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Aurea Mediocritas - quelques difficultés à traduire. - Forum latin - Forum Babel
Aurea Mediocritas - quelques difficultés à traduire.
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Paulu



Inscrit le: 11 Oct 2008
Messages: 13

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 12:08 Répondre en citant ce message   

Voilà j'essaye de traduire Aurea Mediocritas de Horace, mais je connais quelques difficultés ( c'est un euphémisme) à traduire.... j'ai relevé tout le vocabulaire. Si vous pouviez m'aider Clin d'œil

Alors 1ere strophe:

Rectius vives, Dicini, neque altum semper urgendo, neque dum procellas cautus horrescis, nimium premendo litus iniquom.

Neque... neque : ni,ni
Altus,a,um: haut mais aussi altus,i: la nourriture
Procella,ae,f: orage, tempête ( il y aussi procello, is, ere: porter en avant).
Horesco,is;ere: craindre
Nimium: trop
Litus,us,m: rivage, côte mais aussi litus,a,um: enduire, frotter
Iniquus,a,um: inégal,excéssif.



Voici une traduction tant bien maladroite que fausse:

Rectius vives, Dicini, neque altum semper urgendo ==> Tu vivrais mieux, Dicini, ni en pressant sans cesse haut (ça ne veut rien dire alors dois-je employer altus comme participe passé de allo?)

neque dum procellas cautus horrescis==> ni pendant que tu crains en sureté les orages.
nimium premendo litus iniquom==> en serrant trop le rivage endommagé( j'ai donc utilisé iniquom comme "endommagé" et litus comme " rivage" puisque ça va bien avec " orages".)


Strophe suivante:
Auream quisquis mediocritatem diligit, tutus caret obsoleti sordidus tecti ; caret inuidenda sobrius aula.
Alors là j'ai été mis à mal par le nombre d'adjectifs dans le seconde membre de phrase ; de plus caret se construit avec l'ablatif pourtant ni obsoleti, ni sordidus, ni tecti, ni tutus ne sont à l'ablatif!!! j'ai néanmoins pu mettre en liaison par le champ lexical certains mots:
Tutus,a,um : à l'abri similaire à Tectus,a,um : caché (donc caché à l'abri?)
Sordidus,a,um: sal,malpropre similaire à Obsoletus,a,um: Negligé.

J'ai également traduit "aurea mediocritas" par " la médiorcrité d'or" ( je trouve que ça sonne bien moqueur)


Merci de m'aider

très content
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 13:51 Répondre en citant ce message   

Bon : traduire les odes d'Horace est une gageure que me désespère chaque fois : le passage au français fait perdre toute la force de l'original.
Dans la première strophe, on a une métaphore de la vie comme voyage maritime :"altum", dans ce contexte, correspond à la haute mer, le large.

Je propose, en traduisant les gérondifs (urgendo, premendo) par des propositions hypothétiques :

"Ta vie serait plus droite, Licinius, si tu ne t'avançais pas toujours dans la haute mer, mais également si, en redoutant prudemment les tempêtes, tu ne serrais pas trop un rivage dangereux."

Dans la deuxième strophe, il y a une faute dans ton texte: ce n'est pas "sordidus" mais "sordibus", et c'est bien de l'ablatif...
Quant à l'"aurea mediocritas", c'est un concept horatien qu'il est bien difficile de traduire : il désigne une situation de juste milieu (entre audace et pusillanimité, entre richesse et misère...) qui selon le poète est la sagesse même : c'est pourquoi, il l'a dit dorée (bien sûr il y a un oxymoron : la "médiocrité dorée", c'est contradictoire).

Je propose, en traduisant le verbe latin (caret) par un adjectif (éloigné) et en faisant des adjectifs apposés (tutus, sobrius) des noms objets :

"Quiconque aime la médiocrité dorée, connaît la sécurité, éloigné des laideurs d'un toit délabré, il connaît aussi la modération, éloigné d'un palais sujet à l'envie."


Remarque que ma traduction, qui cherche seulement à élucider le sens, n'a aucune prétention littéraire, et s'inspire beaucoup de celle de Villeneuve chez Budé...


