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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Tuesday 14 Oct 08, 22:45 |
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Je serais un imbecil, mais j'ai pensé à une racine BhEU/BhU= être, faire être, engendrer la vie, grossir.
Dans le latin arcaique il y avait un verbe *feo (foetus, foeta, foecundus), qui semblait au grec phyo= je produis
alors...
*BHAVAMANA
*FOVEMINA-->FOEMINA = generatrix (en piemontais nous disons encore FOUMNA...cette evolution demontre que FOEMINA n'était pas en relation avec FELLARE= sucer )
*GhwOMAN(A) --> WOMAN
avec "-man-" comme suffixe participiel (present en grec comme "-mene")
Dernière édition par giòrss le Tuesday 14 Oct 08, 23:48; édité 3 fois |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Tuesday 14 Oct 08, 23:20 |
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Comment passez-vous de l'indo-européen *bhu- à l'anglais wo- ?
On devrait avoir bu-, ou dans certains contextes bo-. |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Tuesday 14 Oct 08, 23:26 |
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Oui...
dans certains contextes, comme le celte...nous devrions trouver un BO(U)MA(E)NA, mais il reste tres peu du celte ancien aujourd'hui.
En celte actuel, souvent la B- resiste (ex. irlandais BEAN = woman)
Je crois que nous avons deux modeles en competition:
1) BHU(BOU/FOU/GhwO) + MA(E/I)NA
2) BHU+NA --> gr. GYNE / pers. ZAN (ZENANA est un synonyme d' "harem" en Persian: زنانه, Urdu: زنانہ et Hindi: ज़नाना) / irl. BEAN / ingl. QUEEN ( Old English CWEN= femme) et BANSHEE (= fairy woman) |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 0:39 |
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giòrss a écrit: | Oui...
dans certains contextes, comme le celte... |
?? On parle de l'anglais... |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 0:45 |
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giòrss a écrit: | BHU+NA --> gr. GYNE / pers. ZAN |
Où allez-vous chercher ces correspondances ? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 7:23 |
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Alexandre, merci pour la correspondance *gʷʰermós « chaud », angl. warm que j'avais laissé passer.
Mais, puisqu'on parle de femmes et de tokharien, une chose m'étonne encore.
Je rappelle, contre giòrss, le nom banal de la femme, *gʷen-h₂, gén. *gʷn-eh₂-s :
skr. jáni, grec γυνή (béotien βανά), vx-slave žena, got. qino,
toutes formes qui témoignent d'une absence d'aspiration dans l'initiale. Or, ce nom est donné comme correspondant aux tokhariens, A : śäm, B : śana, avec palatalisation.
Pourquoi donc n'y aurait-il pas eu palatalisation dans un tokh. B kwyp/f supposé provenir d'un *gʷʰip- (pour donner angl. wife) alors que :
Alexandre a écrit: | … pas si la labio-vélaire est aspirée - ce qui ne laisse aucune trace en koutchéen | et que i n'est pas vraiment un bon candidat pour empêcher une palatalisation ?
@ giòrss :
1) le n appartient à la racine dans *gʷen-h₂ et on ne peut donc parler ici d'un suffixe -na- ;
2) le suffixe de participe moyen *-men- n'est guère utilisé que par le grec (-μενος) et le sanskrit (-māna-) à quoi on peut ajouter de rares traces en latin (alumnus, fēmina), le supposer en germanique soulève deux problèmes :
- accepter un saut épistémologique ;
- donner un sens verbal au thème. |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 12:50 |
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Outis a écrit: | Pourquoi donc n'y aurait-il pas eu palatalisation dans un tokh. B kwyp/f supposé provenir d'un *gʷʰip- (pour donner angl. wife) alors que :
Alexandre a écrit: | … pas si la labio-vélaire est aspirée - ce qui ne laisse aucune trace en koutchéen | et que i n'est pas vraiment un bon candidat pour empêcher une palatalisation ? |
Remarque pertinente.
