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myris
Inscrit le: 25 Nov 2008 Messages: 253 Lieu: Tournus France
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écrit le Thursday 17 Jun 10, 13:04 |
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Se planter signifie en langue courante familière, se tromper, se fourvoyer, échouer..Mes recherches ne m'ont pas permis d'en trouver l'origine,ni la datation.
Mais il a aussi un autre sens, sans doute antérieur et peut-être à l'origine du précédent, encore utilisé aujourd'hui par les motards, qui est avoir un accident de la circulation.
J'ai entendu ce verbe la première fois au cours de l'été 1963 à l'aéroport du Bourget, quand un Boeing 307 de la compagnie Air Nautic (F-BELU si ma mémoire est bonne...)a manqué son décollage et s'est planté en bout de piste. Là, le plantage était une réalité physique.... |
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Captain Boney Boone
Inscrit le: 25 Nov 2008 Messages: 187
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écrit le Thursday 17 Jun 10, 13:12 |
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Se gourer, d'origine non élucidée, a le même sens. Il signifie aussi "se douter de quelque chose" et "se méfier".
Il s'emploie aussi comme verbe non-réfléchi (ex : J'ai été gouré.) avec le sens de "duper" et de "falsifier une drogue". |
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myris
Inscrit le: 25 Nov 2008 Messages: 253 Lieu: Tournus France
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écrit le Friday 18 Jun 10, 0:26 |
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Le sens de planter est, enfoncer,faire entrer en terre (sens attesté depuis 1432 selon Robert).L'image d'un avion piquant du nez dans le sol correspond bien à cette définition. Reste à savoir si les occurrences de ce verbe antérieures à 1963 (si elles existent) concernent uniquement les accidents aériens. Dans ce cas, on aurait là l'origine de l'expression. |
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R_Camus
Inscrit le: 19 Apr 2010 Messages: 230
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écrit le Friday 18 Jun 10, 23:33 |
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Il est intéressant, de noter en quoi cette expression est nouvelle: hormis le passif de planter des tomates (elles se plantent en serre / durant la mi-mai / toute l'année etc.) on disait auparavant exclusivement:
se planter devant...
se planter dans...
se planter derrière...
avec des prépositions introduisant un localisateur.
La novation, c'est l'emploi absolu.
L'article du Dictionnaire du français non-conventionnel (Cellard & Rey, Hachette, réédition de 1991) va dans votre sens, mais est plus détaillée et remonte plus loin :
Citation: | se planter:
1. (...) heurter brutalement un obstacle, s'immobiliser dans un choc. Spacialement, avoir un grave accident (éventuellement, se tuer) en voiture, moto, avion.
On monte le coup, mais l'après-midi, Maurice se plante avec sa comionnette; deux ou trois côtes cassées. (...)
F. Guillo, Le p'tit Francis, p. 126 [1977 sauf erreur - RC]
2. Se tromper grossièrement. Echouer. [là aussi, citation de 77]
HIST. Vers 1950 au sens 1, vers 1960 au sens 2. L'un et l'autre sont aujourd'hui extrêmement usuels. Nous suggérons que l'origine de l'emploi 1 pourrait être dans le vocabulaire de l'aviation des années 1920-1930, et peut-être durant les dernières années de 1914-1918 : un avion abattu ou victime d'un accident brutal "se plante" en terre. L'emploi 2 nous paraît dériver par métaphore de : se tromper lourdement, c'est "perdre le contrôle" (de sa pensée)? |
On imagine même les coucous aux formes d'oiseaux mythiques du début du siècle allant dinguer tête la première dans un champ de betteraves.
Mais puisqu'il s'agit d'imagination (la plupart du temps prise en défaut en étymologie!), on ne voit pas pourquoi il faudrait introduire l'idée de contrôle défaillant plutôt que d'échec cuisant, ou d'accident (l'idée de la perte de contrôle étant subordonnée à celle de l'échec, du ratage, du vol avorté, du crash : bref, non seulement je ne contrôle pas, mais aussi ça se passe mal, c'est la "cata").
Une requête dans google.books me renvoie deux résultats:
Citation: | (...) un atterrissage épouvantable : l'appareil a rebondi à 3 mètres, puis est venu se planter dans le sol avec une pression égale à au moins trois fois le poids (...)
Les armées aériennes modernes, H. Charles-Lavauzelle, 1916
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Le plus drôle, c'est que l'on retrouve aller ou venir comme auxiliaire avec se planter au sens de s'immobiliser (en face d'autrui): Il est venu / aller se planter devant le directeur.
Et en 1951:
Citation: | Et c'est avec une poignante révolte que nous avons vu tomber un avion de chez nous qui volait à côté du nôtre. Un obus l'avait coupé en deux: la queue tomba d'un côté avec son mitrailleur, tandis que le gros de l'avion alla se planter... /exemple malencontreusement coupé par google.books. Il faudrait aller voir dans Frantext/.
Louis Germain, Mémoires d'un incendiaire: souvenirs d'un bombardier français dans la R.A.F., 1951 |
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Zwielicht
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 1227 Lieu: la rencontre des eaux
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écrit le Thursday 08 Jul 10, 18:55 |
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Au Québec, se planter est bien compris au sens de faire une erreur, mais signifie aussi tomber et se faire mal. On dit aussi se bêcher en ce sens.