Dernière édition par Horatius le Saturday 06 Dec 08, 14:58; édité 1 fois
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semensat



Inscrit le: 20 Aug 2005
Messages: 863
Lieu: vers Toulouse

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 14:58 Répondre en citant ce message   

Attention à un détail : vives est un indicatif futur, et pas un subjonctif présent. Et je traduirais obsoleti sordibus tecti par la crasse d'une maison délabrée. Caret tutus, cela signifie "il est exempt de ... à l'abri", donc il est à l'abri de. Quant à caret sobrius je le tournerais par il se tient avec réserve loin de.
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Paulu



Inscrit le: 11 Oct 2008
Messages: 13

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 15:01 Répondre en citant ce message   

Merci je reprendrais tout ça et tu as raison semensat, Horace est un grand auteur dont ses oeuvres ne sont que plus jolies dans la langue d'origine ( d'"ailleurs aurea mediocritas est presque impossible à traduire) Clin d'œil
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 15:01 Répondre en citant ce message   

Exact pour "vives"...
En revanche, je ne suis pas d'accord pour traduire différemment "caret" dans ses deux occurrences : il y a une anaphore voulue par le poète ; ce serait dommage de la supprimer.
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semensat



Inscrit le: 20 Aug 2005
Messages: 863
Lieu: vers Toulouse

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 15:05 Répondre en citant ce message   

Certes. Mais la traduction de caret en tant que telle en français est longue et peu agréable à entendre répétée ; si on y ajoute les traductions malaisées des deux adjectifs apposés, ça devient encore plus lourd. Faut-il vraiment garder l'anaphore, et la cacher sous la lourdeur globale de la traduction ?
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 15:25 Répondre en citant ce message   

Sans doute un bon traducteur, qui aurait le temps, chercherait et trouverait mieux que moi ; mais il faut garder l'anaphore de caret (qui dans la strophe d'Horace, est en correspondance verticale devant la coupe). Pour alléger ma proposition de tout à l'heure, on pourrait remplacer "eloigné de" par "loin de".
Je souligne que cette strophe est nettement gnomique, notamment du fait des parallélismes syntaxiques : une traduction (en prose) un peu lourde est donc fatale.
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Paulu



Inscrit le: 11 Oct 2008
Messages: 13

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 16:03 Répondre en citant ce message   

J'ai une remarque: pour "neque... neque" il est vrai que traduire par " si...si" est bien mieux mais dans mon Gaffiot je n'ai pas trouvé que ça pouvait se traduire par "si" mais par " ni "ou " d'une part .... d'autre part". Qu'en
pensez-vous?

Sinon quel mot avez-vous traduit par "toit"?
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Saturday 06 Dec 08, 16:58 Répondre en citant ce message   

rectius uiues, neque urgendo altum neque premendo litus
littéralement: tu vivras plus droitement, ni en poussant vers le large ni en serrant le rivage.
autrement dit : tu vivras de façon plus juste, si tu ne pousses pas et si tu ne serres pas

tectum : le toit, et, par synecdoque, la maison
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hubertus



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Messages: 95
Lieu: Lutetia

Messageécrit le Tuesday 22 Sep 09, 17:54 Répondre en citant ce message   

Rectius vives, Licini, neque altum semper urgendo, neque dum procellas cautus horrescis, nimium premendo litus iniquom.
Tu vivras mieux, Licinius, en évitant et la haute mer, et les rivages dangereux dont ta peur prudente des tempêtes t'a rapproché.

Auream quisquis mediocritatem diligit, tutus caret obsoleti sordibus tecti ; caret inuidenda sobrius aula
Celui qui aime le juste milieu goute la sécurité loin de la crasse d'une maison délabrée ; il goute la tranquillité loin d'un palais envié.
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Tuesday 22 Sep 09, 18:08 Répondre en citant ce message   

Traduction évidemment plus élégante que la mienne !...
Reste à traduire cependant l'homéotéleute neque semper urgendo, neque nimium premendo
Cela, juste pour pinailler (ou plutôt pour redire qu'Horace ne se traduit pas : il s'écoute à genoux ! ....)
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puce62



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Messageécrit le Saturday 30 Oct 10, 15:09 Répondre en citant ce message   

Je pense (suite à une recherche approfondie) que "auream mediocritatem" doit être plutôt traduit par "la précieuse médiocrité" (même si je suis tout à fait d'accord avec l'oxymore).
Avez-vous compris cependant la signification symbolique de la strophe 3 et 4 ??
:oops: merci
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Saturday 30 Oct 10, 18:31 Répondre en citant ce message   

Puce62 a écrit:
Avez-vous compris cependant la signification symbolique de la strophe 3 et 4 ??