J'expliquerais volontier le phénomène de la même façon que le grec a développé γυνή en face de βανά et le hittite kuina en face du louvite wanatti- : la possibilité pour les labio-vélaires de vocaliser leur appendice vélaire. *ghwî- deviendrait alors *gh-uwî- qui conduit à la forme attestée sans plus de risque de palataliser l'occlusive. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 15:02 |
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Il y a encore pour moi un certain manque de clarté dans le raisonnement et, en particulier, je vois mal un mécanisme analogue à celui de γυνή. Et j'ai du mal à croire que les labio-vélaires vocalisent spontanément leur appendice labial hors d'un contexte le favorisant.
Ce qu'on m'a appris, c'est qu'une forme à accent suffixal *gʷn-éh₂- (védique gnā-) avait développé en grec une voyelle d'appui *gʷ°n-éh₂- pour résoudre le groupe consonantique et qu'elle avait subi,
soit l'influence de gʷ en ionien pour donner *gʷun-éh₂- puis, par dissimilation, *gun-éh₂-,
soit l'influence de n en éolien pour donner *gʷan-éh₂- puis, par évolution normale des labio-vélaires, *ban-éh₂-
Or je ne retrouve guère ce schéma dans un *gʷʰīp- qui subirait d'abord une diérèse interne *gʷʰuwīp- le temps de bloquer la palatalisation en *kuwyp-, suivi d'un amuissement de ce même u (kwyp-) qui n'aurait fait qu'un aller et retour. À moins bien sûr que je me méprenne totalement sur la valeur phonétique de ce qui est noté ici y … |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 16:03 |
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Outis a écrit: | Ce qu'on m'a appris, c'est qu'une forme à accent suffixal *gʷn-éh₂- (védique gnā-) avait développé en grec une voyelle d'appui *gʷ°n-éh₂- pour résoudre le groupe consonantique et qu'elle avait subi,
soit l'influence de gʷ en ionien pour donner *gʷun-éh₂- puis, par dissimilation, *gun-éh₂-,
soit l'influence de n en éolien pour donner *gʷan-éh₂- puis, par évolution normale des labio-vélaires, *ban-éh₂- |
Honnêtement, je crois que nous disons la même chose de deux façons différentes : vous comme on l'apprend à la fac, moi comme on l'apprend en s'efforçant de comprendre les ouvrages spécialisés avec un DEUG d'Allemand et 25 ans de pratique du grec.
Je reformulerai donc :
la possibilité pour les labio-vélaires de développer une voyelle d'appui. *ghwî- deviendrait alors *gh-°wî- qui conduit à la forme attestée sans plus de risque de palataliser l'occlusive.
Sur ce dernier point, on pourra se reporter à Bader, Langues indo-européennes, 4 , 7.1.3 |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 18:17 |
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La différence de style n'est guère importante et je crois que nous nous comprenons suffisamment.
J'ai essayé d'approfondir le problème posé par la transcription kwyp/f où j'avais d'abord interprété le y comme une notation de ī, guidé en cela par l'imprononçabilité du groupe et l'idée qu'on souhaitait le corréler au vieil-anglais wīf.
Mais, dans l'article de Lambert Isebaert que tu cites, il distingue bien la voyelle i de la semi-voyelle y et, en outre, indique en tokharien une neutralisation de l'opposition de quantité (§ 7.1).
De plus, en butinant dans l'article, je suis tombé sur des mots comme kälyp- « voler » ou ytār « chemin » qui semblent tout aussi imprononçables avec un y consonantique.
As-tu des informations plus précises sur le phonétisme du tokharien qui permettraient d'éclaircir la chose ?
