou



Inscrit le: 02 Jan 2007
Messages: 1528
Lieu: Paris et Rambouillet

Messageécrit le Friday 30 May 08, 1:23 Répondre en citant ce message   

meuuh a écrit:
Moi, je reconnais pas franchement le normand... A part mousque et berrais...

Il y a une excellente etude ici: http://www.universdeslettres.com/oeu_tit_index.php?oeu_id=12&ss_page=pass_cle# qui traduit l'essentiel des passages (traduction littéraire parfois, donc pas mot a mot), ou on trouvera la traduction des passages en Breton, etc.

Le passage en Normand, avec une meilleure orthographe a mon avis que celle donnée dans le post initial (on y a par exemple escarbot, et non escargot):
Citation:
Or cha, Renouart au tiné,
Bé dea, que ma couille est pelouse !
El semble une cate pelouse,
Ou à une mouque à miel.
Bé ! parlez à moy, Gabriel.
Les playes dieu ! Qu'est che qui s'ataque
A men cul ? est che or une vaque,
Une mouque ou un escarbot ?
Hé dea, j'ay le mau saint Garbot !

Suis je des foyreux de Bayeux
Jehan du Quemin sera joyeux
Mais qu'il saiche que je le sée.
Bé ! par saint Miquiel, je berée
Voulentiers à luy une fés.

Par ici, Renouart à la massue !
Diantre ! Que ma couille est poilue !
Elle ressemble à une chenille
ou à une mouche à miel.
Bé ! Parlez-moi, Gabriel.
Par les plaies de Dieu, qu'est-ce qui s'attaque
à mon cou ? Est-ce une vache,
une mouche ou un bousier ?
Bé ! Diable, j'ai le mal de saint Garbot !

Suis-je des foireux de Bayeux ?
Jean Tout-Le-Monde sera joyeux,
s'il sait que j'en suis.
Bé ! Par saint Michel, je boirai
volontiers un coup à sa santé.
-------------------------------------------
Renouart au tiné ! = Renouart au tinel (massue cerclée de fer), personnage de chanson de geste
déa = diable
cate pelouse = chatte-pelouse, la chenille processionnaire (poilue)
une mouque à miel = une mouche a miel, une abeille
escarbot = scarabée, bousier
mau de saint Garbot = la dysentrie, dont l'évêque Garbot avait puni les habitants de Bayeux, avec qui il avait eu des démélées
je berée = je boirais
une fés = une fois
Note: cul est traduit par col. Je ne connais pas assez le Normand de l'époque pour mettre en doute cette traduction, qui m'étonne un peu néanmoins, et est peut être un poil politiquement correcte.
Quand je dis que la traduction est assez littéraire, on le voit par exemple ici:
Bé ! par saint Miquiel, je berée
Voulentiers à luy une fés.

c'est a dire:
Bé ! Par saint Michel, je boirai
volontiers à lui une fois.
traduit par:
Bé ! Par saint Michel, je boirai
volontiers un coup à sa santé.
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gilou



Inscrit le: 02 Jan 2007
Messages: 1528
Lieu: Paris et Rambouillet

Messageécrit le Friday 30 May 08, 2:25 Répondre en citant ce message   

Pour la partie en Breton, toujours avec la traduction sur le site donnée dans mon post précédent, et l'orthographe alternative trouvée sur une autre page web ( http://www.serveur-helene.org/ ) dont la source est une édition de 1854 du Libraire-Editeur Chamerot:
Citation:
Ha oul danda oul en ravezeie
Corf ha en euf.

Puisses-tu être aux diables, corps et âme.
Citation:
Huis oz bez ou dronc noz badou
Digaut an can en ho madou
Empedit dich guicebnuan
Quez que vient ob dre donchaman
M'en ez cachet hoz bouzelou
Eny obet grande canou
Maz rechet crux dan holcon
So ol oz merveil gant nacon
Aluzen archet episy,
Har cals amour ha courteisy.

Puissiez-vous passer une mauvaise nuit, des saisissements, par suite de l'incendie de vos biens! Je vous souhaiterai à tous, sans exception, vous tous qui êtes ici, que vous rendiez une pierre de vos entrailles en faisant du bruit et des lamentations, de telle sorte que vous fassiez pitié aux chiens qui meurent complètement de faim. Tu auras l'aumône d'un cercueil et beaucoup d'amour et de courtoisie.
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Lou caga-blea



Inscrit le: 05 Sep 2006
Messages: 513
Lieu: Nissa

Messageécrit le Friday 30 May 08, 9:47 Répondre en citant ce message   

Oui à mon avis, vu le contexte et le reste de la tirade (il parle de sa couille juste avant et mentionne les foireux après), le cul normand est sans doute notre cul…
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gilou



Inscrit le: 02 Jan 2007
Messages: 1528
Lieu: Paris et Rambouillet

Messageécrit le Friday 30 May 08, 14:59 Répondre en citant ce message   

foireux au sens de dysentriques ici, en effet, vu ce qui est dit sur l'évêque Garbot. Le sens de cul ne fait donc pas de doute.
Noter aussi que le second emploi de mouque peut avoir le sens d'abeille, comme le premier emploi (dans le patois de la région d'Orléans que parlais mon grand-père maternel, une mouche, ou muche, c'était bien souvent une abeille).
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meuuh



Inscrit le: 12 Jun 2006
Messages: 982
Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša

Messageécrit le Friday 30 May 08, 16:46 Répondre en citant ce message   

C'est quand même très étrange qu'il mélange une fés et moi...
Escarbot fait en effet plus normand, mais globalement, ça ressemble plus à de la "pâtée patois"...
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