Les strophes 3-4 de l'ode 2.10 d'Horace ? la strophe 3 est effectivement allégorique, pas la première partie de la 4e. Mais nous n'avons abordé dans ce fil que les deux premières strophes de l'ode... Mais je ne suis pas sûr de bien comprendre votre phrase : posez-vous là une question, à laquelle je me ferai une joie de répondre (tant sont rares sur cette terre les amateurs d'Horace !) ou bien voulez-vous nous reprocher d'avoir négligé quelque chose que vous avez repéré ?

Pourriez-vous nous expliquer quelle nuance de sens vous voulez apporter en traduisant "auream" par "précieuse" ?
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puce62



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Lieu: béthune

Messageécrit le Sunday 31 Oct 10, 14:10 Répondre en citant ce message   

Non il s'agit bien là d'une question ! L'allusion au sommet des arbres etc est allégorique mais j'ai du mal à l'expliquer... Est-ce qu'il faut l'entrendre dans le sens où même quand on est au sommet on peut arriver au plus bas ? Donc il ne faut pas chercher à être le meilleur et le plus puissant ?
De même pour la strophe suivante pourquoi cette allusion à Apollon et à Jupiter ?

Pour le "titre" de cette ode, je pense que c'est un grand débat pour trouver une traduction juste... Il y a certes l'oxymore qui est frappant mais je crois qu'il ne faut pas prendre "auream" au pied de la lettre, Horace cherche surtout à montrer la valeur de ce juste milieu d'où "précieuse". Mais ce n'est là qu'une proposition :)
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Sunday 31 Oct 10, 17:51 Répondre en citant ce message   

Puce 62 a écrit:
même quand on est au sommet on peut arriver au plus bas

Surtout quand on est au sommet !...
Le bonheur horatien, ce n'est ni l'indigence, ni le luxe, c'est un entre-deux, une vie simple et douce, faite de sécurité et de sobriété (tutus et sobrius). Un minimum d'argent est nécessaire pour assurer tranquillité et dignité, mais trop d'argent expose à l'envie et, surtout, aux aléas du sort. C'est ce dernier point qui est développé dans la 3e strophe :
Citation:
"Le pin immense est agité par les vents plus fréquemment, les tours élevées croulent d'un chute plus pesante, les monts sont frappés par la foudre en leur sommet" (trad Villeneuve modifiée)
Par ces exemples empruntés à trois domaines différents (les arbres, les montagnes, les constructions humaines), Horace développe cette idée : trop de grandeur expose à de plus grands dangers.
Cela amène Horace à passer à une deuxième idée (les changements de sujets par association d'idées sont très fréquents dans les Odes, c'est ce qui en fait le charme) qui sera développée dans la deuxième moitié de l'ode (strophes 4-5-6) : il rappelle que toute vie humaine est soumise aux aléas du sort, et qu'il faut les accepter : tout peut changer dans la vie d'un homme, comme dans la nature, d'où la référence à Jupiter qui tantôt ramène les hivers, tantôt les chasse. Apollon également est tantôt le dieu à la lyre, dieu inspirateur et créateur, tantôt le dieu à l'arc, dieu destructeur et meurtrier. Tout peut changer sur cette terre.
Voilà, résumé bien rapidement, le sujet de l'ode 2.10. Je précise enfin que ces exemples sont souvent des lieux communs de la rhétorique antique. Pour retrouver les sources de ces topoï, je ne peux que vous conseiller d'aller voir les commentaires de Nisbet-Hubbard qui font toujours référence sur la question : des aperçus limités sont accessibles sur Google Book
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