(je suis, pour d'autres raisons, très intéressé par le traitement des groupes *kwy ou *kʷy, éventuellement avec aspiration) |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Wednesday 15 Oct 08, 18:28 |
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Je crois qu'il faut prendre le y pour ce qu'il est en français : noyau ne se prononce ni nwa-o ni no-yo. Même consonantique, le -y- a un caractère de -yi-. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 16 Oct 08, 11:47 |
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Je crains que les problèmes de diérèse ne soient autrement plus complexes et pas seulement dans le vers classique français. Pour prendre l'exemple du grec, on a en grec moderne deux articulations possibles du mot signifiant « une » :
μία [míya] et μιά [myá]
et, déjà en linéaire B mycénien, deux graphies du mot ἱερεύς « prêtre » :
i-je-re-u (KN As 821, PY An 218, etc.) et i-e-re-u (PY En 74, etc.)
Ces questions pourraient faire l'objet d'un autre fil.
Mais, pour en revenir à woman et wife et au problème de la consonne initiale de son étymon, une labio-vélaire qui devrait être aspirée pour aboutir à la forme anglaise w, cette aspiration étant non marquée (car neutralisée) dans le koutchéen kwyp/f, j'aimerais introduire de nouveaux éléments dans le débat et discuter des questions phonétiques qu'ils posent.
On connait en sanskrit, dès le védique, un thème verbal KUP-, présent actif sg3 kupyati « il s'enfle, il bouillonne de colère » qu'on rapproche classiquement (Ernout/Meillet, Mayrhofer) du latin cupiō « désirer, convoiter » (cf fr. cupide).
Il n'est pas forcément illégitime de le considérer comme un élargissement en labiale de la racine *keu- « enfler, s'augmenter » qu'on rencontre en grec dans le verbe κυέω « devenir enceinte » ou κῦμα « le gonflement, la vague ». Certes, le correspondant sanskrit attendu et rencontré, ŚŪ-, śvayati « devenir fort » témoigne bien de la palatalisation normale que ne présente pas KUP- (qui devrait reposer sur *kʷup-) mais il est probablement difficile de tracer des frontières bien nettes entre *kʷu, *kwu et *ku.
Si on l'admet, ne pourrait-on y voir l'origine d'une façon de nommer les femmes comme celles qui portent, qui enflent, d'une façon aussi triviale que les latins avaient un fēmina « celle qui allaite » ou, selon une autre interprétation plus mysogine, « celle qui tête [pour rien] » ?
Les mots concernés appartiendraient alors à une couche populaire de la langue où la présence/absence d'une aspiration expressive verrait affaiblie sa pertinence … |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Thursday 16 Oct 08, 12:28 |
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Outis a écrit: | @ giòrss :
1) le n appartient à la racine dans *gʷen-h₂ et on ne peut donc parler ici d'un suffixe -na- ;
2) le suffixe de participe moyen *-men- n'est guère utilisé que par le grec (-μενος) et le sanskrit (-māna-) à quoi on peut ajouter de rares traces en latin (alumnus, fēmina), le supposer en germanique soulève deux problèmes :
- accepter un saut épistémologique ;
- donner un sens verbal au thème. |
Observations pertinentes.
1) j'accepte la premiere
2) la deuxieme me semble un peu faible. Nous ne savons rien (tres peu) du celtique ancien et le germanique peut avoir emprunté au celtique.
Dernière édition par giòrss le Friday 17 Oct 08, 0:34; édité 1 fois |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Thursday 16 Oct 08, 13:10 |
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giòrss a écrit: | Nous ne savons rien (tres peu) du celte ancien |
On connaît mieux le celtique ancien qu'il y paraît, notamment depuis le dictionnaire de Delamarre. le suffixe -men- n'a pas d'attestation dans les langues celtiques modernes, et aucune connue dans les inscriptions gauloises. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Thursday 16 Oct 08, 14:15 |
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Il y a aussi cette thèse récente, en allemand Der Grundwortschatz des Altirischen, qui, bien que centrée sur l'irlandais ancien, fournit (et regroupe) pas mal de matériau sur le celtique. |
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