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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Thursday 18 Sep 08, 21:17 |
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Voici une tournure française, laquelle, en principe, ne pose pas de problèmes aux hispanophones, car en espagnol existe bel et bien la construction hacerse + infinitiv. Pourtant le sens n’est pas toujours le même. En espagnol, la notion de volonté du sujet est inhérente, tandis qu’en français, l’action du sujet peut être dépourvue de sa volonté.
La phrase «Je me suis fait examiner par un bon médecin » trouve sa parallèle espagnole en « Me he hecho examinar por un buen médico». Dans les deux cas, le sujet est allé voir le médecin, parce qu’il a cru que c’était bon pour sa santé, donc il a voulu y aller.
Mais pour un espagnol, une phrase telle que « Marie s’est fait piquer au marché », voudrait dire tout d’abord que « Marie a laissé volontairement que quelqu’un la pique » (traduction littérale « María se ha hecho robar en el mercado »). Évidemment, après le petit choc initial, nous comprenons sans grand effort le vrai sens de la phrase : « Marie a été victime d’un vol lorsqu’elle était au marché ».
Toutefois, je n’ai pas pu éviter un petit tressaillement lors d’une excursion en bateau-mouche, la semaine dernière, quand la guide a dit "À votre gauche, la Conciergerie (…) où Marie-Antoinette a passé les deux derniers mois de sa vie, avant de se faire guillotiner."
Quelle façon brutale de se suicider ! |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1487 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Friday 19 Sep 08, 21:25 |
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ramon a écrit: | Marie s’est fait piquer au marché |
Est-ce qu'il ne manque pas ici un complément d'objet direct du verbe "piquer"? "Marie s'est fait piquer son porte-monnaie au marché.", par exemple. Sans ça on pourrait comprendre que Marie a été piquée par un insecte ou par quelqu'un, avec une épingle. |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Friday 19 Sep 08, 22:20 |
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En effet:
Marie s'est fait piquer au marché = y'avait un moustique
Marie s'est fait piquer son sac au marché = passif en "se faire".
Je trouve que le plus simple, c'est de considérer se faire et se laisser comme des périphrases passives. |
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Poyon
Inscrit le: 24 Jul 2005 Messages: 765 Lieu: Liège (Waremme)
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écrit le Saturday 20 Sep 08, 10:25 |
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se faire piquer : se faire gauler, se faire prendre |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Saturday 20 Sep 08, 10:37 |
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aaaaaaaaah oui, c'est une voleuse qui s'est fait piquer en train de chourer au marché. Ca marche aussi.
Mais l'explication donnée pour cette phrase en fait la victime, et ça, ça ne marche pas.
Quand on vous dit qu'il faut un contexte.... |
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Matlock
Inscrit le: 07 Jul 2008 Messages: 14 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 20 Sep 08, 12:52 |
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ElieDeLeuze a écrit: | Je trouve que le plus simple, c'est de considérer se faire et se laisser comme des périphrases passives. |
C'est même un type de construction du passif en français. On appelle ces verbes (se faire, se laisser mais aussi se voir) des semi-auxiliaires, d'où le nom de passif auxiliaire. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1887 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 21 Sep 08, 0:17 |
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ramon a écrit: | ...en français, l’action du sujet peut être dépourvue de sa volonté.
La phrase «Je me suis fait examiner par un bon médecin » ...il a cru que c’était bon pour sa santé, donc il a voulu y aller.
Mais pour un espagnol, une phrase telle que « Marie s’est fait piquer au marché », " Marie-Antoinette a passé les deux derniers mois de sa vie, avant de se faire guillotiner."
Quelle façon brutale de se suicider ! |
Je n'avais jamais pensé à cette équivoque! Pourtant, en en remettant une couche, "Je me suis fait violer dans le parc" ne témoigne nullement d'un quelconque souhait de la locutrice. (Bon, on ne sait jamais!) |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Sunday 21 Sep 08, 19:49 |
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@András et ElieDeLeuze.
Merci bien pour la correction. Je n’ai fait que transcrire la phrase prononcée par des clients du terrain du camping où je travaillais il y a déjà une éternité. Au retour de leur visite au marché de Cambrils (Tarragone), ils sont venus à la réception pour dénoncer les faits :
"On s’est fait piquer au marché ! Poliiiiiiiice !"
Plus tard, à la gendarmerie, ils ont énumeré tous les compléments d'objet direct qu'on les avait volé.
Et non, ils n’ont pas parlé de moustiques, non…
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1887 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 21 Sep 08, 21:40 |
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Ne pourrais-tu donner la (ou les) traduction de cette alternative pour que le commun des mortels puisse percevoir un peu plus la sensibilité espagnole. Merci! |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Monday 22 Sep 08, 8:47 |
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Volontiers !
Nous pouvons recourir, soit à
1) la construction impersonnelle :
Han robado a María en el mercado / A María le han robado en el mercado
Les clients du camping, s’ils avaient été des espagnols, ils auraient dit :
Nos han robado en el mercado.
2) …soit à une phrase d’infinitif actif…:
(…) la Conciergerie, donde Marie-Antoinette pasó los dos últimos meses de su vida, antes de morir en la guillotina.
3) …ou passif:
…antes de ser ejecutada en la guillotina.
4) La construction impersonnelle sert également:
…antes de que la guillotinaran. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Monday 22 Sep 08, 9:09 |
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ramon a écrit: | @András et ElieDeLeuze.
Merci bien pour la correction. Je n’ai fait que transcrire la phrase prononcée par des clients du terrain du camping où je travaillais il y a déjà une éternité. Au retour de leur visite au marché de Cambrils (Tarragone), ils sont venus à la réception pour dénoncer les faits :
"On s’est fait piquer au marché ! Poliiiiiiiice !"
Plus tard, à la gendarmerie, ils ont énumeré tous les compléments d'objet direct qu'on les avait volé.
Et non, ils n’ont pas parlé de moustiques, non…
| Oui, enfin ici, tu as des locuteurs qui utilisent le verbe piquer la ou une majorité de français utiliseraient le verbe voler, justement, parce que la forme avec voler n'est pas ambigüe.
"On s'est fait voler au marché." semble beaucoup plus normal dans un tel contexte, car on n'a qu'un seul sens possible. S'ils avaient employé un complément avec piquer, alors la, comme la phrase n'est en principe plus ambigüe, la tournure était tout a fait possible.
Quand je dis que la tournure n'est en principe plus ambigüe, c'est parce qu'on peut avoir dans de rares cas une phrase comme "Je me suis fait piquer le bras" (qui a priori, va évoquer la notion de piqure, mais pourrait en fait parler du vol du bras d'une statue...) |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Monday 22 Sep 08, 18:48 |
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Une explication très didactique. J'ai bien compris. Merci gilou! |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Monday 22 Sep 08, 18:58 |
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Désolé d'insister, mais piquer ne signifie voler que quand il y a un cod. Sinon, c'est la piqûre ou se faire gauler. C'est peut-être personnel, mais c'est très fort chez moi. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Monday 22 Sep 08, 19:19 |
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Pas nécessairement: Le COD peut être absent (on parlera d'ellipse), par exemple dans une phrase comme "Il a piqué dans la caisse." |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Monday 22 Sep 08, 19:34 |
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Bon bein, je ne sais pas pourquoi, mais dans la phrase originale, ce n'est pas voler dans mon esprit. Mon feeling est têtu. J'admets que l'argumentation est nulle. |
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