José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 25 Jul 08, 12:47 |
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L'idée de ce MDJ m'est venue, par diverses associations, du MDJ "Résilience" : ICI
Reliance est un néologisme créé par le sociologue Marcel BOLLE DE BAL et repris par le philosophe Edgar MORIN. Ce concept de sociologie est directement "lié" à des expressions comme "faire du lien" ou "travail de lien".
Tout d'abord, il faut différencier (mais pas tant que ça...) ce néologisme français de l'anglais reliance :
reliance (on sthg) = dépendance (envers quelque chose), mais également confiance (sens plus rare)
self reliance = autonomie
to rely (on somebody) = compter sur quelqu'un (= confiance)
to rely (on something) = dépendre de quelque chose
Etymologie de to rely (etymonline) :
- l'ancien français relier, du latin religare
On voit qu'il n'y a pas si loin du français à l'anglais "reliance". Mais il ne faut pas voir là un import anglais vers le français.
"Reliance" est un magazine de développement personnel. Des associations de développement personnel organisent des ateliers de reliance. Le mot est adopté.
Les informations qui suivent et explicitent le terme "reliance" sont un agrégat de citations et d'extraits trouvés sur différents sites. Je n'en suis pas l'auteur.
"Il y a des mots qui entrent dans un vocabulaire épisodiquement, voire par effraction. Puis on se dit : tiens, voilà un mot qui me convient bien. C’est comme des virus. Une fois qu’ils sont rentrés, qu’ils trouvent le chemin favorable, ils se multiplient. C’est ce qui s’est passé pour moi avec le virus reliance. Il me vient de plus en plus souvent en bouche ou sous la plume, ce qui signifie qu’il a trouvé un terrain favorable et se multiplie comme un virus. Cette notion de reliance, j’en avais besoin : cela me parait de plus en plus évident." (1995)
"J’aime à définir la reliance, dans la dimension normative que je lui attribue, comme le partage des solitudes acceptées et l’échange des différences respectées."
"Sur une minuscule planète perdue, faite d'un agrégat de détritus d'une étoile disparue, vouée apparemment aux convulsions, orages, éruptions, tremblements de terre, la vie est apparue comme une victoire inouïe des vertus de reliance... Nous sommes à la pointe de la lutte pathétique de la reliance contre la séparation, la dispersion, la mort. En cela nous y avons développé la fraternité et l'amour. Plus nous prenons conscience que nous sommes perdus dans l'univers et que nous sommes engagés dans une aventure inconnue, plus nous avons besoin d'être reliés à nos frères et soeurs en humanité. L'éthique est, pour les individus autonomes et responsables, l'expression de l'impératif de reliance. Tout acte éthique, répétons-le, est en fait un acte de reliance, reliance avec autrui, reliance avec les siens, reliance avec la communauté, reliance avec l'humanité et, en dernière instance, insertion dans la reliance cosmique." (citations issues de La Méthode 6. Éthique)
En français, le mot "reliance" émergeait en quelque sorte de cette nécessaire dépassivation du mot relation. La notion de reliance, inventée par le sociologue Marcel Bolle de Bal, comble un vide conceptuel en donnant une nature substantive à ce qui n’était conçu qu’adjectivement, et en donnant un caractère actif à ce substantif. "Relié" est passif, "reliant" est participant, "reliance" est activant, synthétisera E. Morin.
Lorsqu'il s'interrogeait en 1934 sur l’irréductible complexité du concept de relation, Gaston BACHELARD eut cette formule :
- "Loin que ce soit l’être qui illustre la relation, c’est la relation qui illumine l’être"
Subreptice changement de regard qui fait de la relation l’acteur, et de l’être, le résultat, alors que nous étions accoutumés à tenir l’être, acteur essentiel, illustrant son action par son résultat : la relation. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1887 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Saturday 26 Jul 08, 14:34 |
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José, un grand merci sur ce sujet!
Je m'y retrouve philosophiquement!
Bachelard, le poète, est vraiment un visionnaire!
Dans le même sens, j'ajoute modestement que le tout n'étant pas explicable par la "somme" de ses parties (holisme et lacune de Descartes), n'est il pas clair que la reliance peut expliquer ce paradoxe?
Notre civilisation occidentale s'est concentrée sur l'étude des atomes et des cellules, mais on en est encore aux balbutiements pour ce qui est des relations entre les cellules. Elle voudrait souvent guérir une maladie (un tout) par une molécule (une partie). On en connait les lacunes.
Je voudrais aussi trouver un mot en 2 syllabes exprimant le "plus" que la politique (le tout) apporte par rapport aux sondages d'opinion (la somme des parties): l'émergence est trop long et pas beau! Bien sur, ce mot pourrait être appliqué plus généralement au holisme. |
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