Invidia
Inscrit le: 24 Jul 2008 Messages: 441 Lieu: Gasconha (França)
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écrit le Tuesday 17 Nov 09, 1:29 |
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Je continue la promenade vallée de la Garonne avec quelques énigmes linguistiques à résoudre.
Légende : (taille maximale)
Rive gauche : Lomagne et Bruilhois (Gascogne)
Rive droite : autour de Valence c'est l'Agenais, autour de Moissac le Quercy, autour de Castelsarrasin l'avancée maximale du Toulousain
La première c'est celle du pourquoi le nom de "gascon" et non celui de "bascon" (l'étymon étant vasconem). Phénomène roman ? Gandalou à Castelsarrasin atteste au moins d'une telle transformation en languedocien : hameau avec église (ancienne paroisse) qui domine la plaine du Tarn et duquel l'on a vue sur le Quercy avec Moissac* qui en est la porte d'entrée. Nous sommes entre Tarn et Garonne, pays dans la dépendance de Toulouse. Le passage du Toulousain en Quercy est de ces passages entre deux mondes différents qui ponctuent l'ancienne géographie française.
"castello quod vocant Vuandalors" 961
"de Gandalor" 1199
Le hameau tire son nom de toute évidence de la peuplade germanique des Vandales : "(Castellum) Vandalorum".
* : Moissac est également la porte d'entrée depuis la Gascogne des pays "guyennais" au sens propre du terme. En amont d'Agen, la Garonne
rive droite décrit encore une plaine dans l'Agenais annexé au Tarn-et-Garonne : autour de Valence d'Agen, la toponymie est encore à moitié
gasconne, notamment avec le suffixe -èr/-èra. Mesplès, Randé à Lamagistère, Labaquère à Golfech, Péoufort, Vidouze, Peyroutas, Caillaoua, Soulé à Valence, et puis Espalais (anciennement Le Palais), la limite extrême de l'Agenais, dont le nom vernaculaire "As Palais"
fait état d'une forme que l'on trouve surtout rive gauche). Attesté Palatio et encore "Le Pallais" au XVIIIème, le nom moderne ne peut en effet s'expliquer que par une drôle de généralisation que l'on trouve aussi rive gauche donc en Gascogne, à Saint-Loup notamment : Staillard, Stéchinés, Speyroux par exemple.
Dès qu'on arrive sur Malause, le premier village du Quercy, la Garonne bute contre une ligne de coteaux : on change d'univers linguistique.
Roudiès, Rosières, Bretonel, Cruzel, Delbrel, ... Juste en face, côté gascon, à Saint-Nicolas-de-la-Grave, languedocianisé au XIXème :
Montardon (qui montre l'extension de ar- prosthétique, fait de substrat basque : redon>arredon>ardon), Les Biguès, Colomé, Caussadères, La Cournère, ...
Auvillar a une toponymie bien gasconne également. Le "haut village" tout simplement, pris fautivement pour "Lo Vilar" avec la confusion classique entre "au" et "lo". Village dont le centre a également été superficiellement languedocianisé au XIXème siècle (le territoire communal s'enfonce assez dans les terres) mais l'appartenance de la ville au Bruilhois ne fait aucun doute. La toponymie y est donc gasconne : La Sauvetat, Au Camezon, Rue Carrelot, Courrau, Casterus, Labraque, La Mesplère, Le Saut, ... Le nom de la ville lui-même qui montre la vocalisation gasconne. C'est la ville du troubadour "gascon" Marcabru.
Panorama sur la vallée de la Garonne depuis Auvillar (photo de moi) : nous sommes entre Celtes et Aquitains, entre Gascogne, Guyenne et Languedoc, véritable zone de confluence et de frontières.
(Taille originale) |
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