Planter est souvent utilisé pour désigner l'action de tomber violemment par terre, même sans utiliser la forme pronominale, comme dans la phrase suivante :
Le petit vient de planter, face première dans le sentier
Planter quelqu'un signifie battre quelqu'un, ou l'attaquer verbalement. Se faire planter peut signifier se faire battre, mais aussi (plus rare et péjorativement), avoir une relation sexuelle complète et passive.
Également, on dira qu'un ordinateur a planté pour dire qu'il est tombé en panne, ou qu'il est planté si on ne parvient pas à la remettre d'aplomb. Un virus peut faire planter votre ordinateur.
Planter [quelqu'un] là signifie soit laisser quelqu'un en plan, abandonner ou rompre avec quelqu'un. (Académie, 1694)
C'est aussi le verbe qui décrit l'action de remettre les quilles sur pied au jeu de quilles.
Sinon, se planter est aussi s'installer à quelque part de façon immobile, tel que mentionné par quelqu'un d'autre.
Hélàs je ne trouve pas de vieilles sources qui me permettraient de dater tous ces usages au Québec, mais il me semble évident que planter là soit débarqué au 17e siècle.
J'ignore si "planter", non-pronominal (J'ai planté dans le ruisseau) se dit ailleurs qu'au Québec avec le même sens. |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Thursday 08 Jul 10, 22:42 |
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Pour les ordis, il y a quelques phénomènes physiques à prendre en compte:
Le plus connu est celui de la vermine: La vermine (bug) est celle qui faisait se planter les premiers ordinateurs à lampe. Les bestioles se promenaient entre les fils dénudés et provoquaient des court-circuits.
Les premiers disques durs fonctionnaient avec des têtes de lecture/écriture qui utilisaient le flux d'air induit par la rotation à grande vitesse de ces disques. Ce flux leur permettait de voler à proximité des disques.
En cas d'arrêt brutal de l'alimentation en énergie, les disques s'arrêtaient brusquement et les têtes, n'étant plus soutenues par le flux d'air, se plantaient dans les disques.
C'est assez similaire à ce qui se passait avec les aéronefs.
Il me semble que "se planter" au sens réfléchi, découle des phénomènes dynamiques qu'on (la volonté humaine) ne peut arrêter avant qu'ils trouvent eux-même un obstacle physique.
Il ne serait donc guère étonnant que l'usage de "se planter", au sens réfléchi, soit une conséquence de la dynamique qui caractérise la civilisation de la vitesse. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 09 Jul 10, 10:34 |
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planter :
- en argot : planter qqn, c'est le poignarder
- (verbe intransitif) : attendre, faire le planton
Citation: | Et si tu lis c'mot, c'est que j'ai dû rentrer chez moi
Pourtant j'ai planté d'vant ta porte pendant un mois
IAM - Si tu m'aimais |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Friday 09 Jul 10, 10:56 |
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En piémontais se dit:
- pianté 'n papìn = donner une gifle = dare uno schiaffo
- pianté-se = se planter = rester immobile/ avoir un accident routier/ ne plus fonctionner (d'un automatisme, ou d'une machine)
- pianté (-lì) = abandonner quelqu'un/ cesser de faire quelque chose |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Friday 09 Jul 10, 11:43 |
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Je suis surpris que personne n'ait fait le rapprochement avec l'expression "planter un clou", le clou étant un objet métallique, allongé et pointu que l'on enfonce violemment.
Lorsque le Boeing, object métallique, allongé et pointu, s'enfonça violemment en terre, n'était-ce pas "comme un clou" ?
Le pronom réfléchi "se" est simplement justifié par le fait qu'il le fit lui-même, sans l'aide de personne
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Dernière édition par Jacques le Friday 09 Jul 10, 11:45; édité 1 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 09 Jul 10, 11:44 |
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Je me demande si, dans les variétés d'usage de « se planter », il n'y a pas trace aussi de l'étonnant comportement dont une discrète métonymie a gratifié le verbe « planter » :
Il peut avoir, au choix, comme COD, aussi bien la chose plantée que le lieu où on la plante :
Il plante des rosiers dans le parterre. au passif : Des rosiers plantés dans le parterre.
Il plante le parterre avec des rosiers. au passif : Un parterre planté de rosiers.
Étonnant, non ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 10 Jul 10, 18:02 |
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Ce n'est pas un cas unique : peindre se comporte aussi de la même façon, et sans doute d'autres verbes qui ne me viennent pas aussi vite à l'esprit. |
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Chusé Antón
Inscrit le: 25 Feb 2005 Messages: 740
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écrit le Wednesday 01 Sep 10, 22:19 |
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En aragonais se planter (plantar-se) veut dire: se mettre en pied (se lever le matin) et aussi se presenter dans un lieu. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 02 Sep 10, 10:53 |
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Chusé Antón a écrit: | se mettre en pied (se lever le matin) |
en pied est un hispanisme ( en pie) : debout |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Thursday 02 Sep 10, 19:30 |
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J'avais fait le même erreur (italien : in piedi)...mais je crois que soit un italianisme... en espagnol on dirait "estar de pie", parce que "en pie" s'utilise quand on dit "en pie de guerra" ou "seguir en pie". |
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